PDV Alinor.

Cela fait plusieurs minutes que mon téléphone sonne juste à côté de mon visage. Ce connard n'a visiblement pas décidé de s'éteindre tout seul. Alors avec toute la haine du monde, et plus précisément pour m'avoir réveillée de ce si doux sommeil, j'attrape cet objet satanique et je réponds.

-Quoi !

J'hurle dans le combiné en crispant mon visage de fatigue et je souffle, en crachant limite mes poumons, sur les cheveux qui me tombent sur le visage.

-Doux Jésus, Alinor !

Et puis, sans grande surprise, je me calme d'un seul coup. Ma mère. Putain.

-Oh... Hey... Salut maman.

-Sainte mère du Christ ! Mais où diable es-tu passée ?!

Je me frappe le visage à l'aide de ma main libre. Ma mère invoque le Christ, ce n'est pas bon signe.

-J'ai... en fait, je me suis pris des petites vacances.

-Excuse-moi ?

-Écoute maman... Il me reste une petite semaine de tranquillité alors j'en profite pour me détendre... et voyager un peu. J'ai 21 ans !

-Mais où es-tu ? Cette dernière semaine devait être destinée au travail. Tu te rappelles que tu passes un concours en fin d'année ou bien tu te fiches de moi ?!

-Je le sais...

-Non, mon dieu, bien-sûr que tu ne le sais pas !

-Maman.

-Où es-tu ?

-Tu vas très mal le prendre si je te le dis.

-Alinor Elisa Anderson !

Mon nom en entier. C'est très très mauvais.

-Je suis à New-York.

Je n'entends plus rien du tout et je me mets à regarder l'écran de mon téléphone pour vérifier que la ligne n'a pas été coupée.

-AAH !

Ouais, heureusement que je n'ai pas gardé le téléphone à l'oreille. Je vous jure qu'après le hurlement de ma mère, je serai sourde à l'heure actuelle.

-Maman, calme-toi, je rentre dans...

-Chérie... Que se passe-t-il ?

Mon père est arrivé. Je suis dans une énorme merde, elle-même à l'intérieur d'une autre énorme merde.

-Ta fille est partit à New-York. Ta fille est partit à New-York. Ta fille est partit à New-York !

-Oh parce-que maintenant c'est MA fille..!

-C'est la tienne lorsqu'elle fait des bêtises pareilles !

-La cerise sur le gâteau... C'est la cerise sur le gâteau ! Alinor ?!

Mon père a prit le téléphone pour me parler.

-Euh, oui ?

-Est-ce que c'est vrai ? Tu es à New-York ?!

-Oui, papa...

Je soupire.

-Mais qu'est-ce qui t'es passé par la tête pour que tu ai une idée pareille ?!

Au ton de sa voix, mon père à l'air affolé.

-J'avais envie de changement, je l'ai fais sur un coup de tête.

-Mais es-tu folle ? Je t'envois un autre billet d'avion illico.

-Non ! J'en ai un mais il est pour dimanche matin.

-Tu restes toute la semaine ? Dites-moi que c'est une blague !

-Bah... non, c'est pas une blague.

-Alinor, tu es en plein dans tes études !

-Je le sais !

Je me mets à hausser le ton moi aussi. Si l'un de nous deux ne raccroche pas, la conversation va se transformer en dispute.

-Mon dieu... Seigneur... comment ai-je pu avoir une fille pareille ?

J'entends ma mère en bruit de fond et je roule des yeux en l'imaginant, comme à son habitude, les mains dans les cheveux et faisant les cent pas dans le grand salon.

-Chérie, calme-toi !

Mon père soupire.

-Elle est peut-être dans sa période, c'est pour cela qu'elle agit de manière impulsive ! Demande-lui si elle a ses règles !

Je roule encore des yeux avant de marmonner.

-Non maman, je ne suis pas dans ma "période" !

-Alinor, nous ne pouvons juste pas te laisser là-bas alors que tu dois...

Je souffle bruyamment et je raccroche. Bordel ! Toutes nos conversations sont toujours basées sur mes études. Encore, encore, encore et toujours.

Il y a 3 ans, je leur ai dis que je voulais devenir écrivaine. Mes parents ont ris et depuis, je ne leur ai jamais laissé lire ce que j'écrivais. Je sais qu'ils ne voulaient pas être méchants avec moi. Mais si je leur explique que je suis vraiment sérieuse et que devenir écrivaine est ce que je veux réellement faire... je pense qu'ils vont très mal le prendre. C'est aussi une des raisons pour laquelle je suis venue à New York. Je veux voir de nouvelles choses, de nouveaux paysages. Je veux m'en inspirer pour mes écrits.

Mes parents ne sont pas pauvres. Mais ils ne sont pas riches non plus. Je dirais que nous sommes dans la moyenne mais avec quelques points de plus niveau richesse. Ils sont tous deux avocats. Méprenez-vous, être avocat n'est pas un job de "riche". Au contraire, ceci est une rumeur. La plupart des avocats ont un loyer comme les autres.

Malgré tout, être avocat à engagé mes parents dans un chemin de "riches" comme j'aime le dire très souvent. Ils fréquentent des gens aisés. Et je ne peux pas mentir là-dessus.

Bref. Il est 9h et je n'ai pas payé pour avoir le petit déjeuner à l'hôtel. Bravo Alinor ! Vraiment, bravo !

Je me lève, complètement jet-laguée. À Londres, il doit être environ 15h. J'en conclus donc que mes parents ont prit... 8h pour comprendre que j'étais partis. Génial, appelez-moi Invisible Woman.

Après m'être lavée et habillée, je suis enfin dehors. Merci mon dieu, nous sommes en Mai et le soleil tape sur New-York. Il ne pleut pas et il fait doux. Je prends le temps d'observer l'hôtel où je vais rester pendant une semaine : The Bowery House. Pour être honnête, c'est un très bon hôtel malgré le bas prix de la chambre. Au moins une bonne affaire dans tout mon petit merdier !

Juste à côté du grand bâtiment, il y a un petit restaurant chinois. Encore quelque chose de bien ! J'adore la nourriture chinoise.

Mais bon, pour le moment j'ai faim. Alors, je me mets à marcher tranquillement dans la ville. Le décor est fortement différent de celui de Londres. Premièrement, il n'y a plus tous ces grands bus rouges que je prenais tous les jours. Ensuite, il y a pleins de taxis jaunes ici... ces fameux taxis new-yorkais. Et pour finir... j'ai faim.

Sans vraiment y réfléchir, je me retrouve devant le grand Brooklyn Bridge. Mais bizarrement, il n'est pas comme je l'avais imaginé. Au fait, il n'est pas vraiment grand... ce n'est qu'un pont. Mais ça ne m'empêche pas de prendre une photo. Je tiens aussi à préciser que j'adore prendre des photos. Tout le temps. 

Je peux enfin respirer lorsque j'aperçois un Starbucks non loin de l'endroit où je me trouve. Merci Jésus. Enfin de la bouffe... Merde, je commence à invoquer le Christ comme ma mère. 

Étrangement, je perçois une foule de personne près du port. Il y a des filles qui crient comme des folles et je suis un peu curieuse de savoir qui peut bien les rendre aussi hystériques. Mais, la bouffe m'attend ! Alors, je n'y fais pas plus attention que ça et j'entre dans le restaurant. Comme à mon habitude d'addict aux Starbucks, je me prends un chocolat viennois avec mon fameux muffin tout chocolat. Mon dieu, j'en salive déjà... chocolaaaat. Le chocolat c'est mon péché mignon. Je pense que je serais capable de tuer pour en avoir. J'adore le chocolat. Voilà.

Lorsque j'arrive à la caisse pour payer, j'entends la foule à l'extérieur se déplacer, un air un peu déçu sur le visage. Et j'ai juste envie de leur dire... "venez donc vous nourrir ici ! La nourriture, y'a que ça de vrai !" Pourquoi ces gens ne comprennent pas ça..?

Mais c'est lorsque je fouille dans mon sac pour en sortir mon porte monnaie que je panique. Non... ne me dîtes pas que j'ai fais ça..?

Le petit serveur devant moi m'observe avec un air intrigué alors que je retourne mon sac pour trouver mon argent. Je sors toutes mes affaires devant lui, alors qu'il me sort un air surpris. J'ai un baume pour les lèvres, un stylo, des bons de réduction pour je ne sais quoi, un joli porte-clé en forme de chaton... oh, j'ai aussi un tampon !

-Bordel de merde ! Je râle en fouillant partout... Mais évidemment, j'ai bien oublié mon argent à l'hôtel.

Encore bravo Alinor ! Vraiment..!

-Vous trouvez ce que vous...

-Non, putain ! Je lâche vers le petit brun qui sert de serveur et il hausse les sourcils.

Et merde.

Je range toutes mes affaires et je sens une tristesse intense infiltrer mon corps alors que j'observe mon chocolat et mon muffin déposés tragiquement sur mon plateau... que je n'aurai pas. J'hésite à faire un doigt au serveur et je sors du restaurant. Putain de merde.

Résumons. Je suis à New-York alors que j'ai un concours de droit à passer dans une semaine. Je suis toute seule. Je n'ai actuellement pas d'argent sur moi. J'ai faim. Et... oh, je remarque que j'ai aussi oublié ma clé dans ma chambre d'hôtel lorsque je fouille ma poche. A part moi, qui serait capable de se retrouver dans une situation pareille ?

Et bien personne... BRAVO ALINOR, ENCORE ! Vraiment, c'est très bien ! Et en plus, tu es folle. Oui, tu te parles à toi-même. Gé-Nial !

Je grogne toute seule en sentant mon ventre gargouiller et je décide de descendre vers le port. J'hésite une demi seconde en m'imaginant tomber dans l'eau mais... non, je ne ferai pas ça tout de même. J'ai la poisse mais pas autant.

Alors, comme il n'y a personne ici, je me mets à papoter toute seule. Je me parle à moi-même, mais pas dans ma tête. Et je suis littéralement en train de me raconter ma vie. Ça m'occupe et ça m'empêche de penser à la faim. Et puis, je me mets à chantonner ma chanson préférée. Oui, quand j'ai faim je ne suis plus moi-même. 

-Zébézébézébézébé... Chacaron ! Macaron !

Mais c'est lorsque je vois un garçon, assis tout seul sur un des bancs près de l'eau, que je m'arrête de chanter. Merde. J'espère qu'il ne m'a pas entendu. Il faut donc que je réactive la voix dans me tête. Oui Alinor, fais donc ça.

Oh et puis fuck, il a l'air de s'ennuyer. Et il est tout seul sur son téléphone.

Je m'approche et je m'assois à côté de lui en posant mon sac entre nous. 

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N'hésitez pas à laisser des commentaires ! (la musique en média c'est la chanson d'Alinor voili voilu)

Et voici quelques photos de l'hôtel d'Alinor, histoire de vous mettre dans l'histoire :

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