Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 4 - Le goût de la trahison (partie 2)

Mais alors que je m'avance vers l'ouverture, la fille m'arrête d'un grognement.

« Quoi ? »

Elle me fait signe de ne pas bouger, s'avance sans bruit à côté de moi, puis me fait signe de tendre l'oreille. Des bruits de pas résonnent au-dessus de nos têtes. Les soldats.

« Ils nous cherchent ? » articulé-je plus que je ne parle.

Elle acquiesce et pose un doigt sur ses lèvres. Je désigne le ventilateur au-dessus de nous qui éjecte son air pour repousser le sable ; nul doute que le bruit peut couvrir nos voix. Mais elle ne semble pas rassurée.

Résignée à attendre que les soldats s'éloignent, je me rassieds et m'adosse à la paroi. Me retrouver coincée avec la fille qui a torturé ma sœur n'était pas vraiment dans mes projets.

« Qu'est-ce que tu nous as fait, la première fois que tu es venue ? » demandé-je soudain.

Elle hésite, peut-être parce qu'elle ne me fait pas confiance, peut-être parce qu'elle craint qu'on nous entende. Elle lève son index décharné et désigne ses tempes, puis elle écarte sa main en agitant les doigts comme pour mimer quelque chose qui s'évapore. Je mets un moment à comprendre ce qu'elle suggère.

« Tu as enlevé nos souvenirs ? » deviné-je, contenant mal ma colère.

Elle acquiesce. Je serre les poings, ce qui lui tire un rictus railleur. Elle sait que je ne lui ferai pas de mal. Je peine à réaliser que la frêle jeune fille qui me fait face, âgée d'à peine quelques années de plus que moi, pourrait effacer n'importe quel élément de ma mémoire.

« Tu l'as fait depuis ? » ajouté-je, saisie d'une brusque angoisse.

Cette fois, elle secoue la tête. Cela ne me rassure pas tellement. Je scrute mes souvenirs depuis le moment où je me suis enfuie, sans trouver ni coupure ni incohérence. Après son premier passage, j'avais remarqué que quelque chose clochait...

« Et qu'est-ce que tu as effacé ? Quel souvenir ? »

Elle commence à mimer une sorte de bulle ; j'ai beau réfléchir, je ne comprends rien.

« Tu ne peux pas parler, non ? » m'énervé-je, frustrée.

Elle croise ses deux index devant sa bouche, signifiant qu'elle est muette. Une pointe de culpabilité se mélange à ma colère. Je tente de retrouver le souvenir qu'elle m'a pris ; j'invoque l'image d'une bulle, je tente de me projeter au moment où elle l'a effacé... Rien n'y fait. Je n'y arrive pas. Ce n'est pas sa faute. C'est Amylokirlia.

« C'est quoi, ton nom ? questionné-je soudain sans savoir pourquoi. Je m'appelle Iris. »

Ça me semble bizarrement normal, comme si cette fille repliée sur elle-même au corps déjà épuisé était une de mes camarades de classe. Elle me fixe en hésitant encore, puis tend les deux mains devant elle, les recule, les tend à nouveau, puis encore une fois, sauf qu'elle a abaissé trois doigts. Je fronce les sourcils avant de comprendre qu'elle mime un nombre.

« Dix-sept... non, vingt-sept ? C'est ça ton nom ? Vingt-Sept ? »

Elle hoche la tête avec indifférence. Je sens la colère que je ressentais contre elle se dissiper. Comment peut-on donner à quelqu'un un nombre en guise de nom ? Ce n'est pas vraiment pire que de nommer quelqu'un à partir de son adresse, cela dit...

« Pourquoi tu ne t'appelles pas comme les autres Azans ? »

Avant qu'elle n'ait pu tenter de me mimer la réponse, les bruits de pas m'alertent à nouveau. Tout près. Juste au-dessus de notre tête.

Ses sourcils épars bondissent de surprise. D'un geste dont la vivacité me surprend, elle m'attire à elle et me pousse dans ce que j'avais pris pour un simple creux de la roche. C'est en réalité un tunnel ; mon corps est balloté de tous côtés pendant ma descente, jusqu'à heurter le sol avec violence. Ce n'est pas le moment de traîner ; je me relève et cours dans la seule direction possible. J'entends bientôt le souffle rauque de la fille – Vingt-Sept, puisqu'il le faut – derrière moi.

Nous nous trouvons dans un souterrain, mais il n'a pas l'aspect naturel de ceux d'Amylokirlia : les murs sont en béton blanc, bien droits, et des néons logés dans le plafond projettent sur nous une lumière puissante. Cela me rappelle la prison dans laquelle on nous a jetés à notre arrivée, et ce n'est pas un bon souvenir.

« Est-ce qu'il y a... un moyen de... retourner dans Aritam ? » haleté-je sans me retourner.

Elle ne me répond pas. Sa respiration sifflante m'inquiète un peu, elle ne tiendra peut-être pas le rythme. Et je suppose que les soldats, eux, découvriront vite notre cachette et le passage. Même s'ils ne connaissent pas l'endroit, ils doivent avoir un moyen de sonder le sol ou je ne sais quoi... Ils ne tarderont pas. Au premier tournant, elle passe devant moi. Les couloirs bifurquent bientôt dans plusieurs directions ; elle me guide sans aucune hésitation.

J'entends des pas se rapprocher peu à peu de nous ; ceux des soldats, sans aucun doute. Ils grignotent irrémédiablement leur retard. J'en avertis Vingt-Sept d'une voix que l'angoisse fait trembler ; elle acquiesce sèchement et continue à courir, sans sembler aussi effrayée que moi.

Alors que la proximité des soldats commence à me terrifier, elle me saisit par le col avec brusquerie et me tire dans une pièce adjacente dont la porte se referme sans bruit derrière nous. Tout est blanc, je mets un moment à m'habituer à la lumière aveuglante qui nous inonde. Nous grimpons ensuite à une échelle que nous abandonnons à mi-hauteur pour nous dissimuler derrière une grille d'aération. J'ouvre la bouche pour lui demander si la cachette est vraiment idéale, mais elle pose un doigt sur la sienne, me fixant d'un air sévère.

La porte de la salle s'ouvre soudain ; un soldat y pénètre et la parcourt du regard. Ses yeux se posent sur l'échelle et la suivent sur toute sa hauteur. Laisse-toi persuader, allez, on est montées à l'étage... Mais il baisse la tête vers la grille.

Je sens mon sang se retirer de mon visage, se retirer de tout mon corps. Une vague de panique me traverse, me laissant glacée et tremblante. Je m'immobilise. Ne nous repère pas... Trop tard. Il s'avance et empoigne l'échelle, faisant vibrer le métal.

Vingt-Sept saisit doucement mon poignet et me tire vers elle. Elle rampe dans la canalisation avec une discrétion qui force mon respect. Je la suis du mieux que je peux ; mon cœur semble redoubler de vitesse à chaque fois que mon avancée produit le moindre bruit. Nous progressons ainsi dans un silence presque total. Nous entendons le garde s'immobiliser ; je suppose qu'il scrute le passage, car il reste immobile un long moment avant de redescendre. Ses pas lourds quittent la pièce.

« C'est bon, murmuré-je avec gratitude. Il est parti. »

Elle pince les lèvres, l'air toujours méfiante, mais m'indique d'un geste de faire demi-tour. Lorsque nous sommes revenues à notre point de départ, elle enlève délicatement la grille et je descends l'échelle, soulagée de regagner la terre ferme.

Il ne me reste plus qu'un barreau lorsque quelque chose me projette en avant.

Je titube un moment puis parviens à retrouver mon équilibre. Un soldat se tient devant moi et me dévisage d'un œil noir. Il me pousse violemment contre le mur.

« Je savais que tu reviendrais, triomphe-t-il d'une voix sifflante, un rictus vengeur déformant son visage. Tu es une enfant encore. Mais même les enfants peuvent être des traîtres. »

Il fait un pas vers moi ; je lutte pour me relever mais les semelles de mes chaussures n'adhèrent pas au sol trop glissant.

« Je n'ai rien fait... de mal, grogné-je en prenant appui sur mes mains.

— Tu es une traîtresse, réplique-t-il en s'avançant encore, cela me suffit pour savoir que tu es coupable. N'essaie pas de s'échapper. Maintenant, dis-moi... »

C'est à cet instant que la grille d'aération percute son crâne.

Il cligne stupidement des yeux, surpris, puis s'effondre dans ma direction. Je n'ai que le temps de rouler sur le sol pour éviter que son corps ne m'écrase. Vingt-Sept se tient là où il se trouvait quelques instants plus tôt. Elle m'adresse un sourire un peu tordu et ramasse la grille. Je parviens enfin à me relever. Elle me fait signe de remonter.

« Pourquoi ? Tu veux qu'on se cache encore ? »

Elle secoue la tête et mime l'action d'avancer.

« Il y a une issue, de l'autre côté ? »

Elle acquiesce. Je me hâte de grimper l'échelle et me glisse dans le trou. Elle remet la grille en place, aux aguets, craignant qu'un autre soldat n'entre dans la pièce.

C'est alors que je réalise.

« Pourquoi... Pourquoi tu n'es pas à l'intérieur ? »

Vingt-Sept m'a enfermée dans les canalisations. Ou plutôt, elle s'est enfermée en-dehors.

« À quoi tu joues ? » protesté-je d'une voix aiguë.

Elle pose un doigt sur ses lèvres. Je tente d'arracher la grille, en vain. Je la secoue de toutes mes forces jusqu'à ce qu'elle pose une main sur mes doigts en secouant la tête, comme on gronderait un enfant déraisonnable.

Des pas se font à nouveau entendre. Aussitôt, elle saute de l'échelle et se retrouve en bas ; quelque chose heurte mon esprit. Une pensée. Une pensée qui n'est pas la mienne.

Fuis, Iris ! C'est tout ce que je peux faire.

Je fixe la petite silhouette de Vingt-Sept, en bas, ses cheveux ternes et sales, ses vêtements déchirés. Elle me tourne le dos. Sa voix – la voix de ses pensées – est presque suppliante.

Survis pour moi, découvre ce qu'il se passe ici.

Je murmure son nom, mais elle ne me regarde pas. Les soldats approchent. Je peux sentir sa terreur et sa résolution. Je n'ai pas le choix ; je me retourne lentement, avec l'impression d'abandonner non seulement une alliée, mais aussi une partie de moi, dans cette petite salle impersonnelle. Et j'avance. J'avance en retenant mes larmes, en refusant de me demander si les soldats sont déjà entrés dans la pièce et ce qu'ils lui feront quand ils la trouveront.

Elle s'est sacrifiée pour moi et c'est cela précisément qui rend sa perte intolérable.

Je la connaissais à peine, elle avait torturé ma sœur. Mais elle m'a sauvé la vie à plusieurs reprises en une vingtaine de minutes et elle vient d'abandonner sa liberté pour que je survive. Une presque inconnue s'est sacrifiée pour moi. Je ne parviens plus à m'empêcher de pleurer.

Je rampe dans les canalisations, laissant derrière moi un sillage de larmes, comme un dernier hommage. Je pense à son cou décharné comme celui d'une grand-mère, au collier qu'elle a jeté au loin dans le désert, je pense à son nom, je pense à ce qu'Amylokirlia l'a forcée à faire, je pense que s'ils ne la tuent pas c'est cette vie-là qu'elle retrouvera. Qu'est-ce qui a pu la pousser à ce sacrifice, alors qu'elle venait de leur arracher sa liberté ?

Soudain, un cri étouffé déchire le silence.

Un cri du même acabit que celui qui m'a attirée dans la petite grotte. Mais la douleur et le désespoir qu'il traduit me sont étrangers.

Je me mords les doigts jusqu'au sang pour ne pas hurler à mon tour. Un instant, je suis tentée de m'arrêter, de m'allonger ici, en plein milieu de ce conduit d'aération, et de dormir, et de mourir. De tout oublier. Je suis tentée d'abandonner. Puis je pense à Marc, enfermé avec Amyltariaea dans l'appartement, je pense à Lya, emmenée je ne sais où. Alors je me redresse. Et je reprends mon avancée, si pénible soit-elle. Je la connaissais à peine, c'est ce dont je tente de me persuader mais rien n'y fait, rien, rien, son sacrifice me glace de l'intérieur. L'incertitude aussi. Peut-être est-elle vivante après tout, peut-être leur est-elle nécessaire.

Je parviens finalement à la sortie dont elle m'avait affirmé l'existence. Y parvenir me soulage ; sans cela, j'aurais dû revenir sur mes pas. Je ne sais pas si j'aurais eu la force de repasser par le lieu où elle est peut-être morte.

Je remets la grille en place comme je le peux, c'est-à-dire mal, et me laisse tomber au sol. Des cris retentissent presque aussitôt, on me cherche, on me veut. Je n'y accorde pas assez d'importance, je crois ; ma tête est encore pleine du sacrifice de Vingt-Sept. J'entends quelqu'un se lancer à ma poursuite, je cours machinalement. Je ne sais même pas où je vais ; je dois trouver la sortie, rejoindre Aritam. Le poids de ma solitude m'écrase. Je voudrais que Marc soit avec moi.

Le soldat qui me poursuit est plus endurant que moi, je le sens tout de suite. Il ne vient pas de voir son alliée se sacrifier pour lui. Il n'est pas seul, perdu sur une planète inconnue, avec sur les épaules le poids du destin de son frère, de sa sœur et de ceux qui les ont aidés. Il n'est pas désespéré et déboussolé au point d'en oublier la raison pour laquelle il court.

C'est peut-être pour ça qu'il me rattrape si vite.

Le couloir dans lequel je courais est un pont suspendu quelques mètres au-dessus d'un immense plan d'eau, qui forme en son centre un énorme tourbillon. Le soldat me pousse contre la barrière transparente censée empêcher les chutes.

« Maintenant dis-moi, gronde-t-il. Que se passe-t-il ici ? »

Tiens, c'est drôle. Découvrir "ce qu'il se passe ici", c'est ce que m'a demandé Vingt-Sept.

Je fixe le garde sans répondre. Je suis épuisée. Je ne vois pas comment lui échapper. Je crois que j'abandonne. Je crois que je me dis qu'il peut faire ce qu'il veut, que je n'ai pas la force de m'y opposer. Un coup m'atteint à la mâchoire, un autre dans les côtes. Je m'effondre, mais il me rattrape et tient mon corps en équilibre au-dessus de l'eau et de son tourbillon.

« Tu ne sais toujours pas ? » demande-t-il, d'une voix pleine de menace.

Je hausse vaguement les épaules.

« Comme tu voudras. »

Il me laisse tomber. Je ne hurle même pas pendant ma chute. Je percute violemment la surface de l'eau, j'ai tout juste le réflexe de prendre une grande inspiration, puis mon corps s'enfonce. Je suis aspirée par le tourbillon, je m'efforce de ne pas ouvrir la bouche. Je me sens tourner, partir, l'eau se presse autour de moi et me malmène comme une poupée de chiffon... je dévale une sorte de pente, retenant toujours ma respiration... l'eau passe à travers un grillage tandis que je continue à descendre...

Puis l'impact d'une chute, à nouveau le contact d'un sol dur et froid.

Mes vêtements sont trempés, mes cheveux dégoulinants et chacun de mes os semble s'être brisé. Je m'assieds sur le sol. Murs de pierre irréguliers, lumière chiche, tons ocre... La pièce dans laquelle je me trouve ressemble bien plus aux souterrains d'Amylokirlia.

Peu à peu, je prends conscience de ce qui m'entoure. Lya et Ererakinalc sont maintenus par deux gardes qui me fixent avec hostilité. Amylokirlia se tient entre eux, mais elle s'avance désormais vers moi.

« Utiles, ces passages, constate-t-elle froidement.

— Comment ça se fait que... ? m'étonné-je malgré moi.

— Nous verrons cela plus tard. »

Je me relève sur des jambes tremblantes. Retour au point de départ, alors. Mon ventre se tord. J'aurais mieux fait de rester ici. Vingt-Sept serait peut-être libre... Amylokirlia fait signe à l'autre jeune fille de s'avancer. Je n'ose pas la regarder. Comment s'appelle-t-elle ? Se serait-elle sacrifiée pour moi ? M'aurait-elle simplement aidée ? Vingt-Sept aurait dû s'abstenir.

« Non ! » hurle soudain Lya, comme si elle venait de comprendre quelque chose.

Amylokirlia tourne la tête vers elle.

« Qu'y a-t-il ? questionne-t-elle d'une voix glacée.

— Ne... Ne faites pas ça... »

La fille tend un doigt vers sa tempe d'Amylokirlia. Soudain, je réalise ce que Lya a compris et la peur tord à nouveau mon ventre. Que l'on lise dans mes pensées est vraiment la dernière chose dont j'aie besoin.

« S'il vous plaît, murmure Lya. Pas ça.

— Non... ajouté-je d'une voix rauque, mais personne ne m'entend.

— Il ne fallait pas laisser ta sœur s'enfuir, lance calmement Amylokirlia. À l'avenir, tu obéiras. »

L'autre doigt de la fille se pose sur mon front, glacé comme une promesse de mort.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro