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L'émotif


                Dans les yeux de la jeune fille rousse, les images de la soirée de bonheur brillaient. Vingt minutes plus tôt, alors qu'elle ne venait que pour s'assurer que tout allait bien, elle avait été absorbée par la projection, s'était approchée de l'écran, et s'était assise là, en tailleur, ignorant la salle remplie derrière elle.

Vingt minutes, que son cœur tremblait au souvenir chaud de ces trois semaines dans la nature sauvage, entre amis, loin du malheur, loin de cette vie... Quelqu'un lui effleura le dos, elle se retourna et aperçut le visage rouge et transpirant de Thibault.

- Ana, on a un problème, viens, on est au fond de la salle.

Il partit en courant, et bientôt elle rejoignit ses amis, rassemblés en un petit cercle.

- Qu'est-ce qui se passe ? lança-t-elle à voix haute.

Les trois autres la regardèrent avec de gros yeux, et lui firent signe de chuchoter. En face d'elle, Samuel prit la parole.

- Bon, je suis désolé de devoir vous annoncer ça, mais je crois que la projection ne va pas être possible, on nous a piqué l'ordinateur.

Dans ses vêtements trop grands, il était agité de tics nerveux, se grattait le cou. Le quatrième, Maxence, immense et aussi frêle que Samuel, se concentra. Il rassembla ses cheveux ébouriffés en une queue-de-cheval, et déclama :

- Samuel, on ne peut pas annuler, ça a coûté trop cher la location de la salle, et beaucoup de gens ont fait le déplacement de loin pour assister à cette soirée.

Les trois autres, les yeux levés vers la tête pensante du groupe, hochaient la tête.

- Si on ne retrouve pas...

Il fut forcé de s'arrêter par le gémissement d'Ana. Elle venait d'éclater en sanglots, et mordait ses poings de rage. Le public commençait à se retourner vers elle, et Thibault lui attrapa le bras pour l'emmener dehors.

Une fois les portes battantes passées, il tenta de la réconforter :

- Ana, c'est pas grave, on va le retrouver, le film, t'inquiète pas...

Mais elle ne réagit pas à ses paroles, occupée dans son mouvement de balancier, le regard perdu, à répéter que non, que ce n'était pas possible...

- Mais enfin, qu'est-ce qui t'arrive ? explosa-t-il après une minute à la regarder paniquer.

- Je n'aime pas ma vie ici, c'est tout ! hoqueta-t-elle. Là-bas, on était heureux, non ? Pourquoi on repart pas, pourquoi on est revenus ?

Elle redressa les yeux vers son ami, et reprit :

- Pourquoi on n'est pas restés là-bas, hein ?

À l'intérieur de la salle, Maxence venait d'ordonner à Samuel d'aller continuer sa recherche de l'ordinateur portable, de questionner le personnel du cinéma... bref de tout tenter. Il lui avait promis qu'il avait une solution de secours, et lui avait ensuite demandé qu'il le rejoigne dans cinq minutes s'il ne trouvait pas de traces de l'ordinateur perdu.

Il se dirigea vers la scène, et regarda pendant quelques instants les images projetées. Ils étaient là, tous les quatre, riant et parlant... Ils s'étaient promis que si un jour ils réalisaient un film de leur voyage, cette vidéo en serait l'introduction, pour faire patienter le public.

Sur l'écran, Thibault, un brin alcoolisé, s'agenouilla et prit place au milieu de la tente. Il allait parler, mais Maxence éteignit le film, attrapa le micro, monta sur l'estrade et prit place devant le public :

- Mesdames et Messieurs, bienvenus à la soirée de présentation de notre expédition dans les hautes latitudes Sibérienne...

Les applaudissements lui coupèrent la parole. Il attendit et reprit :

- La soirée va subir, permettez-moi de vous présenter nos excuses, quelques modifications. Un incident technique nous empêche de projeter le film, et nous allons au lieu de cela vous narrer notre voyage.

« Ce sera donc une expérience de transmission orale...

Il arrêta de parler en entendant la porte battante bouger. Il espéra voir Samuel revenir avec une bonne nouvelle, mais au lieu de cela, il aperçut Thibault, le visage complètement rouge. Il avait déjà vu ce visage contracté, cette allure rapide, et il n'aimait pas cela du tout.

Et en effet, ce dernier fit irruption sur la scène, arracha le micro des mains de son ami, et hurla plus fort que les hauts parleurs où résonnait sa voix :

- Bon, écoutez-moi, je suis certain que quelqu'un parmi vous nous a volé l'ordinateur qui doit nous servir à projeter le film. Je n'en ai rien à foutre que ça soit par jalousie, ou pour une mauvaise blague, en tout cas ça a assez duré.

Maxence, mal à l'aise, essaya de reprendre le micro, mais Thibault protesta, la bouche toujours collée au micro :

- Laisse-moi, je m'occupe des situations bien concrètes, comme d'habitude. Toi, reste à théoriser.

Il se retourna vers la foule et :

- Je vous préviens, personne ne sortira de cette salle, même si on doit y passer la nuit. C'est compris ?

Alors qu'il commençait à passer dans le public en interrogeant un à un les spectateurs, Samuel, horrifié, regardait la scène depuis le fond de la salle. Un désastre, pensa-t-il. À côté de lui, Ana pleurait, sanglotait, reniflait, geignait toujours plus fort, et les gens se retournaient pour lui faire signe de se taire.

Samuel regardait son ami au sang chaud menacer chaque spectateur, y compris ses proches, puis il regarda Maxence, qui essayait de parler plus fort que l'autre et de proposer que l'on débute la session orale...

Pendant une demi-heure, Samuel s'était persuadé que cette soirée ne pouvait pas avoir lieu... En voyant ses proches arriver, il avait eu honte de les faire venir simplement pour le voir montrer ses exploits.

Pourquoi lui, un simple jeune homme, aurait la légitimité morale d'imposer à tant d'autres personnes son vécu, sa réussite, ses aventures... Mais là, en voyant ses amis réagir ainsi... Il avait honte d'eux, évidemment, mais il était aussi fier de les voir tous fidèles à eux-mêmes.

Dans le film, Anastasia passait son temps à s'extasier de la beauté de leur aventure, et aujourd'hui elle ne faisait que pleurer cette expérience finie. Thibault, lui, avait porté à lui seul la responsabilité d'emmener le groupe au bout de leur aventure, quand les autres étaient à bout de force. Et là, encore une fois, il donnait tout ce qu'il avait, il sortait ses muscles et sa grosse voix pour dépasser l'obstacle. Maxence, lui, était optimiste, comme il l'avait toujours été. Plus de film ? Soit, on rigolera quand même bien tous ensemble !

Et, gêné, Samuel pensa à lui-même, assis dans la salle au lieu de chercher l'ordinateur prétendument volé... Toujours plein de doutes, il n'avait pas dérogé à la règle ce soir. Il se leva, et cria, en brandissant son sac :

- J'ai retrouvé l'ordinateur, tout va bien ! Fausse alerte !

Réunis dans la salle de projection, aucun de ses trois amis ne lui demanda de comptes. À son attitude, à sa voix tremblante, ils avaient compris, et de toute façon ils l'excusaient. N'était-ce pas encore une fois la manifestation de sa sensibilité ? Celle-là même qui l'avait poussé à proposer un voyage immense à ses amis, qui lui avait donné le courage d'aller toquer le premier aux portes des locaux ?

Ils lancèrent la projection, et retournèrent s'asseoir ensemble dans la salle, sur les fauteuils qu'ils s'étaient réservés. Chacun entouré de ses proches, ils revivaient l'expérience à leur manière. Ana pleurait bruyamment, Maxence faisait des remarques élaborées, Thibault riait fort, et Samuel s'enfonçait dans son siège dès qu'il apparaissait à l'écran.

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