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Cinq petits mots

10 Janvier 2035.

Ma fourchette s'élève dans les airs jusqu'à atteindre ma bouche. Devant cette injustice, je ne laisse rien transparaître mais intérieurement, je râle, bougonne, marmonne, hurle même. Hier, Chad et les autres de la promo m'ont convaincu de manger avec eux au restaurant universitaire ce midi. J'ignore encore de quelle manière ils ont réussi à faire ce tour de force. Si quand Chad m'a énoncé l'idée, j'ai trouvé ça plutôt pas mal, je regrette amèrement aujourd'hui. Petits pois avec du poisson en sauce non identifié. C'est dégueulasse.

Je retiens un haut le cœur au goût suspect de cette nourriture – enfin si je peux qualifier ça comme telle - puis jette un regard à la tablée. Nous sommes une petite dizaine et en dehors de Chad, je ne suis pas très proche des autres. Bien sûr, je les connais tous puisque nous sommes dans la même classe de danse classique mais je ne traine pas avec eux en temps normal. D'ailleurs, en six mois dans ce conservatoire, c'est la première fois que je mange ici avec eux. D'habitude, je m'installe, seul, dans le vestiaire d'une salle de classe vide avec le bento que Sun me prépare toujours.

Ils discutent tous. C'est une véritable cacophonie, je ne comprends pas la moitié des choses qu'ils se disent. Il y a bien des mots par ci, par là. Série, soirée, club, cinéma... Voilà pourquoi je ne reste pas avec eux. Leurs sujets de conversation n'ont aucun intérêt pour moi. Je ne vais jamais au cinéma et les séries sont trop longues à suivre. J'ai l'impression de perdre mon temps devant. Je me permets juste quelques films en compagnie de Sun et Ezra à l'appartement.

Je soupire et repose ma fourchette sur le plateau. Même si mon assiette est loin d'être terminée, je vais finir mon repas là pour m'éviter de devoir vomir sur Chad qui est en face de moi. Je m'empare de mon téléphone et lance un jeu en attendant les autres. J'aurais pu partir pour aller dans une salle de danse mais j'ai promis à Chad de rester pendant tout le déjeuner. Si je ne tiens pas ma promesse, j'ai un gage. Vraiment, je ne sais pas comment j'ai pu accepter un tel truc !

Mon poing se referme lorsque je gagne enfin un niveau après quatre tentatives. Le sourire qui était apparu à cette victoire, se fane dès que je vois une notification glisser sur le haut de mon écran. Je marmonne, mécontent. Presque dix jours sans nouvelle de lui et j'avais le stupide espoir de ne pas en avoir avant un moment. Un long moment. A priori, j'avais tort.

Tu me manques. Je t'aime.

Juste cinq petits mots. Mais ils suffisent pour me retourner. Mon cœur se serre. J'imaginais qu'il serait plus bavard, d'habitude, il me raconte ce qu'il fait en cours ou avec son père. Mais pas là... J'éteins mon téléphone et le fourre au fond de la poche avant de mon sac alors que je renifle pour m'empêcher de pleurer. Chad est aussitôt alerté par mon comportement et se penche par-dessus la table pour me demander :

— Ça va Dae ?

Je déglutis et pose mon sac sur mes genoux. Nos regards se croisent et mes larmes ne lui laissent aucun doute sur mon état. Je pince les lèvres d'être si faible, surtout ici entouré de quasi inconnus. Tant pis pour le gage, j'essaie de le rassurer du mieux que je peux :

— Ouais mais je dois... passer au magasin. Sun a besoin d'un truc pour la maison.

Il voit que je mens et en bon ami, il commence à rassembler ses affaires. L'attention de certaines personnes de la table se porte sur nous. Je grimace, ne voulant pas être sous les feux maintenant. J'arrête Chad en mettant ma main sur son avant-bras. Je lui adresse le sourire plus convainquant que j'ai en stock et lui affirme :

— Tout va bien. Je n'en ai pas pour longtemps. Finis de manger et on se retrouve en cours.

Ne lui laissant pas le temps de répliquer, je me lève dans la seconde et salue tout le monde d'un hochement de tête. D'une main, je prends mon sac et de l'autre mon plateau. Je me dépêche de rejoindre la sortie où je dépose tout ce qui composait mon déjeuner. Je passe la porte et me retrouve dans le couloir vide, soulagé.

— Pourquoi tu réagis comme ça ? maugréé-je en me prenant la tête entre les mains.

Il m'envoie un message et je suis tellement mal que je suis sur le point de pleurer. J'essuie rageusement mes yeux et m'éloigne de la cafétéria. C'est moi qui ai décidé de rompre, ça ne devrait pas me toucher autant de lire ce genre de choses. Je rejoins la salle que j'ai l'habitude de squatter les midis. Je balance mon sac dès que je pénètre dans la pièce. Sans même prendre le temps de me changer, je connecte la tablette mise à disposition et la musique retentit quelques secondes plus tard.

La même. Celle de mon audition avortée. Je retire mes chaussures et les mouvements s'enchainent. Encore et encore. En boucle. Je ne compte pas le nombre de fois que je la réalise. Cette chorégraphie m'élève. Me transcende. Me représente. Me hante. Me fait mal. Elle est ma mémoire et mon oubli. Elle est moi et mon contraire. Elle me perd.

C'est la douleur dans mes pieds qui m'oblige à m'arrêter. Je me laisse glisser contre le miroir, la tête basculée en arrière, les yeux fermés. Avec difficulté, je tente de retrouver mon souffle. Je passe les mains dans mes mèches trempées de sueur et les ramène sur le haut de mon crâne. Je les attache à l'aide d'un élastique rose que j'ai toujours autour du poignet et soupire.

Mes pensées semblent se remettre doucement en place. Je déteste quand Ady m'envoie tous ces petits messages. Ceux où il demande des nouvelles sont plutôt agréables mais ceux comme celui d'aujourd'hui me détruisent. Il veut bien faire et me montrer ses sentiments mais ça me fout en l'air. Malgré toutes les fois où je l'ai supplié d'arrêter, il continue.

J'ouvre les paupières en étendant mes jambes devant moi. Après ce que je viens de faire, il va falloir que je fasse quelques étirements pour ne pas avoir des courbatures en plus de celles que la musculation me donne. Alors que j'écarte les jambes, mon regard se porte à une vitre qui donne sur le couloir. Il est là. Debout, tout de noir vêtu, son sac de sport pendant à son épaule, il m'observe. Le tyran me fixe de ses grands yeux noirs.

Sous la surprise de le trouver là, mes sourcils se haussent. Quelques phrases me viennent à l'esprit pour lui faire comprendre qu'espionner aussi peu discrètement les gens ne se fait pas mais je n'ai pas la force de me lever pour aller le lui dire, ni même de les lui crier. À la place, je descends le torse, les bras en avant mais mes yeux ne le quittent pas. Moi aussi je peux jouer à ça !

À peine quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre sur un Chad essoufflé. Je me détourne du tyran et me relève pour rejoindre mon ami qui se trouve plié en deux, les mains sur les genoux. Je pose une main dans son dos et l'interroge :

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

— Je... J'ai... Tous les étages, baragouine-t-il.

— OK...

Je le tapote, compatissant.

— Je ne comprends rien, dis-je.

Il se relève enfin et m'explique :

— Quand tu es parti, je me suis inquiété. C'est pas ton genre d'être...

Il fait un petit geste de la main pour éviter de dire que j'étais lamentable et je lui en suis reconnaissant.

— Alors je t'ai cherché partout. Sauf que le bâtiment est hyper grand donc je te trouvais pas. Puis j'ai vu l'heure et là, j'ai pensé qu'on serait tous les deux à la bourre.

Je n'ai jamais de montre, je n'en possède d'ailleurs aucune. C'est interdit pendant que nous dansons et puis je n'en ai pas besoin. J'ai soit mon téléphone, soit les horloges des salles. Comme à cet instant. J'avise l'heure et il est vrai qu'il est plus tard que je le pensais.

— C'est gentil ! Mais je t'avais dit que tout allait bien.

— La prochaine fois que tu me dis ça, essaie de ne pas être sur le point de pleurer ! assène-t-il avec raison.

J'approche mon visage du sien en écarquillant les yeux.

— Est-ce que j'ai pleuré ? demandé-je pour le rassurer.

— J'espère bien que non !

Je m'éloigne pour remettre mes chaussures et en profite pour jeter un œil à la vitre où se trouvait le tyran mais il a disparu. Je fronce les sourcils tout en lassant mes derbys. Ce mec est vraiment trop bizarre.

— C'était ton ex ? se renseigne-t-il.

— Ouais... Mais je ne veux pas en parler.

— Ouais comme toujours !

— Allez, on a cours.

Je me relève, attrape mon sac et m'enthousiasme à aller danser. Nous avons contemporain. Jusqu'en août dernier, je n'avais fait que de la danse classique, me consacrant corps et âme à cette discipline. Le conservatoire m'a obligé à essayer de nouveaux styles. Contemporain, jazz et hip-hop. Même si pour ces deux univers, je ne pense pas y avoir ma place, le premier me parle. J'aime beaucoup cette expression des sentiments que cette danse permet.

Nous sortons de la salle et déambulons dans les couloirs. Danser m'a aidé à éloigner les émotions qu'Ady a fait naître en moi avec cinq mots. Danser m'a vidé, m'a ressourcé. Je me sens mieux à présent. Cependant, Chad ne semble pas rassuré.

— Ça va vraiment ou tu fais juste super bien semblant ? On ne se connait pas assez pour que je vois la...

— Écoute, le coupé-je.

Je m'arrête dans le couloir et lui attrape le bras pour qu'il en fasse de même. Nous sommes face à face et il est grand ce mec.

— J'ai des parents et un grand frère hyper protecteurs. Beaucoup trop. Ils en viennent à ne pas me faire confiance pour plein de choses. La preuve, Sun a dû me suivre jusqu'ici !

Je prends une profonde inspiration et l'implore presque :

— Alors, s'il te plaît, sois mon ami, pas une énième personne paternaliste avec moi !

Il me jauge du regard puis finit par mettre son bras autour de mes épaules. Il m'entraîne avec lui tout en me déclarant :

— Je serai ton ami mais ça m'empêchera pas de m'inquiéter pour toi ou de vouloir savoir comment tu vas quand ton ex revient à la charge.

J'ouvre la bouche mais il change déjà de conversation. Je ne fais pas attention à ce qu'il dit, trop occupé à me dire que j'ai quand même de la chance d'être tombé sur lui dans cet institut.

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