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Raide et libre


Si – et de loin – Casper n'était pas le plus fin produit de la création humaine, il méritait quand même de connaître la sagesse et le calme que lui auraient apporté quelques années de plus. J'en étais là de mes réflexions, quand un bras m'attrapa. Je me tournai et tombai face à face avec une femme dont le visage oscillait du bleu, au rouge, au bleu...

Je décollai mes pieds du sang qui avait séché sous mes semelles, et la suivi. Une fois chez moi, l'isolement. Dans ma gorge, les mots étaient laves et dangers, et je trouvai un apaisement relatif dans le silence. Deux jours plus tard, voilà que l'idée me prend d'attraper un stylo et de parler par le dernier canal qui me soit libre : l'écriture.

Si rien ne me ramènera mon ami d'enfance, j'essaierai au moins d'honorer sa mémoire par un témoignage honnête du bout de vie qui m'a été donné de partager à ses côtés. Et au fond, n'ai-je pas simplement besoin de faire l'aveu de mon crime ?

Possible. Cet ami, je l'ai rencontré dans des conditions qui préfiguraient pourtant sa fin tragique, et mon rôle dans cette dernière. Une après-midi, alors que le froid nous gelait le bout des pieds à mes amis et moi, j'ai vu une chemise en jean escalader le grillage de notre école pour échapper au joug des institutrices. 

J'ai été tant impressionné, tant jaloux de cette audace, que quelques minutes plus tard, j'alertais tous les adultes possibles afin qu'ils retrouvent le fuyard. Et à vrai dire... notre amitié commença là. Moi impressionné de son courage, et lui du mien, nous avons commencé un jeu sur plusieurs années, du prisonnier et du geôlier.

Car avant moi, personne n'osait se mettre sur le chemin de la grosse voix de Casper, de la chemise en jean toute trouée de Casper, de l'attitude de Casper. Dans l'école, ce nom résonnait de bouche en bouche, Casper, Casper, Casper... Quand d'autres ensuite, remotivés par mon succès, se dressèrent devant lui, nous nous associions pour les ridiculiser devant tout le monde, gardant le monopole de l'attention pour nous deux, rien que nous deux...

C'était un credo : rien que nous deux. Comprenez donc bien que je me sois senti trahi quand Casper s'est trouvé une bande et a commencé à m'ignorer. Ce n'est pas arrivé vite, non, mais petit à petit. C'était une maladie que je voyais se développer par des symptômes les plus infimes, mais que je savais devoir grandir jusqu'à la rupture complète.

Dix ans. Il a fallu dix ans pour que je ne mette des mots sur ce qui était arrivé : il avait simplement pris son indépendance. Nos jeunes années étaient finies depuis longtemps, et c'était une soirée comme bien d'autres dans notre petit village.

Rassemblés autour d'un jeu, mes amis et moi parlions doucement dans l'espoir de rester tranquilles, au moins une fois, sans eux... Mais nous nous sommes soudain retrouvés observés par dix paires d'yeux qui dépassaient du haut du muret du jardin. Pablo, qui nous hébergeait, se redressa :

- Pas chez moi, hurla-t-il, vous rentrez pas ou j'appelle la police.

Casper bondit et atterrit dans le jardin.

- Appelle la police et on s'en va. En attendant, on reste.

Le bâtard, pensai-je, il ne m'a même pas lancé un regard. J'étais à ses yeux un des autres, un parmi la foule à dominer et devant qui jouer son numéro. Avec sa bande, ils s'invitaient à toutes les soirées possibles qui avaient lieu dans le village. Chaque soir, vous pouviez les voir rôder dans les rues, épier le moindre signe de vie.

La maison de Pablo, c'était notre meilleur atout, car ils devaient s'éloigner du village pour nous retrouver, et ils n'y passaient donc que rarement.

Enfin, rien d'étonnant ce soir-là, ni d'ailleurs le soir tragique, il y a une semaine, où mon ami a perdu la vie, ridiculisé devant tout le monde. Cette nuit-là, ils arrivèrent de la même manière, nous épiant au début, puis nous imposant leur présence.

Ils se servirent dans nos boissons, s'approchèrent des filles... mais Casper était différent. Il marchait plus lentement, parlait plus fort, criait, même, si on ne lui répondait pas sur-le-champ. Après une heure à les regarder faire, épuisé de ce même fiasco qui reprenait chaque soir, je m'approchai de Casper, lui pris le bras, et essayai de l'attirer plus loin, pour lui parler honnêtement.

- Qu'est-ce qu'il a, lui ? me lança-t-il, un peu trop fort pour rester discrets.

Une odeur acide m'atteignit, et je lui répondis, définitivement déçu :

- Tu as bu ?

J'avais parlé fort moi aussi, dégoûté de le voir sombrer complètement dans les mêmes habitudes que les poivrots du village.

- Et alors, tu vas me faire la morale ? grinça-t-il en se baissant vers moi. Tu vas aller voir la maîtresse ?

- Non, fis-je simplement.

- Bon, s'écria-t-il alors, on reprend la fête !

Et il s'éloigna vers une de mes amies, qui souriait presque timidement, comme honteuse d'avoir l'attention d'un garçon si imposant. Ce soir-là, il s'amusait à acquiescer à tout. Ainsi, nous le vîmes sauter à l'eau habillé, enchaîner d'immenses verres de bière, fracasser un nain de jardin...

Le nain de jardin, s'était trop, car notre hôte s'effondra en larmes. Dernier cadeau de son papi, le pauvre.

- Casper, criai-je devant tout le monde, tu vas à l'étage, tu cours, tu brises la vitre, et tu finis dans la piscine.

Il me regarda, et un instant je crus le revoir tel que personne ne l'avait connu, bien avant l'école, avant d'apprendre des choses, il était seul au milieu d'inconnus, et il avait peur. Ses grands yeux, sa bouche tremblante... tout cela ne dura qu'une seconde, mais mon cœur se fendit en deux.

Je voulus revenir sur mes paroles, m'approchai de lui et lui chuchotai, alors qu'il commençait déjà à se faire chambrer par sa bande :

- C'est du plexiglas, Casper, fais pas ça, je voulais juste te calmer, tu vas trop loin ce soir.

Il me fit un sourire forcé, et se retourna : bon, on monte à l'étage pour ce saut ? Là, je ne comprenais pas vraiment où il voulait en venir. Je partis devant pour repérer le terrain, trouver ce qu'il pouvait mijoter.

L'idiot ne l'était pas tant que cela, et il n'aurait pas essayé de traverser du plexiglas... Premier à l'étage, je remarquai des vases, ainsi qu'un long katana pendu au mur. Mon cœur accéléra : et s'il m'en voulait au point de me menacer ?

Bientôt, toute la foule nous rejoignait, et s'assemblait en cercle autour de Casper, qui faisait mine de vouloir s'élancer. Un de ses amis, posté à côté de moi, me fixa, moqueur. Il me semblait qu'ils allaient tous se jeter sur moi d'une seconde à l'autre.

Confiant, je chuchotai au blond à côté de moi :

- Il va pas le faire, c'est du plexiglas, je lui ai dit juste avant.

Il ne me regardait plus, comme hypnotisé par le charisme de Casper qui venait de s'élancer.

- Je sais, il nous a dits que tu voulais lui faire peur pour pas qu'il le fasse, mais il est pas dupe.

Je n'ai pas eu le temps de m'étonner, ni de réfléchir, ni de tourner le regard vers Casper, avant qu'il ne touche la vitre. J'ai été alerté de l'impact par un craquement, suivi d'exclamations, de cris, de piétinements...

En m'approchant, je compris aux os brisés saillants de la nuque de Casper que le bruit ne venait pas de la vitre cassée, mais de sa colonne vertébrale qui s'était compressée suite au plongeon – tête la première bien sûr pour le style – en plein dans la vitre.

Le sang coulait, et je restai là, regardant la mare grossir, pendant une demi-heure entière, immobile et incapable de réagir à quoi que ce soit d'autre.

Casper savait, et il ne m'a pas écouté... Ou il ne m'a pas cru, plutôt, car j'ai voulu l'en dissuader... Le jeune homme, malgré sa grosse vingtaine d'années, n'avait peut-être pas changé, finalement, depuis le jour où je l'ai rencontré.

Face à l'autorité, il s'est défilé, a voulu braver et se montrer plus fort. Il n'aurait peut-être pas été beaucoup plus loin, le pauvre, s'il n'arrivait même pas à faire confiance au seul ami honnête que je lui avais fourni. Qu'il soit en paix, car il est mort de cette rébellion qui lui était si chère.

Et au fond, ne se doutait-il pas de ce qui allait arriver, lui qui devait être si malheureux dans sa vie morne et grise ?

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