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Chapitre 17

Paris, 19 janvier 1865

La vie de Camille était redevenue comme avant l'arrivée de Cathie, Lizzie et Lora ; c'est-à-dire que la jeune fille passait le plus clair de son temps chez elle à s'ennuyer. Parfois, Louise venait lui rendre visite, mais ça restait rare car elle était surveillée de près par Mme de Lamanche.

Quand elle s'ennuyait elle allait sur le toit et pensait à Lizzie, Lora et Cathie.

Elle se demandait ce qu'elles faisaient, là-bas, au XXIème siècle. Camille essayait de s'imaginer comment ce siècle-là était. Lora lui avait expliqué qu'il y avait des voitures qui roulaient sans chevaux. Elles fonctionnaient à l'aide de...

Camille n'avais pas retenu le nom que lui avait dit Lora. Mais, la jeune fille avait bien du mal à croire qu'une voiture pouvait rouler sans chevaux.

« Pourquoi ne pas inventer des machines qui volent dans le ciel pendant qu'on y est ? »

Sa rêverie fut interrompue par un cri strident qui retentissait au coin de la rue.

C'était un vieil homme. Il était au bord de l'évanouissement. Curieuse, Camille se dépêcha d'aller le secourir.

Le temps qu'elle descende, des passants s'étaient regroupés autour de lui.

Le vieillard pointa du doigt le trottoir d'en face.

- Là, là... Elles sont apparues là, venant de nulle part... Je n'ai pas rêvé... J'en suis certain ! Je suis sûre que ce sont des esprits...

- Ne prêtez pas attention... Je connais cet homme-là... Il est à moitié-fou... Il passe son temps à raconter des histoires à dormir debout, dit un passant qui était devant Camille.

La foule se dissipa.

Mais, Camille alla près du vieillard.

- Et ces filles que vous avez vu apparaître..., commença-t-elle.

- Non, pas des filles, des fantômes..., coupa le vieillard.

- Oui, oui, c'était des fantômes... Ils étaient trois ?

- C'est cela... Trois..., murmura l'homme le regard absent.

- Et comment étaient ces fantômes, je veux dire physiquement ?

- Une était grande, brune et les deux autres plus petites et blondes... Oh !

Le vieillard tendit ses mains toutes fripées vers Camille et prit celle-ci par les épaules.

La jeune fille était tellement près du vieillard qu'elle pouvait sentir son haleine qui empestait l'alcool.

- Croyez-vous que... J'ai vu une apparition de la Sainte Vierge ?

- Heu... Peut-être... Au revoir, monsieur, bredouilla Camille en repoussant le vieillard.

Elle le laissa là et se mit à courir.

Ces trois « fantômes » comme disait le vieillard, Cathie savait qui c'était.

***

Cathie, Lora et Lizzie marchaient sans savoir où aller.

Elles étaient arrivées précipitamment en 1865.

- C'est malin qu'on ne sache plus où est la maison de Camille... Bravo l'orientation ! En plus, je suis sûre que le vieux nous a vu apparaître vu la tronche qu'il faisait, marmonna Lora.

- Mais non ! Et puis, au pire, il croira à une hallucination, répondit Lizzie.

- Le plus important, maintenant, c'est de trouver la maison de..., commença Cathie.

- Cathie, Lora, Lizzie ! cria une voix.

Les trois jeunes filles se retournèrent.

Camille courait dans leur direction.

- Vous êtes de retour, dit la nouvelle venue.

- Ouais ; on cherchait ta maison mais on est perdues ! dit Lora.

- Venez, c'est dans la direction opposée... Mais quel bon vent vous amène ?

- Eh bien... On t'expliquera chez toi..., lui dit Cathie.

Quand elles arrivèrent chez Camille, Mme du Beau Lac était déjà là.

- Nous avons du courrier..., annonça-t-elle en tenant une enveloppe entre ses mains.

Elle aperçut Lora, Cathie et Lizzie.

- Tiens ! Vous n'êtes pas retournées à la campagne ?

Les trois jeunes filles se retournèrent vers Camille. Elles en déduisirent qu'elle avait trouvé une excuse pour expliquer l'absence des trois jeunes filles.

Et si vous ouvrez cette fameuse lettre, maman ? demanda soudainement Camille voyant Lora, Lizzie et Cathie à court d'arguments.

La mère s'exécuta.

Quand elle finit de lire la lettre, Mme du Beau Lac avait le teint blanc.

- Mère ! Vous êtes plus pâle qu'un linge ! s'exclama Camille.

Mme du Beau Lac chiffonna la lettre.

- Je vais préparer à manger..., marmonna-t-elle.

- Que contenait cette lettre ? demanda Camille.

- Rien... N'insiste pas. Dresses donc la table au lieu de m'importuner...

Camille s'exécuta aussitôt.

Tout en préparant le repas, Mme du Beau Lac dévisageait Lora, Lizzie et Cathie.

Quand Camille s'absenta pour aller chercher le balai qui était dans sa chambre, Mme du Beau Lac s'approcha des trois jeunes filles.

- On ne sait pas déjà croisées quelque part ? demanda-t-elle.

- Dans la rue, peut-être ? fit Lizzie.

- Non, non... Autre part...

Mme du Beau Lac s'approcha encore plus près des trois jeunes filles.

- Gabrielle Muguet, ça ne vous dit rien ? dit-elle tout bas.

Lora, Lizzie et Cathie firent mine de ne pas comprendre.

- Qui ? demanda Lizzie.

- On ne connaît pas, mentit Lora.

Mme du Beau Lac posa un regard sur chacune des trois filles, et se releva en murmurant :

- Étrange... J'ai pourtant bien l'impression de vous avoir croisé quelque part...

Camille revint à ce moment-là avec un balai.

Quelques instants plus tard, M. du Beau Lac entra, le visage rayonnant.

- On a reçu une lettre, dit-il.

Mme du Beau Lac s'immobilisa.

- Ah ? Et de qui est-ce ? demanda-t-elle le visage pâle.

- Gabrielle Muguet, dit-il d'un air rêveur.

- Gabrielle Muguet ? répéta Mme du Beau Lac d'un air ahuri.

- Une artiste-peintre... Très connue, précisa M. du Beau Lac.

- Et c'est elle qui vous écrit ?

- Oui. Elle veut me voir. Je vous la présenterai, dit-il à Camille et à Mme du Beau Lac.

Puis, son regard se posa sur les trois jeunes filles.

- On ne sait pas déjà croisés quelque part ? leur demanda-t-il.

- Ah bon ? fit Lizzie.

- Ce n'était pas vous que Gabrielle m'avait présenté, un jour, dans sa galerie ?

- Eh bien..., commença Cathie.

- Ah, oui ! Je me souviens à présent ! fit Mme du Beau Lac.

- De quoi te souviens-tu ? demanda M. du Beau Lac en se tournant vers sa femme. Je ne me souviens pas que vous étiez présente, ce jour-ci.

- Heu... Rien, je pensais...à...heu...

- Vous faites sans doute erreur, coupa Cathie.

Elle savait que Mme du Beau Lac essayait tant bien que mal de garder son secret.

- Et si, reprit-elle, c'était un piège ?

- Un piège ? répéta son mari. Mais pourquoi veux-tu que ce soit un piège ? C'est absurde !

- Gabrielle Muguet est morte depuis longtemps et cette lettre provient d'une personne mal intentionnée qui nous tend un piège ! Regarde donc, j'ai reçu exactement la même lettre, ajouta-elle en défroissant le courrier.

- Anna, on en a déjà parlé... Gabrielle Muguet n'est pas morte ! Ces lettres en sont la preuve ! Et puis, qu'en sais-tu ?

- Je le sais parce que... Parce que... Parce que je le sais !

- N'y vas pas alors... Mais moi, je vais mettre une tenue plus convenable ; fais de même Camille et laissons ta mère ici, puisqu'elle le veut...

Et, sur ces mots, il se retira dans sa chambre ; Camille fit de même.

Mme du Beau Lac débarrassa la table en silence.

Elle mit la vaisselle dans une bassine, la remplit d'eau et la nettoya.

- Pourquoi ne leur dites-vous pas ? demanda enfin Cathie.

- Ouais, qu'on en finisse une bonne fois pour toute, ajouta Lora.

- Je vous demande pardon ? fit Mme du Beau en se tournant vers les trois jeunes filles.

- On sait que vous êtes Gabrielle Muguet, dit Lizzie.

- Parlez moins fort ! Comment le savez-vous ?

- Eh bien, c'est une longue histoire mais on le sait, lui appris Lizzie.

- Pourquoi vous n'avouez pas à votre fille et à votre mari que vous êtes Gabrielle Muguet ? répéta Cathie.

- Écoutez, je ne sais pas qui vous êtes, mais ça ne vous regarde pas !

- Pourquoi mentez-vous à votre famille ? demanda à son tour Lizzie.

- En plus, M. du Beau Lac serait très heureux d'apprendre que sa femme est son amour de jeunesse...

- Non, non, vous ne comprenez pas ! leur répondit Mme du Beau Lac.

Elle poussa un soupir et s'assit sur le sol froid et humide de l'appartement.

- J'ai menti parce que l'avais peur.....

- Peur de qui ? demanda Lora.

Elle hésita avant de répondre :

- Avant d'être Gabrielle Muguet, je m'appelais Anna de Vertil... J'aimais bien dessiner mais mes parents ne voyaient pas cette activité d'un très bon œil... Et puis, quand ils ont voulu que j'épouse un duc du voisinage, j'ai refusé ; le duc fut pris d'un élan de rage et me gifla. Je l'appris à mes parents mais ils ne me crurent pas. Ainsi, dès que père et mère avaient le dos tourné, le duc me battait. Alors, la veille des noces, je me suis enfuie et j'ai vécu quelques temps dans la rue... J'ai rencontré un groupe de personnes comme moi ; certains ont été abandonnés, d'autres comme moi se sont enfuit de leur foyer... Je m'étais liée d'amitié avec la seule fille du groupe ; elle se faisait appeler Claudine. On avait tous une même passion : l'art -et surtout le dessin. On peignait dans une grange abandonnée et on exposait nos œuvres dans la rue. Parfois, on les vendait mais ça n'arrivait pas souvent. Ce n'était pas facile tous les jours ; on ne vivait pas dans le luxe, on ne mangeait pas souvent et nous étions sales. Mais, on vivait de notre passion et ça nous convenait. Alors, vivre dans cet appartement médiocre me rappelle un peu ma jeunesse dans la rue... La seule différence est que je ne peins plus... Et c'est bien la chose que je regrette le plus, dit-elle la voix emplie de nostalgies.

Un silence s'installa.

Mme du Beau Lac lissa de ses mains sa robe sale et froissée.

- Mais, un jour, reprit-elle des habitants du quartier qui étaient indignés de nous voir mendier devant leurs portes, ont appelé les gendarmes pour nous chasser. C'est donc à partir de ce moment que notre groupe éclata ; certains furent engagés comme domestiques, d'autres furent adoptés par des paysans. Les plus jeunes furent placés en orphelinat et les plus courageux réussirent à s'enfuir dans d'autres régions ou ont parfois même changé de pays et d'identité. Moi, je faisais partie des personnes qui étaient engagées comme domestiques. Je servais des bourgeois qui me traitaient comme leur esclave. Ils me battaient et j'étais nourrie au pain dur et à l'eau. Je travaillais tôt le matin jusqu'à tard le soir. En fait, ça ne me changeait pas de la rue... c'était même pire car j'étais « prisonnière », en quelque sorte... J'avais tellement de travail que je n'avais plus le temps de dessiner. La seule chose qui me réconfortait était la présence de Claudine. Au bout de quatre ou cinq mois, mes patrons finirent par nous vendre, Claudine et moi, à une aubergiste. Elle s'appelait Sarah. Elle faisait elle-même le ménage en grande partie... Nous étions donc plus des amies qui la distrayions que des servantes... Ainsi, Claudine et moi avions beaucoup de temps libre et nous nous occupions en peignant. Un jour, l'aubergiste finit par découvrir nos dessins. Elle fut impressionnée par notre talents et nous conseilla d'aller voir un très bon ami à elle ; il se nommait M. Muguet... C'était un ancien professeur d'art qui était maintenant à la retraite. Il était très renommé et était connu pour ses œuvres réalistes et colorées. Il était connu pour avoir le don de mettre de la vie dans tout ce qu'il dessinait. M. Muguet avait aussi été un grand écrivain et un scientifique. Il avait aussi un peu fréquenté le milieu politique mais, comme je l'ai dit, il était surtout connu pour ses peintures. Donc, nous nous y rendîmes dès le lendemain. Ce M. Muguet en question était un vieil homme très aimable et poli. Il accepta de voir nos peintures. Nous les lui confiâmes et nous revînmes le voir le surlendemain. Je me souviens encore de sa phrase : « Je n'ai jamais rien vu de plus beau de toute ma carrière ! » nous avait-il félicité. Il nous proposa ensuite de nous perfectionner en nous donnant des cours. En échange, nous l'aiderions à entretenir sa maison. Nous acceptâmes ; des cours de dessins ! Tout ce que nous rêvions depuis le début ! Une fois par semaine, nous l'aidions à mettre de l'ordre dans sa maison et il nous transmit tout ce qu'il savait sur le dessin et la peinture. Ensuite, nous vînmes le voir deux fois par semaines, puis ce fut tous les jours pour ensuite passer nos journées entières auprès de lui, à écouter attentivement ses conseils et en les exécutant, avec toujours l'envie d'en apprendre plus. Un beau jour, il nous proposa même d'habiter chez lui. Nous quittâmes donc Sarah en étant tout de même déçues à l'idée de ne plus la revoir. Elle nous convainc que, en étant sous l'aile d'un professeur de dessins, nous allions réaliser nos rêves et nous dit qu'elle nous rendrait visite souvent. Claudine et moi savions que c'était faux car l'auberge était à deux heures de route de chez M. Muguet et Sarah ne pouvait pas se le permettre ; il fallait que quelqu'un entretienne l'auberge et soit là pour accueillir les clients... Donc, après avoir fait nos adieux à Sarah, nous nous rendîmes une bonne fois pour toute chez M. Muguet. Les mois passèrent et Claudine et moi vivions heureuses chez ce bon monsieur qui, de jour en jour, nous transmettait son savoir. Nous étions comme une famille ; Claudine et moi nous nous considérions comme des sœurs et nous considérions M. Muguet comme notre grand-père. Quand celui-ci nous trouva assez douées, il nous proposa d'exposer nos peintures dans des soirées mondaines, auxquelles il allait de temps à autre. Nous acceptâmes. Au début, certains bourgeois furent outrés de voir que ce sont des femmes qui peignent mais personne n'osait nous faire de remarque, car, il y avait M. Muguet et ce dernier était un homme très respectable que personne ne contredisait. Quelques temps plus tard, ce fut immédiatement le gros succès. Si bien que nous fréquentions souvent le milieu bourgeois. Tout cela me rappela des souvenirs de mon enfance passée au milieu de tous ces gens richement vêtus. Pour la première fois depuis que je m'étais enfuie, je pensai à père et mère. Ils avaient dû m'oublier depuis bien longtemps et avaient dû transmettre l'héritage à des cousins éloignés... Je repensai aussi au duc que j'étais censée épouser ; je revoyais son visage osseux, ses yeux rougis et son air sévère. Si bien que j'en fis des cauchemars la nuit et dès que nous nous rendions à une soirée de la haute bourgeoisie, je m'inquiétais à l'idée qu'il me retrouve et qu'il me batte jusqu'à ce que je rende mon dernier souffle. M. Muguet s'aperçu de mon malaise ; je lui avouai alors qui j'étais vraiment -car jusqu'alors, il croyait que j'avais toujours vécu dans la rue-. Il m'écouta attentivement et calmement. Quand j'eus finis, il me promit de ne plus m'emmener à ces soirées bourgeoises. Claudine, elle, était très à l'aise avec les gens de la haute société. Elle l'était tellement qu'elle ne dessinait plus et passait la plus part de son temps à réfléchir à sa robe ou à sa coiffure qu'elle allait porter pour la prochaine soirée... Si bien que M. Muguet lui reprochait souvent de ne pas se concentrer sur ses peintures et lui rappelait que c'était grâce au dessin que nous fréquentions ce milieu aisé. C'est à ce moment que Claudine commença à se rebeller contre M. Muguet. Elle le contredisait souvent et ne cessait de lui parler sèchement. M. Muguet la laissait parler ou, parfois, la réprimandait gentiment. Quant à moi, Claudine m'adressait rarement la parole et ne peignait presque plus. Elle passait ses journées chez des amis de la haute bourgeoisie qu'elle s'était fait lors des soirées. Je fus fort déçue par l'attitude de Claudine et je voyais bien que M. Muguet aussi. Et puis, un jour, s'en fut trop pour le vieil homme ; lui d'habitude si calme et posé se mit en colère contre Claudine qui devenait de plus en plus mesquine. Il cria si fort que je n'osais plus bouger. Malgré son dos courbé, il était fort imposant. Claudine fut elle aussi surprise par la nouvelle attitude de M. Muguet. Pour la première fois, elle ne répliqua pas et se retira dans sa chambre. Le lendemain Claudine était partie. Nous apprîmes quelques jours plus tard, dans les journaux qu'unes de ses amies bourgeoise venait de décéder et que, n'ayant pas d'héritage, elle avait confié à Claudine toute sa fortune et son titre. Désormais, elle faisait partie de la bourgeoisie et nous comprîmes qu'elle avait rompu définitivement tout contact avec M. Muguet et moi-même. Nous en étions fortement attristés et « mon grand-père adoptif » encore plus. « Vous êtes comme mes petites-filles, si je venais à perdre l'une de vous deux, je ne me le pardonnerais jamais » m'avait-il confié un jour. À cette même période, M. Muguet tomba malade. Je redoublai alors d'attention et d'affection pour lui ; je m'appliquais beaucoup dans mes peintures. Trois semaines plus tard, M. Muguet se rétablissait. La vie reprit son cours bien que nous étions encore attristés que Claudine nous ait abandonnés. Trois mois après, M. Muguet fit une rechute et sa maladie s'aggrava. Les rares fois où il ne dormait pas ; il délirait. Il me disait qu'il allait bientôt mourir et qu'il me confierait sa galerie où il exposait ses peintures au public. Je ne prêtai pas attention à ses paroles car je me disais qu'il allait vite être sur pied, mais, il était vrai que M. Muguet n'était plus tout jeune... Comme il ne pouvait donc plus tenir la galerie c'était moi qui le faisais à sa place. Je peignais deux fois plus mais ça ne me gênais pas le moindre du monde, car, j'aimais ça. Et puis, mes peintures furent un grand succès auprès de la bourgeoisie. Je recevais souvent des invitations à des soirées de la haute société, mais, je refusais la plupart du temps, car, comme je l'ai dit, ces soirées me mettaient mal à l'aise et puis, surtout, je voulais passer le maximum de temps auprès de M. Muguet... Celui-ci était très fier de mon succès et me félicitait souvent. Il disait m'aimer comme sa petite-fille ; ce qui me remplissait de joie ! Mais, ce qui devait arriver, arriva. M. Muguet ne vit pas le printemps arriver ; il décéda pendant l'hiver 1847. À cette époque, on ne pouvait rien faire contre les épidémies...

Des larmes coulèrent sur les joues de Mme du Beau Lac.

- Pardon..., dit-elle en s'essuyant les joues. Je crois que je ne m'en suis jamais remise, dit-elle en s'essuyant les joues. C'est idiot, après toutes ces années ! Enfin bon, c'est comme ça...

C'est à ce moment que M. du Beau Lac entra.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-il en voyant sa femme pleurer.

Mme du Beau Lac se leva.

- Il ne se passe rien du tout, dit-elle.

- Allons, je vois bien que quelque chose ne va pas...

- Où est Camille ? Elle en met du temps... Vous allez être en retard.

- Je l'attends dehors, répondit-il. Tu es sûr que tu ne veux pas m'en parler, ajouta-t-il.

- Tout va bien...

Il sortit non sans jeter un dernier regard à Mme du Beau Lac.

Celle-ci poussa un soupir, se rassit par terre et reprit :

- Il y eut une grande cérémonie pour l'enterrement de M. Muguet. Par la suite, mes peintures eurent moins de succès auprès de la bourgeoisie, et, les critiques furent plus nombreuses. C'est vrai que c'est mal vu qu'une femme soit peintre et certains bourgeois n'hésitèrent pas à me le dire en face, maintenant que le grand, bon et respectueux M. Muguet n'est plus là pour me défendre. Je gagnais alors moins d'argent et je dû vendre à regret le manoir de M. Muguet. Maintenant que ce dernier n'était plus là, je me sentais toute faible et petite ; mes craintes que le duc qui m'était promit revienne, me retrouve et me batte jusqu'au sang redoublèrent. Je décidai donc de prendre le nom de famille de mon professeur et « grand-père » et me fit appeler Gabrielle. Je portai donc aussi de grands chapeaux qui couvraient une partie de mon visage afin qu'on ne puisse me reconnaître. C'est comme ça que Gabrielle Muguet est née. Ma galerie fut d'abord connue auprès des gens du quartier, puis, avec le temps, je fus de nouveau populaire auprès de la bourgeoisie... Bien que je préfère que ce soit les gens populaire qui viennent voir mes tableaux, j'étais plus à l'aise pour parler avec eux. Pas de convenances, pas de superficiel, juste de la simplicité. Et surtout, pas de crainte que le duc qui m'était promit me retrouve. À chaque fois qu'un bourgeois franchissait le seuil de la galerie, j'avais toujours peur que ce soit le terrible duc. Dieu merci, il n'est jamais vu. Et, je ne l'ai jamais revu d'ailleurs... Et je ne veux pas savoir ce qu'il est devenu...

Mme du Beau Lac s'arrêta de parler quelques instants, sans doute pour méditer ses dernières paroles et reprit :

- Un jour, un homme entra. Et, au moment où il fut sur le seuil de la galerie, ma peur s'est envolée et je n'avais d'yeux que pour lui. Il s'appelait George. George du Beau Lac. Nous sommes devenus amis. Mais, plus le temps passait, plus j'éprouvais autre chose que de l'amitié pour George... Je ressentais de l'amour. J'allais lui avouer mes sentiments mais, les choses se compliquèrent quand j'appris qu'il allait bientôt se marier à une femme nommée Geneviève. Quand George me l'a présentée, je l'ai immédiatement reconnue ; c'était Claudine. Elle aussi avait changé d'identité... Mais pas de caractère ; elle était toujours aussi orgueilleuse et méprisait tout le monde, même son futur mari... Les jours passèrent et, plus je voyais George, plus mes sentiments pour lui grandissaient. Si bien que le soir, quand je me couchais, je repensais à lui et aux personnes qui me demandaient : « Comment ! Vous n'avez pas de mari ? Vous allez donc rester seule tout votre vie ? » Ce commentaire m'importait peu avant, car le mariage ne m'intéressait pas. Mais, depuis que j'avais rencontré George, ma vision du mariage avait changé... Claudine était toujours aussi orgueilleuse et égoïste. Elle méprisait tout le monde, même son fiancé ! Je me gardai donc bien de lui dire que j'avais des sentiments pour lui et je me contentai de le féliciter. J'essayai par la suite de reporter toute mon attention sur le dessin. Mais George occupait trop de place dans mes pensées. Je décidai donc de quitter Paris. Mais, où irais-je, alors ? Cette question trottait sans cesse dans ma tête. Mais un jour, par le plus grand des hasards, je reçu une lettre de mon ancienne gouvernante ; elle m'informait que mes parents étaient décédés. À ma grande surprise, ils m'avaient légué tout ce qu'ils possédaient : plusieurs terres, plusieurs demeures qui se trouvaient aux quatre coins de la France, en Angleterre, en Allemagne et en Italie... Sans compter l'énorme somme d'argent qui me revenait. Ainsi, je pris donc ma décision : j'allais fermer ma galerie de peinture et retourner dans ma ville natale ; dans ma demeure d'enfance. Je savais que je trahissais la promesse que j'avais faite à ce pauvre M. Muguet mais, quitter Paris était la seule solution pour oublier George. C'est ainsi que, une nuit, je partis comme une sauvage, sans que personne ne le sache. Je retrouvai donc ma demeure où j'avais passé mon enfance et je redevins Anna de Vertil, une femme issue de la haute société. Bien sûr, ce n'est pas pour autant que j'oubliai la peinture. Je peignais toute la journée, cloîtrée dans mon château. Et, un jour, alors que je sortais pour faire une balade, je tombai nez à nez avec... George ! Il ne me reconnût pas du tout. Nous fîmes alors -une seconde fois- connaissance... Et nous devînmes amis -encore-. Parfois, il m'arrive de me demander -encore aujourd'hui, d'ailleurs- si tout cela n'est pas un coup monté... Car c'était bien étrange de tomber sur George dans un coin aussi reculé. Ou c'est tout simplement le hasard qui nous a réunis... Enfin bref. George m'appris plus tard qu'il avait acheté, lui et sa fiancée, une demeure près de mon village natal et il s'y rendait régulièrement. À force de nous voir, George et moi sommes devenus très proches. Si bien que, un beau jour, il me demanda en mariage. Il avait rompu avec Geneviève. Celle-ci ne s'en ai jamais remis... Bien qu'elle ait épousé plus tard, le duc Alfred de Lamanche... Eh oui, Mme de Lamanche et moi avions été amies à une période de notre vie... Difficile à croire...

- C'est pour ça qu'elle veut vous tuer ! lâcha Lizzie.

- Pardon ?

- Mme de Lamanche est une folle, une femme rongée par la jalousie...

- Jalouse de moi ? Elle n'a pas vu l'état de ma maison et ce qu'est devenue ma vie, dit-elle en désignant l'intérieur médiocre de l'appartement.

- Elle est jalouse de vous et de votre famille... Et vous êtes en danger...

- Pourquoi ?

- Je vous l'ai dit, Mme de Lamanche est folle ! Elle veut vous tuer ! Vous devez nous aider à l'arrêter et à empêcher votre fille et votre mari d'aller à cette soi-disant soirée, qui est en réalité un piège tendu par Mme de Lamanche...

Mme du Beau Lac se releva et leva les yeux au ciel.

- Allons, allons... Geneviève ne ferait jamais ça, voyons ! Certes, elle est mesquine et peu aimable mais elle ne serait pas capable de commettre un crime...

- S'il vous plaît, implora Cathie. Il ne faut pas que Camille et M. du Beau Lac aillent chez Mme de Lamanche... Et, par la même occasion, vous pourriez peut-être avouer qui vous êtes vraiment à votre famille...

- Il n'en est pas question ! C'est trop tard, maintenant ! George risque de ne pas apprécier du tout le fait que je garde un tel secret depuis tant d'années...

- C'est sûr que plus vous allez attendre plus il aura du mal à vous pardonner

- Et comment savez-vous qu'elle veut nous tu...

Elle fut interrompue par un cri perçant qui provenait de la chambre de Camille.

Mme du Beau Lac se précipita dans la chambre de sa fille suivie de Lora, Lizzie et Cathie.

Cinq hommes qui avaient surgit de nul part avaient attrapé Camille qui essayait tant bien que mal de se débattre.

- Lâchez-la ! cria Mme du Beau Lac aux cinq hommes.

Elle s'approcha d'eux d'un air menaçant mais un des hommes lui décrocha un violent coup sur la tête. Sous le choc, Mme du Beau Lac s'évanouit.

- Maman ! cria Camille.

L'homme qui la retenait prisonnière plaqua une main sur la bouche de la jeune fille.

Celle-ci lui mit un violent coup de pied dans les chevilles.

L'homme lâcha alors les poignets de Camille. Cette dernière s'échappa et courut vers sa mère. Mais, un des quatre autres hommes la plaqua au sol. Lizzie vint alors au secours de Camille. Elle se rua sur l'homme, mais, celui-ci l'assomma d'une gifle.

- Lizzie ! cria Lora. Crétin ! Qu'avez-vous fait ? Et qui vous êtes, d'abord ? D'où vous sortez ?

- C'est moi ! fit une voix derrière leur dos.

Cathie et Lora firent volte-face. Sophie se tenait dans l'encadrement de la porte.

- Sophie..., fit Cathie. Qu'est-ce que... ?

- Je suis désolée... dit simplement Sophie avant de jeter quelque chose que Cathie et Lora ne virent pas car de la fumée envahissait déjà la pièce.

Cathie sentit sa tête tourner et soudain, elle s'effondra à terre.

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