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L'ennui d'Igor


La petite ville de Burlington n'a rien d'attirant. En hiver, la boue coule dans les rues et en été on s'écorche et se brûle les pieds sur la terre sèche, dont les craquelures coupent.

Sa conception est écrasante de bêtise. Les rues principales se longent toutes les unes les autres et ne sont reliées entre elles que par trois ronds-points centraux.

Quand Igor veut aller chez son seul ami, il a donc deux choix. Suivre les routes et prendre trente minutes, ou bien passer par l'arrière du jardin et traverser à la hâte la propriété des voisins. Dans ce cas-là, seulement trois minutes de trajet, mais il s'est déjà fait attraper deux fois par le grand Kilian.

Plutôt que de le frapper un coup ou de le gronder, l'homme effrayant l'a chaque fois fait entrer dans sa maison et a exigé une heure d'écoute. Lui qui parle, l'enfant qui attend sagement.

Igor est arrivé dans le pays cinq ans plus tôt. Ses deux parents, Russes de pur-sang selon leurs mots, n'ont pas supporté cette nouvelle culture et ont préféré repartir sans leur enfant pour débuter une nouvelle vie.

Igor n'a pas eu cette explication.

— On doit partir, ont-ils annoncé l'heure avant qu'ils ne s'en aillent.

Igor les avait vu remplir leur valise. Il se doute bien qu'ils ne lui auraient rien dit s'ils n'y avaient pas été forcés.

Igor reçoit chaque semaine un peu d'argent de leur part, sur son compte en banque. Ils lui payent une nourrice qui lui fait à manger le soir et le matin, et qui râle de devoir s'occuper d'un si vieux bonhomme, qui devrait déjà être indépendant selon elle. Mais elle est bien payée, alors chaque matin elle revient malgré ses menaces.

Ses parents sont quittes grâce à cette petite rente. Ils ne pensent plus à Igor.

Il n'a jamais compris pourquoi la ville attire tant malgré ce qu'elle est. D'ailleurs personne ne comprend, pourtant les banlieues se remplissent toujours un peu plus.

— L'industrie recrute, ici, affirme-t-on dans les salons de thé.

— Malgré tout, le climat est bon, bredouillent les vieux qui s'en veulent de n'être jamais partis.

— Il y a bien une raison, puisqu'on est tous là, avoue-t-on plus souvent.

Pourtant il n'y a pas de raison. C'est comme un tas de fumier dans lequel on met le pied sans le vouloir. Il est simplement mieux dissimulé que les autres, et tout le monde tombe ici au hasard sans pouvoir s'en dépêtrer.

Igor ne partira jamais de la ville, certainement. Mais si petite soit la palette des bonheurs disponibles ici, on peut se battre et s'en offrir les meilleurs. Le garçon de treize ans rêve d'enfin obtenir un vélo rouge.

Un vélo, parce que sa vie manque cruellement de rythme. Il sera rouge, c'est sûr, parce que sa vie manque de couleurs éclatantes.

Le gris du ciel, des murs de la maison, des trottoirs, de ses rêves, des vêtements de tout le monde, il doit les trancher avec ce qui en est le plus apte, avec la plus éclatante des couleurs. Son vélo sera rouge, et il détonnera sur ma vie, se promet-il chaque matin sur les routes de l'école.

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