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Souvenirs familiaux

Crissements du verre sous mes pieds. Revenir ici, c'est violer mémoires et traumatismes de cette maison. Cela nous avait semblé évident, implicite, de ne plus revenir. Et il n'y a qu'à constater : personne ne semble être passé par là en six ans.

La vitre est toujours brisée, là-haut, mais la porte est intacte. Je m'approche de l'escalier, pose la lettre qui m'a amené ici, et monte jusqu'à la porte. La clé grince, bloque, s'arrête, mais finit par fonctionner, et la porte s'ouvre. La véranda, majestueuse, ne m'accepte pas. Elle me renvoie l'écho de mes pas et reste froide à ma présence. Pas même un courant d'air à l'ouverture de la porte : partout une immobilité assumée et poussiéreuse.

En face de moi, une fenêtre à moitié ouverte, qui m'arrache un sourire. Oui, c'est ça, c'est là que Melchior hurlait son rire aux voisins. Un peu plus tôt, on était assis tous les cinq autour de la table, quand Cynthia s'est insurgée que ma femme et moi avions choisi les noms de nos enfants comme quelque chose de banal.

C'est là que mon ainé est parti d'un fou rire inarrêtable. Et il a eu besoin d'aller jusqu'à respirer le grand air à travers la fenêtre pour trouver l'air qui commençait à lui manquer. C'était de bonne guerre, car cela faisait des années que nous nous chamaillions à ce sujet, et il trouvait enfin soutient auprès de sa femme.

Renan et Melchior. Nous les trouvions beaux, ces prénoms, avec ma femme. Et si elle n'était pas là pour me soutenir, je leur assurai qu'elle l'aurait fait : tout reposait alors sur Renan. Cynthia le regarda, lui attrapa les épaules, et le secoua :

— Alors, tu es de mon côté ou du côté de ton père ?

J'aurais peut-être dû comprendre quelque chose à ce moment-là... Enfin il est de toute façon trop tard. Quoi qu'il en soit, Renan n'a pas répondu, mais a plutôt montré un dédain foudroyant envers sa belle-sœur. Même plus que de dédain, on aurait pu parler de haine.

Il souffla, et s'en alla à l'intérieur.

— Je te l'avais dit, papa...

Melchior s'arrêta et chercha Renan.

— Il est parti ?

— Oui, il est bizarre ton frère parfois, non ?

Il haussa les épaules et revint s'asseoir.

Tout est encore en place, la chaise de Melchior, en biais par rapport à la table pour lui permettre de se lever régulièrement, la mienne au bout de la table, celle de Renan retournée par terre, et celle de Cynthia, toute droite, trop droite pour ne rien cacher.

J'avance encore, évite les chaises, et ouvre la porte principale. Deux masses énormes hurlent au-dessus de moi, je me baisse et mon dos grince. La tête cachée dans mes bras, j'attends quelques secondes, avant d'oser ouvrir les yeux : deux chauves-souris paniquées zèbrent la véranda. J'entre dans l'ombre. Cynthia avait pris le même chemin.

— Je vais aux toilettes, je reviens, nous lâcha-t-elle furtivement avant de disparaître.

Et elle était longue, aux toilettes, la jeune femme. Jamais très à l'aise pour discuter avec mes fils, nous sommes vite restés tous les deux à regarder le paysage. Mais vous aurez beau scruter longtemps, si des nuages ne viennent pas lui prêter main forte, la Normande ne retient pas les yeux indéfiniment.

Melchior allait partir voir ce qu'elle faisait, mais je lui ai demandé de s'occuper des grillades, plutôt. Il a alors descendu les marches en trottinant, et moi je suis rentré.

Je suis rentré comme je rentre maintenant, et c'est avec la même appréhension croissante que j'ai avancé dans le couloir. La simple évocation de ce souvenir me terrifie aujourd'hui, mais à l'époque c'était le silence qui m'oppressait.

Avancer, voir ces ombres immobiles se détacher dans le couloir, et ne rien entendre. J'avançai doucement, mes chaussettes contre les carreaux froids, et je tremblais. Qu'allais-je voir... ? Une voix m'arrêta juste avant de passer la tête et de voir à l'intérieur.

— Tu m'épuises, c'est trop, Cynthia... chuchota Renan.

J'avançai encore un peu : le pas de trop, et tombai nez à nez avec la belle-sœur de Renan à genoux, lui présentant un anneau.

— Qu'est-ce que... hésitai-je

— Voilà, là c'est trop tard, Renan, on doit tout assumer.

— Tu es égoïste, Cynthia, tu as fait exprès pour qu'il nous voie, hein ?

Face à la salle vide, six ans plus tard, je verse une larme à la fratrie perdue, à cette séparation violente entre mes deux fils. Dans la pièce, je vois l'anneau contre le mur du fond, que Renan jeta dans son emportement. Énervé mais amoureux...

Non, c'est trop dur de rester ici... Je retourne dans la véranda. L'air du soir entre par le trou dans la fenêtre, là où Melchior a lancé une chaise. Depuis, plus de nouvelles. La voiture de Renan est partie en crissant, emportant la femme blessée par la chaise, vers une nouvelle ville, une nouvelle vie dont je n'ai jamais rien su jusqu'à la semaine dernière.

— C'est toi, papa ? me lance une voix en bas, dans la cour.

Je regarde par la fenêtre, et vois mon fils. En plus vieux, plus calme... mais c'est lui. Il brandit la carte dans sa main.

— C'est important papa, je t'ai pas fait venir pour rien, j'ai une grande nouvelle.

Je m'approche de l'entrée de la véranda et le toise.

— Tu vas être à nouveau grand-père !

Je m'en doutais. Nous avons réfléchi à une phrase à lui répondre, avec Melchior, mais maintenant que je suis là, devant lui, j'hésite...

— Papa ?

— Va le dire à son oncle d'abord, réconciliez-vous ! Ton enfant aura une demi-sœur qui sera aussi sa cousine. Ils méritent de se connaître.

— Hein ?

Il réfléchit un peu – ce n'a jamais été son fort – et finit pas relever les yeux :

— Mais Melchior ne voudra jamais me revoir.

— Réconciliez-vous.

Je conclus en fermant à clé la porte en haut de l'escalier. Les larmes aux yeux, Renan monte dans sa voiture et fait demi-tour. Direction chez son frère, j'espère, ou sa nouvelle vie dont je ne saurai jamais rien.

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