Chapitre 12
Paris, date inconnue
- ...Et voici nos quatre candidats : Charlotte Carotte, Robert Dico, Claudette Courgette et Martin Crottin...
Des applaudissements se firent entendre.
Cathie se demanda où elle était. Elle n'osait pas ouvrir les yeux.
- Bien, continua la voix qui semblait être celle d'un homme. Nous allons commencer par vous poser des questions individuellement ; celui qui remporte le plus de bonnes réponses gagne la somme qui est marqué, puis, ça sera en équipe. Enfin, c'est celui qui répondra le plus vite possible qui sera le second qualifié pour le final...
D'autres applaudissements se firent entendre.
- Nous allons commencer par Charlotte Carotte ! continua la voix une fois que les applaudissements se turent. Géographie : quel est la chaîne de montagne qui relie la Chine et la Corse ?
« La chaîne de montagne ? » pensa Cathie. « Mais où est-ce que je suis tombée ? »
- Heu... La Seine ? dit Charlotte Carotte.
- Et c'est une bonne réponse ! Un point pour Miss Charlotte Carotte !
« OK, non, ce n'est pas possible il faut que je voie où est-ce que je suis... »
Cathie ouvrit les yeux. C'était un endroit qui lui semblait familier. Il y avait des fauteuils, une table et elle était assise sur un canapé. En face d'elle, il y avait une sorte de boitier qui était accroché au mur. Dedans, des gens parlaient. Elle mit du temps à comprendre qu'elle était dans son salon, devant la télévision. Une émission était en train de passer.
- ... Littérature : Quel auteur a écrit « Roméo et Juliette» ? continua le présentateur.
- Heu... Beethoven ?
- Bonne réponse !
Cathie se leva et regarda par la fenêtre du salon.
Tout était « normal » : il y avait des motos et des voitures qui circulaient. Les rares gens qui marchaient était soit occupé à téléphoner ou à écouter de la musique
Cathie réalisa qu'elle était retournée au XXI ème siècle.
« Ou alors, j'ai tout simple rêvée... » Pensa Cathie.
Ce qui, lui semblait l'hypothèse la plus plausible, car à la place de sa robe abîmée, elle portait un jean et un pull.
- ... Bien, dit le présentateur à la télé, passons maintenant à l'Histoire : Quand a commencé le XIX ème siècle ?
- En 1433 ? proposa la candidate.
- Et c'est une troisième bonne réponse ! cria le présentateur. Bravo Charlotte Carotte ! Qui des trois autres candidats va réussir à battre Miss Carotte ? Réponses tout de suite après la pu...
Cathie éteignit la télévision.
Un mal de tête l'avait saisi.
Elle alla dans sa chambre.
- Eh bien ! Quel rêve ai-je fais ! Il était hyper-bizarre ! s'exclama à voix haute Cathie.
La jeune fille trouva qu'aucun rêve jusqu'à présent ne lui avait semblait aussi réel. Étrangement, elle s'en souvenait comme si elle l'avait vraiment vécut.
« Oh ! Je me fais des films ! » Pensa Cathie. « Bon, passons à autre chose ! »
Ses yeux se posèrent sur son chevalet. Une envie de peindre lui passa.
Elle prit un des pinceaux dans une boîte près de son chevalet, prit le trempa dans de la peinture et commença à dessiner. Elle dessina les personnages de son rêve. Cathie s'en souvenait parfaitement. Elle ne s'était jamais aussi bien souvenue d'un rêve. Cathie commença par dessiner Camille. Grande, blonde, un teint de pêche... Une vision lui revint en mémoire : le moment où Camille avait été renversé par une calèche et piétinée par les chevaux. Cathie revit le visage de la jeune fille, pâle, couverts de blessures sanglantes.
Elle chassa cette horrible image de sa tête. Après avoir dessiné Camille, elle s'attaqua au portrait de Louise, puis celui de Sophie. Cathie se souvient du changement soudain du caractère de cette dernière. Elle qui était si douce, si gentille... Sophie était devenu froide, distante envers Cathie, Lora et Lizzie.
Cathie se demanda pourquoi.
« Oh et zut ! De toute façon, c'est juste un rêve ! » Pensa Cathie.
- Cathie ! Cathie ! cria une voix qui venait de la cuisine.
La jeune fille entendit quelqu'un monter dans les escaliers. La porte de sa chambre s'ouvrit brusquement et Elizabeth se précipita dans la chambre de la jeune fille.
- Cathie ! Devine ce qu'on a acheté avec papa et maman !
La jeune fille se contenta de serrer sa petite sœur dans ses bras.
- Aïe ! Tu m'étouffes ! dit la fillette en se dégageant de l'étreinte de sa sœur. Hé ! Pourquoi tu pleures ? T'as un bobo ?
Cathie se regarda dans le miroir, en face d'elle. Ses yeux étaient effectivement humides.
- Viens ! dit Elizabeth en prenant sa grande sœur par la main. Tu vas voir, c'est super, ce que papa et maman ont achetés...
Elles descendirent dans le salon.
Ses parents étaient en train de déballer les courses.
- Ah ! Catherine ! Viens nous aider à ranger les courses, dit la mère de la jeune fille.
Elle s'exécuta.
- Cathie ! Regarde ! dit Olympe.
Elle brancha une prise, et des guirlandes s'illuminèrent sur les murs du salon.
- Waouh ! s'écria Cathie.
- Eliza, chérie, mets la table, veux-tu ? dit Mme Locho.
La fillette obéit.
Cathie se sentit bien. Elle avait l'impression qu'elle n'avait plus vu sa famille depuis des années...
Peu après, la famille se mit à table.
- Olympe n'est pas là ? demanda Cathie.
- Non, elle est allé dormir chez une amie... répondit sa mère.
- Olympe ? Dormir chez une amie ? C'est bien la première fois ! s'exclama Cathie.
Les parents commencèrent à parler de travail, d'Histoire... Enfin, de choses qui n'intéressait pas Cathie. La jeune fille se plongea dans ses pensées... Qui l'amenèrent à son rêve.
« Ah ! Mais ce n'est pas vrai ! Pourquoi je pense tout le temps à ça ? OK, ce rêve me donne l'impression que je l'ai déjà vécu, mais quand même... ! »
Cathie repensa au moment où elle avait fait le portrait de Camille. La jeune fille fouilla instinctivement dans sa poche et en ressortit... Le portrait de Camille !
- Quoi... ? Mais... ! Ce n'est pas possible ! s'écria Cathie à haute voix.
Ses parents et sa sœur la regardèrent, interloqués.
- Qu'y a-t-il, Catherine ? interrogea son père.
- Et pourquoi tu as un dessin, dans ta main ? demanda Eliza qui était assise à côté de sa sœur et qui l'avait vu sortir le portrait de sa poche.
- Catherine ! gronda Mme Locho. Je t'ai déjà dit de ne pas dessiner à table !
- Je... je vais... Je vais me coucher ! bredouilla Cathie.
Elle alla dans sa chambre sans attendre la réponse de ses parents.
Cathie posa le portrait de Camille sur son bureau et l'examina longtemps.
- Il est réel ! murmura Cathie. Alors, ça veut dire que... Je n'ai pas rêvé ! Mais... pourtant...
Elle resta silencieuse un moment, puis elle saisit son téléphone en murmurant :
- Il n'y a qu'une chose pour savoir si j'ai rêvée ou non...
Cathie appela Lizzie.
- Allô ? dit une voix qui sembla inconnu à la jeune fille.
- Oui, bonjour ! Je suis Cathie Locho, une amie de Lizzie. Je peux l'avoir un instant ?
- Si vous êtes son amie, vous devriez êtes censé savoir qu'elle a disparu... répondit sèchement la voix.
- Comment ?
-Tout le pays est au courant ! On en parle partout ; à la télé, dans les journaux, à la radio... ! Lizzie a disparu avec une autre fille... Je n'arrive pas à retenir son prénom... Lara ? Maura ? Ah ! Lora ! Voilà !...
- Mais...
- Les parents de Lizzie sont effondrés... continua la voix. Je vais sans doute être renvoyée... Alors, arrêtez d'embêtez les gens avec vos canulars !
- Ah ! Vous êtes Noémie Dupont, la nounou... ?
- Eh oui ! Qui voulez-vous que ce soit ? cria la dame.
- Calmez-vous madame ! Ce n'est pas un canular, je suis vraiment Cathie et...
- Pardonnez-moi... Je suis sur les nerfs, en ce moment... On est tous déboussolés par leur disparition ! La police est en train d'enquêter et les parents de Lizzie ont engagés cinq détectives privés ! J'espère qu'elles n'ont pas été enlevés par des fous qui vont les revendre en Arabie Saoudite ou je-ne-sais où ! Ou qu'elles ne sont pas enfermées dans une cave... Ou pire ! Noyées dans un lac ou...
- Elles sont restées au XIX ème siècle ! murmura Cathie.
- Pardon ? demanda Noémie. Vous savez où Lizzie et son amie se trouvent ? Mais il faut aller prévenir la police et leurs parents qui sont si inquiets ! J'y vais de ce pas... !
- Non, attendez ! Oubliez ce que je viens de dire ! Je ne sais pas où elles se trouvent... Excusez-moi, Madame, je dois y aller ! coupa Cathie.
Elle raccrocha.
« Pourquoi Lizzie et Lora sont restées dans le passé, alors que moi je suis retournée dans le présent ? » se demanda Cathie.
La jeune fille avait d'abord décidée de retourner dans au XIX ème siècle, mais elle ne trouva pas la boule dorée.
- Oh ! Zut ! pesta Cathie.
- Catherine, il est vingt et une heure trente ! Je te rappelle qu'il y a école, demain ! dit Mme Locho qui venait d'entrer dans la chambre de sa fille. Mais que fais-tu couché par terre ? Tu as perdus quelque chose ?
- Heu... Non, rien, dit Cathie en se redressant. J'allais me coucher de toute façon, bonne nuit maman !
Mme Locho éteignit la lumière et sortit.
Cathie ne trouva pas le sommeil. Elle s'était habituée à dormir par terre. La jeune fille n'était pas non plus habituée aux chiffres lumineux de son radioréveil. Cathie le débrancha.
La jeune fille finit par s'endormir.
- Mademoiselle ? Excusez-moi... murmura une voix.
Cathie ouvrit les yeux. Une femme d'environ cinquante ans se tenait devant elle. Elle avait un chiffon dans la main, et portait l'aspirateur dans l'autre.
- Heu... Vous êtes... ? demanda la jeune fille en se couvrant de sa couette car elle était gênée qu'une inconnue la voie en pyjama.
- Je suis Sylvia Ellison, la femme de ménage qu'à engager votre mère...
- Je ne savais pas que maman en avait engageait ! Elle pourrait me prévenir, tout de même, grogna Cathie.
- Elle m'a engagé hier... alors c'est peut-être pour ça que vous ne savez pas... Mais il est neuf heures et demie, je me suis permis de vous réveiller car... comme nous sommes jeudi, je me suis dit que vous aviez peut-être... école ? À moins que vous n'ayez pas cours et dans ce cas je suis terrible dé...
- Merde ! Les cours !
Cathie enfila un pull et un jean.
- Heu... Si je puis me permettre... dit la femme de ménage. Vous avez enfilé un pull par-dessus votre pyjama et...
Cathie n'attendit pas que la femme de ménage eut finit. Elle se précipita dans la cuisine, prit une pomme, son sac et sortit. Elle piqua un sprint jusqu'au lycée. Cathie avait Histoire.
- Comme par hasard ! grogna la jeune fille.
Elle courut jusqu'en salle d'Histoire où le prof, l'accueillit froidement :
- Mademoiselle Locho ! Encore en retard ! Comme d'habitude ! Ça ne changera jamais ! Vous ferez donc le contrôle, aujourd'hui ! Et une heure de colle ! Il faut que vous soyez disc-i-plinée !
Cathie s'installa au fond de la classe. Quand la matinée fut finie, la jeune fille alla au self. Quand elle vit la table où Lora, Lizzie et elles mangeaient, une vague de nostalgie la submergea.
- Oh ! Pauvre Cathie ! dit Rose en se plantant devant elle en se dandinant en agitant sa chevelure. Te voilà seule, maintenant ! Il n'y a plus tes copines débiles avec toi... En même temps, elles sont un peu connes de fuguer comme ça... J'ai toujours su qu'elles n'étaient pas très fiables !
Cathie bouillonnait de rage. Mais, elle remarqua qu'il manquait un détail...
- Arthur n'est pas là ? demanda sèchement la jeune fille.
- Qui ? Cet idiot d'Arthur Conceau ? Celui qui est en seconde F ? Tu rêves ! Je ne traînerais jamais avec lui ! Il est moche et il pue...
- Non, je voulais dire Louis Vintage...
- Mais de qui tu parles ? Tu délires, pauvre fille ! Je ne connais pas de Louis je-ne-sais-quoi ! Arrête de t'inventer des gens imaginaire et fais-toi des amis ! Des vrais ! Comme les miens !
Elle partit en roulant des fesses.
Cathie resta là, déroutée.
« Mais où est passé Arthur ? Il y a plein de choses qui ne tournent pas rond, ici ! » Dit Cathie intérieurement.
Les cours se succédèrent, puis, quand vint la fin de journée, Cathie rentra chez elle.
Quand la jeune fille passa devant la chambre d'Olympe, un détail retint son attention. Les meubles de sa chambre avait disparu ! A la place du lit, du bureau et de l'armoire, il y avait un tas de cartons entreposés.
Cathie alla dans la chambre d'Elizabeth, et, à sa plus grande surprise, une salle de bain avait pris sa place.
« Mais... Qu'est-ce qu'il s'est passé, ici ? » Se demanda Cathie.
« Décidemment ! Il se passe pleins de choses bizarres, en ce moment ! »
Le soir, Cathie demanda à ses parents qu'est-ce qu'il s'était passé dans la chambre de ses sœurs et où est-ce qu'elles se trouvaient
- Olympe et Elizabeth ? Qui est-ce ? demanda Mme Locho.
- Maman, enfin ! Olympe ! Elizabeth ! Mes petites sœurs !
- Tes petites sœurs ? Mais, tu es notre seule fille ! dit son père.
Cathie regarda ses parents comme si ils étaient devenus fous.
- Mais que s'est-il passé ? Lora ! Lizzie ! Qu'est-ce qu'on a foutu ? s'écria-t-elle.
Elle se réfugia dans sa chambre et se creusa la tête toute la nuit en se posant milles questions.
Les jours s'écoulèrent, rythmé par la routine. Quand Cathie avait un peu de temps libre, elle essayait de chercher en vain la boule dorée et de trouver en vain une réponse à ses questions.
Elle ne désirait qu'une chose : retrouver ses amies, comprendre ce qui se passe et que tout retourne comme avant.
Cinq jours plus tard, Cathie rentrait des cours en bus. On était le 22 décembre, soir de la veille des vacances. Sa joie s'évanouissait quand elle vit avec stupeur que, à la place de sa maison, il y avait un terrain vague avec un panneau marqué « A VENDRE ».
- Mais... Il n'y avait pas une maison, avant ? demanda Cathie au chauffeur.
- Oh ! Non ! Depuis que le propriétaire de ce champ est décédé, ses petits-enfants essayent de le vendre... Mais personne ne veut l'acheter... ça va faire dix ans maintenant...
- Impossible ! Il y avait une maison ce matin même ! J'y habitais depuis ma naissance !
- Écoutez, mademoiselle ! Je m'arrête ici, tous les jours depuis quarante-cinq ans ! Je sais quand même ce que je vois ! Bon, maintenant, vous descendez où vous remontez ? J'ai des gens à déposer !
Cathie descendit.
Elle appela ses parents pour les prévenir de cet étrange évènement.
La jeune fille appela sa mère.
- Allô maman ?
- Heu... C'est une erreur... répondit une voix d'homme. Je suis Philippe Dupuis et je n'ai pas d'enfant...
Cathie bredouilla des excuses et raccrocha. Elle appela son père mais tomba sur une vieille dame.
Après avoir raccroché, elle s'assit sur le bord du trottoir et prit la tête dans ses mains.
« Réfléchis ! Réfléchis ! Réfléchis ! Qu'est-ce que tu peux faire... ? »
Une idée lui traversa l'esprit. La jeune fille alla au travail de son père. Il était à deux pas de chez elle. Cathie demanda si M. Locho était là. Le secrétaire ne trouva pas d'historien de ce nom-là.
Cathie alla ensuite à l'université de sa mère mais on ne trouva pas non plus de professeur et historienne du nom de Locho.
« Eh bien ! Mes parents ont bel et bien disparu... ! » Se dit Cathie.
« J'ai peut-être une idée de vérifier si ils ont réellement disparut de tout... »
Elle fonça à la mairie. Cathie demanda si des gens nommé Locho habitaient dans cette ville. On lui répondit « oui » mais personne ne s'appelait comme les parents de Cathie, ni comme elle d'ailleurs.
- Voulez-vous qu'on regarde dans les registres de décès ? demanda la femme à l'accueil.
- Heu... Ouais... dit Cathie tout en priant que ses parents ne se soient pas morts.
À son grand soulagement, on lui annonça que personne ne s'appelant Locho n'étaient décédé après 2010...
La jeune fille commença à paniquer. Où étaient passé ses parents ? Ils n'avaient tout de même pas pu changer d'identité ! Et elle ? Pourquoi ne faisait-elle plus partie administrativement de la ville ?
Cathie était perdue. Elle ne savait plus quoi faire. La jeune fille ne savait pas où elle allait dormir, où manger...
Mais, une dernière idée naquit dans son esprit.
- C'est ma toute dernière chance, murmura-t-elle.
Elle appela sa grande sœur, Marie.
Cathie tomba sur la messagerie de quelqu'un d'autre que sa sœur.
- Elle aussi n'existe plus, soupira Cathie.
Le cœur serré, la jeune fille composa le numéro de Jeanne.
- Allô ? dit une voix.
- Jeanne ?
- Oui Cathie ?
- Oh ! Jeanne ! s'écria Cathie. Je suis tellement contente de te voir ! Tu ne devineras jamais ce qu'il se passe en ce môm...
- Attends, deux secondes... la coupa sa sœur.
Cathie entendit des voix étouffées mais ne parvint pas à saisir des mots. Elle entendit des pas, puis une porte s'ouvrir et se refermer brutalement.
- C'est bon, Cathie ! Nous voilà seules ! dit sa grande sœur.
- Pourquoi il faut que tu téléphones seule ?
- Heu... Ben... Je ne sais pas... Mais, tu n'avais pas quelque chose à me dire ?
Cathie lui raconta l'étrange disparition de sa famille.
- Tu... tu veux dire que... papa, maman, Elizabeth, Olympe et Marie ont tous disparut ?
- Ben, c'est difficile à croire mais je te jure que oui...
Silence.
- Allô ? dit Cathie.
- Oui, oui, je suis toujours là ! dit Jeanne manifestement contente.
- Je rêve ou tu es contente que notre famille ait disparut ?
- Non, non ! T'inquiète, je suis déçu... C'est juste que... heu... Il y a un mec de ma classe qui... qui vient de me dire que...que j'avais eu une bonne note à mon dernier exposé sur Jules César... bredouilla Jeanne.
- Tu te moques de moi ? Je croyais que tu étais seule ?
- Mais je te jure que c'est vrai ! Bon, il faut que je te laisse...
- Attends ! Comment je fais-moi ! Je te signale que je suis seule, sans famille, sans toit sur ma tête, perdu dans Paris... Tu peux venir me chercher et je peux loger chez toi le temps que...
- Heu... Ouais... coupa Jeanne. Ben, je verrai si je peux, parce que je suis un peu débordée de travaille en ce moment... Je dois réviser la période du Moyen-Âge et j'ai trois exposés à rendre sur la Rome Antique, plus un sur Jules César...
- Mais tu viens de me dire que tu l'avais rendu et que tu avais eu une bonne note !
- Ah oui ? Ah ? Bon, il faut que je te laisse ! Bye !
La grande sœur de Cathie raccrocha.
La jeune fille s'affala sur un banc.
Elle avait l'étrange impression que sa sœur cachait quelque chose...
« Faites que ce soit un cauchemar et que je vais me réveiller dans mon lit... » Pria intérieurement Cathie.
Mais rien ne se produisit.
Soudain, elle entendit un cri perçant à travers le bruit de la circulation.
- Ah ! Mais faites attention, enfin ! Regardez où vous allez ! Et arrêtez de crier ! gronda une voix.
Cathie leva la tête. Une femme qui était par terre, vêtu étrangement criait à pleins poumons et un homme était en train de la réprimander.
Cathie sembla que la fille lui parut familière. La jeune fille s'approcha. Elle l'examina.
Cathie trouva qu'elle était étrangement vêtue. La jeune inconnu était coiffée d'un chignon, portait une longue robe noir et avait un grand chapeau qui couvrait la moitié de son visage.
- Vous la connaissez ? demanda l'homme au-dessus des cris de la femme quand il aperçut Cathie.
- Mais... ? Louise ! Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Cathie.
La jeune femme s'interrompit et leva la tête vers la jeune fille.
- Cathie ! Je te cherchais !
Louise se leva et l'homme partit.
- Elle est très singulière, ton époque... C'est quoi toutes ces machines autour de nous ? demanda Louise en s'agrippant au bras de Cathie.
- Heu... Des sortes de calèches mais en plus modernes !
- On peut aller chez toi ? Je ne suis pas rassurée...
- C'est compliqué... Je te raconterai... Comment as-tu fait pour venir ici ?
- J'ai utilisé la boule dorée de ma tante en cachette... Il s'est passé quelque chose de terrible !
Une voiture klaxonna et Louise poussa un nouveau cri.
- Non ! Arrête ! S'il te plaît ! On peut aller chez toi ? Sauf s'il y a ces voitures qui font peur...
Cathie lui raconta que sa maison avait disparu avec sa famille et qu'ils avaient disparu administrativement...
- Oh Mon Dieu ! Non ! Ça a déjà commencé !
- Quoi donc ?
- Je vais t'expliquer... Mais peut-on aller dans un endroit plus calme ?
Cathie et Louise allèrent au parc.
La jeune lycéenne remarqua que Louise portait un sac.
Elles s'asseyent sur un banc.
- Raconte-moi tout ! dit Cathie
Louise commença à pleurer.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Cathie en lui passant un bras sur son épaule.
Louise sortit de sa poche un journal.
- Il date de hier... reniflât-elle. Enfin, je veux dire, du 21 décembre 1864...
Cathie le saisit. Le titre en première page glaça le sang de Cathie :
DÉCÈS DE LA FAMILLE DU BEAU LAC
Le corps sans vie de M. et Mme du Beau Lac (jadis, riche bourgeois) ont été retrouvé mort dans leur logement, hier après-midi par la riche comtesse Henriette de Lamanche. D'après les médecins, M. et Mme du Beau Lac auraient été touchés par une maladie des poumons.
Leur fille, Camille est morte accidentellement le matin même, renversée par une calèche.
Les obsèques sont prévues pour le 2 janvier.
La famille du Beau Lac va être enterrée dans le cimetière de Notre-Dame.
- Non ce n'est pas possible ! s'écria Cathie au bord des larmes.
- Attends, regarde plus bas... C'est ce qui m'a le plus outrée...
« Dès que j'ai vu George et Anna (M. et Mme du Beau Lac) sans vie, j'ai fondu en larmes ! J'étais très proche d'eux dans ma jeunesse... Nous nous sommes perdus de vue par la suite. Mais, ils comptent beaucoup pour moi et ils compteront toujours ! Je suis vraiment effondrée ! Je ne sais pas si je pourrai m'en remettre ! »
Témoignage de Mme de Lamanche.
- Quelle conne cette femme ! s'écria Cathie en jetant le journal par terre. Sérieux ? Comment peut-on croire des bêtises pareilles ? Ca ne tient même pas debout, pourquoi une bourgeoise -surtout une prétentieuse et une orgueilleuse comme Mme de Lamanche- viendrait dans un appartement de pauvres ? Ta tante ment comme elle respire ! C'est dingue !
- Je sais, sanglota Louise. Et il y a bien pire encore... !
- Je ne vois pas ce qu'il pourrait y avoir de pire... Mme de Lamanche a réussi son coup ! Elle a eu ce qu'elle voulait : tuer de pauvres innocents pour je-ne-sais quelle raison !
- Cathie... Tu es la descendante de Camille !
La jeune fille se tourna lentement vers Louise.
- Quoi ?
- Tu n'as jamais remarqué qu'il y avait un petit air de famille, entre vous ? Moi, je l'ai remarqué dès que je vous ai vus ensemble.
- Et pourquoi on ne porte pas le même nom de famille ?
Louise sortit un petit portrait de sa poche.
Il représentait une dame qui ressemblait à Camille mais en plus vieille, à ses côtés un homme, qui ressemblait aussi à Arthur en plus vieux et trois petits enfants âgés de six à dix ans.
- En temps normale, expliqua Louise. Camille se serait mariée avec Arthur et ils auraient eu trois enfants : une fille qui se nommerait Clara et deux garçons qui se serait nommé Julien et Louis. Julien serait devenu prêtre, donc ne serait jamais marié, Louis serait devenus militaire et n'aurait jamais fondé de famille. Il ne resterait plus que la petite dernière, Clara. En revanche, elle, elle s'est mariée avec le compte...
- Locho ? devina Cathie.
- De Locho ! Mais, au fil des générations, cela a du se transformer en Locho...
- Comment tu sais tout ça ?
Louise sortit de son autre poche la boule dorée.
- Il y a deux ans, -ou peut-être devrais-je dire il y a cent cinquante-huit ans ?- je voulais savoir si Arthur allait m'épouser, si on aurait des enfants... Alors, j'ai piqué cela à ma tante et j'ai voyagé trente ans dans le futur... Quand j'ai vu Arthur avec Camille et leurs enfants... J'ai regretté d'être là... D'avoir voyagé trente ans dans le futur... C'est pour cette raison, que je me suis mise à haïr Camille ; j'étais amoureuse d'Arthur... Je croyais qu'elle m'avait piqué mon mari, ma famille... Enfin, maintenant, je comprends que cet amour n'était pas vrai... J'aimais juste Arthur pour son argent... Enfin bref, maintenant, si tu savais comme je regrette d'avoir été tant méchante envers Camille... Comme j'ai honte, quand j'y repense... dit-elle avant de fondre de nouveau en sanglots.
- Ne t'inquiète pas... On fait tous des erreurs, la rassura Cathie. Et toi, tu auras une famille ?
- Oui, un mari -je n'ai pas voulu savoir qui c'est, je laisse le hasard faire !- et j'aurais aussi des enfants ! D'ailleurs, Lizzie et Lora sont mes descendantes...
- Hein ? Mais elles ne sont pas de la même famille !
- J'aurais et ainsi que tous mes descendants auront énormément d'enfants -de dix à vingt !- Alors, il est possible qu'elles soient de lointaines cousines qui se sont perdu de vu...
- Et, tu crois que ce serait pour ça que ma famille disparaît ? Parce que Camille est morte, donc, c'est comme si ma famille n'avait jamais existé...
- Et que si tu restes là, tu vas disparaître toi aussi...
- Et je dois aller où ? questionna Cathie.
- Pas où, mais quand ; il faut que tu retournes le 17 décembre 1864, avant le décès de Camille, empêche-la de mourir !
Louise lui glissa la boule dorée dans la main de Cathie.
- ... Et empêche ma tante de réussir ! lui murmura Louise.
Elle sortit une robe de son sac.
- Tiens ! Tu seras moins remarquable ! lui dit-elle.
Cathie hésita.
- Et... Si j'échoue... Si Mme de Lamanche réussit... Si...
- Mais non ! Fais-toi confiance ! Je sais que tu pourras y arriver, et puis tu n'es pas seule ! Tu as des amis !
Cathie prit la robe et l'enfila sur son pull et son jean.
Sa robe était bleu ciel, avec un ruban autour de la taille et des diamants étaient cousus un peu partout sur la robe. De la dentelle garnissait le bas. Enfin, rien à voir avec la robe de la blanchisserie de Mme du Beau Lac.
- Heu... Elle n'est pas un peu trop remarquable ? demanda Cathie.
- C'est la robe la plus discrète que je possède...
Cathie sentit ses mains qui chauffaient.
- Et toi ? Tu restes au XXI ème siècle ? demanda-t-elle.
- Ne t'en fais pas pour ça !
La tête de Cathie tourna et la voix de Louise lui parut soudainement lointaine... Puis tout devint noir.
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