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Chapitre 8 - Douleur brumeuse (partie 2)

Sa balle part. Je la vois comme au ralenti franchir la distance qui nous sépare. Heurter le cœur de mon frère. Il tombe en arrière, le sang jaillissant de sa poitrine.

Mon frère s'effondre.

Mon monde s'effondre.

Un cri résonne à mes oreilles, je me laisse tomber à côté de lui et saisis sa main tremblante. Je veux parler mais ne trouve pas le calme, ne trouve pas les mots. Il ouvre la bouche, une écume rougeâtre perle à ses lèvres. Il tente d'articuler quelque chose, sans y parvenir.

Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi penser. Qu'y a-t-il à penser dans ce genre de cas ? Mon frère meurt. Alors je meurs aussi. Je ne suis rien sans lui. Il est mon oxygène, ma force et ma volonté. Indispensable à mon équilibre. Comment est-ce que ça fait de vivre sans lui ? Est-ce que c'est possible ? Quel goût la vie aurait-elle ? Non. S'il meurt, je meurs. Il n'y a pas d'autre solution.

« Iris ! »

Une voix inidentifiable, déformée par un brouillard de choc et d'incrédulité. On m'appelle, comme si mon nom avait une importance, comme s'il existait autre chose que celui de Marc.

« Iris, bordel, recule ! Reviens ! »

On insiste. On s'inquiète pour moi, comme si cela allait changer quelque chose. Comme si l'on pouvait me sauver. C'est trop tard. C'est juste trop tard. Je suis déjà morte. Je suis...

« Iris ! »

... la voix de Marc ?

« Iris, lève-toi, s'il te plaît ! Retourne-toi ! »

C'est bien sa voix. Mon frère m'appelle et mon frère gît devant moi. Mon frère meurt et mon frère vit. La réalité se délite sous mes yeux, est-ce un mirage, un espoir, une torture supplémentaire que s'inflige mon esprit ?

Lève-toi.

Sa voix résonne à présent dans ma tête. Je me redresse, me retourne. La réplique exacte du corps que je viens de délaisser, la balle en plein cœur exceptée, se tient debout à une dizaine de mètres. C'est mon frère. C'est mon frère. Je tourne la tête vers le cadavre au sol...

« Non, Iris ! Viens... »

Mécaniquement, j'obéis à sa voix. Je marche vers lui. Il est réel, le soulagement sur son visage, ses boucles ébouriffées, son corps tremblant. Il existe. Peu à peu, mes pensées se remettent en place. Marc n'est pas mort. Il se tient devant moi. Il est mon oxygène, ma force et ma volonté, et par-dessus tout il est vivant.

Après une marche qui me semble durer des heures, faite de stupéfaction et d'incrédulité, je m'arrête à côté de mon frère et m'effondre sur le sol.

« Ce que tu as vu... était une illusion, m'assure-t-il. Quoi que ç'ait été, ce n'était pas réel. »

À son ton trop résolu, je devine qu'il prononce ces mots autant pour lui que pour moi.

« J'ai hésité avant d'entrer, je me suis moins enfoncé que vous. J'ai... je savais que c'était une illusion. Mais toi, tu y as cru, n'est-ce pas ?

— Où... où est Lya ? murmuré-je d'une voix qui sonne étrangement à mes oreilles.

— Ici. Elle a été moins loin que toi... Elle a vite pu revenir sur ses pas. »

Je regarde dans la direction qu'il m'indique ; ma sœur, adossée à la paroi, fixe la barrière d'un regard qu'elle tente de rendre indifférent.

« Qu'est-ce que c'était que ce truc ? Qu'est-ce qu'il t'est arrivé, Marc ? »

Mon frère est blême ; malgré son assurance, il semble dévasté. Il ne réplique rien.

« Je t'ai vu mourir, ajouté-je dans un murmure, sans le lâcher du regard. Je l'ai vue te tuer.

— Je sais, marmonne-t-il. Je m'en doutais. »

Cette brume est hallucinogène, d'accord. Marc n'est pas mort. Mais comment pourrait-il savoir ce que j'ai vu ? Et d'abord, pourquoi ai-je été imaginer ça ?

« Moi aussi, Iris... avoue-t-il, le souffle court. J'ai vu ta mort. Et c'était ma faute.

— Ta faute ?

— Je me suis vu te tuer. »

Il refuse de me regarder et veille à garder une voix neutre, dénuée de la moindre émotion. Pourtant, sa douleur me poignarde. Il m'a vue mourir lui aussi...

« Mais... comment ?

— Je me suis arrêté – j'ai cru que je m'arrêtais –, j'ai fait demi-tour, et je t'ai laissée. Seule face à la barrière. Am... Amortinokeb est arrivé, il t'a tuée et... j'ai continué à m'enfuir.

— Ce... C'est pas la réalité, Marc.

— Tu en es bien sûre ? »

L'ironie mordante dans sa voix me paralyse. Bien sûr que j'en suis sûre, bien sûr que je sais qu'il ne m'abandonnerait pas. Il a été jusqu'à une planète inconnue, à des trilliards de kilomètres de la nôtre, pour sauver Lya. Pourtant, son ton plein de sarcasme et le défi dans son regard m'empêchent de parler. Je ne trouve plus mes mots.

« C'est bon, nous interrompt Lya d'un ton sec. On n'a pas le temps pour ça.

— T'as vu quoi, toi, dans ce truc ? » répliqué-je d'un ton un peu trop accusateur.

Elle a un mouvement de recul, mais hausse les épaules avec une fausse désinvolture.

« Ce n'est pas le moment. Il faut juste qu'on trouve un moyen de sortir de là.

— Et pour ça on doit comprendre ce que c'est que ce truc ! réplique Marc, agacé. On doit savoir ce que ce truc nous montre et comment. Tu voyais quelqu'un mourir, toi aussi ? »

Lya hésite quelques instants, puis elle secoue la tête.

« Non. Personne ne mourait.

— Je ne pense pas que le point commun soit la mort, interviens-je. Nos... visions étaient différentes, après tout. Il faut penser comme elle... Il lui fallait une hallucination efficace, un truc qui nous détourne de notre but, pour nous faire oublier qu'on voulait s'enfuir.

— La peur », murmure Marc.

Je me tourne vers Lya.

« Est-ce que ce que tu as vu correspondrait ?

— Oui, confirme-t-elle dans un soupir. Mais on perd notre temps, on devrait...

— Alors ça doit être ça ! coupé-je avec excitation. Cette brume nous montre ce qui nous fait peur... Comme ça, on s'arrête, on ne peut pas franchir la barrière... »

Je me tais en réalisant ce que je viens vraiment de dire. Ce qui nous fait peur. Notre peur la plus importante, certainement. Celle qui nous torture, celle qui s'accroche à nous même lorsqu'elle semble infondée. Cette peur qui ne nous lâche pas... Pour Marc et moi, ce serait donc de voir mourir l'autre ? Mon frère doit-il exister dans tous mes rêves, toutes mes craintes ?

« Comment on fait, dans ce cas ? poursuis-je hâtivement. Il doit bien y avoir un moyen de la franchir...

— Pas sûr, marmonne Lya. Elle nous aurait maintenus autrement, sinon.

— Mais pourquoi t'as voulu la traverser, dans ce cas ?

— Il fallait qu'on sache ce qui pouvait se passer... »

Je fronce les sourcils, peu convaincue, mais ce n'est pas le moment d'argumenter.

« Alors... on fait quoi ? Tu l'as dit toi-même, on ne peut pas abandonner.

— Regardez ! »

Lya et moi abandonnons notre discussion pour observer ce que nous indique Marc. Une silhouette s'avance vers nous, vacillante, à travers la barrière. Amylokirlia. Pendant un moment de flou, je me crois encore au milieu de la brume, je pense qu'elle n'est qu'une vision.

« Alors c'est possible... » murmure pensivement mon frère.

Sans lui laisser le temps de poursuivre, la femme arrive à notre hauteur. Son visage est rouge de sueur et elle tremble de tous ses membres, mais elle a réussi à franchir sa barrière. Elle serre à nouveau un pistolet dans sa main droite, et a accroché à son poignet gauche un fil presque transparent. Amortinokeb en tient sans doute l'extrémité, au cas où elle ne parvienne pas à s'en sortir seule. Même ainsi épuisée par l'effort qu'elle a dû fournir, elle me semble terrifiante – ne serait-ce que parce qu'elle a réussi à affronter cette barrière... Qu'y a-t-elle vu, d'ailleurs ? Non, ne pense pas à ça. Ne commence pas à penser qu'elle est humaine.

Elle s'immobilise devant nous et reprend son souffle. Elle caresse d'un doigt la crosse de son arme.

« C'est ta dernière chance, siffle-t-elle, ses yeux émeraude braqués sur moi, en repoussant en arrière les cheveux que la sueur a collés à son front. Ouvre cette porte. Maintenant. »

Je lui rends son regard, tentant de dissimuler la terreur qu'elle m'inspire. Elle a pourtant perdu l'image lisse, sans imperfection, qu'elle montrait jusqu'à présent. Avec sa rationalité implacable, son insensibilité et sa froideur, j'aurais pu croire qu'elle était un robot, uniquement programmée pour accéder à cette pièce. Son passage à travers la barrière a écorné cette image. Elle est humaine... et malgré tout, elle conserve sa détermination d'acier. C'est cela qui m'effraie. Si même cette traversée n'a pas entamé sa résolution, Amylokirlia n'abandonnera jamais l'idée de nous contraindre.

« Je ne sais pas comment faire, protesté-je pour la centième fois. Et même si je savais, je ne le ferais pas.

— En es-tu sûre ? »

Elle s'avance vers moi, d'une démarche qui a déjà retrouvé toute son assurance.

« Si la vie de ton frère entrait dans la balance, tu ne serais peut-être pas aussi catégorique...

— Je vous ai dit que je ne savais pas comment faire ! Vous tournez en rond.

— Lya, je sais que tu m'as menti, poursuit-elle, ignorant ma réponse. Je l'ai vu dans ton esprit ; tu sais comment ouvrir cette porte. Ne me fais pas attendre. »

Lya secoue la tête. Elle n'a pas le temps d'en dire plus ; un cri retentit, si aigu et déchirant que je ne parviens pas à identifier la personne qui l'émet, ni même la zone d'où il provient. Il plane longtemps au-dessus de nos têtes, une note perçante, poignante, qui refuse de quitter nos esprits.

Amylokirlia se détourne sans un regard et s'avance vers la barrière d'un pas rapide et pressé. Elle la franchit en vacillant à peine. Comment fait-elle ? Et de qui ce cri venait-il ?

« Iris, Lya... »

Nous nous tournons d'un bloc vers Marc. Il fixe le sol avec hésitation.

« Je pense qu'on devrait essayer d'ouvrir cette porte avant qu'elle ne revienne, peut-être que ça pourrait nous aider », débite-t-il d'un trait sans oser nous regarder.

Je me tourne vers Lya dans l'intention d'échanger avec elle un regard estomaqué, mais ses yeux restent rivés sur Marc.

« Pourquoi ? questionne-t-elle simplement.

— Parce que si c'est faux, ça ne nous fera pas de mal d'avoir essayé, et si c'est vrai... s'il y a quelque chose... il n'y a pas qu'à Amylokirlia que ça profiterait. Ce qu'il y a – aurait – dans cette pièce peut aussi nous être utile.

— Mais si elle revient ?

— C'est pour ça qu'on doit le faire vite. »

Lya acquiesce lentement. Marc n'a pas tort ; certes, nous courons le risque de donner à Amylokirlia ce qu'elle cherche, mais elle nous l'extorquera de toute manière si nous ne faisons rien. Autant essayer par nous-mêmes...

« Mais quelle porte ? s'inquiète Lya. Ce n'est peut-être même pas une porte physique.

— Il y en a sept ici, réplique Marc avec un haussement d'épaules, essayons l'une d'elles. »

Je les détaille tour à tour avec attention. Le miroir qui reflète des choses étranges, la porte aux dorures aveuglantes, celle à la surface blanche comme neige qui a mystérieusement guéri mon épaule, le voile noir dont le contact a rendu ma main glacée, le panneau de bois apparu dans ce rêve avant que nous nous rendions chez Amylokirlia... les seules portes qui ne m'effraient pas sont celle aux trois énormes cadenas et le bloc de béton agrémenté d'un lecteur d'empreintes digitales. Et puisque je n'ai pas réussi à ouvrir la seconde lorsque j'ai essayé la dernière fois, il n'en reste plus qu'une.

« Essayons celle-là. »

Je m'avance vers la porte aux cadenas. La présence qui a déjà tenté de se glisser en moi – celle qu'Ererakinalc a remarquée – effleure une nouvelle fois mon esprit. Je fais un pas en avant, agrippe le troisième cadenas pour me donner une contenance. Résister. Ce n'est pas le moment de me laisser emporter. Mais la présence est plus insistante encore que la dernière fois, elle persiste, attirante, bien trop attirante... Laisse-moi. Je ne peux pas. Le cadenas s'ouvre, libérant l'un des verrous. Marc et Lya me rejoignent.

« Il faut un code, tu n'as pas remarqué ? » objecte ma sœur.

La réponse me vient aussitôt, dictée par une part de moi dont je n'avais pas connaissance. Cette part qui s'est manifestée lorsque je guidais Lya et Ererakinalc dans les souterrains.

« Non. »

Ce mot résonne dans ma tête avec un indéniable accent de vérité, mais mes frère et sœur ne semblent pas du même avis. Ils me dévisagent d'un air incertain.

« Iris, le premier cadenas demande un code à dix lettres, c'est un fait, insiste Lya.

— Je sais... admets-je, luttant pour réintégrer la réalité. Mais si tout ça est vrai... si c'est bien cette prophétie ou je ne sais quoi... alors ça n'aurait pas de sens de demander un code. Il ne devrait pas falloir de connaissance particulière pour l'ouvrir. »

Prononcés à voix haute, mes mots semblent hasardeux. Pourtant, j'en suis persuadée, un code n'aurait pas de sens. Si cette porte est la bonne, ce cadenas ne sert à rien.

« Je crois que je comprends, consent Lya après une hésitation. Mais qu'est-ce que tu fais pour ce cadenas, alors ?

— Tape un truc au hasard, suggère Marc, bien qu'il semble dubitatif. On verra bien si ça marche. »

Elle s'empare du cadenas et tourne les molettes avec hésitation. Lorsqu'elle le relâche, un silence empli de gêne s'installe entre nous, puis une voix résonne dans nos crânes. Je sens – je devine – qu'eux aussi l'entendent, mais qu'elle ne retentit pas dans la salle autour de nous.

« Vous avez trois possibilités pour ouvrir cette porte. Trois portes avant la porte, si vous voulez. Une seule mène à la bonne pièce. Supposons que vous fassiez votre choix. Parmi les deux qui restent, j'en ouvre une, qui ne mène pas à ce que vous cherchez. Il vous reste maintenant deux options : votre premier choix, et la porte que j'ai laissée fermée. La bonne porte est l'une d'elles. Avez-vous intérêt à changer de porte, à garder la même, où est-ce indifférent ? »

La voix se tait, nous échangeons un regard quelque peu dérouté. Une énigme ? Je dois dire que je ne m'attendais pas à cela...

« On s'en fout, non ? suggéré-je. Y a une chance sur deux pour qu'on ait la bonne. »

Marc hausse les épaules. Lya, elle, secoue la tête.

« Nous avons intérêt à changer.

Quelle est votre réponse ?

— Nous avons intérêt à changer, répète ma sœur d'une voix pleine de certitude. Dans deux configurations sur trois, nous avons choisi la mauvaise porte. »

Seul le silence nous répond. Lya semble perdre son assurance.

« ... Est-ce qu'on a trouvé ? »

La voix ne répond rien. Je saisis le cadenas et tire timidement dessus.

« Le verrou est ouvert, signalé-je alors. Je suppose que c'est bon.

— Il nous reste la clé, alors. »

Nous hésitons un moment. Je suis tentée d'affirmer qu'elle est aussi inutile que le code, mais cela ne fonctionnerait pas. Nous ne pouvons tout de même pas insérer n'importe quel objet dans le cadenas en croisant les doigts pour que ça marche !

« Alors quoi... Où est-ce qu'on est censés trouver une clé ?

— Aucune idée, admet Marc, une légère ironie dansant dans sa voix. Au pire, mets ton doigt et tourne-le dedans.

— Ah, ah, très drôle...

— Il n'y a pas besoin de clé. »

Les yeux mi-clos, Lya scrute la porte comme si elle était transparente.

« Ce n'est qu'un leurre, ajoute-t-elle. Il n'y a pas besoin de clé. Ce n'est pas cette porte que les deux cadenas ont ouverte.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? s'étonne Marc.

— C'est quelque chose d'autre. Quelque chose qui attendait de sortir, et qu'on a libéré... Tu ne sens pas, Iris ? »

Je ferme les yeux à mon tour.

Si, je sens.

Cette présence qui voulait s'insinuer en moi ou m'attirer à elle, cette sensation intempestive... La voici. C'est l'accès à son monde que nous avons ouvert. Cette porte n'est qu'un bout de métal ; la pièce sur laquelle elle s'ouvre n'a aucune existence concrète.

Oui, bien sûr que oui, je le sens.

La... chose insiste pour venir en moi, non, pour que je vienne avec elle. Maintenant que nous avons ouvert la porte, plus rien ne la retient. Et je sais qu'elle n'est pas là pour me détourner du but ; elle est le but.

Alors, avec l'étrange impression de revenir chez moi, je me laisse emporter.

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