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Les yeux de Vulna


J'ai aimé courir nu dans les champs, ce soir-là.

On était tous les quatre, Marie qui portait dans ses bras des bouts de charbon, Tim qui essayait de ramasser les plus beaux brins d'herbe possible et Vulna, qui était occupée à être belle. Mon père nous avait déposés là quelques années plus tôt, et nous revenions célébrer à notre manière cet anniversaire si important pour nous.

Dans sa maison bleue, Marie faisait pousser des herbes aromatiques de toutes les couleurs et de toutes les senteurs. Chaque fois que je lui rendais visite, elle me parlait longtemps de ces milliers de plantes dont elle rêvait de se faire des infusions. Comme d'habitude elle me servait un verre d'eau chaude dans lequel elle laissait reposer un bouquet de fleurs sèches. Elle me dévorait des yeux. Toute sa vitalité semblait passer dans ces deux globes, et c'était étrange à observer.

Ses petits bras se tendaient, son ventre se rétractait, elle se mettait sur la pointe des pieds et écarquillait grand ses yeux. J'essayai une fois seulement de lui proposer d'en boire quand elle me fit un scandale devant tous ses clients. Son corps avait d'un coup sorti un lot d'énergie faramineux, et elle me demandait si moi, Stuart, j'avais réellement envie qu'elle perde tout son commerce ?

Bien-sûr que non, je lui répondis, mais elle continuait à pousser toujours plus loin son indignation, jusqu'à ce que je compris que je devais partir et ne revenir que le lendemain.

Tim avait du mal à venir la voir, lui. Car c'était un artiste, et il ne pouvait pas supporter qu'elle néglige autant de consommer ses propres œuvres d'art. C'était digne d'une amateure, disait-il ouvertement. Lors de sa première année sur l'île, ce grand et mince Irlandais réalisa une œuvre magnifique, un collage de feuilles de Chêne. C'était un paysage en nuances de vert, mais l'œil voyait des couleurs, devinait les reliefs et le coucher de soleil derrière. J'avais juste eu du mal à discerner la vache du coin bas gauche, la prenant au début pour une très grosse asperge.

Et Vulna, la sublime Vulna, était mystérieuse. Comme toutes les femmes aimées, elle se réservait le droit de faire des choses en cachette. Elle refusait de retirer un seul de ses vêtements en notre compagnie, et une force sourde en moi désirait voir, sentir et toucher la plus infime partie de peau couverte par les vêtements.

De sa vie on se savait pas grand-chose, si ce n'est que comme nous autres elle avait réussi à atteindre mon père par un quelconque moyen. Ce grand sage, comme elle l'appelait, nous l'avait présenté deux jours avant le départ, alors que nous étions tous à table. En la voyant, je sus qu'elle était la femme de ma vie, mais fut détrompé quelques minutes plus tard par ses intentions à mon égard. Non, elle ne serait pas la femme de ma vie.

Quoi qu'il en soit elle était belle ce soir de fête-là. Elle nous regardait, immobile. Ses bras se rejoignaient vers son entrejambe, et ses mains se tenaient patiemment. Par intervalles j'osais la regarder et le rouge de son châle transperçait la nuit jusqu'à moi. J'aurai aimé savoir la sensation que faisait sur sa peau cette laine d'un mouton sûrement mort depuis longtemps. J'aurai aimé mieux la comprendre, cette Vulna qui nous regardait sans bouger. Peut-être qu'elle pensait déjà au suicide à ce moment-là. Enfin c'est sûrement une de ces choses qui ne se pensent pas mais qui sont tout un état, sa fin de vie terrible n'était-elle pas simplement le prolongement de ses pensées ? Comment n'ai-je pu rien entrevoir ?

Aujourd'hui on a dansé à nouveau, tous les trois. En courant nu, à quatre pattes, j'ai pensé à Vulna. Marie, qui avait trouvé un stock de charbon la veille, les portait et espérait en avoir assez un jour. Tim, lui, a arraché un à un tous les bruns jaunes de petits pissenlits. Je pensais qu'il ne voyait rien dans la nuit noir, pourtant au petit matin je fis une découverte qui me stupéfia. Alors que Marie et moi tombions de fatigue, il nous conduisit par la main jusqu'à la petit église du village qui bordait le champ. D'en haut, on vit que toute la nuit notre ami n'avait pas simplement cueilli les pétales des pissenlits.

Il arrachait en fait minutieusement les petits bâtons colorés selon un trajet trouvé dans son esprit tortueux, tassait méthodiquement l'herbe autour de lui et désormais, face à moi, posée sur le terrain vague, je retrouvai ma Vulna aimée.

Tim avait tracé le portrait craché de notre amie perdue à jamais dans les méandres de ses souffrances. Les pétales étaient disposés par centaines en deux cercles bien visibles d'ici. Pour la dernière fois, je me posais cette question tant et tant ressassée : Quelles souffrances ces iris jaunes essayaient-ils de me crier ?

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