Le début
Deux ans plus tôt
Je suis chez Camille, ma meilleure amie. Nous sommes rentrées en seconde depuis quelques mois, et je suis chez elle, pendant les vacances de février. J'ai laissé ma sœur jumelle, Oana, à la maison, parce que je sais qu'elle n'a pas vraiment d'affinités avec Camille, et que je veux la garder pour moi toute seule. C'est égoïste, peut-être, mais elle est la seule amie fille que j'aie jamais eu, et la seule personne avec qui j'ai une relation pareille.
Comme des sœurs, on se parle énormément, et on s'aide beaucoup, elle m'aide parce que je ne supporte plus ce qu'il se passe chez moi, et moi je l'aide parce qu'elle ne supporte plus ce qu'elle a dans la tête.
Je suis juste un peu... de mauvaise humeur, parce que papa à annoncé hier qu'il retournait en cure de désintoxication, et que cette fois ci je ne pourrais pas échapper aux visites une fois par semaine pendant plus d'un mois, parce qu'il allait en Belgique, comme il avait dit " j'y arriverais mieux seul". On a bien vu le résultat la dernière fois.
Je suis assise en tailleurs sur le lit de Camille, le regard dans le vide, fixé sur son poster accroché au centre du mur blanc, pendant qu'elle cherche une vidéo à regarder sur sa tablette. Mais cette nouvelle cure me tracasse.
"- Qu'est ce qui ce passe ? Je sors de mon moment de "bug" comme dirait Oana
-Rien c'est juste cette histoire encore.
- C'est si terrible que ça de devoir aller voir ton père dimanche? Elle semble vraiment inquiète pour moi, déjà prête à me proposer d'arranger quelque chose pour que je reste ici avec elle.
- Non, ce qui me gène le plus, c'est qu'Oana et maman sont regonflées d'espoir, et qu'elles vont encore chuter de haut.
- écoute, peut-être qu'il ne retoucherai plus à la vodka cette fois ci.
-j'en doute, la dernière fois qu'il est parti 6 mois, on a vu comment ça s'est fini. Je l'ai vu deux week-end, il m'a insultée à chaque fois, et il cachais ses bouteilles dans le réservoir d'eau des toilettes. Il avait donné la même excuse du "j'y arriverai mieux tout seul" et au final il a trompé ma mère.
Elle m'a juste prise dans ses bras, que faire de plus? Rien, et c'est la seule chose qui me réconforte vraiment. Je respire son parfum, ses cheveux chatouillent mon nez, et je n'ai pas envie de partir, que ce moment passe, parce que n'importe qui qui nous verrais comme ça penserai qu'on est seulement deux adolescentes normalement faites qui s'apprécient beaucoup. Mais ça a toujours été plus que ça.
Je ne sais pas réellement pourquoi tout a commencé. Peut-être parce qu'il n'était pas heureux, peut-être parce que son travail était stressant, ou même qu'il n'était pas fier de moi, de nous. Mais, mon père est tombé dans l'alcoolisme, comme son père et sa mère, ainsi que son frère mon parrain aussi. Lui il vient de s'en sortir.
Seulement, mon père avait radicalement changé le jour où il avait annoncé qu'il se ferait soigner, il y a deux ans. Depuis il enchaine les cures de désintox, sous les menaces de ma mère. Quand il reviens, il reste sobre trois semaines, puis il recommence.
Sauf que quand il boit, il nous insulte, il fait pleurer ma mère, et surtout, rends malheureuse ma sœur jumelle, et ça, je ne lui pardonnerai pas. Parce qu'à chaque fois elle y crois, et il lui brise le coeur. Une fois, elle a même été jusqu'à me donner une gifle pour que j'évite de montrer à maman une bouteille d'alcool que je venais de trouver.
On est vendredi soir, et camille m'a proposée de venir chez elle pour me changer les idées, et réfléchir. Chez elle c'est toujours plus calme que chez moi. Son père nous appelle pour manger. J'aime bien manger chez elle aussi, parce qu'ils mangent bien. Chez moi, avec le salaire de ma mère, et les conneries de mon père, nous ne sommes pas riches, et les menus ne sont pas très variés.
Je commence à me détendre, nous faisons les quelques devoirs que nous avons, et nous nous mettons devant une vidéo. Je crois que c'est ce qui nous a rapproché. Ce sont des vidéos d'animation Minecraft. Les graphismes ne sont pas beau, et les voix pas très professionnelles, mais les histoires sont originales. On joue beaucoup à ce jeu avec Camille et mes deux autres amis, les deux Simon. Oui, ils ont le même nom. Et on se connais depuis la cinquième, ils ont été pour moi, une manière de m'affirmer et d'être mons timide. Et ils sont de sacrés guignols.
J'ai dormi comme un bébé. Pas assez, nous nous sommes couchées tard, mais bien quand même. Je suis de bonne humeur. Aujourd'hui, Camille me dit qu'elle a une surprise pour moi, mais elle ne veux pas me dire quoi. On se met face à son ordinateur, un vieux modèle qui date de la décennie dernière, et elle me donne un écouteur qui y est branché, je vois qu'elle ne fait que regarder son téléphone. Puis, une fenêtre d'appel Skype s'ouvre, elle décroche, et ce ne sont pas moins de 6 personnes qui sont présentes. Après quelques minutes, de tention et d'incompréhension, j'apprends que camille, qui est une très bonne dessinatrice, va leur faire quelques dessins, et surtout participer pour doubler un personnage, un des personnage d'un court-métrage minecraft, l'un de ceux que nous avons regardé la veille.
Bien sûr, nous ne montrons pas nos visages, et utilisons des pseudos quand nous parlons, nous sommes bien conscientes qu'il ne faut pas trop faire confiance aux gens sur internet, même si tout le monde ne peu pas être malveillant, on ne sait jamais sur qui on peu tomber.
Je suis aux anges, j'ai passé deux heures de folie, à rire, à apprendre à connaitre ces gens, et aussi, à me faire appeler par le mauvais pseudo, l'un des garçons qui participais l'a mal comprit, je crois que c'est devenu une blague entre nous. D'ailleurs, il m'a ajouté à ses contacts sur skype, mais ne m'a pas envoyé de messages, je n'ai pas l'habitude qu'on me parle, et de parler aussi facilement a des gens que je ne connais pas.
Je suis contente pour Camille, son talent a été reconnu, et elle va enfin faire quelque chose dont elle a envie depuis longtemps.
Je n'ai vraiment pas envie de rentrer, mais le père de Camille nous attends, et il fait la discussion tout le long du chemin jusqu'à chez moi. Je crois qu'il m'aime bien.
Avant que je ne passe le portail, Camille me serre dans ses bras et me dit qu'elle sera là si j'ai besoin demain. Je rentre le coeur lourd, consciente que cette journée d'allègresse est finie.
Quand je passe la porte, mon chien me saute dessus, je lui ai manqué, il a dû dormir tout seul dans mon lit cette nuit. Ma mère me fait un bisous sur la joue, elle repasse du linge. Oana doit être dans notre chambre. Je commence à faire à manger, des pâtes -encore- et j'essaye de varier le out en rajoutant des épices. Ma grand-mère arrive au moment où j'allais monter, elle habite à 500 mètres de chez moi, et elle en profite, elle peu venir jusqu'à 3 ou 4 fois par jours. Elle me demande comment s'est passé ma soirée d'hier, ce qu'on a fait ce matin, et quand je compte y retourner. Elle se rends bien compte que je suis plus heureuse là bas. Après une vingtaine de minutes, elle s'en va et j'appelle ma sœur et ma mère à table. Je vois que ma mère apréhande, mais elle ne dit rien. Le repas fini, elle ne nous donne pas l'autorisation de nous lever pour faire la vaisselle, je le sens mal.
"-Bon demain les filles, debout maximum 8h30, on part à 9h et on passe la matinée avec votre père.
-Et si je veux pas venir? Je répond. Le sourire D'Oana retombe, elle avait je pense l'espoir que cette fois je ne fasse pas d'histoires.
-Tu viens, point final. Il a besoin de toi, c'est ton père et il veut te voir donc tu obéis.
-Pourquoi faire? Qu'il fasse son papa parfait et qu'il me redonne espoir? Pour qu'encore une fois je le voie vous faire du mal? De toute façon il n'y arrivera jamais. Ou alors qu'il passe la demi journée a me fusiller du regard, des menaces cachée voir même des insultes directes? Il n'a pas la volonté et il ne le fait que pour pouvoir rester à la maison, parce que sans toi il se retrouverais SDF.
- Elia! Tu iras que tu le veuille ou non! J'en ai marre de ton comportement! Je te souhaite de ne jamais avoir besoin de ta famille! Parce que ce jour là elle ne sera pas là, comme tu le fait avec lui! Tu me déçois."
Les larmes me montent aux yeux. Elle n'est pas fière de moi. Mais ce qu'elle me demande est au dessus de mes forces. Il me dégoute. Comment un homme, un mari, un père, peu autant faire de mal à sa famille. Je ne sais pas, mais en tout cas je ne veux plus le voir, j'ai l'impression d'avoir déjà trop pleuré pour un homme qui laisse sa femme se débrouiller seule avec deux filles adolescentes, pendant que lui part s'envoyer en l'air et picoler dans les hôpitaux qu'on paye beaucoup trop cher au vue des résultats.
Je débarasse et fait la vaiselle, je n'ai pas cherché à discuter avec ma mère. Ça ne sert à rien, elle est trop amoureuse, trop pleine d'espoir, pour que j'arrive à la convaincre que c'est fini, qu'il ne nous aime pas assez, puisque même les mots du médecin " vous ne verrez pas vos filles se marier" n'a pas suffi à le dissuader de boire. Pas même ma mère qui lui a pardonné ses infidélités, les dettes qu'il a faites à notre insu, les prêts qu'on doit rembourser. Les insultes qu'il nous a envoyé. Notre anniversaire à Oana et moi, qu'il a préféré louper et passer avec sa maitresse plutot qu'avec nous. Je ne les ai pas oubliés. Mais quand je vois ma mère agir avec lui, je me dit que l'amour fait pardonner des choses bien énormes, et ça me dégoute au plus haut point.
Le lendemain, j'était dans le voiture, en route vers le centre de désintox, je reçoit des messages du fameux garçon d'hier. Enfin, Camille a créer un groupe où nous parlons. Ça m'occupe, je ne pense pas au regard vert, et injecté de sang que mon père me jettera en me voyant.
Il est gentil ce garçon, et il est drôle. J'apprends qu'il a 18 ans. J'en ai 15. C'est étrange qu'il s'entende aussi bien avec des gens aussi jeunes. Il habite loin, 500 kilomètre je crois. Dommage, nous aurions sans doute pu êtres amis dans la vraie vie.
Quand j'arrive dans le centre, je suis un peu étonnée, ce n'est pas un hospital comme les cinq dernières fois. On dirait un ensemble de chalet, au milieu d'une forêt. Mais ce qui me dérange un peu c'est les panneaux " centre psychiatrique" qui indique la même direction que celui de "centre addictologie" Pas que je sois une personne qui rejette les personnes mentalement atteintes, mais elles me font un peu peur.
Comme je l'avait prévu, mon père semble surpris de me voir, mais surtout pas heureux. Qu'il ne se trompe pas, moi non plus. Ma mère décide d'aller faire une ballade dans la forêt, pour "nous réunir". Je crois qu'elle n'a pas encore compris le message. Je marche devant, sans les attendre. Oana tiens la main de mon père, et ma mère est à la limite de l'extase quand il lui fait un bisous. J'ai envie de vomir. J'essaye de me raisonner, on dirait une ado en pleinde crise. Mais rien n'y fait. Quand vers 13 heures nous repartons, je suis soulagée, je suis enfin libérée de lui. Je vais pouvoir reprendre ma liberté de bouger. Retourner en cour, le lycée, l'un des seuls enfroit où je me sente bien, avec des personnes qui m'apprécient un minmum. Et dieu que j'attendais ça. Le lundi, un jour pas si terrible pour moi.
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