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Compagne de vie

Hervé mit du temps à rentrer dans cette relation. Trop de temps libre, trop de passe-temps, il courait partout et ne la regardait pas. C'était comme s'il ne voyait pas sa peau mate et parfaitement lisse. Elle aurait presque pu disparaître qu'il ne s'en serait pas rendu compte. Sa colocataire peu loquace était déjà là quand il avait emménagé dans l'appartement.

Elle était donc évidemment présente lorsqu'il fit sa pendaison de crémaillère. Au milieu de la foule d'étudiants ivres qui chantaient elle regardait faire, immobile.

La soirée commençait à durer depuis longtemps et ils n'étaient désormais plus qu'une petite dizaine à danser avec Hervé. Une grande rousse tournait autour de lui, le regardait fixement. Pas jalouse, la petite colocataire les observa simplement, sans ne rien dire. C'était comme si elle savait qu'elle l'aurait un jour.

- Du coup t'es un deuxième année, toi ?

- Hé oui, faut croire, fit-il timidement.

Elle avait déjà son idée bien en tête et lui sauta dessus. Dans l'étroit salon, les danses se ramollirent, tout le monde était soudain gêné en les voyant s'enlacer et s'embrasser devant eux. Ils finirent par partir, mal à l'aise.

Ses belles années d'universitaire s'écoulèrent rapidement. Il ne tissait aucun lien avec sa colocataire, et en venait même parfois à se demander froidement pourquoi il ne faisait pas d'efforts pour se débarrasser d'elle. Et puis elle était toujours muette, même lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. Prétentieusement, il pensait n'avoir jamais besoin d'elle.

Les longues journées de révisions, arrosées de la joie de quelques soirées mémorables, finirent bientôt. Il atteignait finalement le tant attendu monde du travail. Passant d'entretien en entretien, il songeait au salaire bientôt touché, à l'appartement à changer. Cette fois, il en était sûr, elle devrait quitter totalement sa vie, il partirait loin d'elle.

Il trouva un travail au bout de quelques semaines. En rentrant de sa première journée, il s'écroula dans son canapé jaune, jamais lavé. Il avait dû être blanc, à une époque. Un mal de tête écrasant, une fatigue de tout le corps le prenaient tout entier. Vidé d'énergie, il leva la tête et aperçut la silhouette tant ignorée. Elle était toujours là à le fixer.

Et malgré toute l'apathie dont il avait couverte jusque-là, il la regarda attentivement cette fois. Après avoir senti son regard elle s'illumina pour la première fois. Elle se mit à parler, à gesticuler toute la soirée sans qu'Hervé ne la lâche des yeux.

Ses yeux engourdis par une fatigue nouvelle, il la laissa s'activer pendant des heures devant lui. Quelques fois il riait, certes, mais la plupart du temps ses yeux étaient vides, sans soubresauts de conscience. Il allait jusqu'à chercher à manger en la fixant, reproduisant les mouvements mille fois répétés pendant ses quatre années dans ce logement étroit.

Elle ne remarquait pas qu'il n'écoutait pas par plaisir, elle ne remarquait rien. Elle crachait automatiquement, elle se rattrapait pour les longues années de silence. Malgré sa fatigue il se coucha tard, absorbé jusqu'à ressentir des picotements dans les yeux.

La relation fut réellement lancée, et il n'eut plus jamais envie de la quitter.

Quinze ans plus tard, il arrivait dans son appartement, bien plus grand et coloré que l'ancien. Elle l'avait suivi. Ou plutôt il l'avait emmenée, car elle aurait pu aller avec n'importe qui, peu lui importait.

Il ouvrit doucement la porte et entra en grimaçant. Son mal de tête, le même que chaque soir, se nichait derrière ses yeux. Tout son corps était las, et il but d'une traite un verre d'eau, puis un autre. Il s'assit sur son canapé vert, attrapa la télécommande et pressa le petit bouton rouge.

Il la vit s'allumer et poussa un soupir de soulagement. Il la retrouvait enfin. Durant une, deux, trois heures, il resta figé devant les images animées. Il ne regardait pas vraiment sa compagne de vie, mais posait tout au plus ses yeux dessus. Il ne voulait plus penser, simplement se reposer un peu, oublier la fatigue de cette longue journée de travail.

Cependant tout cela s'imprimait quelque part et nourrissait ses conversations avec ses collègues, orientait les rêves de ses courtes nuits et guidait ses choix politiques.

Comme souvent, il repensa à ses années étudiantes, à quel point il n'avait jamais eu besoin de télévision. Il ne l'avait même jamais touchée pendant plusieurs années d'affilée, à l'époque. Comment avait-il pu faire, comment s'occupait-il ?

Pourtant il avait tant aspiré à trouver un travail. Il pensait avoir enfin du temps libre, le soir. Pourquoi personne ne l'avait prévenu qu'on l'y abrutirait tant qu'il n'aurait plus aucune force pour penser ou se mouvoir le soir, en rentrant ?

Ses yeux s'alourdirent, doucement, et il s'endormit pour la première fois devant sa colocataire. Elle parla seule, jusqu'à tard dans la nuit, de la même voix que des millions d'autres à travers tout le pays.

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