Sans Nom #14
EDIT POST PUBLICATION : Comme j'écris sur mon téléphone dans le métro, et sur mon ordinateur chez moi, il y a eu quelques problèmes d'enregistrement des modifications que j'ai eu du mal à régler, du coup vous avez surement reçu plein de notification de mise à jour du chapitre... Désolée !
EDIT 2 : Je viens de voir que la dédicace n'avait pas marché . . . J'ai réessayé 6 fois mais je comprends pas pourquoi ça ne s'affiche pas. Bref. Tout ça pour dire que ce chapitre a été inspiré par une proposition de Bakagore donc merci à elle pour ce chapitre ^^
Avant, 24 ans
Les deux hommes étaient assis dans le véhicule et roulaient en silence. Ils n'avaient même pas mis la radio. Celui aux longs cheveux blonds, qu'il avait attaché en une haute queue de cheval pour l'occasion, était au volant. Ses yeux trop verts resplendissaient à travers les verres transparents de ses lunettes aux montures bleues nuits. Même sa petite moustache typiquement british était soignée. Ceci dit, il la soignait tous les jours. Son index tapotait nerveusement le volant à intervalles réguliers, tandis que le reste de ses doigts étaient crispés sur l'objet circulaire. Il laissera probablement une marque en sortant de la voiture, mais c'était le dernier de ses soucis.
Sa principale inquiétude était en effet l'adulte aux cheveux couleur ébène qui l'accompagnait. Celui-ci était installé sur le siège passager avant, dit "la place du mort". Il s'était lui aussi coiffé et rasé sous l'insistance de son compagnon, mais ça ne l'avait pas enchanté. Il semblait complètement insensible au monde extérieur, comme s'il n'avait rien à faire là. Comme s'il n'en avait rien à faire d'être là. Il regardait nonchalamment par la fenêtre, ses iris obsidiennes glissant sur le paysage urbain. Ils n'étaient même pas encore arrivés qu'il s'ennuyait déjà.
- Shota, ne fait pas cette tête...
Celui aux lunettes n'avait pas détourné les yeux de la route en prononçant ces mots. Il n'avait pas jeté un seul regard à son petit-ami. Il se pinça les lèvres et fronça les sourcils, paraissant extrêmement concentré, ou plutôt perturbé. Pourtant, le chemin était très simple et il avait l'habitude de l'emprunter.
- C'est ma tête normale, Hizashi.
La voix du noiraud était plus que blasée. D'ailleurs, c'était aussi sa voix normale. Celui qui avait une attitude étrange était plutôt le moustachu, qui avait habitué son entourage à un boucan incessant et une hyperactivité insupportable. Shota l'avait rarement vu aussi calme, et pourtant il n'aimait pas ça. Le comportement de Yamada était exaspérant. Pourquoi devait-il stresser ainsi ? Ce n'était qu'un diner. Il n'y allait pas avoir de cambriolage, de meurtre ou de déshéritage. L'ébène trouvait que l'inquiétude de son compagnon n'avait pas lieu d'être. Tout se passerait bien. Et si ce n'était pas le cas, ça irait quand même. Ce n'était qu'un dîner, après tout, l'issu de cette soirée n'avait pas tant d'importance.
- On est bientôt arrivé.
- OK.
Aizawa l'avait déjà deviné de lui-même. Il était déjà venu après tout. C'était il y a plusieurs années, c'est vrai, mais l'emplacement de la maison n'avait pas changé. Il y avait même dormi trois ou quatre fois pendant ses années de lycée. Il faut dire que Hizashi et lui étaient rapidement devenus proches, bien qu'ils ne sortaient pas encore ensemble à ce moment là. Enfin, toujours était-il que le blond avait toujours été quelqu'un d'excité et d'amical qui avait invité plus d'une fois le noiraud chez lui. Depuis qu'il avait quitté le foyer familial, l'hyperactif revenait souvent voir ses parents, mais le brun avait toujours refusé de l'accompagner.
Jusqu'à aujourd'hui.
Yamada avait dû négocier un moment, ils avaient eu une longue discussion avant de se retrouver ensemble dans cette voiture. Et bien que Shota ait finalement accepté de se présenter aux parents du blond en tant que petit ami officiel, il n'y voyait pas l'intérêt et ça ne l'enchantait pas le moins du monde. Il le faisait parce qu'il aimait l'anglophone et qu'il savait que ça comptait pour lui. Et puis, ça n'était qu'un dîner, ça ne changerait strictement rien à leur quotidien, alors pourquoi pas ? Si ça pouvait faire plaisir à Hizashi, il le ferait.
La voiture ralentit avant de s'arrêter. Le portail de fer qui la bloquait se mit à trembler, puis s'ouvrit lentement pour laisser entrer le véhicule, qui se gara alors soigneusement sur le parking à cet effet. Une fois le moteur coupé, les deux amants restèrent encore un moment à l'intérieur. Le héro vocal, nommé Present Mic, serrait toujours le volant entre ses doigts et gardait le regard droit devant lui. Seule sa bruyante respiration venait gâcher le silence. Celui à l'alter d'effacement soupira. Même ainsi il arrivait à faire du bruit.
Shota se tourna vers le blond et posa sa main sur celle de l'homme. Ce dernier, surpris, se détendit un peu et posa ses pupilles sur l'homme à ses côtés. Il le trouvait beau. L'homme qu'il aimait, et qui l'aimait en retour, était vraiment beau. Yamada était heureux de l'avoir à ses côtés.
- De quoi tu t'inquiètes ? demanda le brun
Le bilingue lâcha enfin le volant, préférant sentir la main de son amant dans les siennes.
- I don't know . . .
L'expression du noiraud s'adoucit légèrement. Il était cependant toujours blasé, mais Hizashi le connaissait assez pour interpréter l'absence d'émotion sur son visage. Il fut touché par la non-apparente tendresse dans le regard obsidienne du héro effaceur.
- Alors détends toi. Allons-y.
Malgré ses mots, il ne bougea pas. Il attendait que Yamada se décide à sortir. Il iraient quand ils seront tous les deux prêts à le faire. Shota l'était, mais il fallait encore un peu de temps au blond pour se préparer au dîner qui les attendait.
Mic avait mis des heures à s'habiller et faire sa toilettes, et il avait vérifié la tenue du son petit-ami sous tous les angles avant de prendre le volant. Il avait répété ce qu'il allait dire, il savait ce qu'il y aura au repas, et il était parti 20 minutes en avances pour être sûr de ne pas avoir de problème. Cette soirée n'avait pas de raisons de mal se passer. Il allait sortir, prendre la main de son amant, marcher vers le perron et parler à ses parents. Ils connaissent Eraser et l'apprécient déjà. Ils lui donneraient leur bénédiction et mangeront un délicieux poulet rôti dans la bonne humeur. Puis, le couple rentrera chez le bilingue et conclura la soirée par une petite partie de jambes en l'air.
Tout sera parfait. Il n'y avait pas de raison pour que ça ne le soit pas. Hizashi devait arrêter de stresser.
Il inspira longuement par le nez et souffla profondément par la bouche. Il était beau, Shota l'était aussi, et ensemble, ils étaient magnifiques. Ouais, ils allaient sortir et sublimer cette famille par leur amour. Rien ne pourra les atteindre.
- Okay, let's go.
Mic avait pleinement retrouvé confiance. Il sourit, lâcha la main de son collègue et ouvrit la portière. Eraser Head fit de même et ils se levèrent tous les deux pour se rejoindre devant le véhicule. Le bilingue verrouilla son moyen de transport personnel. L'ébène lia leurs doigts. Le moment était venu.
Le couple traversa le jardin devançant la maison. La famille Yamada était riche, elle possédait un large terrain et un logement plus qu'aisé. Hizashi avait grandit dans un palace à deux étages sur les bords de la ville. C'était une maison originale confrontant les frontières orientales et occidentales. Typiquement Yamada. La famille métissée avait construit un foyer à son image.
Les deux héros professionnels s'arrêtèrent face à la large porte en bois. Ce fut Hizashi qui sonna. Deux secondes et vingt-quatre centièmes passèrent avant qu'un "J'arrive" retentisse. Quatre secondes de plus pour que la porte s'ouvre, présentant à l'intérieur du logement un grand homme à la peau claire et aux cheveux bleus foncés mi-longs dans lesquels se mêlaient quelques fils d'argent. On aurait que sa coiffure était une nuit d'étoiles filantes. Il avait les yeux noisettes accompagnés d'une paire de lunette triangulaire dont les verres étaient, au grand soulagement d'Aizawa, transparents. Il portait la même moustache que son fils, quoiqu'un peu plus longue et beaucoup plus sombre. Ses joues étaient marquées de rides de sourire. En observant bien sous les mèches obscure on pouvait apercevoir un appareil auditif connecté à son oreille droite. Pas très surprenant lorsqu'on connaissait l'alter d'Hizashi. L'avoir sous son toit devait être un calvaire pour les tympans.
- Konbanwa, vous êtes piles à l'heure !
Ils avaient dix à quinze minutes d'avance mais personne ne jugea important de reprendre le paternel. Le temps n'était qu'une valeur abstraite, vouloir absolument le chiffrer n'avait pas de sens.
- Good evening Dad !
Le père et le fils se sourirent avant de se prendre dans les bras. Les Yamada sont des personnes affectueuses qui n'hésitent pas à être tactiles.
- Bonsoir Kuroiro-san.
Eraser salua platement le père de son petit-ami. Kuroiro Yamada lui sourit en retour et se courba pour lui souhaiter la bienvenue. Il savait que l'ébène n'était pas fervent des démonstrations d'affection, c'est pourquoi ils s'étaient depuis longtemps mis d'accord sur des salutations simples et courtoises. Mais cette distance apparente ne signifiait pas qu'ils ne s'appréciaient pas ; au contraire ils se respectaient mutuellement. Le bleuté admirait le sang froid de l'ébène, et le héro effaceur considérait la patience du malentendant. Pour avoir supporté les cris et les caprices d'Hizashi alors que son ouïe était affectée par l'alter du blond avait dû être une rude épreuve, pourtant les deux parents du garçon n'ont jamais flanché. Ils se sont toujours tenus aux côté de l'homme, au prix d'y laisser un sens des plus primordiaux.
Le cinquantenaire laissa entrer ses invités, qui se déchargèrent de leurs manteaux ainsi que de leurs chaussures pour enfiler des chaussons, avant de pénétrer dans l'immense demeure. Ils n'avaient pas besoin d'être guidés, ils connaissaient tous les deux la maison par coeur. Ils arrivèrent dans la salle de réception, dans laquelle un homme et une femme de pas plus de trente ans discutaient tranquillement. Lorsqu'ils aperçurent les nouveaux arrivants, ils cessèrent de parler pour aller leur dire bonsoir.
- Hey, Hizashi, Aizawa-kun ! Ca fait longtemps !
La femme, une adulte aux cheveux bruns de près d'un mètre quatre-vingt-dix, fit la bise au couple. Elle portait une magnifique robe en soie beige qui s'arrêtait au niveau des genoux. Un très léger décolleté laissait entrevoir ses formes sans pour autant les exposer. Une ceinture orange soulignait sa taille presque fine, et un pendentif en forme de dragon était accroché à son cou. Elle portait aussi des boucles d'oreilles en véritable argent qui se mariaient superbement avec ses yeux bleu-gris comme l'orage. Elle avait coiffé ses mèches brunes en un chignon décoré d'une tiare de fleur.
L'homme avait qui elle conversait précédemment devait être un peu plus jeune qu'elle, et aussi plus petit. Disons, 27 ans pour 1m80, de courts cheveux bleus et blonds, et des iris violettes brillant d'intelligence. Il était vêtu d'un costume classique, bien qu'il ait choisi des couleurs colorées : chemise rose claire, pantalon et veste cyan. De quoi agresser les yeux d'un aveugle en temps normal, mais sur lui, cela semblait étrangement chic. Hors du commun, certes, mais très classe.
- Hi guys, ça fait plaisir de vous revoir ! s'exclama Mic
Visiblement, la nervosité de ce dernier avait disparu. Comment être tendu lorsqu'il voyait sa famille adorée ? Ils étaient tous gentils et super cools, il avait eu tord d'être stressé. Ce n'était pas le premier diner qu'ils passaient ensemble et ça ne serait pas le dernier, loin de là. Il comptait bien revenir encore de nombreuses fois avec son petit ami -et peut être un jour mari, qui sait ?- dans cette maison chaleureuse.
Durant ces retrouvailles, Kuroiro s'était éclipsé dans la cuisine, très certainement pour y rejoindre sa femme. Enfin, c'est ce qu'une personne étrangère à ce petit monde aurait pensé. Mais lorsqu'on connait les Yamada, on sait bien que la mère s'occupe rarement des fourneaux, et encore moins lors des grandes occasions. Le cuisinier attitré se trouvait être l'homme aux cheveux de nuit, et personne ne trouvait rien à y redire.
En attendant que le repas soit servi, des entremets et des boissons étaient répartis sur la table. Les quatre invités pouvaient se servir librement, puisque cela leur était destiné. Shota avala une bouchée de canapé en écoutant d'une oreille son compagnon prendre des nouvelles des autres.
- Alors, la Chine, c'était comment ? demanda le blond aux lunettes.
- C'était incroyable, répondit celui aux cheveux bicolores. Si t'avais pu voir ça lil' bro' tu en aurais eu le souffle coupé ! Je te jure, la Grande Muraille, le Port de Shangai, les gratte-ciel de Hong-Kong, la Cité Interdite mais aussi les superbes paysages de Xinjang et du Tibet ! C'est époustouflant !
Cet homme, du nom de Hiro Yamada, était le frère aîné du héro vocal. Un surdoué à l'école ayant comme alter de pouvoir contrôler sa propre ouïe. S'il le voulait, il pouvait écouter une conversation qui avait lieu à 3km de lui, ou bien se rendre sourd à tout bruit autour de lui. Un pouvoir bien pratique quand on partageait un toit avec la famille la plus bruyante de tous les temps. Il était un chirurgien plutôt renommé et avait même tourné dans un ou deux films. Il s'était fiancé il y a un an avec Rin Mashimiya, la femme à côté de lui, qui travaillait dans une entreprise de production musicale.
- C'est bien vrai, même toi tu n'aurais rien su dire devant ce spectacle ! approuva la verte.
Hizashi se mit à rire en secouant la tête.
- Rien ni personne ne peut me faire taire ! J'aurais toujours un commentaire à faire !
- Well, c'est devenu tout bruyant d'un coup, fit une voix féminine. Je devine que mon petit ange est arrivé.
Une femme qui ne faisait clairement pas ses cinquante-sept ans entra dans la pièce, vêtue d'un tailleur à rayure. Ses cheveux blonds étaient presque aussi longs que ceux d'Hizashi, et ses iris étaient d'un turquoise unique qui n'était pas gâché par les lentilles de contact qu'elle portait. A ses deux oreilles, un discret appareil auditif lui permettait d'entendre.
Yumeko Yamada était une métisse britanno-japonaise d'un mètre quatre-vingt-douze qui avait été mannequin, chanteuse, actrice, mais qui aujourd'hui s'était tournée vers le journalisme. Elle paraissait quinze ans de moins que son âge sans n'avoir eu recours à aucune chirurgie esthétique. Elle avait encore le physique de défiler sur les grandes scènes de la mode, mais elle avait choisi d'abandonner ce métier superficiel pour mettre plus en valeur sa personnalité.
Elle prit son fils dans ses bras et voulu faire de même avec Aizawa, mais ce dernier se recula en grimaçant. La mère de famille rit joyeusement en tapant l'épaule de l'ébène, ne lui en voulant pas le moins du monde pour cet évitement.
- Vous avez fait bon voyage ? Dites moi, vous dormez ici cette nuit ? J'ai préparé les chambres !
Le couple d'hommes se regarda. Si la blonde les laissait dormir dans cette maison, ils se devaient de la mettre au courant de la situation. Qu'elle leur ait préparé deux chambres différentes ou qu'elle les laisse dormir ensemble conduisait forcément à une annonce de leur part. Hizashi recommençait à se sentir nerveux. Il passa une main dans sa queue de cheval.
- Oh that's pretty cool Mom, thank you ! D'ailleurs, je voulais te dire un truc...
- Je t'écoute, sweetheart.
La femme lui fit un sourire chaleureux l'invitant à parler. Le genre d'expression qui met immédiatement à l'aise. A cet instant précis, Kuroiro réapparut dans la pièce.
- Dites moi, ce ne serait pas le moment de jouer un petit air de piano ? Hizashi ?
Cette intervention détourna immédiatement l'attention des personnes présentes de ce que Mic voulait dire. Le visage du héros vocal s'illumina et il s'installa sur le tabouret de l'instrument qui trônait dans un côté de la salle. C'était un magnifique piano à queue blanc, une couleur peu commune pour cet instrument, qui brillait par sa pureté. Connaissant les goûts atypique des Yamada, il n'était pas si étonnant qu'ils aient choisi cet apparence peu classique. Après tout, ils avaient toujours aimé surprendre.
Le DJ fit survoler ses doigts au-dessus des touches sans les toucher. C'était son rituel, il faisait toujours ça avant de jouer. Il prit une grande inspiration en fermant les yeux, puis il abaissa doucement ses mains en expirant, et lorsque les premières notes résonnèrent, il se permit de rouvrir ses paupières. Et il se mit à jouer.
- Bach ! reconnut l'aîné Yamada.
Le professeur d'anglais sourit à travers la mélodie et continua de caresser les touches de ses fins doigts de musicien. Il n'avait pas besoin de partition pour reproduire les grands classiques, il connaissait chaque musique du bout des doigts. Son jeu était fluide et plus qu'agréable à écouter. Pendant que les notes emplissaient la pièce, Eraserhead s'approcha de son compagnon et finit par se poser à côté du piano. Il regardait l'homme qu'il aimait, et le trouvait véritablement beau.
A la fin de la mélodie, Hizashi suspendit ses doigts en l'air et resta figé quelques secondes avant de les laisser retomber sur ses cuisses. Il tourna alors la tête et capta le regard amoureux de son petit-ami.
- C'était beau. Tu es doué.
- Ne l'ai-je pas toujours été ?
- Si, mais ça me surprend à chaque fois.
- C'est surprenant que je maîtrise quelque chose ?
- C'est surprenant que tu sois parfait.
Cette remarque provoqua des rougeurs sur les joues du héros vocal, qui était touché d'une telle franchise de la part de l'ébène. Shota était une personne très honnête, c'est vrai, mais il s'ouvrait rarement ainsi, surtout devant d'autres personnes. La famille Yamada avait observé l'échange avec tendresse, trouvant adorable le lien entre ces deux collègues. Certains avait peut-être même déjà deviné la nature de ce lien, mais aucun ne fit de remarque.
Present Mic pivota sur son fauteuil et fit face à son petit monde. Il se trouvait avec les personnes qu'il aimait le plus sur cette Terre, ceux pour qui il donnerait sa vie pour les voir sourire. Il était temps de leur dire la vérité. La musique avait mis une ambiance posée et apaisante, le moment était opportun. Le DJ sourit.
- Dad, Mom, Big bro' and Future Sis'. Je suis vraiment heureux d'être avec vous ce soir.
- Oh, il va faire une annonce ! s'exclama la presque belle soeur du héros.
- We love you too, Zashi, répondit Hiro.
- We are the one who are glad to be with you, sweetheart !
Un éclat de rire s'échappa des lèvres du professeur d'anglais suite à la phrase touchante de sa génitrice. Il l'adorait, vraiment. Il les adorait tous.
- Vous êtes une famille tellement parfaite !
- C'est parce que tu en fais parti, fiston, répliqua le père en souriant.
- C'est flatteur Dad, attention je vais prendre la grosse tête !
Ils se mirent tous à rire joyeusement, sauf Aizawa qui se contenta de souffler du nez, un sourire en coin déformant ses lèvres. Il n'avait pas prit la parole, se disant qu'il revenait à Hizashi le droit de s'adresser à sa famille. Lorsque le blond à lunettes se calma, il posa ses iris émeraudes sur l'homme qui l'accompagnait, et tendit le bras pour saisir sa main. Son coeur battait un peu trop vite, mais ça allait.
- Permettez moi tout de même d'ajouter une personne à notre famille parfaite, dans l'espoir que ça ne dérègle pas l'harmonie entre nous.
Son regard amoureux n'échappait à personne. Kuroiro, Yumeko, Rin et Hiro ne disaient rien, attendant avec impatience la fin de l'annonce. Les deux parents avaient déjà de larges sourires émus aux lèvres. Hizashi les regarda à nouveau, l'air déterminé. Avec Shota à ses côtés, il pouvait tout affronter sans craintes.
- Je tenais à vous partager mon bonheur. Vous êtes ma famille, alors vous êtes en droit de savoir que... J'ai trouvé quelqu'un. Une personne adorable et géniale que j'aime énormément.
Fidèle à lui-même, il faisait durer le suspens.
- Et cette personne se trouve ici-même, et j'aimerais vous la présenter en bonne et due forme.
Après avoir pris une grande inspiration, il se leva, main dans la main avec Eraser.
- Alors voilà. Je sors avec Shota, depuis quelques mois maintenant. Et nous avons décidé d'emménager ensemble.
Mic ne pouvait pas s'empêcher de sourire lorsqu'il parlait de son couple. C'était évident qu'il était véritablement amoureux. Et ça l'était tout autant que ses sentiments étaient réciproques. La tendresse du regard que lui portait Aizawa ne laissait place à aucun doute. Ces deux là étaient magnifiques, ensemble.
- Oh dear, I'm so happy for both of you ! s'exclama Yumeko dans sa langue maternelle.
La fiancée de Hiro hocha positivement la tête pour approuver les dires de la matrone. Son compagnon à elle se montrait plus réservé, voire même inquiet. Sa réaction ternit le sourire du cadet de la famille, qui avait peur de l'avoir vexé. Mais le héros vocal n'eut pas le temps de demander ce qui n'allait pas que son père se jeta dans ses bras.
- JE SUIS SI FIER DE TOI !!! Il était franchement temps que vous sautiez le pas, tous les deux !
- Comment ça "il était temps" ?! s'indigna Mic.
- C'etait évident depuis la première fois que tu l'avais ramené ici que tu l'aimais, enfin !
- WHAT ?! Mais on était en deuxième année de lycée à l'époque, comment tu peux dire ça ??? Ca ne fait pas si longtemps que je suis amou-
- EXACTLY ! Tant de temps pour vous rendre compte de vos sentiments, c'est si triste ! Vous êtes tous les deux aveugles !
- Please darling, laisse les respirer, intervint la mère Yamada. L'important est qu'aujourd'hui ils soient ensemble et heureux. Vous avez ma bénédiction, les garçons.
Le héro aux yeux trop verts était vexé par l'attitude de son père et allait se mettre à bouder, mais la femme qui lui avait donné vie savait trouver les mots pour faire évaporer cette émotion. Il retrouva immédiatement le sourire et alla étreindre la blonde. Le cinquantenaire aux yeux noisettes se joignit à l'embrassade pour témoigner de son amour envers son fils. Ensuite, les deux parents se tournèrent vers Shota qui ne put, cette fois ci, échapper au câlin. Il grogna pour la forme mais répondit maladroitement à la démarche d'affection, mal à l'aise.
- Je suis certaine que tu prends bien soin de notre petit ange ! lança Yumeko avec les larmes aux yeux.
- Je n'ai pas de doute sur le fait que tu le rendras heureux, ajouta Kuroiro, ému lui aussi.
- Oh... euh.. Merci ?
Ils se lâchèrent et s'éloignèrent, permettant à Hizashi de récupérer son compagnon. Le DJ lia ses doigts à ceux de son amant, fier de se tenir à ses côtés. Shota avait raison tout à l'heure : il n'y avait vraiment aucune raison de s'inquiéter.
Une sonnerie robotique les tira de leur bulle de bonheur. Kuroiro Yamada claqua ses mains et s'exclama :
- Le repas est prêt !
La table avait été dressée avant leur arrivée, il fallait simplement rapporter les plats tous justes sorti du four avant de s'installer sur les chaises. Eraserhead et Rin suivirent le bleuté à la cuisine pour l'aider à servir la nourriture.
- Vous allez super bien ensemble, fit remarquer la demoiselle.
Le damoiseau ne répondit pas, n'ayant aucune idée de ce qu'il était censé dire par rapport à ça. Il saisit le récipient que lui tendit Kuroiro et alla le poser sur la grande table de réception. Il retourna ensuite dans la cuisine pour chercher les boissons, pendant que le passionné de cuisine sortait délicatement un appétissant poulet rôti du four.
- Lequel de vous deux s'est lancé ? demanda le bleuté sans regarder son interlocuteur.
- Pardon ?
- Qui s'est déclaré en premier ?
- Oh . . . Bah... Hizashi . . .
Le cinquantenaire aux lunettes se mit à rire.
- Ca m'étonne pas de lui, tiens !
Pourquoi poser une question dont vous connaissez déjà la réponse ? se demanda l'ébène. La logique de cette famille métissée lui échappera éternellement. Il n'y en avait clairement pas un pour rattraper l'autre. Avaient-ils vraiment besoin d'en faire toujours autant ? Rien que la quantité de nourriture préparée témoignait de l'exagération naturelle des Yamada. Il y avait de quoi nourrir un clan d'ogres dans cette cuisine, et il y aurait quand même des restes. Ils n'étaient pourtant que six simples être humains à ce dîner. Tout ceci n'avait aucun sens. Un gaspillage sans nom aux yeux du noiraud. Mais il ne se permit pas de critiquer ses hôtes et se contenta d'apporter les plats sur la table. Une fois que tout fut installé, il s'assit aux côtés de son petit-ami, qui semblait rayonner de joie suite à l'accueil chaleureux de ses proches par rapport à son aveu.
- HAPPY THANKSGIVING MY DEARS ! s'exclama Kuroiro avant d'entamer le dîner.
Ils avaient beau être au Japon, les Yamada maintenaient cette tradition anglaise de novembre. Ils avaient certes troqué la dinde par un poulet mais personne ne s'en était jamais plaint. Cette fête conviviale qui évoquait un repas familial était organisée tous les ans dans cette maison, chacun se mettait sur son trente-et-un pour partager une soirée joyeuse.
Mic et Eraser étaient côtes à côtes, de même pour Hiro et Rin. Le couple marié, lui, était séparé par la large table. La matrone Yamada se trouvait du côté du couple de héro, tandis que le père de famille était aligné avec les jeunes fiancés. Ils se servaient en discutant et riant joyeusement. Mais il y avait deux ombres à ce tableau.
La première était Aizawa, de nature antipathique, qui était ostensiblement dérangé par le bruit que faisait son compagnon. Il voulait juste manger en paix, mais impossible de savourer son repas avec l'agitation environnementale. Il avait beau faire de son mieux pour ignorer la conversation, ses efforts étaient vains. Il se trouvait au beau milieu d'un tumulte qui allait sûrement se prolonger tard dans la soirée.
C'était exactement la raison pour laquelle il détestait venir ici.
Le second coin sombre se trouvait être un chirurgien de vingt-sept ans à la chevelure bicolore. L'homme aux yeux violets se faisait étrangement discret. Il manipulait nerveusement la nourriture dans son assiette en portant un regard déstabilisé aux amoureux fraîchement officialisés. Son comportement inhabituel finit par inquiéter la femme à qui il s'était promis.
- Hiro, mon amour, est ce que ça va ?
Honteux de briser la bulle parfaite de ce repas familial en ce jour de fête, il secoua négativement la tête. Mais il ne dupa pas Hizashi.
- Big bro' . . . Tu sais que tu peux tout me dire, n'est ce pas ? Même si ça va me vexer, je préfère que tu sois honnête avec moi !
Les iris lilas prirent une teinte de tristesse et une expression désolée se dessina sur le visage de l'interrogé. Au moins, il ne semblait pas dégoûté, ce qui rassura le héro vocal. Mais il était quand même attristé par cette réaction. Il adorait son frère et se confiait souvent à lui dans ses moments de doutes. Leur relation fraternelle ne s'était pourtant pas dégradée après le coming-out bisexuel du professeur d'anglais, alors il ne comprenait pas pourquoi maintenant son aîné se comportait ainsi.
- Tu es sûr de toi ? finit par demander Hiro
- Excuse me ?
- Te mettre en couple avec lui et emménager ensemble... Tu es sûr de ce que tu fais, Hizashi ?
Le blond ressentit un pincement au coeur. Son grand frère ne l'appelait que rarement par son prénom, ce qui prouvait que la situation était inquiétante. Mais Mic était prêt à défendre bec et ongles son amour.
- Bien sûr que oui ! C'est le bon, je t'assure ! Shota est définitivement l'homme de ma vie !
Le concerné, ne s'attendant absolument pas à une telle déclaration, sentit les rougeurs colorer ses joues. Pourquoi ce dîner de Thanksgiving prenait une brusque apparence de demande en mariage ?
- M-mais... Il y a tellement d'autres choix . . .
- Qu'est ce que tu racontes Hiro, intervient Rin. Je croyais que tu appréciais Aizawa-kun !
- Détrompe toi honey, je l'aime vraiment bien ! C'est juste que... Pour moi, ils n'étaient que de très bons amis. Et je suis toujours persuadé qu'Aizawa est une bonne personne.
- Mais ? compléta Hizashi qui avait deviné l'hésitation de son interlocuteur.
Le grand frère se mordit la lèvre. Il n'avait pas envie de dire ça.
- M-mais... C'est . . . C'est un homme.
Ce fut comme une flèche dans le coeur du professeur d'anglais. Il n'aurait jamais cru entendre un jour de tels mots sortir de la bouche d'une personne qu'il respectait autant.
- Je suis effectivement un homme, ne put s'empêcher d'intervenir Shota. Et, pour ta gouverne, je l'ai toujours été. Surpris ?
Le ton de l'ébène était froid et sarcastique. Les remarques homophobes ne lui faisaient rien, mais il n'appréciait pas du tout que l'on brise les espoirs de l'homme qu'il aimait. Famille ou non, Hiro avait blessé Mic, et Eraser Head ne lui pardonnera pas si facilement.
Yumeko Yamada, abassourdie par l'attitude du premier garçon qu'elle avait élevé, appuya de ses deux mains sur la table pour se lever, faisant grincer sa chaise sur le sol.
- Enfin, mon fils, pourquoi dis-tu une chose pareille ?! Ce n'est pas le premier homme avec qui sort 'Zashi !
- Je sais bien, Mom, et je ne lui fais aucun reproche !
- Ce n'est pas l'impression que tu donnes, pourtant !
- Ecoute moi ! Je n'ai pas de problème avec le fait qu'il aime aussi les hommes ! C'est juste qu'emménager ensemble, c'est un engagement très sérieux ! Et ça ne fait que quelques mois qu'ils sortent ensemble, je pense qu'ils devraient y réfléchir un peu plus longtemps...
- Mais c'est tout réfléchis, big bro' ! Shota et moi sommes en couple depuis dix mois mais nous nous connaissons depuis bien plus longtemps. Mais je ne vois pas quel rapport notre sexe a avoir là dedans.
Hizashi avait reprit la parole d'une voix plus faible que d'habitude, mais aucune colère n'avait imprégné ses mots. Hiro soupira.
- Tu es bisexuel, non ?
- Yes I am. So what ?
- Alors tu aimes aussi les filles ?
- Yes I do. And ?
- Ca ne serait pas plus simple de vivre avec une femme ?
Le héro vocal fronça les sourcils. Le raisonnement de son frère lui échappait, heureusement que ce dernier ne tarda pas à s'expliquer.
- Je ne veux pas remettre en doute tes choix de vie, lil' bro' je pense simplement à ta propre sécurité. Le Japon est un pays développé mais pas très ouvert d'esprit. Deux hommes ne peuvent toujours pas se marier ici. Beaucoup de gens ont des à-priori sur les couples de même sexe, et on dénombre encore de nombreuse agressions à caractère homophobe. Je sais que tu tiens beaucoup à Aizawa, et je sais que vous vous entendez très bien, mais j'ai peur que le monde ne vous accepte pas aussi bien que cette famille le fait.
Rin prit la main de son fiancé et le regarda avec tendresse.
- Qu'est ce que ça signifie, mon coeur ? Tu n'es pas heureux pour lui ?
L'homme aux cheveux bleus et blonds lui sourit en retour.
- Bien sûr que si, je suis très content que mon génie de petit frère ait trouvé son âme sœur. S'il me dit qu'il est sûr de lui, alors je le crois. Mais je m'inquiète pour lui. Sa vie ne sera pas simple, dans cette situation.
Il porta un regard circulaire à sa famille et arrêta ses pupilles dans les orbes de jade de Present Mic.
- Tu vas devoir faire face à de nombreuses injures et préjugés. Tu ne pourras jamais lui passer la bague au doigt en témoignage de tes sentiments. Et si vous emménagez ensemble, de quelle manière vas-tu justifier votre relation aux voisins ? Ils ne vous jugeront uniquement par votre sexualité, sans chercher à voir au delà.
Il reposa ses couverts et croisa les bras, prenant un air sérieux. Il avait réussi à capter l'attention de tous, et il ne s'était pas fait coupé la parole depuis un moment.
- Ce que je veux dire, c'est que tu es une personne génialissime, Hizashi, et j'aimerais que le monde entier te voit comme nous le faisons. Mais si tu choisis de te mettre avec un homme, alors tu te couperas l'accès à cette opportunité. Tu es quelqu'un de très positif qui adore se faire complimenter, et je ne sais pas si tu supporteras être regardé comme une bête de foire simplement parce que tu es amoureux d'un homme. Je te connais, tu n'es pas fait pour vivre dans l'ombre. Mais plus tu t'exposeras et plus tu souffriras.
- Tu veux dire que mon Bonheur finira par me rendre malheureux ?
- Je te souhaite simplement un avenir aussi ensoleillé que ta personnalité.
Chose rare : un silence s'installa dans la maison. Rin avait baissé la tête, impuissante face aux arguments de l'homme envers lequel elle était engagée. Kuroiro s'était mis à se ronger les ongles en retournant le problème dans sa tête, tandis que sa femme portait un regard rempli de tristesse à ses deux fils. Shota, lui, restait fidèle à lui-même : son visage imperturbable ne laissait apparaître aucune émotion. A l'opposé, Mic était très expressif ; ses poings serrés avaient agrippé la nappe verte qui recouvrait la table, et ses sourcils froncés dévoilaient une frustration évidente.
Tous s'interrogeaient sur la validité des inquiétudes du frère aîné, qui semblait désolé d'avoir évoqué une vérité aussi douloureuse. Il ne voulait pas briser le coeur de son petit frère, mais il ne pouvait pas le laisser foncer dans le mur sans sécurité. Il essayait simplement de le protéger des atrocités du monde extérieur. Mic était un être fait pour briller, mais Hiro doutait que son éclat puisse combattre la noirceur des humains. Et il n'avait pas envie d'entendre le blond pleurer car il n'arrivait pas à s'intégrer à cette société moyennageuse. Il voulait le voir sourire, il voulait le voir heureux, il lui souhaitait tout le bonheur du monde. Aizawa avait beau être un bel homme qui s'occupait très bien du DJ, le diplômé en médecine doutait que l'ébène puisse permettre à son frère de continuer de rayonner. Comme il l'avait dit précédemment . . . Ce serait plus simple avec une fille.
- Whatever ! I love him, I want to be with him and no one else !
- Mais.. Tu es sûr ?
- Of course I am ! Leurs remarques stupides et blessantes ne me mettront pas à terre. A quel point me sous-estimes tu, big bro' ?
- Je ne te sous-estime pas du tout ! Je veux juste ce qu'il y a de meilleur pour toi.
- Et le meilleur pour moi, c'est cet homme avec qui je veux vivre. Si les gens me critiquent, c'est qu'ils ne me connaissent pas. Je n'en ai rien à faire du jugement de ceux qui ne réfléchissent qu'à moitié, seul l'avis de mes proches a de l'importance. Quoi que je fasse, il y aura toujours des personnes qui désapprouveront mes choix. Une fille sera quand même trop grande, trop ronde, trop japonaise. Alors au lieu de me prendre la tête sur tout ce qui n'ira pas dans mon futur, je préfère me concentrer sur toutes les belles choses que je vais connaître.
Hizashi saisit la main de son compagnon, qui se laissa faire.
- Je suis amoureux de lui, qu'importe ce que disent les homophobes. Et nous allons vivre un amour parfait pendant des années. Nous survolerons les regards désapprobateurs. Oui, sûrement que ça me blessera que mes collègues me jugent par rapport à mon couple. Mais j'aurais encore plus mal si je devais me détourner de Shota. Ca me brise le coeur que tu me conseille de laisser tomber l'amour de ma vie en t'imaginant que mon bonheur puisse se trouver dans les bras d'une autre. Aucune fille ne pourrait me combler autant que ce gars le fait. Avec l'homme que j'aime à mes côtés, je peux tout supporter.
Le héro vocal était bien déterminé à maintenir son couple. C'était Eraser, l'homme qu'il avait choisi, et il ne reviendra pas là dessus. Il forcera bien l'Univers à l'accepter, quoi qu'il arrive. Il était aujourd'hui incapable de s'imaginer une vie sans l'ébène. Ce dernier lia leurs doigts et lui fit un léger sourire fier. Aizawa se battrait à ses côtés.
Hiro Yamada resta un instant silencieux avant de soupirer bruyamment. Mic eut peur d'avoir vexé son aîné en répliqué avec tant de véhémence.
- I-I mean... Je suis touché que tu t'inquiètes pour moi, mais je te promets que ça ira, big bro'. J'aime sincèrement Shota et je suis prêt à faire face à tout ce que tu as décrit.
Kuroiro se racla la gorge pour annoncer sa prise de parole. Il remonta théâtralement ses lunettes sur son nez et posa ses iris noisettes sur son enfant cadet.
- Ton grand frère a raison, ta vie ne sera pas facile, fiston. Mais sache que ta famille te soutient et que nous serons toujours derrière toi. Si tu affirme qu'il est le bon, alors nous te croyons. Je vous souhaite à tous les deux tout le bonheur du monde.
Le visage de l'animateur radio s'illumina et il serra plus fort la main de son petit-ami.
- Merci beaucoup, Dad !
Les regards se tournèrent ensuite vers le médecin aux yeux violets qui semblait s'être un peu détendu. Hizashi avait la bénédiction de ses parents, mais il voulait aussi l'approbation de son grand frère. Ce dernier finit par relever la tête et afficher un petit sourire, surprenant les personnes assises à la table.
- Très bien, lil' bro', je suis heureux de te voir si sûr de toi. Tu sais que je te fais confiance. Je pense que c'est toi qui as raison et que tout se passera bien. Alors, continue d'être aussi amoureux et déterminé, et bats toi pour un avenir radieux aux côtés de celui que tu aimes.
Hizashi fut étonné, il ne pensait pas que son frère changerait de discours aussi rapidement.
- Really ?
- Oui, vraiment. Je te l'ai dis, non ? Tout ce que je veux c'est ton bonheur. Si c'est Aizawa qui te l'apporte, alors tu as intérêt à tout faire pour le garder près de toi. Je ne doute pas le moins du monde de tes sentiments, je m'inquiétais juste de l'impact de la réaction des autres sur toi. Mais tu m'as l'air suffisamment solide pour y faire face, alors je suis rassuré. Quant à toi, Aizawa, prends bien soin de mon frère ou tu auras affaire à moi !
Il s'autorisa à rire pour conclure la conversation, allégeant ainsi l'ambiance lourde qu'il avait instauré. Le repas reprit avec joie et bonne humeur, et plus aucune ombre ne venait entaché le tableau de cette famille parfaite. Même Eraser ne semblait plus faire la tête, il était vraisemblablement rassuré que tout aille bien au final. Hizashi avait retrouvé son sourire et était même plus éblouissant qu'avant.
L'ébène se pencha vers son amant et lui murmura quelques mots à l'oreille. Sa main était toujours prisonnière de celle du blond, mais aucun des deux héros ne semblait vouloir mettre fin à cette sequestration.
- Tu vois, il n'y avait pas de raisons de s'inquiéter.
Ces mots avaient été audibles uniquement par le DJ aux yeux verts. Shota avait eu juste depuis le début ; ce n'était pas la peine de faire toute une scène avant de venir ici. Il avait stressé pour rien. Toutes les personnes à cette table lui voulaient du bien.
- Allez my dears ! C'est Thanksgiving, alors mangez, riez, et aimez vous ! s'exclama Yumeko en levant son verre de champagne.
Le dîner se termina dans la joie et la bonne humeur. Assis à cette table, à côté de l'homme qu'il aimait, entouré de la famille qui l'aimait, à déguster son plat préféré, Hizashi Yamada se sentait véritablement à sa place. Aucune plage de sable fin ou paysage montagneux unique ne saurait le faire regretter sa présence dans cette pièce.
Il était l'homme le plus heureux du monde.
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