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Chapitre 3 - « Tout est possible » (partie 1)

« Tu sais, je ne peux pas m'empêcher de repenser à ce moment. Sur la dernière photo que j'aie de toi, tu es floue mais tu as l'air heureuse, c'était si rare, ces dernières années. Je regarde ton sourire et je me dis que j'aurais pu te sauver, que j'aurais dû, même en mourant à ta place. Je regarde ton sourire et je sens que la tristesse et la culpabilité me submergent lentement. Je regarde ton sourire, et je comprends que je ne pourrai jamais guérir.

Je regarde ton sourire, et je mesure ce que le monde a perdu. »

— Émile Jaouen, lettre adressée à Shéhérazade Tutaj, 2016



JE NE VEUX PAS.

Je ne veux pas.

Je ne veux pas.

Je me répète ces mots en boucle, comme s'ils allaient m'aider à tenir. Je ne veux pas je ne veux pas je ne veux pas.

Je ne peux pas m'empêcher de revoir ce moment où la Chose est arrivée. Elle a surgi devant moi, m'a serrée dans ses bras énormes, j'ai voulu hurler, mais je n'ai pas réussi, c'était coincé, elle m'a emmenée dans le silence et me voilà ici, je ne sais pas où, je ne sais pas ce qui va m'arriver, j'ai peur.

Je ne veux pas.

Quelque chose tressaute sous moi. Je commence à sentir une douleur lancinante aux poignets et aux chevilles. En bougeant mes membres avec précaution, je comprends que je suis attachée à un siège, les yeux bandés. Je ne suis pas bâillonnée, cependant. Comme si personne ne pouvait m'entendre crier. Je n'essaie même pas. Il n'y a aucun bruit à part ma respiration et de celle de la Chose près de moi. Elle ne me tient plus, mais je sens sa présence, elle rôde, elle attend. Elle analyse mes faiblesses.

Elle ne trouvera rien.

« Va-t'en », lui soufflé-je.

Je n'ajoute rien, trop effrayée par le son de ma propre voix tremblante, qui résonne contre les parois du véhicule. Je ferme les yeux sous mon bandeau. J'attends. Un signe, un miracle. Mais le véhicule qui m'emmène continue son chemin sans broncher.

Je dois me calmer. Réfléchir. Mais je n'arrive pas... J'essaie de me concentrer sur une pensée, aussitôt elle m'échappe, aussi vive qu'un poisson. C'est stupide mais je me revois hier soir, m'escrimant à déchiffrer un livre sur la relativité générale. Je croyais comprendre mais ne comprenais jamais, il y avait toujours quelque chose qui ne... je ne sais plus...

Alors que l'un des cahots, plus violent que les autres, secoue mes os avec brusquerie, je sens mon bandeau glisser légèrement de mes yeux. Je cligne furieusement des paupières, jusqu'à ce qu'il tombe enfin. Je regarde autour de moi, discrètement pour ne pas alerter la Chose. Il fait très sombre. Je distingue l'intérieur d'un train, ou peut-être est-ce un car, voire une voiture ; je n'ai aucune idée de la longueur de ce véhicule.

Les tressautements se sont calmés. Je ne vois que du noir par les fenêtres – ont-elles été calfeutrées, ou fait-il déjà nuit ? Le véhicule roule silencieusement désormais, comme s'il glissait, sans à-coups. Son avancée semble inéluctable, rien ne pourra la ralentir ou l'arrêter, rien ne pourra m'empêcher d'être à l'intérieur. Rien ne pourra me sauver.

Je dois mettre fin à ce cauchemar.

Je dois me...


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« Bien, relisons ça », lâche Marc en posant la feuille sur le dessus de la commode qui nous sert de bureau.

Je me penche à côté de lui ; mes mèches rousses tombent devant ses yeux, et il me jette un regard agacé. Je lui souris d'un air angélique puis me concentre sur la feuille où se mélangent nos écritures.


Le samedi 11 août 2018

Le CORSF (Comité d'Observation Rigoureuse et Sérieuse de la Famille) a remarqué plusieurs faits anormaux :

1 : Six personnes ont fait à peu près le même rêve, en trois versions différentes :

— Papa et Maria : Lya, dans un bus, dit « au revoir ».

— Papi et Mamie : Lya est avalée par la gueule d'un bus et agite la main.

— Iris et Marc : un bus les écrase, les projette au loin puis les avale. Ils se retrouvent dans leur lit, sont les seuls réveillés avec Lya qui leur dit « au revoir » en souriant + colère sur le visage de l'autre.

2 : Le bus du rêve est par la suite apparu à Iris. (Enfin, moi je pense que c'est une hallucination suite à une indigestion de pilules de débilité, mais elle réfute cette hypothèse.)

3 : Autre rêve ce matin (six jours plus tard) (mais juste d'Iris, c'est peu fiable) : attachée à l'intérieur d'un véhicule, emmenée je ne sais où, et putain c'était flippant. Une « Chose » qui m'avait enlevée.

4 : Lya se comportait bizarrement pendant qu'on parlait du rêve. Elle avait l'air de s'attendre à ce que quelqu'un en parle et a paru surprise et déçue quand nous avons prétendu ne pas en avoir rêvé.

5 : Elle est beaucoup moins solitaire, elle joue et parle avec nous (au passage, elle ne connaissait même pas les règles du UNO). On ne va pas se plaindre, si ?


« Hmm, faudra le réécrire si on veut utiliser ça pour notre dossier de candidature au GIGN. On peut pas leur balancer un truc tout raturé, regrette mon frère en se redressant.

— Un jour, j'aurai le courage de briser tes rêves, mais pour l'instant je trouve ça très drôle de te voir balancer des homonymes au hasard.

— C'est "acronyme", imbécile. Et tu riras moins quand je dirigerai la DGSE. Mais t'aurais pas dû rayer mon idée de pilules de débilité, je tenais un concept.

— Bien sûr. On se recentre, on parlait de Lya, pas de tes pilules idiotes ! »

Il me foudroie du regard, outré.

« C'est pas les pilules qui sont idiotes, c'est...

— Marc !

— Bon, bon. Lya. »

Je hoche la tête. Il soupire, affiche un visage sérieux et me scrute avec attention. Toute la légèreté que nous feignions s'est soudain envolée.

« Sur une échelle de un à dix, où un signifie que tout va bien dans le meilleur des mondes possibles et où dix est plus effrayant que Lya et Hiroshima réunis, à combien tu évalues le potentiel flippant de la situation ?

— Drôle d'idée, marmonné-je. Je sais pas, cinquante-sept ?

— Iris... »

Les nuits qui ont suivi le rêve ont dilué son empreinte. Après six jours, ne reste que l'impression presque insaisissable d'un décalage, quelque chose qui n'est pas à sa place. Je pourrais facilement l'ignorer, s'il n'y avait pas le comportement de Lya et ce nouveau cauchemar, cette nuit. J'ai l'impression étrange d'avoir déjà rêvé de ce voyage il y a quelques jours ; peut-être l'avais-je oublié...

« Quatre ? cinq ? hésité-je. Toi, t'en penses quoi ? »

Il soupire à nouveau.

« Je sais pas. Mais c'est flippant. Vraiment. »

Je jette un regard à mon petit bureau, dans lequel j'ai rangé la feuille. Chaque détail compte. Cela avait terrifié Marc. Est-ce que ce n'est pas... trop ? Il est vrai qu'il n'est pas du genre à s'inquiéter pour rien, bien au contraire, et je ne suis pas tout à fait tranquille non plus... Je devrais peut-être lui faire confiance, mais ça me semble exagéré.

« Tu ne me crois pas, devine-t-il d'un air désabusé. Tu penses que je flippe pour rien.

— Ouais, admets-je – inutile d'essayer de mentir à Marc –, j'ai du mal à te croire. Tu t'emballes pour pas beaucoup d'éléments. OK, on a fait des rêves bizarres et Lya se comporte bizarrement, mais de là à dire qu'elle cause des rêves ou je sais pas quoi...

— Peut-être, lâche-t-il sans y croire.

— Marc, tu...

— Mais j'ai pas envie... » Il hésite. « J'ai pas envie qu'il y ait une autre merde, Iris.

— Une autre merde ? répété-je sans comprendre.

— Je ne sais pas, OK ? »

Je sursaute, il frotte sa main contre sa nuque, comme toujours quand il est stressé. J'ai envie de sortir, quitter cette chambre. J'étouffe.

« Je veux juste pas que ça se répète, qu'il y ait un truc comme... comme Maman... »

La fin de sa phrase se perd dans le silence. J'ai l'impression que mon sang se retire de mes joues. Il pense vraiment que quelqu'un va mourir ? Il pense vraiment à Maman ?

Il délire.

« Marc, commencé-je avec prudence, je ne pense pas que... »

La porte s'ouvre, interrompant mes balbutiements. Lya s'engouffre dans la chambre. Sa respiration précipitée résonne dans la pièce, sa peau habituellement livide a pris des couleurs, ses mèches sombres s'abattent sur son visage et une lueur d'excitation habite ses yeux écarquillés. La dernière fois que je l'ai vue aussi survoltée, c'était pour un problème de physique.

« Lya, ça va ? » demande Marc.

Son ton trop naturel me met mal à l'aise.

« Oui ! Il fallait que je vous dise... »

Elle s'interrompt, pose les yeux sur notre bureau. Sur la feuille où nous avons consigné tout ce qu'elle avait fait d'étrange.

Putain.

Lya parcourt la feuille en diagonale. La surprise se lit sur ses traits tandis que ses yeux survolent une nouvelle fois notre rapport. Je réagis enfin, me rue sur le papier et le fourre dans mon tiroir. Elle sursaute.

« Désolée, s'excuse-t-elle en rougissant, je ne voulais pas...

— T'inquiète, la rassuré-je, trop intriguée pour lui en vouloir vraiment. Qu'est-ce que tu voulais nous dire ? »

Elle secoue vivement la tête et quitte la pièce. J'ai le temps de voir un sourire éclairer son visage avant qu'elle ne referme la porte. Elle n'a pas l'air blessée par le contenu de la feuille, ce qui ne me soulage pas vraiment.

« Lya qui s'excuse, relève Marc.

— Lya qui sourit, ajouté-je.

— Lya qui ne nous gueule pas dessus.

— Lya qui a un truc autre que "Fermez-la" à nous dire. »

Marc secoue la tête.

« Tu disais quoi, déjà ? persifle-t-il, d'un ton qui hésite entre agacement et moquerie. Tout va bien, je m'inquiète pour rien ? »

J'ouvre la bouche pour me défendre, mais ne trouve rien à redire.

Pendant le reste de la journée, nous évitons le sujet. Papa et Maria partent après le déjeuner pour visiter une exposition, tandis que Papi rend visite à un ami d'enfance, laissant Mamie nous surveiller... sauf que Mamie ne tient pas en place.

« Qui part randonner avec moi, les enfants ? »

Assise sur le canapé du salon entre mon frère et ma sœur, je lève les yeux de mon livre. Elle se tient devant nous, un sac à dos sur les épaules et un sourire en travers du visage.

« Non merci, marmonné-je.

— Pas envie de rentrer à quatre heures du matin après avoir affronté trois ours et deux éboulements, développe Marc.

— Ça ira », conclut Lya.

Mamie nous dévisage avec déception.

« Bon, bon. Si les adultes demandent, je suis partie juste avant qu'ils rentrent, ça marche ?

— "Les adultes" ? relevé-je avec un sourire narquois. Tu te comptes pas dedans ?

— Insolente ! »

Marc lève les yeux au ciel.

« Un jour, tu partiras, on se fera attaquer par un loup, et ce sera bien fait pour toi.

— Y'a pas de loups en Bretagne, réplique Mamie en rajustant son sac. Vous êtes toujours partants, d'habitude... ajoute-t-elle sans détour. Quelque chose va mal ? »

Personne ne répond. Mamie quitte la maison, non sans nous avoir lancé un regard acéré.

« Bon, soupire Lya en refermant son livre, j'ai un truc à faire. »

Marc lève le nez de son livre et la suit du regard.

« Qu'est-ce qu'il y a, cette fois ? questionné-je face à ses sourcils froncés, un peu agacée.

— Tout son comportement. Elle a été l'une des plus bavardes au déjeuner, je te signale. »

Je réprime un soupir. Il n'a pas tort, mais j'ai l'impression qu'il dramatise. Je sens qu'à force de nous renfermer sur nous-mêmes, de ne partager nos craintes à personnes, nous allons tourner en rond et perdre toute objectivité. Autant agir avant que cela ne se produise.

« Je vais lui parler, me décidé-je, lui demander ce qu'elle fabrique.

— Quoi ? Ça va pas ?

— On ne peut pas hésiter comme ça pendant des années, si ? Il faut bien qu'on fasse autre chose que se poser des questions sans fin.

— OK. Je viens avec toi. »

Je fais non de la tête.

« Ça ferait trop interrogatoire de police si on y allait à deux.

— Tu ne veux pas que j'y aille seul, dans ce cas ? Ce n'est pas pour te vexer, mais tu n'es pas un modèle de subtilité...

— Non, je vais y aller, c'était mon idée, insisté-je, répugnant à être réduite à attendre impatiemment que mon frère revienne m'informer. Je te promets que je ne dirai pas : "Eh, Lya, pourquoi t'es zarbi ?" »

Il hésite. Ça commence à m'agacer.

« J'ai pas deux ans, Marc, je sais quand même poser des questions à quelqu'un sans avoir l'air de l'accuser. Et t'es pas un modèle de subtilité non plus, vu que tu viens de me dire sans aucune subtilité que j'étais pas un modèle de subtilité.

— Je rigole pas, Iris.

— Moi non plus. T'es peut-être doué pour comprendre les gens, mais pour leur parler, t'as pas plus de tact que moi », achevé-je avec défi.

Il finit par hocher la tête et me laisse partir, sans me lâcher de son regard inquiet.

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