en pleure
Deux ans plus tôt, en seconde.
Les larmes dévalaient ses joues. Le sel brûlait sa chaire et se mélangeait au sang. D'ailleurs, sa peau en avait pris la couleur. Une lèvres fendue, un œil au beurre noir et une arcade ouverte, ce n'était rien. Rien de ce qu'il méritait en tout cas.
Il n'avait qu'à pas faire tout ces trucs débiles qu'on acceptait pas. Il croyait quoi ? Qu'on le laisserait impuni ?
Aujourd'hui, il avait quitté le lycée plus tôt. De toutes façons, il ne pouvait pas retourner en cours avec cette gueule. Ce serait assumer ces conneries, et il en était hors de question. Pas après avoir découvert ce truc au fond de lui.
Jamais il n'avait autant eu besoin de courir, de s'essouffler. Le goût du fer était toujours plus agréable que celui de la culpabilité. Ses pieds s'épuisaient sur le goudron, mais il arrivait bientôt chez lui. La porte se claqua, des bruits de pas précipités dans l'escalier et une autre porte qui se ferme avec rage.
— Chéri ?
Sa mère ne reçut aucune réponse.
Il jeta son sac sur le sol, son portable sur le tapis et son corps au fond de son lit. Ses sanglots se firent plus sourds contre l'oreiller. Il avait mal, bien plus à l'intérieur qu'en apparence. Tant pis pour le tissu taché de rouge. Son cœur était bien noir, lui.
Ça vibrait sur le tapis. Mais il s'en fichait. Ses mains s'agrippèrent aux draps. Elles le tenaient fort entre ses doigts abîmés, et bientôt, ses jointures devinrent blanches.
— Mon cœur ? Entendit-il avec deux coups contre le bois.
Sa mère ne préférait pas entrer tout de suite. Elle ne savait plus vraiment comment agir avec son fils ces derniers temps. L'adolescence, c'était compliqué, parce qu'elle ne devinait pas ce qui se tramait dans sa tête. Et même si elle avait une petite idée, elle ne voulait pas le brusquer. Elle ne voulait pas l'étouffer d'attention, ni l'abandonner.
Pourtant, elle pensait que tout irait mieux au lycée. Elle croyait que son fils aurait mûri. Mais maintenant, il était paumé.
Lentement, elle abaissa la poignée et ouvrit la porte. Le garçon enfouit un peu plus son visage dans son coussin. Il ne fallait pas qu'elle voit son visage..
Mais les habits froissés et poussiéreux de son fils, puis cette étrange odeur de sang alerta la maman. Maintenant, l'inquiétude grandissait et elle s'approcha jusqu'au lit. Avec une douceur dont elle seule connaissait le secret, elle posa sa main sur l'épaule de son enfant et murmura :
— Tu n'es pas obligé de me dire pourquoi tu pleures maintenant, mais je suis là. Ne te renferme pas, s'il te plaît..
Entre deux sanglots, le blessé réussit à articuler :
— Tu.. tu promets de ne pas poser d-de questions.. ?
— Promis.
Ce fut un simple mot qu'elle regretta à la seconde même où son fils releva la tête. Ses yeux s'arrondirent et elle faillit pousser un cri. Elle le réprimanda bien vite en ramenant ses mains à sa bouche.
— Mon dieu..-
— Maman, gémit le garçon.
Plus que perturbée par la vision de son enfant couvert de bleus et d'hématomes, elle s'empressa de le prendre dans ses bras. Il n'aurait jamais dû les quitter, pensa-t-elle. Contre sa poitrine et son coeur, en sécurité.
— Comment t..-
— Tu as promis, la coupa-t-il, d'une manière bien plus audible que tout à l'heure.
La jeune femme hocha la tête incertaine. Il faudra bien en parler à un moment où à un autre. En attendant, elle glissa sa main dans les cheveux de son fils et tant pis pour son chemisier.
— Ça va aller mon cœur.. C'est fini.., dit-elle, espérant tellement que plus jamais elle ne le retrouverait ainsi.
Dans ses bras, il se calmait. Ses pleures se faisaient plus silencieux, sa respiration plus douce. Les caresses maternelles et les murmures bienveillants près de son oreilles l'apaisèrent. Bientôt, épuisé par les coups la courses, et les révélations, il se mit à somnoler.
— Mon chéri.. il faudrait panser tes plaies avant que tu ne dormes.
Pour toutes réponse, le lycéen hocha faiblement la tête.
— Ne bouge pas, dit-elle en s'éloignant avec précaution.
Elle s'empressa à la salle de bain, prit quelques boites hasardeuses et revint aussi vite. Son cœur à elle aussi s'affolait. Elle n'avait jamais eu aussi peur.
Pourquoi voulait-on faire du mal à sa progéniture ? Qui était assez méchant pour abîmer son beau visage.. Qu'est ce qu'il avait fait pour qu'on lui inflige ce supplice.. ?
Elle désinfecta sa lèvres et sa joue abîmée, pendant qu'il essayait de retenir ses larmes. Heureusement, rien ne nécessitait un médecin.
— Comment tu te sens, demanda-t-elle inquiète.
— J'ai mal au cœur, répondit-il.
Puis il eut un rire amer qui s'acheva en gémissement de douleur.
— Repose toi, d'accord ? Tu as besoin de dormir un peu.
Il n'émit aucune protestation et se coucha. Sa mère laissa un doliprane et un verre d'eau sur sa commode, puis remonta la couverture sur son corps. Tout ses gestes étaient doux. Elle donnait tout l'amour et la sécurité dont il avait manqué cette dernière heure. Chaque action voulait lui faire comprendre qu'elle tenait à lui.
Mais il dormait déjà.
Elle resta encore quelques minutes à le regarder, à caresser avec amour les boucles de ses cheveux et à le contempler. Il était bien là, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser : Et si ça avait été plus grave ?
Demain, elle appellerait le principal. Peu importe si son fils n'était pas d'accord avec cette décision. C'était pour son bien. Elle ne supporterait pas de le voir à nouveau dans cette état.
Finalement, elle se leva. Elle ramassa les quelques habits qui traînaient sur le sol et reposa le portable de son fils sur son bureau.
L'interrupteur déclenché, la lumière éteinte, elle sortit discrètement de la pièce.
— Maman ? Qu'est ce qu'il se passe ? J'ai entendu des pleures. Il va bien ?
Le regard de la jeune adolescente se balançait celui de sa mère et la porte à présent close. Visiblement, elle exigeait des réponses.
— Ne t'inquiète pas ma puce, ton frère a juste besoin de se reposer pour l'instant. On en parlera avec lui plus tard.
— Mais maman il..-
— Lila, s'il te plaît. Laisse lui un peu de repos, on en parlera demain.
La jeune fille hocha la tête. Face à elle, sa mère semblait un peu à fleur de peau. Il valait mieux obéir et attendre.
De l'autre côté du mur, plongé dans un lourd sommeil de fatigue éprouvante, Rémi rêvait du regard furieux de Vincent.
Un regard qui avait tout changé.
Partie 2/3
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