AU Sans Tuerie (?) - Une aube radieuse
— Qu'est-ce que tu fais ici, François, il est 2 heures du matin...
— Qu'est-ce que TU fais ici, Bagrat, parce qu'il est effectivement 2 heures du matin ?
Je pose mon texte, et mon chocolat aussi. Je révisais, parce que j'ai moyennement envie que D'Heluna me tombe dessus à la prochaine répétition car je ne connais pas pas mon texte. Je montre à François ma fiche, avec les répliques qui ne rentrent pas. J'ai l'impression d'avoir tellement perdu en capacité de mémorisation, dans la Réserve...
— Ça sert à rien de bosser à cette heure-là, tu devrais dormir, soupire-t-il en se servant dans le frigo.
— Parce que tu crois que les autres dorment ?
— En dehors de Marcus, on a Batisto et Luis qui tapent leur meilleure nuit, Dušan qui après sa nuit de folie doit ronfler sec, sans doute, Kaan qui s'est endormi sur son bureau et Kubilay qui doit regarder le match Turquie-Bulgarie en se tapant avec Yoran. Ou ils dorment sur le canapé, ce qu'ils faisaient quand je suis passé. Bon, après, Mohammed... Ben, c'est ramadan, là, après, donc il doit sans doute bouffer tant qu'il peut avec les autres musulmans du campus. Chez les filles, j'y suis pas mais ça doit pas être plus glorieux. Allez, va au lit.
Je me perds quelques instants dans ses yeux bleus, ses magnifiques yeux bleus, comme deux lacs calmes sous un ciel d'été. Ces yeux qui me faisaient trembler d'émoi lorsque je découvrais la force des sentiments. Si la France est aussi belle que tu la représentes, j'abandonne mes droits nobles en Arménie pour vivre sur la terre de la Révolution. Il avale un médicament, puis un verre d'eau.
— Bagrat, t'es sourd ?
— J'ai vu un ange, je suis désolé.
— Tu ne t'en sortiras pas en flirtant, Bagrat, sourit-il en prenant ma main pour me tirer de la chaise.
Je me lève, et passe mes bras autour de son cou. François est beau à damner tous les saints, je ne dis pas que ça parce que j'ai du mal à mettre derrière moi notre histoire, c'est une réalité objective. Il dépose un baiser sur mes lèvres.
— En admettant que j'aille dormir, soufflé-je les joues rouges, resteras-tu avec moi ?
— C'est demandé si gentiment...
***
Je me suis réveillé sur le canapé et surtout sans Maquo. Parce que j'ai décidé de vivre pour moi, de le couper de ma vie.
Là j'ai l'air d'assurer, mais demandez à Sirajuddeen et Tiago qui ont dû me gérer depuis trois jours. Et je sais que ce soir je vais juste chialer comme une madeleine, encore, en serrant sa chemise contre mon visage pour sentir son odeur.
Mais pour l'instant, on va oublier ça. Je vois la silhouette androgyne de mon meilleur ami dans la cuisine, ça me remplit d'un certain sentiment de fierté d'être une des deux seuls personnes à pouvoir le voir avec ses vêtements négligés et sans maquillage. L'autre personne étant son amoureux. Je connais peu Tiago, mais ça a l'air d'être une bonne personne. En tout cas, leur couple fonctionne, ils s'aiment, ça se voit. Je les trouve beau, dans leur dynamique. Ça me rend jaloux, de ne pas avoir ça avec Maquo...
En fait j'ai décidé de me barrer car l'Ultime Anarchiste s'est pointée avec un bébé dans les bras, furieuse, et hurlant après Nicomaque soit de reconnaître l'enfant, soit de trouver une magouille mais là c'est pas tolérable. Et j'ai eu le déclic à ce moment-là, je pense.
Et je m'en veux.
Je m'en veux car je veux être là-bas, avec lui, dans ses bras, et m'excuser de ma bêtise, le supplier de me reprendre, car je m'en fous d'avoir mal, et s'il me trompe, c'est ma faute, non ?
— Liu ? Ça va ?
— ...Ouais. T'inquiète.
Tiago m'adresse un sourire inquiet, avant de poser une main sur son épaule.
— Tu sais, c'est difficile de se remettre d'une relation toxique. Ça va demander du temps, ça va être difficile, mais tu vas y arriver, ok ? Tu peux nous en parler, à moi, à Sira... On est là. Ok ?
Je baisse les yeux en me mordant la lèvre. J'ai l'impression que je vais fondre en larmes.
— M-merci, Tiago...
***
Il est dix heures du matin et est-ce que j'ai envie de faire mes devoirs de littérature ? AH. Non. Donc je lis tranquillement de la mauvaise littérature érotique en regardant Zoraya dessiner des organes génitaux.
Zoraya ne parle pas anglais. Enfin. Mal. Très mal. Elle comprend, comme elle comprend un peu le japonais, mais elle ne le parle pas. Elle parle Grec, c'est pour ça qu'elle traînait avec Maquo. Et c'est comme ça que je l'ai rencontré. J'aimerais bien l'envoyer à Hayat, mais Hayat a déjà du tutorat en langue par dessus les oreilles, pauvre chou. Puis elle veut du temps pour son chéri, aussi, ce qui s'entend. Et moi...
Hibari m'a dit que j'avais abusé.
Et le bouffeur de harengs aussi.
En même temps, j'aurais dû me douter que suivre l'Ultime Ethicien dans une connerie et mettre pour lui une arnaque sur pied, c'était pas le top de la moralité. Et peut-être aussi ma pire idée.
Donc il faut que j'améliore mon karma, m'voyez ? Parce que mon curé va pas vouloir m'absoudre, si ça continue. Et vous savez, le paradis, c'est du serious business. Moi j'y tiens.
Bon, on va pas se mentir, j'aide à peu près autant Zoraya en langue qu'Akimune avec la gestion responsable de son compte en banque. Mais on se tient compagnie, c'est la seule personne avec qui je ne parle JAMAIS de nourriture et ça me fait du bien de ne pas avoir à penser à mon poids avec une personne de mon entourage.
— Zozo, tu m'écoutes ?
— Hm ?
— Pour ton prochain artwork. Écoute : « un kangourou libidineux assimilable à une araignée ».
Je répète, alors qu'elle me fixe avec de grands yeux, comme si elle ne me comprenait pas totalement. Lorsqu'elle saisit, elle rit. Elle se redresse, de ses 2 mètres vingt, monstrueusement grande, s'étire. Sa colonne vertébrale craque dans un bruit affreux. Elle prend appui sur sa béquille, avant de se pencher pour me faire un bisou sur le front.
— Merci, Eugie.
Je rougis légèrement. Si jamais j'en doutais, je pense à présent être sûre d'avoir un squish sur une géante qui elle, a des cheveux.
***
— Hikageeee.
Je crois qu'elle me fait la gueule.
— Hikage, mon amour. La lune de mes jours, soleil de mes nuits, ma colombe, mon ange en sucre.
Je crois qu'elle me fait vraiment la gueule. Et honnêtement, à sa place, je me ferai la gueule aussi. Et je n'ose pas vraiment dire toute la vérité à Héloïse car elle me tuerait sans doute. Enfin, si jamais ce que je crains arrive. Et je l'aurais mérité, là n'est pas la question, je l'aurais bien mérité. Mais ai-je envie de mourir ? Non.
— Hikage, la grande, la merveilleuse, ô reine de mon coeur, souveraine de ma couche, maîtresse de mes passions.
— Naïs, stop.
— Mais je t'ai diiiiit que j'étais désolée !
— On était d'accord pour avoir un enfant. On était d'accord pour que tu le portes. On était d'accord que tu gérais tout ça. Je ne sais pas à quel moment tu t'es dit que Nicomaque Papoulos était un géniteur acceptable.
— Pour ma défense, je suis pas sûre que ce soit vraiment lui. Je rappelle que pendant ce laps de temps j'ai un peu multiplié les aventures capables de me fournir du sperme. Je suis allée l'emmerder lui car c'est le dernier, mais ça pourrait très bien être Augusta. Ou peut-être même Aloïs. Ou quelqu'un d'autre, comme Seung-Il, Stefan... Y'a relativement peu de chance que ça soit Nicomaque.
Je vois bien qu'Hikage est moyennement amusée par mes pitreries. Mais après tout, est-ce que je mens ? Non. Puis j'ai fait faire un test de paternité à Nicomaque. On a reçu la lettre, d'ailleurs.
— Alors POURQUOI, pourquoi, tu me dis que c'est lui, le père ?
— Pour te préparer à l'éventualité ? expliqué-je en berçant notre bébé.
Hikage soupire à nouveau, agacée, avant d'ouvrir la lettre, avec les résultats. Et un sourire naît sur son visage.
— Alors ?
— C'est pas lui.
— Alors ça servait à rien de bouder pendant trois jours !
— ...T'as quand même-
— Nanana, c'est pas le père donc tu peux maintenant trouver notre bébé touuuut mignon. Regarde. Pas une once de mal en lui. Notre enfant est puuuur.
Gouzi gouzi gouzi. Notre nouveau-né est juste adorable.
— J'vais faire du forcing pour que Toshiki paie la pension alimentaire.
— Toshiki c'est un gamin...
— Toshiki est légal, j'ai vérifié. Il m'a juste tiré les cheveux, on va dire une histoire d'immaculée conception ça passe.
— Naïs, ça passe pas du tout.
— Meuh si, dis-je en souriant de toutes mes dents. Allez Bébé, tu veux voir maman Hikage qui sait maintenant que tu n'es pas le fruit du Démon ?
— Tss...
Je tire la langue à mon amour, avant de l'embrasser avec tendresse. Elle prend notre enfant dans les bras, et semble le découvrir comme pour la première fois. Je vois dans ses yeux qu'elle l'aime déjà, et pour toujours, et après les trois jours infernaux qu'on vient de vivre, ça me fait chaud au coeur.
Maintenant faut p't'être que je prévienne ma tendre Héloïse, ahah.
Que la première tête de notre classe de CP est en parfaite santé en précisant que c'est bien pas l'enfant de Nicomaque Papoulos.
Elle aura pas le contexte et ça sera très bien.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro