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Prologue - Quinze ans plus tôt.

Bonjour à tous !

C'est ma première fiction James Bond... Et ma deuxième fiction tout court ._.

J'espère de tout mon cœur qu'elle vous plaira.

Merci Olivia95280 pour son soutien... Et pour m'avoir aidé à choisir la cover. (Et pas que. Ma petite Olivia, tu es géniale. Et je suis désolée de t'avoir faite patienter pour avoir l'autre moitié de ce texte XD)

PS : Pas de bêta. Je n'arrête pas de me relire, mais il y a toujours des petits trucs qui m'échappent... J'en suis la première désolée ... Ah, aussi : les chapitres ne devraient pas être aussi longs que sur mon autre fiction.

A chaque fois que le livre ou film est anglophone, je glisse des phrases en anglais (en général assez courantes, sinon je traduis)

Bonne lecture à tous !

Cette fiction se déroulera dans la Time-line de Skyfall, sauf précision du contraire.

Les personnages et l'univers ne m'appartiennent pas. Seul mon (mes) OC(s), le scénario et les petits trucs en plus m'appartiennent.

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Quinze ans plus tôt... Ou comment tout a commencé.

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Il était un peu plus de dix-sept heures trente. La journée semblait s'éterniser. Mais elle était loin d'être encore finie. Le major Boothroyd regarda avec exaspération les miettes du dernier gadget qu'il avait confié à Bond. Un jeune agent brillant, si l'on voulait son avis, mais ayant pris de très mauvaises habitudes depuis ses succès avec Le Chiffre et, très récemment, Quantum. Celle qui mettait le Major le plus en rogne était le peu de respect accordé à ses gadgets et le fait qu'il retrouve systématiquement ses inventions en miettes.

Avec humeur, il demanda à l'un de ses subalternes de récupérer les morceaux et de les mettre dans la pile à recycler, tandis qu'il s'attelait à réparer le malheureux Walther PPK de 007. A en juger par l'était du malheureux pistolet, celui qui se faisait surnommer Q se demanda si Bond s'en était servi pour alimenter un feu ou s'il l'avançait lancé sciemment dans une explosion.

Il hésita à le jeter ou le réparer, puis convint que la Q-Branch dépensait déjà suffisamment de son budget pour 007 et que, puisqu'il avait un peu de temps, il vaudrait mieux de tenter de réparer le pauvre pistolet.

Après de longues dizaines de minutes à remettre les mécanismes en état et à tester le pistolet, le Major Boothroyd sentit une puissante satisfaction monter en lui. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas dû réparer d'armes, et en être toujours capable à son âge lui procurait un sentiment de joie : finalement, il ne perdrait peut-être jamais la main.

Ce fut ce moment que son téléphone choisit pour sonner.

D'un air distrait, il répondit tandis qu'il vérifiait une dernière fois que le Walther était à nouveau en parfait état.

- Allo ?

- B-Bonjour, Monsieur. Répondit une petite voix.

Cela fit sursauter le Major. C'était une enfant, qui n'avait pas plus de dix ans vu sa voix. Elle semblait morte de peur.

Q regarda le numéro. Français. Puis il vérifia depuis quel téléphone il avait répondu : celui du MI6. Les chances que cette enfant ait fait un numéro au hasard pour l'embêter étaient nulles : le seul moyen d'avoir ce numéro était que quelqu'un intérieur au service l'ait entré dans le téléphone.

Sa curiosité éveillée, il ne raccrocha pas et écouta attentivement la petite voix.

- Ma... Ma maman m'a dit de vous appeler si jamais il lui arrivait quelque chose. Elle a mis votre numéro et ... Et elle a écrit Ma-Jor Booth-Royd - Q.

Si cette enfant appelait depuis un numéro français, il fut évident pour le chef de la Q-branch qu'elle était native de Grande-Bretagne : aucun accent, une prononciation parfaite malgré la peur. Mais cette histoire de mère laissant son numéro dans le téléphone était on ne peut plus saugrenue. Il chercha dans sa mémoire quelle agent ou membre du MI6 aurait pu avoir une enfant, et était parti en mission en France, ou alors avait émis sa démission. Il cherchait, l'avait sur le bout de la langue, mais ne parvenait à finalement attraper un nom.

- Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? Demanda-t-il tout en continuant sa réflexion.

- Elle n'est pas venue me chercher à l'école.

La réponse fit tousser le Major. Cela devait être une blague de très mauvais goût. Mais comme l'enfant semblait terrorisée, il ne vocalisa pas sa colère.

- Peut-être est-elle en retard ?

- Non. Répondit la petite avec fermeté. Ce n'est pas possible : ça ne correspond pas à son personnage de l'année. Son personnage est toujours à l'heure pour aller chercher sa fille car elle ne travaille pas. Si elle n'est pas là, ne m'appelle pas, alors il lui est arrivé quelque chose.

Le choix du mot 'personnage' étonna Q au plus haut point. Il n'y avait plus de doute : il avait sans doute affaire à l'enfant d'un agent retiré. Visiblement, il se cachait dans le monde avec son enfant, craignant quelque chose. Qui l'avait visiblement rattrapé.

Ce fut alors que le Major se souvint du nom.

- Ta mère ne s'appelait-elle pas Helen, par hasard ?

- Si. La petite était étonnée. C'est comme cela que je l'appelais à la maison.

- Helen... Répéta à voix basse le major.

Elle avait été l'un des meilleurs de la section Double-Zéro. Agent Double-Zéro-Deux. Elle avait démissionné à distance quelques temps après l'affaire Casino Royal. M, malgré ses efforts, ne l'avait jamais retrouvée. Maintenant ce serait le cas. Mais elle serait sûrement morte, car Boothroyd ne doutait plus de la parole de la petite à l'autre bout du fil. Tout concordait beaucoup trop pour qu'il s'agisse du farce.

- Raconte-moi ce qu'il s'est passé.

- Je suis sortie de l'école, mais maman n'était pas là. J'ai essayé de l'appeler, mais ça ne répondait pas. Et puis il y avait un homme bizarre de l'autre côté du trottoir. Il me regardait. Je ne pouvais pas voir son visage, il avait une écharpe, un chapeau et des lunettes de soleil. Tout ce que je peux dire c'est qu'il n'était pas très grand. J'ai décidé de rentrer seule, car cela allait faire bizarre si je restais seule. J'ai pris un chemin mais je me suis très vite aperçue que l'homme me suivait. C'est pour ça que j'ai peur. Alors j'ai fait pleins de petits détours. Je crois que j'ai réussi à le semer. Je suis rentrée à la maison mais maman était étendue sur le sol du salon. Je suis partie en courant et j'ai repris le métro. Sauf qu'il m'a retrouvée. Finalement je me suis encore débrouillée pour le semer dans la foule. J'ai peur qu'il me retrouve. Je ne sais pas quoi faire. D'habitude, dans les histoires de maman, vous lui donnez pleins d'objets et de gadgets comme des stylos explosifs pour qu'elle s'en sorte. Et puis vous vérifiez les caméras de surveillance pour elle. Mais moi je n'ai rien de tout ça. Je ne sais pas quoi faire.

La seule pensée un tant soit peu cohérente qui passa par l'esprit du major Boothroyd fut un juron accompagné de : "Elle sait pour le MI6".

- S'il-vous-plaît, aidez-moi.

Sans décrocher, Boothroyd alla vérifier s'il y avait un agent en France. Il continua de lui poser quelques questions et, à mesure qu'il s'apercevait de tout ce que savait l'enfant au sujet du MI6, il était de plus en plus évident qu'il ne fallait pas la laisser là où elle était. Il trouva finalement un agent en France. C'était parfait : 004 était actuellement à Paris. Alors il pria pour que cette gamine ne soit pas à Nantes, Lyon, Lille, mais bien dans la Capitale Française. M le tuerait si jamais elle apprenait qu'une gosse de dix ans qu'il avait eu au téléphone était en fait une armoire à secrets. Et la Fille d'Helen. Mais franchement, à quoi pensait l'ancienne Double-zéro ?

- Je vais essayer, lui répondit-il.

En tout cas, il ne pouvait nier qu'elle avait hérité du courage de sa mère : elle n'avait pas émis le moindre bruit ressemblant de près ou de loin à un sanglot; ce qui, à son âge, n'était pas évident.

- Où es-tu ? Demanda-t-il.

- Je me suis cachée dans le musée du Louvre. Il y a beaucoup de galeries, ça sera dur de me retrouver. Expliqua-t-elle.

Le major jubila : elle était à Paris ! Avec un peu de chance, il pourrait même tout régler depuis la Q-Branch, et n'aurait pas besoin de prévenir M avant que la fille soit en Angleterre. Là, la situation serait beaucoup plus simple.

- Même si c'était une erreur : il aurait pu m'attraper dans la queue. J'ai changé de veste pour être moins reconnaissable de dos. Continua-t-elle. Mais c'est quand même une erreur. Maman m'a toujours dit qu'une erreur pouvait être fatale en mission...

Boothroyd fut presque surpris que l'enfant ait prêté attention à ce détail qui aurait, effectivement, pu tout faire capoter. Mais il se reprit en se rappelant qu'il avait au bout du fil l'enfant d'Helen. Elle avait certainement préparé sa fille un minimum.

- Tu es bien cachée ?

Un petit bruit de confirmation lui parvient. Il lui demanda de rester patiente quelques minutes alors qu'il appuyait frénétiquement sur les touches de son clavier d'ordinateur. Ces machines n'étaient pas, de loin, ses préférées, mais il fallait admettre qu'elles étaient drôlement pratiques dans les situations comme celle-ci.

Sauf qu'au moment où il voulut envoyer un message ou appeler 004, un message s'afficha disant que l'agent ne pouvait être dérangé, et était en contact avec M. Il retint un nouveau juron. Il avait tellement espéré ne pas avoir affaire avec M alors qu'elle était de mauvaise humeur.

Finalement, il demanda à l'enfant de ne pas raccrocher et s'élança dans les escaliers, l'ascenseur prenant trop de temps à son goût. Pourtant, il hésita une fois arrivé devant le bureau de M. En ce moment, elle était vraiment de très mauvaise humeur. Alors, par sécurité, il demanda à la petite fille :

- Comment t'appelles-tu ?

- Depuis un an et quelque, c'est Kaley Mark, Monsieur. Mais, à la maison, maman m'appelait Emilie Fox.

Elle s'arrêta une seconde et confirma :

- Je préfère Emilie.

Boothroyd prit une inspiration et expliqua :

- D'accord Emilie : je dois parler avec quelqu'un qui est de très mauvaise humeur en ce moment, et qui risque de crier. C'est normal, d'accord ?

Il y eut un autre bruit de confirmation.

Et Q entra dans l'antre de M.

Celle-ci avait une oreillette et discutait avec le fameux 004. Elle faisait les cents pas et semblait préoccupée. Mains dans les poches de son manteau, elle se retourna brutalement pour perdre son regard dans la Tamise. Après quelques autres pas, Q put entendre une phrase, adressée à l'agent.

- Vous êtes certain que les agents ennemis ont disparu ?

004 lui répondit, et la réponse anxieuse de M ne tarda pas.

- Il est très étrange qu'ils soient parti en vous laissant sauf, 004. Très étrange. Qu'est-ce qui aurait pu les faire changer d'avis ?

Q ne pouvait toujours pas entendre ce que disait l'agent, mais il avait eu une très bonne idée du pourquoi tous les agents ennemis avaient changé de cap. Pour cela, il suffisait que l'homme ayant suivi Emilie soit leur chef ou quelqu'un de haut placé, et qu'il ait été très frustré de perdre la trace d'une simple gamine. Il supposait également que c'était eux qui avaient tué Helen. Le puzzle s'assemblait.

Sur une chaise, non loin, était assis Tanner, le jeune nouveau chef du personnel. Equipé d'une oreillette et d'un micro, il semblait concentré sur la conversation. Pourtant, contrairement à la chef du MI6, il remarqua Q et se leva avec un air inquiet. Il savait à quel point il était inhabituel de voir le Quartier-maître dans cette zone du bâtiment.

Tanner forma sur ses lèvres les mots "Tout va bien ? ", auxquels Q répondit par "Je dois parler à M".

Le chef du staff s'approcha donc de M et lui murmura quelques mots. Celle-ci se retourna vers Q. Ses yeux étaient réduits à deux fentes et elle écarta un instant son micro pour s'adresser au Quartier-maître d'un ton acide.

- Vous êtes prié de revenir plus tard, Major Boothroyd. J'ai autre chose à faire.

- C'est très important, argua-t-il.

- Comme toutes les choses dans ce bâtiment pour lesquelles on réclame mon attention, Major. Si vous voulez bien disposer, maintenant.

Et elle se retourna pour continuer à parler avec l'agent.

Tanner jeta un regard désolé à Q et haussa les épaules en signe d'impuissance. Il n'y avait rien qu'il puisse faire. Q allait répondre quand M se tourna à nouveau vers eux. Une fois de plus, elle écarta son micro pour le parler. Ses yeux lançaient des éclairs.

- Vous êtes tous deux priés d'aller faire vos âneries ailleurs. Leur lança-t-elle sèchement.

Tanner allait effectivement se diriger vers la sortie : il ne faisait pas encore le poids face à une M en colère. Mais le Major était là depuis trop longtemps pour céder dans un cas pareil.

- Je pense savoir pourquoi les agents ont changé de direction, annonça-t-il.

A ses mots, M pila avant d'entamer une rotation lente pour plonger ses yeux dans ceux du Quartier-maître.

- Ne quittez pas, 004, lui ordonna-t-elle lentement avant d'enlever son micro.

Un brasier s'était allumé dans ses yeux. Elle le foudroya du regard avant d'énoncer lentement.

- Vous avez dix secondes.

Conscient qu'il fallait mieux qu'il fasse vite, le major montra son téléphone et dit :

- Helen Sparrow est morte.

La nouvelle surprit M au plus au point. Elle écarquilla les yeux et laissa légèrement tomber sa mâchoire.

- Comment le savez-vous, Q ? Elle a disparu des radars il y a presque sept ans.

Derrière, Tanner restait bouche bée. Il avait entendu parler de cette agent et, même s'il ne comprenait pas grand chose, il savait que cela avait le potentiel de calmer M... Ou de la faire sortir de ses gonds d'une façon à laquelle il n'avait pas envie d'assister. Boothroyd prit une inspiration.

- Il y a une enfant qui m'a appelé il y a dix minutes.

- Une enfant ? Une enfant, Major ? Répéta M, toute sa colère retrouvée. Vous me dérangez pour une enfant qui vous appelle, sûrement pour faire une farce ? Vous ne vous êtes jamais dit qu'elle a peut-être entendu ce nom quelque part et a décidé d'appeler un numéro au hasard et de dire bonjour ?

Les dernières phrases étaient presque criées. Q avait beau s'y être attendu, il ne put s'empêcher d'être légèrement en arrière. M dégageait une telle présence et autorité qu'il était dur de ne pas se faire écraser quand on partageait la même pièce. Seul quelqu'un qui avait autant d'autorité pouvait tenter de résister. Derrière lui, Tanner essayait de se rapprocher discrètement de la porte et, si ce n'était pour quitter la pièce, au moins pour s'éloigner un peu de la patronne du MI6.

- C'est impossible M. C'est le numéro interne du MI6. Il faut l'avoir, ça ne se crée pas au hasard. (il s'arrêta une seconde avant de continuer, légèrement plus hésitant) Cela va peut-être vous surprendre M, mais Helen a eu une fille, et c'est elle que j'ai au téléphone. Helen Sparrow est morte, répéta calmement Q.

Les yeux de M se réduisirent à deux fentes. Pourtant, elle ne semblait être étonnée par la nouvelle. Loin de là.

- Bien-sûr qu'elle a une fille, Q. Donc je suppose qu'elle avait entré le numéro dans le téléphone en cas d'urgence. Vous pensez que ce sont les agents qui ont tué Helen, n'est-ce pas Major ?

- Oui. Mais il y a un autre petit problème...

Il s'arrêta encore, se demandant s'il devait informer M de l'étendue des connaissances d'Émilie à leur sujet mais, déjà, sa supérieure n'écoutait plus.

- Il n'y aura qu'à récupérer le corps, les informations que nous pouvons en tirer, et mettre la gamine à l'orphelinat. Marmonna-t-elle en faisant les cents pas. Nous serons tranquilles après ça.

- Ce dernier point risque d'être légèrement compromis, M.

- Oh, vraiment ? Un sourcil arqué, elle regardait son quartier-maître avec ironie. Et pourquoi cela ?

- Cette enfant... Émilie comme elle dit s'appeler... Elle est au courant du fonctionnement du MI6. Et pas qu'un peu.

Les yeux de M s'ouvrirent d'horreur. Le brasier dans ses yeux n'avait jamais été aussi terrifiant. Tanner se remercia d'avoir oublié d'enlever son casque audio car il amortit légèrement le choc sonore quand M hurla :

- PARDON ?

- Elle est au courant pour...

- J'ai très bien compris cela, Major. M jura à voix basse. Mais à quoi pensait-elle, bon sang ?

M se mit à s'agiter dans tous les sens, avant de s'arrêter, ses yeux regardant dans le vide :

- Dîtes-moi qu'elle n'est pas à Paris, Major Boothroyd. Dîtes-moi que ce n'est pas après elle que sont tous ces agents de Quantum.

- Elle a été suivie dès la sortie de son école. J'ai toutes les raisons de croire que c'est quelqu'un de bien placé dans Quantum. Il devait être furieux de s'être fait semé par une gamine alors... Il a effectivement dû appeler ses agents à l'aide. Oui, ils sont très probablement après elle.

D'un mouvement sec, M rattrapa son micro.

- Où ? Demanda-t-elle rapidement à Q.

- Musée du Louvre.

M se retourna vers la Tamise et mit à nouveau ses mains dans ses poches.

- 004 ?

- Oui M ? Répondit-il immédiatement.

- J'ai une autre mission pour vous. Abandonnez les agents de Quantum dans l'immédiat.

- Pardon ? Mais M ... ! Commença-t-il à protester.

- Si vous souhaitez vous venger du guet-apens dans lequel vous êtes tombé, il faudra attendre, 004. Même si vous risquez bien de croiser un ou deux agents en route. Mais votre attention ferait bien d'être concentrée sur la tâche que je vais vous assigner.

- Qu'est-ce qui est en jeu ?

- Oh, des informations importantes sur le MI6.

- Importantes ?

- Nous ne connaissons pas l'étendu des dégâts, mais les informations doivent être confidentielles.

- Qu'est-ce que je dois faire, M ?

Un petit sourire apparut sur le visage de la chef du MI6. Personne ne pouvait le voir dans la pièce, mais Tanner et Q purent le deviner au ton qu'elle utilisa ensuite.

- Du babysitting, 004. Du babysitting.

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Elle avait peur. Oui. La peur était sûrement l'une des seules choses qu'elle ressentait actuellement. Avec le froid. Mais la seule cachette qu'elle avait trouvé était à côté d'une bouche d'aération. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était au niveau du sol, mais ce n'était pas grave. Elle était plus ou moins bien cachée entre différentes vitrines, et pour la voir, il fallait le vouloir.

Emilie réfléchit.

Non, ce n'était pas tout. Il y avait aussi cette étrange sentiment. Une sorte de poussée d'adrénaline, d'excitation. Cela devait, d'ailleurs, être ça. Comme dans les histoires que lui racontait sa mère, alors qu'elle était espionne pour le MI6. Quand elle allait dirait tout ça !

Emilie se reprit avec effroi. Elle ne pourrai pas. Elle ne pourrai plus jamais rien lui dire. C'en était fini pour elle.

Elle dut se battre contre une larme. Non : sa mère disait que les espions ne pleuraient presque jamais, qu'ils chassaient leurs émotions. Elle était la fille d'un espion : elle ne pleurerait pas.

Et puis, le MI6 allait l'aider, non ?

Elle se le répétait en boucle, tentant de faire abstraction de tous les bruits l'entourant. Elle ne faisait attention qu'au téléphone. Et encore.

Emilie avait sursauté la première fois que la voix avait crié. Elle ne s'y attendait pas. Puis, pour ne pas trop s'ennuyer, elle écoutait les conversations. Il y avait au moins trois personnes, car celle qui s'appelait M avait demandé à Q et à quelqu'un d'autre d'arrêter leurs âneries. Ou du moins, c'est ce qu'elle avait cru comprendre : le son était mauvais. Elle était presque certaine de ne pas pouvoir reconnaître les voix si elle les rencontrait un jour.

Elle prit une autre inspiration.

On lui demanda un moment quel endroit elle avait choisi comme cachette. Regardant légèrement autour d'elle, elle repéra des objets romains : elle en avait déjà vu dans les livres d'histoire. Elle répondit. Puis on lui demanda d'attendre, alors elle attendit. Ses yeux se fermèrent quelques secondes de fatigue.

Mais elle fut forcée de les rouvrir quand une main attrapa son bras. Un homme grand, en smoking, l'avait forcée à se relever. Sa peur l'empêcha de réfléchir plus. Immédiatement, elle prit un air effrayé et hurla "Derrière vous !". L'homme se retourna dans la seconde, et lui donna un coup avec son talon, visant la racine du pied. Le coup n'était pas très puissant, mais la surprise et la douleur le forcèrent à se plier sur lui-même. Poursuivant instinctivement l'enchaînement que se mère lui avait apprise, Emilie enchaîna avec un coup de coude qui atterrit dans le visage de l'homme. Celui-ci partir en arrière et elle partit en courant dans la suite des rayons. Il lui fallut quelques secondes pour se ressaisir, mais l'homme la rattrapa très rapidement. Tenant Emilie avec beaucoup plus de forces et de précautions, il lui jeta un regard sévère avant de dire :

- Dîtes-moi, M, elle a vraiment un sale caractère.

- Vous lui avez fait peur ?

L'agent prit une tête perplexe.

- C'est possible, finit-il par répondre.

- Dans ce cas c'est un peu normal, 004.

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Un agent de Quantum, deux heures et demie de train et une demie-heure de voiture plus loin, Emilie se retrouvait dans une pièce sans personnalité, vide. Assise sur une chaise. Et elle attendait que quelque chose se passe.

Elle ne pouvait pas vraiment le savoir, mais deux personnes l'observaient de l'autre côté d'un miroir sans tain.

M et Tanner observaient ses moindres réactions avec attention.

- Qu'est ce que nous allons faire d'elle ? Interrogea ce dernier.

- A voir. Je ne sais pas encore combien de choses elle sait. C'est le problème. Je me demande encore à quoi pensait sa mère en lui emplissant le crâne ainsi.

- Peut-être voulait-elle être certaine que nous allions faire attention à elle si il lui arrivait quelque chose ? Suggéra Tanner.

M grogna.

- Elle en aurait bien été capable.

A ce moment, une femme arriva et donna un dossier à M avant de partir.

- Les premiers résultats, annonça M en parcourant les feuilles. Pas de sang, pas de traces de balles. Accident exclu. Conclusion pour le moment : empoisonnement. Ils n'ont pas encore les résultats de l'autopsie. Malheureusement pour nous, le tueur n'a laissé aucune trace. Nous avons nos idées bien-sûr, mais aucune piste confirmée. Cela aurait été beaucoup trop beau, conclut-elle en mettant le dossier à part.

Tanner, quant à lui, regarda sa montre. Techniquement le psychologue n'allait pas tarder.

La porte s'ouvrit, mais ce fut sur 004. Il avait à la main une peluche qu'il tendit à Emilie.

- Tiens, je t'ai trouvé ça.

La tête d'Emilie aurait pu faire rire M, si la situation lui avait permis. Visiblement, elle trouvait cela horriblement déplacé qu'on lui donne une peluche. M masqua son amusement et ne laissa qu'un minuscule sourire en coin traverser son visage : elle était certaine qu'Helen aurait réagi pareil si, à cet âge, on lui fait la même chose. Etrangement, la chef du MI6 sentait presque un pincement au coeur en voyant à quel point l'enfant ressemblait à sa mère. Peut-être étai-ce parce qu'Helen l'avait suivie durant de nombreuses années, même sur différents postes ? Une sorte de lien basé sur le respect et la confiance avait dû se créer. Sûrement.

Finalement, voyant qu'elle ne faisait aucun geste pour prendre le lion en peluche, l'agent lui mit dans les mains avec un "Eh puis zut !", avant de partir.

Voyant comment Emilie regardait autour d'elle, M se demanda un instant si elle allait tenter de se débarrasser discrètement de l'animal. Puis le psychologue entra. La première question qu'il lui posa fut :

- Tu aimes ta peluche ?

Le regard qu'elle lui jeta valut de l'or, même pour Tanner qui ne put retenir un sourire.

M resta concentrée sur chaque réponse, mais ne put s'empêcher de faire des liens entre les réactions de son ancienne agent et celle que sa fille avait aujourd'hui.

Quand le psychologue laissa Emilie seule, M regarda Tanner avec étonnement. Celui-ci lui rendit.

- J'ai l'impression que cela va plutôt bien, pour quelqu'un qui a vu sa mère et un homme se faire tuer, sans parler de se faire suivre dans la rue et de se planquer dans un musée, dit-il.

- Mes impressions également.

Ils n'attendirent qu'une autre minute avant que le psychologue les rejoignent, consultant ses notes.

- Alors ?

- Eh bien, M, je la trouve plutôt en bonne forme... S'il y avait un programme Double-Zéro pour son âge, je vous dirai qu'elle peut y participer. C'est assez étonnant, je dois dire.

- Est-elle en état suffisant pour que nous puissions l'interroger ?

Le psychologue rajusta ses lunettes, et lança un regard de travers à la femme en face de lui.

- Vous êtes consciente qu'elle n'a que dix ans ?

- Vous êtes conscient que cela ne vous concerne pas, docteur ?

Celui-ci parut hésiter, avant de dire :

- Tout dépend de ce que vous voulez dire par interroger. Mais lui poser des questions passera sans aucun problème.

- Merci docteur, ça sera tout.

Le psychologue sortit, et M regarda une dernière fois par le miroir.

- Il me semble que c'est à mon tour d'entrer en scène, dans ce cas.

Tanner lui jeta un regard dubitatif à peine masqué tandis qu'elle se dirigeait vers la porte.

##

Emilie avait sommeil. Si elle n'avait pas su que ce n'était pas fini, elle se serait sûrement endormie sur sa chaise. L'adrénaline retombée n'aidait pas vraiment à rester éveillée.

La porte s'ouvrit ensuite sur une vieille dame. Elle ne paraissait pas menaçante : ses traits de visage étaient détendus, ses yeux bienveillants, son expression dépourvue de sérieux morbide au contraire de celle du psychologue. Ses épaules n'étaient pas redressées. La vieille dame n'était pas bien grande et ne devait pas dépasser le mètre cinquante-cinq, si l'on demandait l'avis d'Emilie.

Elle inspirait chez l'enfant une sensation de calme et de gentillesse.

Pourtant, sans qu'elle l'ait jamais vue, cette dame disait quelque chose à Emilie. Elle fouilla son esprit pour tenter de faire correspondre la description.

- Bonsoir, lui dit la dame, en faisant quelques pas dans la pièce.

Mais elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit, car Emilie la coupa.

- Vous êtes M, affirma-t-elle.

La vieille dame en fut étonnée, si bien qu'Emilie se demanda si elle ne s'était pas trompée.

Mais c'était avant qu'elle ne se redresse.

Un brasier de colère luisait dans ses yeux, et tout changea. A ce moment, elle comprit pourquoi cette dame était à la charge d'une organisation entière d'espions. Et surtout, Emilie comprit pourquoi elle se faisait obéir.

C'était plus impressionnant et effrayant que dans les histoires de sa mère.

Pourtant, sa colère ne se déversa pas sur elle.

- TANNER ! Rugit-elle, en se tournant vers la porte.

L'instant d'après, un jeune homme arriva avec un air qui disait qu'il se savait en position difficile.

- Comment avez-vous pu lui dire que j'allais la voir ?

- Mais... Commença-t-il à protester.

- Il n'y a pas de mais, Tanner ! Vous n'allez pas me faire avaler qu'elle l'a deviné ! Alors, était-ce vous ou 004 ? J'attends une réponse !

Le pauvre Tanner semblait perdu.

Et même si cette M lui faisait peur, Emilie décida d'essayer de défendre Tanner, qu'elle trouva sympathique. Prenant tout ce qui lui restait de courage, elle dit à voix basse :

- Il ne m'a rien dit, Madame M. C'est maman qui m'a dit comment vous étiez.

A sa surprise, les adultes l'avaient entendu, et M se tourna vers elle en fronçant les sourcils.

- Pardon ?

- C'est... C'est ma maman qui m'a tout dit. Elle... Elle me racontait ses histoires d'espion avant de dormir. Elle... Elle m'a dit plusieurs fois à quoi vous ressembliez. Même si vous faisiez moins peur dans ses histoires.

Les deux adultes en restèrent cois. Sa mère lui racontait ses missions pour dormir le soir ? C'était ... inhabituel. Mais surtout, cela posait la question de l'étendue de ses connaissances. Encore.

Lentement, M alla s'asseoir sur la chaise en face d'Emilie.

- Tu vas devoir nous dire tout ce que tu sais. Pour ta sécurité.

- Je... Je ne sais pas vraiment par où commencer, Madame...

- Essayons ainsi, soupira M, je te donne des mots-clés et tu me dis s'ils te disent quelque chose.

Emilie hocha la tête et M commença :

- Q.

- Le monsieur du téléphone. Il fait pleins de gadgets et aident pour les missions.

- M.

- Vous.

- Oui, bien-sûr, rigola-t-elle, mais que sais-tu sur moi ?

- Vous êtes très intelligente... Emilie s'arrêta, plissant le front. Vous êtes la chef du MI6... Vous dirigez parfois les missions à distance... Et euh... Il paraît que vous criez beaucoup...

Derrière, Tanner réprima un rire, ce qui lui valut un regard noir de sa patronne, qui l'avait vu.

- Ellipsis.

Les yeux d'Emilie s'illuminèrent.

- L'une de mes préférées ! Il y avait un poseur de bombes qui voulait faire exploser un avion pour gagner plein d'argent car il avait calculé que cela le rendrait plus riche, mais un agent a empêché ça. Du coup il y a eu une partie de poker géante et...

- Stop. L'interrompit M. C'est suffisant. Quantum ?

- Les méchants de tout à l'heure. Ils ont une grande organisation. Ils disaient qu'ils voulaient faire du bien à la planète mais en fait, ils achetaient des terres avec des choses plus rare que le pétrole pour devenir riches. Ils finançaient aussi les vilains qui voulaient gouverner leur pays. Je crois que ça s'appelle un dic-ta-teur. On a vu ça en histoire. Et je sais plus pourquoi mais il y avait aussi une histoire de Sibérie...

- De Sibérie ? Demanda M, étonnée.

- Oui, je ne sais plus pourquoi mais je pense à la Sibérie... Fit Emilie, toute penaud. Enfin...

- Dominic Green ?

- C'est le chef de Quantum. Il est français et très pénible. Je crois, ajouta-t-elle.

Tanner lança un regard étonné à M, mais elle était trop occupée à fixer l'enfant en face d'elle.

- Mister White ?

- Il faisait pas le lien entre Quantum et autre chose ? Je sais plus, j'ai un trou de mémoire, s'excusa-t-elle en secouant la tête.

- Shanghai ?

- Je crois que c'est parce que vous étiez chef là-bas, non ?

- Chef du Staff ?

- Villiers, répondit-elle avec assurance.

Puis en voyant le regard que M et Tanner échangèrent, elle comprit qu'elle avait eu faux.

- L'erreur est compréhensible : Tanner ici présent n'était pas encore là quand ta mère est partie. D'ailleurs, que sais-tu à son sujet ?

- Elle me disait que c'était l'ancienne agent 002. Elle a fait pas mal de missions un peu partout... Elle m'a raconté plusieurs fois comment vous fonctionniez... Il y a un peu trop de choses dans ma tête... Et je suis fatiguée... Lâcha Emilie dans un petit bâillement.

M comprit qu'elle devrait faire vite.

- Ta mère a-t-elle changé de comportement avant aujourd'hui ?

- Je... Ne ... Sais pas... Je crois qu'elle avait plus peur et qu'elle me demandait plus souvent si j'avais mon téléphone avec le numéro... Et je crois qu'elle était de plus en plus fatiguée. Elle ne sortait presque plus.

M et Tanner échangèrent un autre regard. Pour eux, cela confirmait la thèse de l'empoisonnement. Mais restait à savoir comment. Seulement, M comprit qu'elle n'arriverait pas à tirer quoique ce soit d'autre de l'enfant à ce sujet : visiblement et bien évidemment, elle était plus perdue qu'eux.

- Et tu n'as pas de famille ? Demanda toujours M, cherchant désormais une solution potable pour caser l'enfant.

Un signe de négation et un bâillement lui répondirent.

- Et ton père ?

- Je n'ai pas de père, répondit-elle tout simplement. Maman dit qu'il est mort très peu de temps après que je sois née. De toute manière, je crois qu'elle a aussi dit qu'il ne savait pas que j'existais alors cela ne changeait pas grand-chose.

M se leva et elle dit quelques mots à Tanner qui parut être d'accord. Il sortit tandis que M regardait Emilie.

- Qu'est-ce que je vais faire ? Demanda cette dernière. Est-ce que tout va s'arranger ?

Pour la seule et unique fois de ce qui allait devenir, des années plus tard, une très longue relation professionnelle et, parfois, amicale, M sourit et son expression se radoucit totalement.

- Everything is going to be okay, Emilie. Lui dit-elle.

Instantanément, Emilie la crut. Pour la première fois depuis plusieurs heures, elle eut également la certitude que tout se passerait bien.

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Quand M sortit, Tanner l'attendait. Ils se dirigèrent ensemble vers le bureau de la patronne. Malgré lui, Tanner s'arrêta.

- Qu'est-ce que nous allons faire d'elle, M ?

Elle se retourna avec un air déterminé et dit, sur un ton qui ne laissait place à aucun doute.

- Nous allons trouver.

Ils firent quelques autres pas, et M brisa une dernière fois le silence.

- En attendant, une chose est certaine : nous ne pouvons pas nous débarrasser d'elle comme ça dans n'importe quel orphelinat.

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Merci d'avoir lu, n'hésitez pas à me donner votre avis !

Aurore'

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