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Vingt-deux.

Aujourd'hui était une journée un peu particulière. Quand j'étais petit, Rufus m'a forcé à regarder Elric ou Henry Chez les sorciers. J'avais un peu oublié de quoi parlait ce film où il y avait de la magie, je ne m'en souvenais même pas avant ce jour. Il y avait une scène un peu particulière, où, dans la salle à manger vraiment très grande, Elric ou Henry avait reçu du courrier, lui et ses amis. C'était un peu ce qui se passait. Non, il y avait pas de la magie et des oiseaux qui donnaient des lettres, il y avait juste le facteur et la réalité. Aujourd'hui, c'était le jour où on pouvait recevoir et envoyer des trucs par la poste.

J'avais déjà écrit la lettre pour mamie et maman. J'attendais aussi les leurs. Dans ma tête, l'écriture ronde de maman se formait très bien. Je voyais déjà ce qu'elle allait écrire, de simples formalités et beaucoup d'amour. Rufus aussi sautillait sur place. Il pensait que sa mère lui enverrait des magazines cochons et je jure que j'ai essayé de lui dire que c'est impossible, mais Ruf était têtu, quand il se mettait des idées qui n'ont pas de sens dans le crâne, rien ne pouvait les faire sortir.

N'empêche que c'était un beau jour. Yanaëlle était en face de moi, un appareil photo vert autour du cou. Chaque fois que quelqu'un lui avait demandé d'où il provenait, elle souriait sans répondre. Il y avait le mec artistique qui n'aimait pas cette réponse pas très réponse. Il la collait et lui disait des choses à l'oreille, ce qui m'a un peu énervé. Ou peut-être beaucoup. J'avais envie de lui crier que c'était mon cadeau pour elle, qu'elle m'avait embrassé sur le front et que c'était mon amie à moi. Mais je m'étais tu, parce que les plus beaux moments doivent rester secrets. Je n'aimais pas aussi ce mec avec beaucoup de gel. Il m'avait cassé le nez et se tenait trop proche de ma Yanaëlle.

Ta Yanaëlle ? Toi tu t'es perdu entre la fiction et la réalité !

Ah non ! Partez, pas en public !

Depuis quand on t'obéis ?! Tu deviens de plus en plus naïf !

— Thim, arrête de mater Yanaëlle, tu n'es pas discret ! m'a chuchoté Rufus en me pinçant.

Leurs yeux scrutateurs ont commencé à disparaître un peu.

— Je voulais pas être discret. Tu ne trouves pas que Yanaëlle est extraordinaire ? Pas seulement physiquement, même son comportement est fascinant.

— Eh bien fait un peu attention, on dirait que c'est la plus belle chose que tu aies vu !

J'ai froncé les sourcils en essayant de ne pas la regarder. Yanaëlle était vraiment très belle, mais ce n'était pas la plus belle. J'ai déjà vu plus jolies dans les films, et dans la réalité. Mais pour moi, quelque chose entre sa manière de me sourire, ses cheveux parfaits, le petit truc brillant dans ses yeux, il y avait quelque chose qui la rendait lumineuse, magnifique. Je ne connaissais pas encore chaque partie qui composait son âme, mais j'avais pris goût à en apprendre un peu plus. Certains recoins sombres me faisaient peur, le petit aperçu de la dernière fois m'en a convaincu. J'avais failli l'abandonner comme elle m'avait prévenu, fuir au premier obstacle. Et je l'avais peut-être blessé avec mes paroles. Pourtant, elle m'avait pardonné et elle portait l'appareil photo que je lui avais acheté avec les économies que j'avais sur moi. Elle n'était pas la plus belle chose que j'ai vu, mais elle agissait un peu comme ça sur mon coeur.

Son regard a croisé le mien le temps d'une seconde, suffisamment longue pour qu'elle m'offre un sourire en coin. Juste pour moi. J'étais sûr de rougir.

— Si là tu n'es pas amoureux, j'ose à peine imaginer le jour où tu le sauras vraiment !

Surpris, je me suis mis à tousser bruyamment, faisant tourner toutes les têtes vers moi. Comme celle de Yanaëlle.

— Ça va, Thim ? s'enquit cette dernière.

— Ouais, il a avalé de travers sa salive. Pas d'inquiétudes !

J'ai froncé les sourcils, une main sur le cœur car j'étais trop choqué pour me calmer. Moi amoureux de Yanaëlle ?! C'était  impossible ! Yanaëlle était mon amie, la fille que je dessinais tard dans la nuit, celle que je voulais faire sourire, rire et découvrir tous les secrets, pas une fille dont j'allais tomber amoureux. C'était impossible ! Et puis j'aimais la silhouette, non ? Les sentiments que j'avais pour elle étaient différents de ceux que j'éprouvais pour Yanaëlle. Ils étaient radicalement opposés, ce n'était pas la même intensité ! C'était impossible ! Yanaëlle et moi ? Non !

Tu crois ?

Oh ! Tu es qui, toi ?!

On dit que je suis ta conscience, salut !

Hein ?!

— Eh Thim ! J'voulais pas te plonger dans une si grande transe ! a chuchoté Ruf en plongeant son regard noir dans le mien.

— Comment tu peux penser que je vais tomber amoureux de Yanaëlle !

Il a plissé les yeux avant de secouer la tête.

— Pfff, je ne sais plus quoi faire de toi. Quand ça deviendra évident, tu sauras où me trouver.

C'était à moi d'être perdu. Quoi serait évident ? Mais Rufus avait toujours raison. Ses yeux voyaient en moi, il arrivait à comprendre quelque chose que je prendrais des jours à saisir. Souvent ça me faisait peur. Lorsque les gens disaient qu'ils connaissaient leurs amis mieux qu'eux-mêmes, je vois le visage moqueur de mon faux frère qui me tire la langue. C'était pour ça que c'était mon ami-âme-sœur ?

Alors que j'ai ouvert la bouche pour répondre, Debby est apparue armée d'un panier qui devait contenir nos courriers. Le silence s'est installé sur notre table, attendant impatiemment les nouvelles de nos proches. Moi aussi j'avais hâte. C'était bizarre que le manque se manifestait maintenant. Des souvenirs des bras de mamans, de ses sourires, de ses soupirs, du rires de mamie, la voix de la maman de Ruf et même le regard tendre de papa ! Tout ça était revenu plus vite et plus fort, me giflant au cœur. Mes mains se sont mises à trembler, fébriles de l'agitation en moi.

Yanaëlle s'est levée pour aider sa voisine de chambre à les distribuer. Dès que la première lettre a été donnée, ça été la décadence, tout le monde s'est mis à parler, à chercher à savoir ce que cachaient les contenus. Exactement comme dans l'ensemble de la salle. C'était magique.

— Thimoé ?

La fille qui occupait le plus de place après ma mère m'a souri et tout de suite, j'ai décollé. J'ai essayé de ne pas paniquer quand, en me donnant mon paquet, ses doigts ont frôlé les miens. Je voulais lui parler, lui dire n'importe quoi, mais lui parler malgré tout.

— Merci, me suis-je pourtant contenté de répondre.

Elle a hoché la tête et a donné le colis de Rufus. Mon meilleur frère et moi nous sommes regardés avant de comprendre en un échange silencieux. Nous allions faire comme à Noël, ouvrir mon paquet en premier.

Il a déposé le sien pour se focaliser sur le mien.

— Vite ! Je me demande ce qu'elle a envoyé ! Tu crois que ce sont des chaussons en laine de mamie ?

— Peut-être !

Impatient, je l'ai rapidement ouvert. Il y avait une lettre et des boîtes de médicaments. Mes boîtes de médicaments... mes médocs...

Une fois, papa nous avait fait camper près d'une rivière avec son véritable fils. Alors qu'on essayait de pêcher du poissons, j'ai glissé sur une pierre parce que j'admirais la beauté de l'eau et suis tombé dans celle-ci. Je ne savais pas nager, et le courant était trop fort pour mon corps d'enfant. J'ai coulé. Je descendais sans me débattre, je tombais loin, profondément dans des abysses différentes de celles de mon esprit. Je voyais le visage terrifié de Rufus, le soleil qui brillait fort, je voyais mes bras rester immobile flotter, je n'entendais rien, anesthésié du monde. Trop plongé dans une nouvelle terreur, trop dysfonctionnel pour voir que je mourrais. Maman ne l'a jamais dit, mais je n'étais pas trop bête, j'ai compris en grandissant que c'était ma première tentative de suicide. C'est à partir de ce moment que j'ai vu cette psy, que j'ai pris des médocs, que j'ai appris que les voix et les yeux n'étaient pas des amis imaginaires. Ils n'étaient même pas mes amis. Je ne voulais pas mourir, or je ne voulais pas me sauver. Pourquoi ? Maman me l'avait demandé. Pourquoi, Thimy ? avait demandé papa. Pourquoi, mon garçon ? m'avait questionné mamie. Tu pensais à quoi, Thim ?! avait hurlé Rufus en pleurant. Je n'avais pas répondu. Pourtant, je la connaissais cette réponse. Elle me faisait trop peur. Elle était si belle, aussi. Elle me rappelait qu'elle était la solution à mes problèmes. Comme actuellement.

Les rires des gens n'arrivaient pas à briser ma bulle d'eau. L'euphorie était si jaune devant le gris qui se dégageait autour de moi. Je ne parlais plus. Je n'entendais plus. Je n'étais plus. Je regardais un spectacle, tapis dans l'ombre, absorbé, mangé par des voix inexistantes, fusillé par des yeux inconnus. Ils n'existent pas, Thimoé, m'avais avoué la première psy. J'avais envie de lui dire qu'elle mentait. Je les entendais, je les voyais, je les sentais. Ils étaient vrais. Ils étaient encrés en moi. Et souvent, ils me susurraient des mots qui m'effryaient car ces mots étaient exactement ce que je voulais. Je ne devais pas laisser les voix dominer. Elles n'existaient pas. Alors pourquoi elles semblaient si vrais ?! J'étais un taré ?! Je ne sais pas si c'était la vue de mes médicaments, si quelque chose dans mon cerveau s'est déclenché, mais si ces voix étaient enchaînées, ce jour-là elles étaient déchaînées. Elles avaient pris le contrôle.

Regarde moi ça ! Tu vois ce que je vois ?! Ta mère te ramène tes médocs, le fou ! Sale psychopathe va ! Oh ! Bouge toi ! Tu ne vois pas que tu fais pitier tapis dans l'ombre de ta propre conscience ?!

Il est ridicule ! C'est un psychopathe ! Ooh il est schizophrène alors ?! Comme c'est nul !

Tu sais comment nous arrêter, non ?! Allez Thim ! Je suis sûr que c'est Ruf qui t'a dénoncé ! Défonce le ce traître !

C'est un bâtard, Thimoé. Un Juda qui en a marre de se coltiner un mec dépressif qui veut mourir plus que vivre.

Non. Non. Non. Non. Non. NON ! PARTEZ ! Je veux plus vous voir. Pas vous. Chut. Chut. Chut. Arg. Non. Je souffre partez. Pourquoi ?! POurQuoI ?! pouRQuoi ?! Je veux partir. Je veux mourir. Je veux les tuer. Je veux pas. Ils n'ont pas le droit. Je veux pas. Je veux pas. JE VEUX PAS ! Non ! Non ! Soir fort. Ce n'est pas la faute de Ruf ou SI ! C'est lui qui m'a dénoncé ! Non. Non. Non.

Une main a renversé la table de la cantine. Un monstre a frappé Rufus sur la pommette gauche. Le monstre a crié, il a hurlé et il a pleuré. Il a commencé à parler à des gens, leur disant d'arrêter, qu'il ne voulait pas les entendre, cependant, il les obéissait. Il cassait tout sur son chemin. La vaisselle ? Elle finissait par terre. Les hommes qui essayaient de l'arrêter ? Il les envoyait par terre. Un mec avec pleins de gel le frappait au visage ? Lui aussi il finissait par terre. Il rendait tout le monde fou. Les gens avaient peur. C'était un fou. Haha ! C'était un fou ! Fou. FoU ! Il n'avait plus sa tête, lui ! Oui ! Oui ! Oui ! Haha ! C'était un fou ! Trop bizarre ! Oui ! Allez ! Allez le monstre ! Il effrayait les jolies filles avec son visage tacheté remplis de bleus. Ils devaient avoir les pupilles rouges de colère ou de tristesse. Il n'était pas vraiment normal. Il ne savait pas ce qu'il voulait, alors qu'il détruisait tout ! Tout ! Tout ! Tout ! Les voix lui disaient de le faire. Le reste, il n'entendait rien. Un peu comme s'il était sous l'eau. Il était dans sa bulle toute noire ! Une fille aux yeux sombres l'a regardé et il s'est rappelé ! Elle le pensait innocent, elle ne savait pas que lui aussi était un monstre comme elle ! Les monstres marchent en bande, donc ?! C'est génial ! Il devait mourir. Il voulait de l'eau, de l'eau, beaucoup d'eau ! De l'eau en excès.

Soudain, il était parti, il était parti et il savait où. Cet endroit où il y avait beaucoup d'eau. Oui !

Le temps passait vite. Qui avait cliquer sur la touche accélération ?! Tout se passait vite. Sa colère, ce qu'il entendait, ce qu'il pensait. Il criait. Il était possédé. Est-ce que ce mec au cheveux roses qui parlait tout le temps de Dieu allait le délivrer ? C'était un démon, non ? Un monstre après tout. Un monstre qui se tenait devant un lac. Un lac. Qu'est-ce que c'est beau un lac. Dans un lac tant de choses peuvent se passer. Dans un lac tant de choses pouvaient rester. Son cadavre serait le premier ?

Son rythme cardiaque était effréné, il n'arrivait plus à respirer correctement. Il pensait à l'eau dans ses poumons, à la sensation de couler plus loin et plus profond. C'était grisant. Il avait des frissons. Des frissons ! Frissons ! Haha !

Il a avancé prêt à succomber à ses pulsions, avant de bloquer devant son relfet. Le reflet du monstre. Il était frêle. Il avait un gros pull et des cheveux avec une couleur indescriptible. Roux ? Brun ? Brun ? Brun ? Non aujourd'hui il était roux. Je connaissais ce garçon dans le lac. J'avais grandi avec lui. Il était un peu bizarre. Et il portait des manches longues parce que chaque fois que le monstre se réveillait, il se retrouvait le bras ensanglanté.

Un sanglot a traversé mon corps— ou son corps. Mes doigts — ou ses doigts— ont déchiré les manches du pull jusqu'à trouver la peau où ils se sont acharnés. La douleur faisait mal, elle arrivait aussi à rappeler la réalité. Celle où j'étais le monstre. Celle où j'étais un schizophrène qui bouffait des médocs pour éviter à se tuer ou faire du mal.

Je me suis mis à pleurer à même le sol, l'avant bras blessé, des parasites dans le crâne. Je voulais vraiment mourir. Ma famille demandait pourquoi je voulais mourir. Est-ce que je leur demandais à eux, pourquoi ils voulaient vivre ? Peut-être que s'ils posaient la bonne question... pourquoi toujours l'eau, Thimoé ? C'était ce que je voulais entendre. Si on me demandais, j'aurais dit...

— Thimoé !

Le visage face au soleil et la tête sur le sable, je n'ai pas bougé. J'étais un monstre avec des monstres en lui. C'était terrifiant. Effrayant. Beurk. Beurk. BEURK ! Tu me fais pitier, Thim, pensé-je amèrement. Je n'avais pas de place sur terre. Et ce n'était même pas pour ça que je voulais me suicider.

— Thimoé, tu m'entends ?

— Je ne suis pas encore mort, approche. Je ne veux tuer personne à part moi, ai-je répondu en fixant l'astre lumineux difficilement.

— Tu as frappé tous les gars les plus baraqués du camp, a continué la voix.

Je l'ai senti se coucher près de moi.

— C'est parce que je suis possédé. Ou un truc du genre. Je suis le monstre, tu vois ?

— Non. Tu es une personne atypique et bizarre. C'est vrai que ce n'est pas très habituel les crises comme ça, mais tu n'es pas un monstre.

— Tu n'es pas dans mon corps. Arrête de parler sans savoir.

— Ton bras saigne. C'est grave ?

— Je pense pas. Rassure-toi, quand je veux me suicider, je m'attache une brique à la cheville et me jette dans une étendue bleue.

— Il y a une étendue bleu à moins d'un mètre.

— C'est vrai. J'ai la flemme, après.

Un rire a résonné.

— Tu te moques d'un mec schizophrène qui veut se tuer ? ai-je commenté.

— Non. Pardon. C'est juste improbable, tu comprends ?

— Non. Tu es bizarre.

La voix n'a plus rien dit et j'ai plissé les yeux. Les démons à moi rôdaient dans ma tête, un peu calmés. Je les connaissais, si mes paupières se fermaient, ils m'auraient dévoré tout cru.

— Tu sais que je n'aime pas la danse classique ? Pas que je ne l'aime pas, c'est juste qu'elle ne me plaît pas assez. Mon truc, mon vrai truc, c'est la danse de rue. Quand je bouge sur du Hip Hop ou un tube de ce genre, je me sens vivante. J'ai l'impression de pouvoir changer le monde avec mes mouvements. J'en ai parlé à ma mère. Elle était contente. Elle avait peur aussi. Tu sais, les bourgeois avec qui nous prenons le thé trouvent ça déplacé " ses sales négres qui dansent sur des trucs obscènes ". D'abord c'est faux ! Ce n'est pas parce qu'on est Noir qu'on aime ce type de danse. Selon moi, elles sont racistes. Je voudrais leur clouer le bec en dansant devant elles, mais comme je te l'ai dit, maman a peur. Peur que je sois aussi jugée comme au primaire. Tu sais que j'ai un dixième de sang Antillais ? Ma grand-mère l'était. Les gens du quartier ne sont pas commodes et j'ai été un peu harcelée pour ça. Avec ma famille, on a du apprendre à devenir irréprochable. Quand tu es irréprochable, les bouchent se taisent, du moins en ta présence. Imagine si je me mets à la danse de rue, ils vont me critiquer à n'en plus finir ! Le regard des autres me fait peur. C'est pour ça que je t'admire, Thim. Toi, tu es si vrai que tu oublies d'être hypocrite ou faire semblant. T'es mon héro, au même titre que Captain America ! Ne me fait pas croire que tu es un monstre.

Je n'ai pas répondu. Mon cœur était vide de sentiments. Il avait éteint la lumière et s'était enfermé dans un silence inquiétant. Je devais me concentrer très fort pour le sentir battre à un rythme lent compte tenu de la situation.

— Je n'éprouves rien, ai-je dit.

— Tu n'es pas le seul. Il m'arrive aussi de ne rien ressentir. Une fois j'ai vu un accident de voiture et je n'ai même pas pu ressentir de la compassion. Je suis un monstre aussi ?

— Peut-être. Les sentiments c'est pour les braves.

— Tu l'as dit, mon p'tit !

— La première fois qu'on a su que j'avais un problème, j'étais partis camper avec le papa de Ruf et ce dernier. On pêchait et je suis tombé dans la rivière. Un accident, oui, seulement, je ne me suis pas débattu pour vivre. Je me suis laissé couler avec une joie immense. À cette époque, j'entendais déjà des voix bizarres. Le papa de Rufus m'a sauvé. Après ça, direct des psy, des thérapies. J'étais cassé. Ma mère m'a dit que mon père avait des tocs et que c'était dans sa famille, chez les Davinson, que les maladies psychologiques étaient. Il y avait des chances que j'hérite de cette maladie, tu vois ? Je suis taré jusqu'à dans les gènes, un truc de fou ! Mon père a disparu avant ma naissance et il a laissé son nom de famille et ça. C'est un bâtard. Bref. Depuis, j'ai essayé de me suicider deux ou trois fois. Il m'arrivait de me griffer les bras jusqu'à sang. C'est pour ça que je porte des pulls, t'as pas du le remarquer. J'aime souffrir. Et puis, souvent non. J'ai des problèmes en tonnes !

Elle n'a pas répondu sur le champ. J'étais un peu blasé. C'était la première personne à qui je disais ça.

— J'ai envie de te faire un câlin, a-t-elle déclaré.

— Non. Je n'aime pas être touché.

— Oui, je m'en rappelle au début.

— Demande moi.

— Demander quoi ?

— Pourquoi toujours l'eau. Debby, demande moi pourquoi les fois où je veux vraiment mourir je le fais avec l'eau.

— Pourquoi toujours l'eau, Thimoé ? m'a questionné Debby.

— Parce que sous l'eau, je n'entends plus les voix et c'est tellement bien que je veux y rester pour toujours.

J'ai regardé dans sa direction. Elle me regardait déjà, ses cheveux imparfaits dans tous les sens. Ses yeux marrons larmoyants. Tiens, je croyais qu'elle ne ressentait rien ?

— Je te fais peur ?

— Si c'était le cas, je serais déjà partie.

Une lumière est entrée dans l'entre dans lequel reposait mon cœur. C'était agréable.

— Les autres s'inquiètent, nous sommes tous partis à ta recherche, m'a-t-elle informé.

— D'accord. Une minute encore de bain de soleil et on y va. J'espère que tu te rappelles, j'ai totalement oublié le chemin !

Son rire étrange a fendu l'air.

~•~

Les doigts de Debby étaient liés aux miens lorsque nous sommes arrivés au camp. Les campeurs, les moniteurs, avaient tous des visages fatigués et blessés, alors que Debby et moi rigolons d'un souvenir raconté. Mes émotions revenaient petit à petit. Par exemple, j'avais de la pitié pour ces gens que mes problèmes avaient dérangé.

Si je pensais être imperméable aux autres, voir les yeux rouges de Yanaëlle ont été un coup. Mais le coup le plus difficile à encaisser était celui que m'a porté Rufus. À peine m'avait-il vu qu'il s'est jeté sur moi en me frappant au visage. Personne n'est intervenu. Il a pleuré, il a crié, il m'a balancé mes médocs et ma lettre dans la face. Sa colère, sa tristesse, son désespoir m'ont fait pleurer aussi. La souffrance de Rufus faisait écho à la mienne. C'était mon frère que je faisais souffrir.

Il a saisi le col de mon pull déchiré et m'a fusillé de ses pupilles noires. Son front contre le mien, sa respiration rapide a échoué sur ma joue tuméfié. Devant l'assemblée de campeur, il m'a menacé :

— Sale petit con égoïste ! Je te déteste, tu m'entends ?! Plus jamais tu fais ce que tu as fait ou sinon je te tue et pas de la façon que tu veux ! Tu n'as plus intérêt à me faire souffrir ainsi, Thimoé, tu comprends ?! Je suis orphelin de père, tu ne vas quand même pas me priver de mon seul frère ?

Sur la dernière phrase, il a éclaté en sanglots. Il pleurait à chaude larmes. Ces dernières sont tombées sur moi, elles se sont mélangées aux miennes. Sa douleur me faisait mal. Je m'en voulais de le faire souffrir. C'était mon frère ! Je ne savais pas comment réagir, j'étais sensible et insensible. Impossible de réfléchir rationnellement. J'étais dans un endroit tout noir où les seules sources de lumière étaient les points de Ruf, son regard, les yeux touffus de Yanaëlle et les tremblements de Debby. Du reste, j'étais imperméable.

— Promets moi d'arrêter de déconner, Thim ! Si tu meurs, j'crois pas j'aurai la force de rester sans toi.

Il l'avait murmuré pour moi tout seul cette dernière réplique. Il avait brisé mon coeur en passant. Il se cachait dans le creux de mon cou.

— Promis, Ruf.

C'était tout ce que je pouvais dire. J'espérais tenir cette promesse. Je n'aimais pas penser au futur qui paraissait si sombre, lugubre et effrayant. Ça me faisait peur, me projetter dans l'avenir était pareil à marcher sur un fil au-dessus du vide. Incertain, dangereux.

C'était aussi ce qu'il fallait à Rufus. Il est quitté sur moi et m'a aidé à me relever. On devait être ridicule : blessés, sales, décoiffés et recouverts de larmes. Pourtant, les regards de certaines personnes donnaient l'impression qu'ils voyaient des gens extraordinaires.

— Thimoé, nous devons discuter, a dit un moniteur baraqué. Que tout le monde retourne dans leur chambre !

Mon grand frère a saisi ma main.

— J'le suis, a-t-il clamé en essuyant son nez.

— Je ne pense pas...

— Ce n'est pas vous qui avez failli perdre un frère ! De toute manière je sais tout sur lui.

À quelques détails près.

Les moniteurs ont soupiré avant de répéter leur ordre aux autres. À regret, ils sont partis, peut-être déçus de ne pas assister au reste de la fête. Je n'ai pas voulu jetter un coup d'oeil à Yanaëlle, j'en avais plus la force.

— Maintenant, dans le bureau.

J'ai échangé un coup d'oeil avec Ruf, il a hoché la tête. C'était comme lors de ma dernière crise, ça sera à lui de répondre aux questions qui m'étaient destinés.

Le soleil devait être au zénith. Mes doigts ainsi que le sol étaient sec, j'ai du me concentrer pour le faire. Dans ma tête où toutes les ampoules n'étaient pas allumées, j'ai dessiné deux ombres couchées sur du sable, un fil jaune d'amitié qui les unissait.

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Mdrrr, au début de l'écriture de ce chapitre je me disais que je suis pas inspirée et pourtant j'ai pondu 3800 mots 😂 j'imagine les jours où je serais inspirée !

Sinon, bonjour mes donuts au chocolat !

Ça va ?

Même après mon chapitre ?

En l'écrivant j'étais hyper à l'aise, mais après j'ai culpabilisé de faire souffrir Thim😔 mais faut bien du piment les amis 😕

Dooonc, la crise de Thimoé a-t-elle été bien transcrite ? Vous avez ressenti un minimum de l'incompréhension qui l'habite ? Dites moi tout 😔

Au final, le chapitre était bien ?

C'était quoi votre moment préféré ?

Perso, c'est quand Rufus s'est jeté sur Thim pour lui remettre du plombs dans la tête 😔 imaginez notre pauvre pervers comment il devait être inquiet et en colère 😔 je n'ai ménagé personne aujourd'hui 😔 ( en fait, faites pas attention à ce SMILEY je crush juste sur lui )

Debby jolie, elle était plus géniale que d'habitude, non ? J'ai adoré écrire ce moment entre Thim et elle 🥺 je sais pas, ça m'a fait du bien 😔 ( vous voyez ? Je l'utilise pour rien )
En tout cas, l'amitié entre ces deux là est renforcée 🥺

En ce qui concerne Yanaëlle, si tout se passe bien, je devrais écrire mon chapitre préféré ( ça sera forcément le votre aussi ) à la prochaine publication. En tout cas, si je le fais sachez qu'il sera doux, adorable et totalement cuuute 😔 vous allez l'a.d.o.r.é !

J'ai plus rien à dire mes saucisses au chocolat bleu ! ( si vous voulez me raconter votre vie, vous gênez pas ! )

QUESTION POUR APPRENDRE À SE CONNAÎTRE :

Les choses qui vous mettent en colère ? Et histoire de ne pas être la seule folle ici, vos SMILEY préférés et ceux qui vous correspondent le plus ?

On se dit à la prochaine mes Haribo aux nouilles !

Bisous de la part de Thimoé 😚😔 ( j'ai un problème, vous savez)

Avec le plus de tendresse qu'il n'en faut

Phanuelle 🥴❤

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