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Chapitre 7 - « Il a peur » (partie 2)

Alors, du mieux que je peux, je raconte les deux dernières semaines. Élia ne m'interrompt pas, ni quand j'évoque les rêves, ni quand je parle de Lya, ni quand je glisse sur ma virée nocturne d'il y a quelques jours. Je passe sous silence Maman et mon irruption dans les pensées de ma sœur – ou plutôt, leur irruption dans ma tête. Malgré les apparences, Élia a un esprit bien plus pragmatique que Marc, alors si lui ne m'a pas crue... Elle a déjà semblé dubitative quand j'ai parlé des rêves – j'aurais eu du mal à y croire, moi aussi. Je n'ai pas envie qu'elle pense que je me moque d'elle.

« Et maintenant, Marc s'aveugle comme un con. Et moi je me suis barrée comme une conne. Y'a beaucoup trop de connerie dans tout ça pour qu'on trouve la solution.

— C'est l'adolescence, raille Élia, avec un peu de chance ça passera. »

Elle doit voir sur mon visage que je ne prends pas cette histoire à la légère. Elle ôte son chapeau, enfonce sa main à l'intérieur et les LED s'éteignent.

« Je ne pense pas qu'il s'aveugle.

— Ah ?

— Il a peur, Iris.

— Peur, répété-je. Et de quoi ? »

Elle secoue la tête.

« Tu te souviens, en cinquième, quand nos chers camarades ont décidé de manifester leur stupidité d'une manière... assez explicite ? »

La périphrase me tire une grimace que je camoufle comme je peux. J'ai du mal à déterminer à quel point tout ça l'a affectée. Sur le moment, ça avait l'air d'aller. Elle affichait en permanence un masque de froideur. Jusqu'à ce qu'un jour, il vole en éclats. « Ce n'est même pas à moi qu'ils en veulent, a-t-elle enragé. C'est juste... pour mon père. Et tu sais pourquoi, Iris, tu sais pourquoi ? » Elle avait rivé ses yeux aux miens. « Parce qu'ils ne m'ont jamais vue, moi. Parce que je n'ai jamais existé. » Elle aurait pu réagir autrement – se forcer à leur ressembler, harceler à son tour les petits sixièmes. Mais à partir de ce jour, elle a commencé à porter au collège les chapeaux et les robes qu'elle adorait créer. Cela n'a pas arrêté les autres, au contraire, mais ça lui faisait du bien. Et ça m'a donné le courage d'en parler à sa mère.

Depuis son explosion ce jour-là, elle ne m'a rien montré de ce qu'elle ressentait. Inutile de la questionner, je le sais par expérience, alors je me contente de hocher la tête.

« J'avais peur, reprend-elle. Peur de ta réaction, de t'inquiéter, de bien trop de choses irrationnelles. Quand tu l'as raconté à ma mère, j'étais terrifiée. Qu'elle soit furieuse, ou au contraire qu'elle me dise que ça n'avait pas d'importance. L'analogie n'est pas très bien trouvée mais... c'est toujours ainsi, quand on sait quelque chose. On n'ose pas le dire, on a peur de la réaction de l'autre. S'il ne voulait juste pas te dire, tu n'aurais rien remarqué. »

Je demeure sans réaction, les yeux fixés sur mon amie. Peur... Elle vient de déchirer les doutes qui voilaient la vérité. Peur. Marc a peur que je sache. Évident et tellement étrange...

« Merci, Élia, m'écrié-je, revenant dans un sursaut à la réalité. Merci beaucoup ! Faut que j'y aille, que je voie, mais putain merci... je te dirai. »

Sur ces paroles confuses, je sors en trombe de sa chambre, salue à peine sa mère et me précipite dans la rue. Je cours jusqu'à la maison, sans m'accorder un instant pour reprendre mon souffle. Avec un peu de chance, ils ne seront pas encore partis au musée et je pourrai parler à Marc. J'arrive enfin à la porte de la maison et m'effondre contre la sonnette. Pliée en deux, je respire à grande goulées. Maria me trouve ainsi, tremblante et épuisée. Je relève la tête et affecte un air dégagé.

« Sa... Salut, bafouillé-je. Les autres sont partis ?

— Il y a quelques minutes, oui. Tu rentres tôt, observe-t-elle, intriguée.

— Oui, je... j'espérais voir Marc.

— Tu as mangé ? »

Je secoue la tête et elle sourit en levant les yeux au ciel. Elle se dirige vers la cuisine où un reste de pâtes chauffe dans une poêle et en évalue la quantité d'un œil critique.

« Ça suffira.

— Tu n'es pas allée au musée avec eux ? »

Elle secoue la tête.

« Iris, tu es partie de la maison complètement paniquée. Émile était mort d'inquiétude et nous aussi, pour tout dire. J'ai téléphoné à la mère d'Élia dès que ton père a reçu ton message et si j'en crois son retour, tu n'allais pas très bien. Je suis restée pour t'attendre.

— J'étais juste un peu secouée. Ça va, maintenant. »

Elle soupire.

« Iris...

— Pourquoi toi, déjà ? demandé-je sans pouvoir m'en empêcher. C'est papa qui est censé être responsable de moi. »

Son visage s'affaisse et je m'en veux aussitôt. Papa n'est tout simplement pas doué avec ce genre de choses.

« Désolée. Mais je t'assure que ça va. »

Elle verse les pâtes dans deux assiettes et s'installe à table. Je l'imite, gênée.

« Et Marc ? questionne-t-elle.

— Euh...

— Vous vous êtes disputés ?

— Ouais, admets-je en haussant les épaules comme si cela m'indifférait, mais c'est rien. Tout va bien. »

Elle darde sur moi un regard soucieux.

« Tu es sûre, Iris ?

— Oui oui. Ça va s'arranger.

— Tu devrais lui parler. Il avait l'air triste... »

J'acquiesce et engloutis mes pâtes. Elle me regarde manger sans toucher aux siennes, les sourcils froncés. L'altruisme de Maria est presque insupportable ; j'ai toujours l'impression d'être une ingrate égocentrique lorsque je discute avec elle. Je réprime un soupir. Ingrate, égocentrique et incroyablement stupide. Comment ai-je pu m'enfuir ainsi ?

« Ne te torture pas l'esprit, Iris, proteste-t-elle avec douceur. Ça passera, c'est juste une dispute. Souviens-toi du petit chat Playmobil... Trois jours après, tout était oublié. »

Je hoche la tête une nouvelle fois, débarrasse mon assiette et me dirige vers l'escalier.

« Je vais essayer d'arranger ça », promets-je avant de quitter la pièce.

Une fois dans ma chambre, je m'empare de mon téléphone et lance une recherche sur Internet. Il serait possible que plusieurs personnes rêvent de la même chose, mais selon les sites qui y accordent crédit, ce n'est pas bon signe. Les scientifiques, eux, sont incapables de l'expliquer ou affirment que cela vient du fait qu'on aurait, sans le remarquer, repéré les mêmes manifestations d'un problème, et que notre inconscient le traduirait en rêve. Dans les deux cas, mes recherches ne parlent pas en faveur du semblant de théorie de mon frère.

Je me renseigne sur les rêves prémonitoires. Je trouve une interview de Malo, le compagnon de Yannis. Ce qu'il dit doit être très intéressant mais ne m'avance pas. Il est beaucoup trop cartésien pour indiquer comment identifier ce genre de rêve.

Désabusée, je cherche « influencer pensées » sans plus de résultats. Qu'est-ce que tu espérais, de toute façon, à part tomber sur des sites complotistes ?

Lorsque Marc pénètre dans la chambre, il me trouve avachie sur mon lit, mon téléphone posé à côté de moi. Je me relève vivement.

« Désolée pour tout à l'heure, lancé-je, mal à l'aise.

— Ouais, t'inquiète, marmonne-t-il en reculant vers la porte.

— Attends... »

Il s'immobilise. J'hésite avant de trouver une formulation qui me convient.

« Tu sais que... j'ai treize ans, pas cinq.

— Et donc ?

— Tu peux me dire la vérité. »

Son visage se trouble, mais il me rejoint et s'assied sur son lit.

« Je ne te cache rien, prétend-il d'un ton égal.

— Écoute, je suppose que t'as découvert un truc. Et que ça t'a fait peur, que tu veux pas m'inquiéter, tout ça. Sauf que je m'inquiète, là. Ça sert à rien de me mentir.

— Tu sais bien que je te le dirais, si j'avais une idée.

— Même Maman t'a dit de te méfier ! Même elle y croit ! clamé-je, regrettant aussitôt de jouer sur cette corde sensible.

— Et même Maman peut se tromper, réfute-t-il d'une voix tranchante sans montrer la moindre émotion.

— Oh, merde ! » Je respire pour me calmer et lui parle plus doucement. « C'est bon, on sait tous les deux que t'es trop intelligent pour t'aveugler ainsi. Qu'est-ce que tu as découvert ?

— Rien ! » crie-t-il, sur la défensive.

Je tente de croiser son regard, mais, sans surprise, ses yeux me fuient. Je secoue la tête. Reste calme, Iris, reste calme... La peur qui m'a torturée ces dernières semaines se mue à nouveau en colère. J'ai de plus en plus de mal à ne pas sauter à la gorge de mon frère. Mais je ne peux pas tout gâcher, pas cette fois.

« Si tu as compris la vérité au sujet de Lya, je gronde en me penchant vers lui, et si cette vérité la met en danger, alors chaque seconde que tu passes à te taire est un risque pour elle ! On perd du temps, elle pourrait... pourrait... »

Les mots se figent dans ma gorge. Marc soupire profondément et plante pour la première fois ses pupilles dans les miennes. Ses yeux pleins de détresse me fixent d'un regard déchiré.

« Marc, ce n'est pas à toi de décider si je peux gérer la vérité, j'insiste doucement, je suis capable de... Je ferai tout pour elle, d'accord ? Tu as bien su gérer ce que tu as découvert, non ?

— Non, avoue-t-il en baissant la tête – pas assez vite pour me cacher son désarroi –, je ne peux pas gérer... ça.

— Bah dis-le moi, alors ! »

Il secoue vivement la tête, des larmes perlant à ses yeux.

« Je ne peux pas. Tu ne comprends pas...

— Ça c'est sûr, c'est bien le problème !

— Iris, je ne peux pas... je ne peux pas.

— Arrête d'essayer de me protéger, sinon je risque de faire une connerie et... Je suis ta grande sœur, tu n'as pas à me préserver ! »

Il se détourne de moi. Il reste ainsi sans rien dire pendant une moment qui me paraît affreusement long. Puis il marmonne quelque chose et sort de notre chambre, me laissant seule, désarmée, la tête encore plus embrouillée qu'avant notre discussion. Il revient au bout de quelques minutes, le regard sombre mais résolu.

« Tu as raison, concède-t-il sobrement. J'étais pas sûr, au début. Je ne suis pas sûr maintenant non plus, mais rien ne contredit ma théorie.

— Oui, d'accord, mais tu peux m'expliquer ?

— Évidemment. Suis-moi, on va voir Lya, elle est dans sa chambre.

— Pourquoi ? Dis-moi ce qu'il y a ! »

Il se contente de faire demi-tour et de courir vers l'escalier. Frustrée, je le suis jusqu'à la chambre de Lya. Il s'arrête devant la porte. Je jette un regard nerveux derrière nous, mais le salon est désert : les adultes sont partis se promener je ne sais où. Je reporte mon attention sur Marc, qui observe la poignée avec la terreur mêlée de fascination qu'il aurait pour un grand fauve. Sa main droite frotte machinalement sa nuque dont la peau rougit déjà. Je l'écarte avec douceur.

« On ne peut plus reculer, je chuchote, il faut aller jusqu'au bout. Jusqu'à la vérité. Vers l'infini et au-delà. Je crois en toi, Marc, tu es fort. Tu es l'Élu. Tu peux...

— Ça va, je crois que j'ai compris », soupire-t-il.

Je n'aurais peut-être pas dû me moquer de lui dans un moment pareil, mais il semble avoir repris un peu d'assurance. Sans lui laisser le temps d'hésiter davantage, j'ouvre la porte de la chambre et le pousse à l'intérieur.

Assise sur son lit, Lya lève la tête vers nous et ferme son livre. Je lui adresse un sourire maladroit. Elle se contente de cligner des yeux.

« On voudrait te parler », annonce mon frère entre ses dents serrées.

Il fait un pas en avant, me laissant derrière lui. Une brusque montée d'angoisse serre ma gorge et m'empêche de le rejoindre. Je me contente de fermer la porte.

Lya observe Marc, sans dire un mot.

« Tu... commence-t-il. Je veux dire, Ly... tu... »

Il secoue la tête. Lya ferme les yeux et son visage semble s'allonger. Son regard sombre me renvoie ma propre terreur. Je me tourne vers Marc ; je n'ai jamais vu d'émotion aussi intense sur son visage. Jamais en douze ans. Je me prépare au pire... mais ce que j'entends dépasse toutes mes craintes.

« Tu n'es pas Lya », affirme gravement mon frère.

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