Chapitre 6 : Course poursuite et affrontements
Hermione et Severus couraient dans les couloirs, poursuivant une forme sombre qui les devançait de quelques mètres seulement. La jeune femme haletait : elle peinait à suivre son collègue. Il faisait de grandes enjambées et la distançait de plus en plus.
- Allez Granger ! lui cria-t-il par dessus son épaule, tout en continuant sur sa lancée.
Hermione redoubla d'effort et finit par le rattraper. La colère et la peur décuplaient ses forces. Elle voulait à tout prix mettre la main sur celui ou celle qui avait écrit ces mots honnis qui la faisait cauchemarder.
Ils arrivèrent finalement dans le parc du château. Tout était sombre et les formes d'habitude rassurantes du parc se transformaient en effrayantes silhouettes. Hermione frissonna. De la chair de poule apparut sur ses avant-bras. Elle avait un mauvais pressentiment. Elle ouvrit la bouche pour le partager avec Snape quand un sortilège la toucha de plein fouet. Elle fut projetée dans les airs par la violence du maléfice et retomba au sol dans un horrible craquement d'os.
Snape réagit au quart de tour et brandit sa baguette fermement face aux ténèbres. D'un sort informulé, il illumina la nuit et tourna la tête dans tous les sens pour tenter d'apercevoir l'attaquant, tout en se rapprochant d'Hermione imperceptiblement. Un sortilège fusa d'un seul coup, le manquant de justesse. Il répliqua aussitôt. Un féroce combat s'engagea entre l'homme en noir et le mystérieux sorcier. Ils brandissaient leur baguette, chacun tournant sur lui-même pour éviter les maléfices et terrasser l'autre. C'était une danse mortelle.
Hermione ouvrit les yeux. L'odeur de l'herbe mouillée et de la terre fut la première chose qu'elle remarqua. Elle était allongée par terre, la tête contre le sol. Tous ses membres étaient douloureux, comme s'ils avaient été broyés. Elle analysa la situation avec pragmatisme : ses côtes la faisaient souffrir d'une manière inimaginable, elles devaient être cassées ; chaque inspiration était douloureuse ; sa main gauche ne lui répondait plus, elle pendait au bout de son bras, inutile. Mais là où la douleur la submergeait, c'était au niveau de son avant-bras gauche. Hermione se redressa tant bien que mal et réussit à s'asseoir dans l'herbe humide, se tenant les côtes de la main, le visage contracté par la souffrance. La jeune femme releva avec appréhension sa manche gauche. Sa cicatrice s'était rouverte et les mots Sang-de-Bourbe étincelaient de sang et d'une substance visqueuse étrange. Un voile noir recouvrit la vision de la sorcière et elle chancela. Que lui était-il arrivé ? Pourquoi sa cicatrice s'était-elle rouverte ? Elle grimaça quand ses yeux furent aveuglés par un éclair de lumière verte. Puis, saisissant sa signification, Hermione se releva en ignorant la douleur et se précipita vers Snape, qui se tenait droit comme un i devant une forme allongée par terre. Le soulagement étreint la sorcière. Ce n'était pas lui qui avait été touché par le sortilège de la Mort... Mais alors, qui était cette personne à terre ?
Snape se retourna lorsqu'il entendit les pas hésitants de la jeune femme derrière lui. Il l'inspecta d'un rapide coup d'oeil. Elle était bien amochée. Et cela par un seul sort. Il fronça les sourcils et se détourna d'elle, laissant son regard erré sur l'homme étendu devant lui. Il détailla les cheveux bruns de l'individu, ses sourcils fournis, son regard sans vie fixant le ciel nuageux, ses joues creuses et ses lèvres blanches, entrouvertes sur des dents jaunes.
- Qui... qui est-ce ? demanda Hermione d'une voix tremblante.
- Avery, répondit Snape sans la regarder.
Hermione pâlit. Un Mangemort à Poudlard... que cela signifiait-il ? La guerre ne serait-elle jamais terminée ?
- Pourquoi a-t-il envoyé ce bout de parchemin dans votre bureau ? demanda Hermione.
- Il semblerait qu'il ait été informé de notre réunion, répondit lentement Snape.
Il fixait l'homme de son regard ténébreux, et une intense réflexion se lisait sur son visage. Puis, un bref ricanement vint briser le silence pesant des ténèbres. Snape se tourna vers sa collègue, une lueur de satisfaction dans les yeux. Sa mauvaise humeur était revenue à grands pas.
- Vous n'êtes pas très coriace, lâcha-t-il, un sortilège et vous voilà hors d'état de nuire. On peut se demander si vous méritez vraiment votre place de professeur de Défense contre les Forces du Mal...
Hermione vit rouge. Elle ne supportait plus les remarques blessantes de l'homme en noir. Sa fureur contenue explosa, accentuée par la douleur. Elle se jeta sur lui. Snape, n'ayant pas anticipé la réaction violente de la jeune femme, chuta, entraîné par Hermione. Les deux sorciers se retrouvèrent à terre, la jeune femme à califourchon sur le Maître des Potions. La sorcière brandit sa baguette et la planta sur la gorge de Snape. Celui-ci la fixait de ses yeux noirs comme le ciel orageux.
- Vous n'oserez pas... murmura-t-il.
Hermione enfonçait la baguette plus profondément. Elle n'en pouvait plus. La douleur lui faisait complètement perdre ses moyens. Elle chercha un sortilège à lancer quand soudain le Maître des Potions se saisit de la baguette de la sorcière et l'envoya dans les airs. Sous la rudesse de l'assaut, les côtes cassées de la professeure s'entrechoquèrent et elle gémit.
Cependant, loin de se laisser abattre, elle arma son bras, les larmes dévalant sur ses joues pâles. Snape la stoppa avant que sa main ne vienne frapper avec violence sa joue. Hermione refit une tentative avec sa main gauche inanimée, mais le sorcier la bloqua également de son autre main. La professeure sentit ses dernières forces s'évanouir et la douleur la submerger.
- Lâchez-moi, souffla-t-elle d'une voix éteinte.
Son collègue demeura interdit un instant puis la libéra et ils se relevèrent tant bien que mal. Hermione vacillait. La douleur se faisait de plus en plus forte sur son avant-bras. Elle avait l'impression qu'on lui ouvrait en deux.
Remarquant la pâleur de la sorcière et ses larmes de souffrance, Snape s'approcha de Hermione, hésitant entre partir et la laisser seule se débrouiller ou l'aider. Repensant à Dumbledore et aux nombreux reproches qu'il ne manquerait de lui faire s'il choisissait la première option, Snape soupira et attrapa Hermione par le bras. La Gryffondor se cambra d'un seul coup et s'effondra dans l'herbe. Snape fronça les sourcils et un étrange pressentiment s'empara de lui. Ce n'était pas normal, elle ne devrait pas autant souffrir... Il s'agenouilla à ses côtés.
Elle avait les yeux grands ouverts, ses paupières papillonnaient. Sa vue se brouillait, des étoiles dansaient devant ses yeux. Le visage de Snape apparut en face d'elle. Elle remarqua qu'il semblait inquiet. Mais c'était sans doute la souffrance atroce qu'elle endurait qui la faisait délirer. Elle ferma les yeux, se laissant emporter dans une inconscience bienvenue.
Snape la souleva de terre et se dirigea à grands pas vers le château. Il ne remarqua pas la silhouette cachée derrière un arbre qui les observait en souriant.
***
Lorsqu'Hermione ouvrit les yeux. La première chose qu'elle vit furent des murs blancs immaculés qu'elle ne connaissait pas. Elle fronça les sourcils et essaya de se relever. Des liens magiques retenaient ses bras. Hermione commença à paniquer. Où était-elle ? La dernière chose dont elle se souvenait, c'était son altercation avec Snape, dans le parc de Poudlard. Elle grimaça à se souvenir. Il allait lui faire payer son audace...
En observant avec plus d'attention autour d'elle, elle fut rassurée en constatant qu'elle se trouvait dans une chambre de l'hôpital Sainte Mangouste. Les blessures qu'elle avait écopé en poursuivant le Mangemort étaient bien plus graves que ce qu'elle avait imaginé.
Des pas et une conversation animée se rapprochaient de la porte de sa chambre, qui s'ouvrit d'un coup et claqua contre le mur, faisant sursauter la sorcière. Severus Snape se tenait devant elle, l'air furieux. Il entra en jetant un regard meurtrier à Hermione et se posta dans un coin de la chambre, les bras croisés sur son torse. À sa suite entrèrent McGonagall et, pour la plus grande joie de Hermione, Harry et Ron. Harry semblait exaspéré et Ron... complètement hors de lui. Cependant, lorsqu'ils croisèrent le regard brun de leur meilleure amie, une profonde inquiétude s'afficha sur leur visage.
- Comment vous sentez-vous Hermione ? demanda avec sollicitude la directrice de Poudlard.
Un ricanement parvint aux oreilles de la jeune femme. Snape la toisait d'un air narquois. La colère de Hermione se réveilla.
- Bien, si je n'étais pas enchaînée comme une prisonnière à ce lit, répondit-elle abruptement.
- Cela n'aurait pas été nécessaire si vous ne vous étiez pas débattue comme une possédée, rétorqua Snape avec un plaisir évident devant l'agacement de sa collègue.
Hermione soupira et decida de l'ignorer. Elle se tourna vers ses meilleurs amis. Ils n'avaient pas ouvert la bouche et la regardaient avec inquiétude... et curiosité.
- Je me sens mieux, les rassura la sorcière avec un petit sourire.
Et c'était vrai : elle avait encore quelques élancements lorsqu'elle respirait mais cela était tout de même beaucoup plus supportable. Son bras gauche ne la faisait plus du tout souffrir, à sa plus grande surprise.
Harry s'approcha du lit et s'assit aux côtés de la jeune femme. Il lui prit la main et lui fit un pauvre sourire. Hermione sentit qu'il allait lui annoncer quelque chose qui ne lui plairait pas du tout.
- Hermione... commença-t-il, hésitant. Tu as eu beaucoup de chance de survivre. Sans le professeur Snape, tu serais sans doute morte... Ses mots semblèrent lui arracher la bouche, mais son regard était illuminé de soulagement.
La jeune blessée haussa des sourcils et se tourna vers Snape, étonnée. Celui-ci croisa son regard et se renfrogna. Il détourna les yeux, mal à l'aise. Qu'elle n'aille pas croire qu'il l'avait sauvé parce qu'il était gentil ! Il avait été obligé... C'est ce qu'il se répétait inlassablement depuis qu'elle s'était évanouie.
- Pfff... souffla Ron, je suis sûr qu'il en a profité pour te donner l'une de ses potions bizarres...
Harry soupira. Hermione haussa les sourcils, étonnée par le regard noir que lançait Ron à Snape. Ce dernier eut beaucoup de mal à l'ignorer, il se crispa et serra des dents.
- Traître un jour, traître toujours, murmura Ron.
- Ron ! le réprimanda Hermione, voyant que Snape ne disait rien. Tu sais très bien que c'est faux ! Tu as vu comme moi ses souvenirs ! Ce n'était pas un traître ! Et ce n'en est pas un aujourd'hui, bien qu'il soit grincheux, rancunier, sarcastique-
- Merci Granger, la coupa sèchement l'homme en noir avec un regard d'avertissement.
Hermione se tut. Cependant, elle observait à la dérobée son collègue. Il était apparemment plongé dans ses pensées... Ce qui ne lui arrivait pas souvent.
- Quoiqu'il en soit, vous pouvez sortir aujourd'hui, proclama soudain McGonagall avec enthousiasme. Après avoir passé quatre jours dans le coma, vous devez avoir envie de retrouver vos élèves !
Hermione sursauta violemment.
- Quoi ? Je suis restée quatre jours endormie ? cria-t-elle.
Elle essaya de se débarrasser des liens magiques autour de ses poignets mais ils se resserrèrent. Frustrée, Hermione commença à se débattre dans tous les sens, la douleur reprenant peu à peu son emprise sur la sorcière ; son bras la brûlant d'un seul coup.
- Vite, Severus, faites quelque chose ! jeta la directrice en regardant Hermione avec inquiétude.
Snape poussa un profond soupir et s'approcha de sa collègue. McGonagall fit évacuer la chambre et sortit prévenir les médecins. Snape saisit les bras de la jeune femme et la fixa dans les yeux.
- Calmez-vous, chuchota-t-il.
Hermione cessa tout geste. Elle était désorientée. Son regard se voilait. Snape la lâcha et se dirigea vers la porte quand il entendit une faible voix :
- Restez... l'implora-t-elle.
Quelque chose se brisa en lui. Il revint sur ses pas et s'assit sur le lit, tout près de sa collègue. Celle-ci tendit la main et prit les longs doigts fins du potionniste entre les siens. La fièvre la faisait complètement délirer. Snape, à son plus grand désarroi, se trouva incapable de l'abandonner. Elle souffre, murmura une voix dans sa tête. Et alors, répondit-il, ce n'est que Granger. Mais il resta tout de même dans la chambre, la petite main d'Hermione dans la sienne, leurs doigts entrelacés.
***
- Mais que ne comprenez-vous pas dans : il y avait un Mangemort à Poudlard ? vociféra le Maître des Potions.
McGonagall échangea un regard amusé avec le portrait d'Albus Dumbledore.
- Nous vous croyons, affirma la directrice en remontant ses lunettes sur son nez, cependant, il faut considérer le fait que ce Mangemort n'a pu pénétrer dans l'enceinte du château sans un complice à l'intérieur... et comme nous ne savons pas qui c'est, poursuivit McGonagall en haussant la voix pour empêcher Snape d'intervenir, l'école ne sera pas fermée.
Snape grogna. Personne ne le comprenait. Un Mangemort était réapparu, il avait un complice, tout recommençait, et pourtant cette vieille chouette voulait laisser l'école ouverte... Il était vraiment dans un monde de fous. Il se posta devant la fenêtre, tournant le dos à la directrice afin de montrer son désaccord. Celle-ci leva les yeux au ciel. Il était incorrigible...
- Miss Granger devrait arriver aujourd'hui n'est-ce-pas ? demanda-t-elle avec une étincelle de malice dans les yeux.
- Comment voulez-vous que je le sache ! rétorqua l'homme en noir avec colère, faisant sursauter McGonagall.
Puis, son regard fut attiré par une petite silhouette qui s'avançait vers le château, un grand sourire aux lèvres. Tout son corps se tendit. Il pinça les lèvres et se détourna brusquement de la fenêtre, quittant le bureau de la directrice sans un mot de plus. McGonagall regarda par la fenêtre et sourit en voyant Hermione Granger arriver dans le parc.
Hermione regarda avec joie l'immense château de Poudlard s'élever vers le ciel. Elle rentrait enfin de Sainte Mangouste. Après avoir subi un nombre astronomique d'examens médicaux, les médecins l'avaient finalement autorisé à quitter l'hôpital. La jeune femme était soulagée et très heureuse de retrouver l'école qui lui avait manqué.
Arrivée dans ses appartements, Hermione remarqua un petit mot sur son bureau ainsi qu'un magnifique hibou qui attendait, juché sur le rebord de sa chaise.
Chère Hermione Granger,
Je vous transmets tout mon soutien et vous souhaite un bon rétablissement. J'ai appris que vous rentriez aujourd'hui, ainsi, je me permets de renouveller mon invitation à discuter autour d'une tasse de thé demain après-midi, lors de la pause.
Cordialement,
Celeste Ives.
Hermione sourit et prit une plume afin de répondre positivement à la demande de la nouvelle professeure. Elle avait hâte de la rencontrer et de mieux la connaître. Cette femme l'intriguait.
Sa réponse rédigée et envoyée, la jeune sorcière se laissa tomber sur son lit, exténuée. Elle ferma les yeux, et aussitôt, le sommeil l'emporta.
Severus Snape, de son côté, tournait et se retournait sans cesse dans son lit. Il n'arrivait pas à fermer l'oeil. Le souvenir de sa main tenant celle de sa collègue tournoyait dans son esprit sans qu'il puisse le supprimer. La sensation de chaleur de cette petite main, le soulagement manifeste de la jeune femme quand il était resté, la sollicitude dont il avait fait preuve... L'homme en noir ressassait tout cela encore et encore, se maudissant d'avoir accepté de ne pas la laisser seule. Mais elle t'a défendu ! souffla sa conscience. Elle a confiance en toi ! Il secoua la tête et essaya de se vider la tête grâce à l'Occlumencie. Cependant, l'image de Granger dans son lit d'hôpital restait gravée dans son cerveau, le tourmentant sans relâche. Puis, une autre image la remplaça : les horribles mots gravés dans la chair du bras de Granger : Sang-de-Bourbe. Le mot qui avait gâché toute sa vie. Qui lui avait fait perdre sa meilleure amie. Lily... Il ferma rageusement les yeux. Il ne voulait pas penser à elle. Et encore moins à Granger. Néanmoins, le Maître des Potions ne pouvait s'empêcher de se demander comment ces mots avaient pu atterrir sur le bras fragile de la sorcière... Il chercherait la réponse plus tard, pour l'instant, il devait à tout prix dormir, s'il voulait terroriser correctement les élèves le lendemain.
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Qu'en avez-vous pensé ?
Merci de me lire.
Dark Animale ♤
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