Minho faisait les cent pas dans le couloir de l'hôpital. Il s'en voulait tellement, il ne pouvait pas s'empêcher de se reprocher ce qui s'était passé.

Dahyun, jusque-là assise sur une chaise, hésita quelques instants avant d'aller s'enrouler autour du corps de son père alpha.

— Ça va aller pour Papa ? demanda-t-elle d'une petite voix.

Son autre père se baissa à sa hauteur pour la serrer dans ses bras.

— Ça va aller, les médecins s’occupent de lui et je suis sûr qu’on pourra bientôt le voir.

Il n’en avait aucune idée mais il ne pouvait pas dire à la fillette qu’il était lui aussi terriblement inquiet.

Pourquoi avait-il fallu que Minho cède aux demandes de Jisung ? Bon, il était vrai que depuis le début de la grossesse de l’oméga, il n’avait plus rien su lui refuser, mais là, à quelques semaines du terme, il aurait dû lui dire non. 

— Monsieur Lee ?

Minho se redressa pour apercevoir un homme bêta grisonnant en blouse blanche s’approcher de lui, suivi par une infirmière, bêta elle aussi. Ils venaient de sortir de la pièce dans laquelle Jisung avait été emmené un peu plus tôt et l’alpha les rejoignit à mi-chemin.

— Oui ? Comment va-t-il ? On peut le voir ?

Le docteur eut un petit rire.

— Oui, il va bien, dit-il avant de jeter un coup d’oeil à Dahyun. Mais est-ce que je peux vous parler quelques minutes en privé ?

Il indiqua à l’infirmière de s’occuper de la fillette le temps qu’il discutait avec son père.

— Je reviens tout de suite Dada, dit Minho avant de suivre le médecin un peu plus loin.

— Viens, on va aller te chercher quelque chose à boire, dit la bêta en invitant Dahyun à la suivre.

Le petite brune se laissa guider, comprenant bien que son père devait avoir une conversation d’adulte avec le docteur. Ce dernier s’installa avec Minho dans un coin de couloir donnant sur un petit jardin intérieur, il n’y avait personne aux alentours. 

— Vous pourrez voir votre lié bientôt, nous avons encore quelques examens à lui faire mais tout ira bien. Par contre nous allons devoir le garder en observation au moins vingt-quatre heures au cas où il perdrait les eaux plus tôt que prévu.

— D’accord, je comprends. Est-ce que c’est à cause de…

— Les contractions dues à un orgasme peuvent en effet déclencher un accouchement, expliqua le bêta en comprenant bien où Minho voulait en venir. Il n’est pas rare que des omégas en fin de grossesse accouchent juste après un rapport sexuel.

Gêné, l’alpha fixa le sol tel un enfant qui aurait fait une bêtise et qu’on aurait pris la main dans le sac.

— Vu son état, on aurait peut-être pas dû…

— Écoutez, lui dit le médecin sur un ton qui se voulait rassurant et bienveillant, votre lié est en bonne santé, sa grossesse s’est bien déroulée, elle n’est pas à risque, La plupart des couples ont une vie sexuelle active jusqu’à un stade avancé de la grossesse et ça n’est ni honteux ni dangereux. Bien au contraire, ça leur permet parfois de vivre une grossesse bien plus épanouie.

Minho hocha lentement la tête, les propos du bêta le rassuraient et le soulageaient un peu, il se sentait désormais un peu moins coupable.

— On s’est inquiétés parce que les contractions étaient plus rapprochées et elles duraient plus longtemps que d’habitude, lui sembla-t-il bon de préciser.

— Vous avez bien fait, on ne sait jamais, et parfois on peut confondre le liquide des omégas avec la perte des eaux et vice-versa alors il est préférable de venir à l’hôpital pour vérifier. La poche des eaux n’est pas rompue ici mais comme votre lié est presque à terme, nous ne sommes pas à l’abri qu’il accouche plus tôt que prévu. 

— Et ça serait gênant ? 

— Non, pas à ce stade de la grossesse, votre bébé est déjà parfaitement développé, à trois semaines du terme on ne considère plus ça comme un accouchement prématuré. En plus ça n’est pas sa première grossesse alors il n’y a pas de raison pour que ça se passe mal. Nous avons fait une échographie de contrôle, votre bébé fait une bonne taille et un bon poids. Il est peut-être dans la moyenne basse mais tout va bien. Le père est en bonne santé et se porte bien également. Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. 

Minho sentit un poids lui être ôté des épaules et il expira tout l’air de ses poumons comme s’il avait retenu sa respiration pendant un long moment. 

— Merci beaucoup Docteur. Je peux le voir ?

— Oui bien sûr. Et si vous avez la moindre question ou inquiétude, n’hésitez pas, nous sommes là pour vous aider. 

Ils se levèrent en même temps et Minho s’inclina bien bas avant de retourner dans le couloir pour récupérer Dahyun. Celle-ci l’attendait sagement en compagnie de l’infirmière qui lui avait gentiment donné une briquette de lait à la fraise qu’elle était justement en train de terminer. 

— Papa ? fit-elle en le voyant s’approcher. On peut aller voir Papa maintenant ?

— Oui, dit-il en lui tendant la main, viens on y va.

Il remercia la bêta d’avoir surveillé sa fille et ils entrèrent dans la chambre. Jisung était allongé sur son lit d’hôpital, une perfusion et un tas d’autres capteurs branchés à son corps.

— Papa ! s’exclama Dahyun en courant vers le lit. Tu vas bien ? T’as pas mal ? Et le bébé, il va bien ? 

L’oméga eut un petit rire et indiqua à la brunette de monter sur le lit. Elle s’exécuta après avoir retiré ses chaussures et alla se blottir dans les bras de son père en prenant bien garde à ne pas toucher sa perfusion.

— Tout va bien Dada, t’inquiéte pas.

Il lui caressa doucement les cheveux d’une main et tendit l’autre vers Minho pour l’inviter à se rapprocher. L’alpha ne se fit pas prier, il déposa un baiser sur les lèvres de son lié avant de s’installer dans le fauteuil à côté du lit pour lui prendre la main.

— Tu te sens mieux ? demanda-t-il doucement en allant caresser son ventre de sa main gauche.

— Hum oui, ça fait mal mais c’est une douleur qu’on oublie vite. 

— J’ai parlé au médecin, il m’a dit qu’il n’y avait pas de soucis à se faire.

— Il m’en a parlé aussi… j’ai été obligé de lui dire comment c'était arrivé… marmonna Jisung en essayant de cacher le rouge qui lui montait aux joues. Enfin c’est bien la première fois qu’une partie de jambe en l’air me conduit à l’hôpital.

Minho ne put s’empêcher de rire avant de se pencher pour embrasser à nouveau son lié.

— Je t’aime.

— Je t’aime aussi.

— Moi aussi je vous aime, fit la voix de Dahyun.

Elle avait passé l’après-midi chez son amie Chaeyoung, ses deux pères en avaient donc profité pour passer un peu de temps tous les deux. Ce n'était pas la première fois qu’ils couchaient ensemble pendant la grossesse de Jisung, l’oméga savait que les orgasmes lui déclenchaient des contractions mais qu’elles disparaissaient après quelques minutes. Pourtant cette fois, ça avait duré bien plus longtemps que d’habitude et il avait commencé à s’inquiéter une fois l’euphorie du moment redescendue. Minho l’avait immédiatement conduit à l’hôpital et avait demandé à Madame Son si elle était d’accord pour déposer Dahyun là-bas en fin d’après-midi puisqu’il n’y aurait personne à la maison. 

— Il va bientôt arriver le bébé ? demanda-t-elle en se redressant. 

— Dans trois semaines normalement, fit Jisung en touchant son ventre, ou peut-être un peu avant. 

— Tu rentres avec nous à la maison ce soir ou tu dois rester là ? demanda sa fille en essayant de sentir le bébé à son tour.

— Tu vas rentrer avec Minho, moi je dois rester ici jusqu’à demain au moins.

— Tu veux que je te ramène des affaires ?  demanda l’alpha.

— Non c’est bon, j’ai pris mon sac en partant, ça ira jusqu’à demain.

Minho profita que Dahyun était partie faire un tour dans la salle de bain pour aller embrasser son lié.

— J’ai pas envie de rentrer à la maison sans toi, murmura-t-il contre ses lèvres.

Jisung couina en passant ses bras autour de ses épaules.

— Moi non plus, mais tu peux pas rester ici, et Dada non plus, elle a école demain…  dit-il en invitant clairement son alpha à embrasser sa marque. 

Minho pressa volontiers ses lèvres dans le cou de son lié qui frissonna dans ses bras.

— Encore… minauda Jisung.

— Nan, t’as eu ton quota de sensations pour la journée je pense. 

L’oméga fit la moue et Minho déposa un petit bisous sur sa bouche. 

— T’es sûr que tu veux pas que je reste ? Je peux appeler Jeongyeon pour qu’elle garde Dada cette nuit et-

— Non Minho, ça va aller, rentre à la maison, occupe-toi de Dada. Elle le montre pas mais elle est super inquiète, elle a besoin de son père alors tu vas rester avec elle. 

— Ok… Mais tu m’appelles si ça va pas d’accord ?

— Promis. Et j’ai donné ton numéro à l’infirmière en arrivant, t’es la personne à contacter en cas d’urgence.

L’alpha se redressa, feignant d’être outré.

— J’espère bien que c’est moi la personne à contacter en cas d’urgence !

Dahyun revint au même moment dans la pièce.

— Papa j’ai rangé tes affaires dans la salle de bain.

— C’est gentil Dada, t’es la meilleure. 

— Tu dis au revoir Dada ? demanda Minho. On va laisser ton père se reposer et on reviendra le voir demain.

La fillette hocha la tête et alla faire un câlin à Jisung pendant une bonne dizaine de minutes. Elle déposa un bisou sur la joue de l’oméga une fois qu’elle eut fait le plein de câlins et descendit du lit. Minho se pencha à son tour pour embrasser son lié et lui murmurer à quel point il l’aimait.

— On se voit demain ? 

Jisung hocha la tête.

— Bonne nuit.

— Bonne nuit Papa ! À demain !

Une fois dans la voiture, Dahyun se mit presque en boule sur son siège et Minho s’en inquiéta aussitôt.

— Tu veux qu’on sorte manger quelque part avant de rentrer ? Ou bien qu’on se fasse livrer quelque chose à la maison ? demanda-t-il pour parler d’autre chose.

— Il va manger quoi Papa à l’hôpital ?

— Je sais pas, ce que les cuisines ont prévu, si tu veux tu pourras lui envoyer un message plus tard pour lui demander ce qu’il a mangé ?

— Mais si je lui envoie une photo de ce que nous on va manger, tu crois pas que ça va le rendre triste ?

Minho réfléchit quelques instants.

— Je suis certain qu’il sera content de savoir que tu as bien mangé. Mais au fait, tu m’as pas raconté ce que tu avais fait chez Chaeyoung ? C’était bien ?

Le visage de sa fille s'illumina presque instantanément et elle entreprit de lui faire le compte-rendu de son après-midi. Ils se décidèrent ensuite à finalement dîner dans un fast-food et Dahyun fût rassurée lorsque Jisung lui envoya un message pour lui dire qu’il avait bien mangé lui aussi. Ils rentrèrent ensuite à la maison qui leur parut bien vide sans la présence de l’oméga. 

Minho avait changé les draps du lit, chose qu’il n’avait pas eu le temps de faire avant de partir pour l’hôpital, pendant que Dahyun prenait sa douche et préparait ses affaires pour aller à l’école le lendemain. Elle venait d’entrer au collège et l’alpha avait encore du mal à se dire que la petite fille de sept ans qu’il avait rencontrée trois ans auparavant était désormais une pré-adolescente. Certes elle était sa fille, il l’avait légalement adoptée, mais il ne pouvait s’empêcher de regretter de ne pas avoir pu faire partie de sa vie plus tôt. Il avait manqué beaucoup d’étapes de sa vie et avait toujours peur que Dahyun ne le considère pas vraiment comme son père. En plus, maintenant qu’il allait avoir un enfant biologique, il craignait que ça ne fasse qu’agrandir le fossé entre sa fille adoptive et lui. Il s’était juré de ne pas faire de différence entre les deux enfants, mais ça c’était en théorie.

Minho soupira alors qu’il venait de surmonter la terrible épreuve de la housse de couette et fit le lit à peu près correctement, perdu dans ses pensées.

— Papa ?

Il leva la tête vers Dahyun, plantée à la porte de la chambre.

— Oui Dada ?

Sa fille pinça les lèvres et s’avança timidement, ses mains très occupées à triturer les manches de son pyjama. 

— Ça va pas ? s’inquiéta l’alpha en faisant le tour du lit pour la rejoindre.

— Si ça va… c’est juste que… Je sais que je suis grande maintenant mais…

Elle expira un grand coup avant de serrer Minho dans ses bras.

— Tu crois que je peux dormir avec toi cette nuit ?

Son père lui caressa gentiment le dos et déposa un baiser dans ses cheveux. Jisung avait raison, elle avait beau ne rien laisser paraître, Dahyun était anxieuse à l’idée de savoir son père à l’hôpital malgré le fait que ses parents n’avaient cessé de la rassurer.

— Bien sûr ma chérie, aucun problème.

× à suivre ×