Chapitre 11 - « Chacun pour soi » (partie 1)
« Sont susceptibles de se voir attribuer une habitation d'extérieur (HE) : les A. E. ou chercheurs dont l'activité le nécessite et qui ont prouvé leur capacité à en faire un bon usage ; les responsables d'un pays ou plus. »
— Article 23-5, Dérogations exceptionnelles
LES PAROLES D'AMYLTARIAEA résonnent encore dans mon esprit. « Si mes parents entrent ici, nous ne nous occupons pas de l'autre. Chacun pour soi, comme vous dites sur Terre. » Je ne peux pas compter sur elle, elle ne doit pas compter sur moi.
D'un regard circulaire, j'enregistre les détails de la pièce qui m'entoure. L'armoire à manteaux, grande, bien trop pour ce qu'elle contient, peut-être que... non, cela pourrait être un piège, c'est une cachette trop évidente. Les tables, qui ne me dissimuleront pas du tout. Les matelas derrière lesquels je pourrais me cacher – non, ça ne tiendrait pas deux secondes. Les penderies contenant les vêtements. Oui ! Le plafond est plus bas dans un coin de la salle, sûrement à cause d'une fosse au premier étage, si bien qu'une des armoires n'a pas pu être poussée complètement contre le mur. Il doit y avoir un espace derrière elle, dans lequel je pourrais me glisser.
Les pas se rapprochent. Je dois faire vite.
À côté de l'armoire que j'ai repérée, une autre armoire me bloque la route ; il va falloir que je passe par le haut. Sans hésiter davantage, je me rue vers l'armoire, bondis avec le plus de force possible et parviens à m'accrocher à son plafond. Je me hisse vers le haut avec l'énergie du désespoir, jusqu'à poser les pieds sur la poignée, j'agrippe l'armoire avec plus de fermeté et je ramène mes jambes sur son plafond.
Une porte coulisse.
Sans autre bruit que celui de mon cœur affolé, je me laisse tomber dans le trou entre le mur et l'armoire. Je grimace de douleur en atterrissant. Entre les deux armoires, un petit interstice me permet de distinguer une minuscule portion de la pièce.
Les pas entrent.
« Tu as bien fait de prévoir cet accès de secours, affirme une voix grave, un peu rugueuse, pleine d'une force tranquille. Amyltariaea aurait pu nous enfermer dehors.
— J'ai surtout bien fait de ne pas l'en informer. »
Une femme a répondu, d'une voix incisive qui ne souffre aucune contradiction. Je ne peux pas les voir, je n'ai que les sons qu'ils émettent pour comprendre. Et tout dans le ton de cette femme m'évoque un scalpel, précis et affûté.
Je suppose qu'il s'agit d'Amortinokeb et d'Amylokirlia, les parents d'Amyltariaea. Je dois avouer que cette situation ne fait pas partie de celles dans lesquelles j'aurais aimé les rencontrer, si une telle occasion existe.
« Je n'aurais pas pensé qu'elle puisse...
— C'était une erreur.
— Je le sais, mais... je croyais que...
— Peu importe. »
Les réponses brèves et tranchantes d'Amylokirlia me glacent le sang. Ne se soucie-t-elle pas que sa fille l'ait trahie ? Ne perd-elle donc pas la moindre seconde à y songer, à se demander pourquoi ? En quelques mots seulement, cette femme m'a fait comprendre ce qu'Amyltariaea peinait tant à m'expliquer.
Ils ne forment pas une famille.
Ils ne sont pas que des êtres que le hasard a réunis, et qui ne font rien pour dépasser cela, pour devenir plus.
« L'appartement est-il prêt ? reprend-elle.
— Oui. Ils ne devraient pas parvenir à s'en échapper, même s'ils sont avec cet... homme.
— Ils le seront. »
Le silence retombe entre eux ; seul le bruit des pas de la femme résonne dans la pièce. Elle passe devant l'espace entre les armoires, qui ne me permet de distinguer qu'une mince tranche de sa silhouette élancée. Ses doigts longs et fins tapotent sa cuisse, trahissant de la nervosité, ou peut-être plutôt de l'impatience. Je distingue quelques traits de son visage – un menton carré et volontaire, presque masculin, qui s'accorde mal avec sa taille fine ; une bouche pincée aux lèvres minces ; un nez droit et court ; des yeux vert sombre ; des sourcils fournis sous un front plissé ; des cheveux coupés au carré sans une mèche rebelle, dont la couleur hésite entre le noir et le gris. Le visage que reconstitue mon cerveau est froid, impassible.
Amortinokeb prend une brève inspiration.
« Pourquoi as-tu rappelé aussi les zycarfa de classe E ? demande-t-il. Elles se remplacent peu facilement, peu importe qu'ils les tuent... Et même si ce ne sont que des E, face à plusieurs d'entre elles, ils n'auraient aucune chance. Même si...
— Les zycarfa de classe E sont tout juste bonnes à tuer, siffle sa compagne. Lorsqu'il s'agit de tâches plus complexes, elles perdent toute utilité.
— Je comprends. Mais maintenant qu'il n'y en a plus dans les souterrains, nous devrions pouvoir laisser les gardes y entrer...
— Je ne veux personne dans ces souterrains. »
La réponse claque comme une gifle. Les armoires qui me séparent de la femme me semblent soudain trop fragiles, et l'espace entre elles énorme. Elle passe à nouveau devant ma cachette ; ses doigts s'agitent à nouveau sur ses longues jambes. Je prie comme jamais je n'ai prié pour qu'elle ne me voie pas.
« Très bien, acquiesce docilement Amortinokeb. Je vais peut-être...
— Stop. »
L'ordre n'a été qu'un murmure, mais l'homme se tait aussitôt. Le silence s'installe à nouveau. Mon cœur lui-même semble s'arrêter de battre, comme s'il craignait que ses palpitations ne les alertent. Je ne vois plus Amylokirlia ; je ne peux que tendre l'oreille, aux aguets, priant pour qu'elle n'ait rien remarqué. Je n'ai pas laissé de traces lors de ma fouille, si ?
Elle chuchote quelque chose, trop bas pour que je l'entende même dans un tel silence. Des bruits de pas se font entendre, plus lourds que ceux de la femme ; ce doit être Amortinokeb qui se déplace. Une porte grince, sûrement celle de l'armoire à manteaux... Va-t-il toutes les tenter ? Pensera-t-il à regarder derrière ? J'ai bien fait de ne pas me cacher là, en tout cas.
« Personne », grogne-t-il de sa voix basse et rocailleuse.
Le martèlement de ses pas reprend. Cette fois, mon cœur lui fait écho ; il bat comme un oiseau fou. Je crois qu'Amortinokeb s'approche, mais comment le savoir ? Mon cœur bat trop vite, trop fort. L'angoisse tente de m'emporter, je lutte pour garder mon calme, ne pas paniquer, ne pas paniquer ; mais on dit toujours que chercher à « ne pas » faire quelque chose est le meilleur moyen de se retrouver à le faire.
Il va me trouver.
Un bruit retentit tout près de mon oreille, un coup donné dans l'une des armoires. Cela a au moins le mérite de me ramener à l'instant présent ; je me raidis, terrifiée.
Puis l'armoire tombe à terre, avec une telle force que le plafond métallique se détache et m'érafle la joue dans sa chute.
Devant moi se tient un homme d'une quarantaine d'années. Pendant quelques instants, je détaille avec fascination son visage joufflu dans lequel sont enfoncés deux minuscules yeux bruns. Amortinokeb doit mesurer plus de deux mètres de haut. À côté des siens, mes bras semblent être des bouts de ficelle face à une colonne en pierre.
« Allez », exhale Amylokirlia.
Son ordre me tire de ma sidération. Chacun pour soi, comme vous dites sur Terre. Je devrais fuir, selon toute logique, mais à quoi bon ? Je n'ai pas de corde, je ne peux pas revenir bredouille. Je n'hésite pas longtemps avant de prendre ma décision. Je me jette à terre et ramasse la plaque de métal qui s'est détachée du reste. Alors qu'Amortinokeb s'avance vers moi, je me relève brusquement, lance le bout de métal vers son visage, le contourne et me rue vers la sortie. Il se précipite à ma suite. Je passe en courant à côté d'Amylokirlia qui n'a que le temps de pivoter dans ma direction. Je me jette sur la porte et l'ouvre à la volée.
Je me retrouve dans la petite pièce d'entrée. Je regarde tour à tour les trois autres portes ; laquelle a empruntée Amyltariaea ? Celle en face de moi est grande ouverte, mais un cadenas est fixé sur le mur à côté, et une barre de fer est collée au battant. Je suppose qu'il s'agit de la porte qui donne sur les souterrains, mais comment distinguer les deux autres ? Je n'ai pas le temps d'hésiter, Amortinokeb s'est déjà remis du choc et se précipite à ma suite... Une image vague surgit dans ma mémoire, je me jette sur la porte à ma gauche.
Un escalier en colimaçon s'étire devant moi. Un soupir de soulagement m'échappe et je m'élance sans tarder. À peine arrivée en haut, devant une nouvelle porte, j'entends Amortinokeb pénétrer dans l'escalier. Je me glisse dans la pièce, referme la porte derrière moi...
« Iris ! »
Amyltariaea se précipite vers moi, ses cheveux noirs ébouriffés volant autour de son visage, l'air plus paniquée que jamais. Elle pousse en ahanant un meuble bas et lourd et me bouscule pour le plaquer contre la porte.
« Ça le retiendra un moment, halète-t-elle. Tu n'aurais pas dû venir.
— Je n'ai pas trouvé de corde, me justifié-je.
— Oui, il n'y en a pas en bas. » Elle hésite une seconde. « Prends ça », ajoute-t-elle en détachant le bracelet doré qui lui ceignait le poignet.
Je le passe machinalement à mon bras et m'apprête à lui reprocher de m'avoir demandé de fouiller le rez-de-chaussée si elle savait que c'était inutile, ou à lui demander pourquoi elle veut que je mette ce bracelet... quand je réalise enfin à quoi sert la pièce dans laquelle je me trouve. Et cela me coupe l'envie de poser la moindre question.
Devant moi se trouve une table basse de deux mètres de long. Quatre anneaux métalliques y sont fixés, dans le but évident d'y immobiliser quelqu'un. Une chaise et ce qui ressemble à une table de nuit sont disposées juste à côté. Sur cette dernière repose une petite boîte au couvercle transparent, ce qui me permet d'y distinguer un scalpel, une seringue vide et un cylindre fin dont l'utilité m'échappe. Dans un coin de la pièce, je repère une fosse profonde d'une cinquantaine de centimètres, ce qui explique au moins la hauteur du plafond à cet endroit au rez-de-chaussée. Une armoire se dresse de toute sa hauteur dans le coin opposé, juste à ma droite.
Sans vraiment le décider, je tourne la tête vers la commode qu'Amyltariaea a utilisé pour bloquer la porte. À l'intérieur, des bouteilles sont entassées sur de petites étagères, une étiquette collée sur chacune d'elle. Pour la plupart, les noms inscrits dessus, dans une écriture serrée et pointue, ne m'évoquent rien, mais quelques-uns comme cyanure ou arsenic retiennent mon attention et suffisent à me donner une idée du contenu des autres.
Presque tout est blanc dans la salle. Les seules touches de couleur sont les liquides dans les bouteilles, les reflets argentés du scalpel, l'aiguille de la seringue et les mots inscrits en grosses lettres sur le mur du fond :
Code des infractions, article 1-2 :
Ces documents fournis, le suspect peut être interrogé par un A. E. désigné par le Coordinateur régional. Cet agent pourra employer tous les moyens à sa disposition afin de déterminer la culpabilité du suspect. Aucune poursuite ne pourra être engagée à son encontre concernant le déroulement des interrogatoires.
L'atmosphère est plus glaçante encore que ces mots. Au plafond, des néons jettent une lumière clinique sur la pièce immaculée, toute en droites et en angles. Tout y est net, précis, réglé dans les moindres détails ; la position des meubles pourrait avoir été calculée au millimètre près, l'article inscrit sur le mur semble soigneusement choisi et je ne serais pas surprise que le couvercle de la boîte et la porte de la commode ne soient transparents que pour laisser entrevoir d'autres informations terrifiantes.
Bordel de merde. Où est-ce que j'ai mis les pieds ?
Mon regard incrédule parcourt l'endroit dans ses moindres détails, comme si j'allais découvrir un élément inattendu qui changerait ma perception du lieu. Évidemment, je ne trouve rien. La pièce, à l'image de l'article du Code des infractions, est univoque.
Je cherche Amyltariaea du regard pour réclamer des explications, si une telle chose est possible, mais elle n'est plus à côté de moi. J'aperçois à l'extrême droite de mon champ de vision la porte de l'armoire se refermer.
« Amyltariaea, à quoi tu... »
Ma question meurt dans ma gorge. Troublée par ce que j'ai vu, je n'ai pas prêté attention à ce qu'il se passait derrière la porte qu'Amyltariaea a bloquée ; j'entends désormais des chocs sourds contre le battant.
« Qu'est-ce qu'on fait ? » questionné-je d'une voix perçante.
La pièce qui s'offre à ma vue n'arrange rien à ma terreur. S'ils me capturent ici, que me feront-ils ? Je devrais bouger, mais je ne vois pas où me cacher, à part dans l'armoire comme Amyltariaea, mais on ne tiendra pas à deux... Chacun pour soi. Chacun pour soi. Je dois trouver quelque chose par moi-même.
Quelque chose agrippe le col de mon T-shirt et me tire en arrière. Un cri de stupeur m'échappe, ma tête cogne contre la porte. Je tente de tourner la tête et aperçois la main d'Amortinokeb dépassant d'un trou dans le mur ; ses doigts sont crispés sur mon col. Il me tire encore une fois, plaquant mon visage contre le battant. Une douleur vive parcourt ma joue quand l'entaille causée par la chute de l'armoire heurte la surface métallique. Je tente de me défaire de l'emprise d'Amortikokeb, mais mes tentatives de résistance se heurtent à sa force tranquille. Il tire encore. Une sorte de râle franchit mes lèvres ; je ne peux plus respirer. Je me débats comme je peux, je sens ma bouche s'ouvrir convulsivement, cherchant de l'air, mais il resserre encore sa prise. La porte va céder, la porte devrait céder, ce n'est pas possible...
Puis, aussi brusquement qu'il s'est emparé de moi, il me repousse avec violence. Je m'effondre au sol, haletante, le visage ruisselant de larmes. Je ne parviens d'abord pas à me relever, trop épuisée pour trouver la force nécessaire. Lorsque je retrouve enfin mon souffle, j'aperçois Amortinokeb tendre une main à travers le trou pour écarter délicatement la commode qui bloquait la porte. Je me relève, les jambes tremblantes ; la porte s'effondre là où je me tenais quelques instants auparavant. Amortinokeb apparaît, une épaule tournée vers le trou béant comme s'il s'en était servi pour enfoncer la porte.
Chacun pour soi. Chacun pour soi. Sans même y réfléchir, terrifiée, je me tourne vers le trou qui a remplacé la porte et m'élance dans sa direction.
Pas assez vite.
Les bras d'Amortinokeb se referment sur moi. Me serrent à m'étouffer. Je me débats, tente de le mordre, mais ses mains se referment sur mes poignets et ses genoux bloquent mes jambes ; je suis totalement immobilisée.
« C'est bon ! hurle-t-il en direction du rez-de-chaussée. Elle ne présente aucun danger. »
Je tente de masquer mon soulagement à l'idée qu'ils n'ont pas découvert Amyltariaea. Des pas prudents résonnent dans les escaliers. Quelques instants plus tard, Amylokirlia pénètre dans la pièce. Pour la première fois, je la distingue entièrement.
Son apparence physique n'a rien de saisissant ; ses traits, pris séparément, sont plutôt communs. Mais sa façon de se mouvoir, à la fois méfiante et assurée, sa posture lorsqu'elle se plante devant son compagnon et m'examine attentivement, suffisent à me fasciner. Ses yeux verts sont légèrement plissés. Elle me dissèque du regard, pensive, et alors que le bout de sa langue pointe entre ses lèvres pour les humecter, l'image d'une vipère s'impose à moi. Couchée dans les herbes, patiente, évaluant sa proie, guettant un signe de faiblesse, un endroit où attaquer. Je voudrais me soustraire à son examen, mais Amortinokeb m'en empêche.
« Iris », siffle-t-elle d'un ton mesuré, comme pour évaluer mon prénom.
Ses lèvres se meuvent à peine. Je détourne les yeux et mon attention est attirée par un mouvement, presque imperceptible, de la porte de l'armoire, derrière Amylokirlia. Je reporte lentement mon regard vers un autre coin de la salle, de peur de les alerter. Du coin de l'œil, je vois la porte s'ouvrir un peu plus largement. Amylokirlia lui tourne le dos et Amortinokeb, la vue bloquée par sa compagne, n'a rien remarqué. Il faut que je détourne leur attention pour laisser à Amyltariaea le temps de sortir.
« C'est moi, réponds-je donc, tentant de garder un ton neutre. Enchantée. Je suppose que vous êtes Amylokirlia ? Votre fille m'a beaucoup parlé de vous.
— Je n'en doute pas, lâche-t-elle, impassible.
— C'est sympa, chez vous, ajouté-je d'une voix un peu trop aigüe, sentant déjà ma maigre assurance se fendiller de toutes parts. Futuriste, tout ça... Un peu glauque. Mais sympa. »
Amylokirlia ne réagit pas. Derrière elle, sa fille a complètement ouvert la porte.
« Vous êtes pas très causants, tous les deux, observé-je encore. Vous êtes sûrs que ça va ?
— Je ne m'inquiéterais pas pour les autres, à ta place », réplique Amylokirlia à voix basse.
Je me force à sourire, malgré la peur primaire qui tord mes entrailles.
« Vous êtes sûre que vous avez pas plus explicite, comme menace ?
— Mon but n'est pas... »
Amylokirlia s'interrompt. Sortie de l'armoire, Amyltariaea vient de lancer quelque chose dans sa direction ; un sixième sens doit l'alerter car elle se retourne vivement. Elle n'a pas le temps d'éviter le fin cylindre métallique qui se fiche dans sa joue avec un étrange bruit de succion. Elle pousse un grognement de douleur, puis serre les poings et se tient droite, les yeux clos, semblant lutter contre quelque chose qui l'oppresse.
Amyltariaea l'observe sans un mot, les mains tremblantes. Pendant quelques instants, le temps semble suspendu. Puis elle lance un autre cylindre ; l'homme me lâche et se jette sur le côté. Je me jette au sol ; l'arme passe au-dessus de ma tête et heurte le mur juste côté de la commode. Amortinokeb se précipite vers sa fille.
« Iris ! » hurle celle-ci en me lançant, cette fois, une corde.
Je me redresse l'attrape au vol par réflexe et croise son regard. Son père la plaque contre le mur. Chacun pour soi. Chacun pour soi. Alors pourquoi se sacrifie-t-elle ? Elle n'avait qu'à attendre qu'ils partent et m'emmènent ; elle aurait pu s'enfuir sans danger.
Ses yeux plantés dans les miens ne flanchent pas.
« Va-t'en, Iris ! Toi ! » ordonne-t-elle avec détermination.
La corde glisse entre mes mains moites. Amortinokeb en sort une autre et tente d'attacher les mains de sa fille qui résiste comme elle peut. Ce n'est plus qu'une question de secondes avant qu'il ne s'occupe de moi.
Je n'ai plus le choix ; rester ne la sauvera pas. Je n'ai pas le temps d'hésiter ou de chercher à comprendre. Il faut que j'agisse désormais. Si elle se sacrifie pour moi, elle a peut-être une bonne raison.
Je fixe son visage terrifié et ses yeux noirs emplis d'obstination comme si c'était la dernière fois que je les voyais. Puis je me détourne, les mains crispées sur la corde, et je me précipite dans l'escalier.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro