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Je suis fort


                Il est des endroits du monde où vivre semble être une folie. Évidemment, certaines évidences nous mettent tous d'accord : déserts d'Asie, profondeurs océaniques, sommets antarctiques... Mais ceux qui nous repoussent le plus, qui font se dresser les poils, sont bien plus subjectifs.

C'est cette maison de village, identique à toutes les autres, avec la même forme, le même jaune, le même chien...

C'est cette femme croisée dans la rue, que la vie semble avoir dotée de quelque chose de trop différent, de trop étranger à nous pour pouvoir être à l'aise en sa présence.

Ce sont ces émotions qui remuent de l'intérieur et que certains haïssent tant elle réveillent ce qu'ils pensaient avoir réussi à supprimer de leur vie.

Et ce sont parfois tout un pan de nos vies qui nous font l'effet de frotter un mur. De douleur, on s'en éloigne vite en grimaçant. Idiot, se dit-on, qu'as-tu voulu faire à replonger là-dedans ? Alors pour quelque temps le souvenir fait mine de disparaître.

Mais cette bribe de pensée se distille en nous, nous pénètre, jusqu'à la moelle et nous fait revivre, répéter et reproduire en vain cette mauvaise situation. On ferait tout, on donnerait tout pour ne pas la revivre, pourtant on s'en imprègne et on la vit à nouveau.

— Tu veux un café ?

La grand-mère regarde dans les yeux. Je n'ai pas mal, disait le père il y a si longtemps, à l'instar de tous les autres hommes.

— Oui.

La voix un peu plus grave que ce qu'elle est vraiment, la même conviction que dans le souvenir.

En buvant le café, c'est tout le souvenir passé du père qui se répète. Le même homme fort qui n'a pas bronché devant la douleur de sa jambe cassée, qui a même ri d'avoir mal.

C'est fou ce que c'est mauvais le café. Vite effacer cette pensée. Car l'homme ne doit pas penser ça, il doit terrer, cacher, plier, découper, saccager la moindre de ses émotions, la réduire pour ne pas faiblir.

C'est comme ça, le café, c'est mauvais mais il faut le boire. Et la cigarette, aussi, et l'alcool.

— Alors, ta chérie, tu la revois quand ? reprend la grand-mère.

— Je sais pas, dans un jour ou deux.

Bâillon. L'enfant passé sous silence. S'il avait pu s'exprimer, là, au lieu de laisser l'horloge tiquer seule, qu'est-ce qu'il aurait parlé, qu'est-ce qu'il aurait pleuré. Imaginez ce tout nouveau viril s'il se laissait aller pour de bon, merde.

— J'aimerais qu'elle revienne plus vite, mamie, aurait-il commencé. Parce que j'ai besoin de câlins et que je n'ose plus en demander. Ma copine, quand elle est là, elle m'en fait sans me demander, elle. Et si elle me demandait l'autorisation, je serais obligé de lui dire que non, je n'en veux pas, parce que mon père était comme ça et qu'il était fort et que je suis fort aussi donc je ne peux pas avouer tout ça. Et je suis content de te voir, toi, mamie, mais j'aimerais te prendre dans mes bras et pleurer mon papi qui me manque, mais je ne le fais pas non plus parce que je suis fort, parce que je suis fort...

Parce que je suis fort. La masse de centaines de générations a réussi à imposer cette aberration, et voilà qu'elle perdure et s'épanouit formidablement. Hé oui, je suis fort et supérieur, à vous cacher qui je suis.

Je souffre, car je suis fort.

Les larmes coulent en moi, je les accumule et elles croupissent, car je suis fort.

Je ne suis pas comme les femmes, car je suis fort.

Pour avancer, courrez marchez volez sautez tombez pleurez recommencez.

Car esseulé, vos peines maltraitent vos âmes en peine toutes entaillées.

Caressez-les, ces douleurs sourdes, elles sont vous.

Cassez le nœud, sortez du fleuve d'ancêtres cois, surpris des pères mais fils-miroirs. 

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