osamnaest - dix-huit
« Dis moi la vérité, rien que la vérité, j'veux être au courant pas rassuré » - Damso, baltringue.
Samedi 08 avril 2017.
Point de vue d'Angela
Il est un peu plus de neuf heure lorsque je verse le café bouillant dans ma tasse. Ivana doit dormir encore alors je la laisse dormir. J'attrape un croissant que j'ai été prendre ce matin pour moi et ma sœur et vais m'asseoir sur le tabouret de l'ilot de la cuisine. La télévision est allumée et diffuse une chaîne musicale à un volume assez bas pour ne pas réveiller Ivana. J'attrape ma tablette pour regarder les informations du jour sur différentes chaînes ou journaux d'informations. Lorsque j'ai épluché tout le tour des journaux français, je commende à feuilleter les informations croates. J'essaie de rester à jour sur les actualités croates histoire de rester proche de mon pays, ou même de m'assurer que ma famille est en sécurité là-bas. Si l'économie venait à s'effondrer ou même que le pays n'était plus sûr pour eux, je n'hésiterais pas à les faire venir en France à mes côtés pour leur assurer une vie tranquille.
Je baisse encore le son de la télévision pour m'assurer de ne pas réveiller Ivana. Il est rare qu'elle fasse la grasse matinée. Je sais qu'elle se lève tôt habituellement notamment à cause de ses nombreux cauchemars donc je ne vais pas la réveiller, elle a sans doute besoin de dormir. Elle ne sait pas que je suis au courant qu'elle dort très mal ou elle fait souvent des cauchemars à répétions. Je le sais parce que je l'entends pleurer la nuit, crier parfois même, j'arrive même à le voir le matin sur sa tête, elle a des cernes énormes et un regard plus vide qu'ordinaire. Je ne vais jamais la voir dans ces moments là parce que je ne sais pas comment elle réagirait. Je pense qu'elle me rejetterait comme elle fait depuis qu'elle a eu sa maladie, elle s'énerverait sur moi en me disant que je dois arrêter de la couver alors maintenant je n'y vais plus. J'attends juste en silence en espérant qu'elle fasse un pas vers moi et en souffrant moi aussi. Ça me déchire le coeur de l'entendre pleurer, de l'entendre souffrir. J'ai l'impression que ces pleurs sont les mêmes que ceux qu'elle avait lorsque notre grand-père était mourant, sauf que là c'est elle qui est mourante. Je souffre également de cette situation, j'ai mal pour elle mais elle ne s'en rend pas compte, elle est tellement noyée dans sa noirceur, dans sa tristesse qu'elle ne voit pas qu'elle fait souffrir ses proches, moi en première ligne. Je ne souffre pas de la même manière et je ne prétends pas souffrir plus qu'elle mais voir sa soeur dépérir chaque jour un peu plus m'a marqué voir peut-être même traumatisé.
Je ne saurais décrire distinctement ce que j'ai ressenti à l'annonce de son cancer. J'étais désemparée, triste, vide, démunie. J'avais peur de la perdre, je ne voulais pas que la vie m'enlève ma petite sœur et pourtant elle me l'a enlevé quand même d'une manière que je n'aurai jamais soupçonné. Je pourrais donner ma vie pour elle tant je l'aime d'un amour que je ne saurais expliqué. J'ai même fait les tests pour donner mes poumons mais je n'étais pas compatible. Si j'avais pu lui donner un poumon, je l'aurai fait sans réfléchir, de même pour les deux poumons si la loi l'autorisait. Quant à elle, j'ai d'abord cru qu'elle avait plutôt bien réagit, du moins de la meilleure façon possible de prendre l'annonce d'une maladie mortelle mais son moral s'est dégradé au fur et à mesure mais je ne peux pas la blâmer. Au début elle avait l'espoir car elle n'était qu'au stade deux, elle s'est renfermé sur elle même mais je crois qu'elle avait quand même de l'espoir. Peut-être qu'elle ne réalisait pas vraiment la gravité de la chose car à partir de la perte de ses cheveux, tout s'est dégradé. Je pense que la chute de ses cheveux et le fait de les raser lui a fait réaliser qu'elle était vraiment gravement malade et que déjà, les chances de survies étaient minces. À partir de là, elle ne voulait plus voir personne, pas même ses amis, elle n'avait foi en rien, ne souriait plus et la seule chose qui l'obsédait était sa mort. Je crois que l'entendre dire qu'elle voulait juste mourir m'a brisé définitivement le coeur. Depuis ce jour, elle est devenue dépressive et je suis persuadée qu'elle l'est toujours même si elle ne me parle pas. Je suis sûre que ses oublis de médicaments ne sont pas anodins et qu'elle espère secrètement retomber malade. Et savoir ça me détruit de l'intérieur, elle se détruit plus que son cancer ne l'a déjà fait. J'ai fait des choses ignobles que je regrette énormément mais c'est du passé alors j'essaie d'oublier et d'avancer mais je sens que Ivana ne m'a pas pardonné. Qu'est-ce qui a de plus dur qu'essayer de se pardonner quelque chose quand la personne concernée ne nous pardonne pas ? Lors de notre dernière dispute aussi je n'ai pas été très correct avec elle, mes mots ont dépassé ma pensée et jamais je ne voudrais qu'elle se fasse du mal par ma faute. Jamais je ne voudrais qu'elle se fasse du mal volontairement. Mais encore une fois, je ne pourrais pas totalement me pardonner car je sais qu'au fond d'elle Ivana garde ce que je lui ai dit bien au chaud pour pouvoir me le reprocher un jour. Elle a toujours été du genre rancunière. Malgré ça, je suis content qu'elle ait fait le premier pas et je veux croire à sa volonté de repartir à zéro, sans rancune. Le passé doit rester dans le passé. Il faut savoir s'en détacher si on veut aller de l'avant sans qu'il ne soit un boulet de canons aux pieds.
Au bout d'une demi-heure à errer dans la cuisine, j'entends une porte s'ouvrir, sans aucun doute celle de la chambre d'Ivana. Elle apparaît les cheveux en pagaille et le visage encore endormi dans la cuisine.
— Bien dormi ? Je ris doucement tandis qu'elle m'embrasse la joue.
— Hm hm.
Elle passe derrière moi pour prendre la bouteille d'eau dans le frigo ainsi qu'une pomme comme d'habitude. Avant, chaque matin elle se goinfrait en prenant des tartines de Nutella ou des céréales mais à cause du cancer et des traitements qu'elle a eu, son appétit s'est dégradé et depuis, elle ne mange quasiment rien. C'est en parti à cause de ça qu'elle a perdu énormément de poids. Avant sa maladie, Iva était une jeune fille comblée, avec de belles formes. Elle n'a jamais été grosse, mais elle avait quand même un peu de chair et s'assumait parfaitement. Maintenant, elle est devenue une femme mince et belle mais qui pourtant ne s'aime pas alors que c'est une femme magnifique, même avec ses cicatrices.
— Quoi de prévu aujourd'hui ? Je demande.
— Je vais à une fête.
Sa réponse m'étonne, Iva n'est plus vraiment une adepte des soirées. Habituellement il est plutôt rare qu'elle se mêlent aux autres et même si j'avais la certitude qu'en retournant travailler elle allait se faire quelques amis, je n'aurais jamais pensé que ce serait au point d'aller à une fête. Sa vie de jeune fêtards à pris fin avec son cancer. Elle avait une vie sociale plutôt active avec ses amis du lycée. Mais avec le cancer, elle a rompu tout contact avec ses amis et par la même occasion, a dit adieu à ses activités nocturnes. Ça m'a fait du bien qu'elle arrête de trainer n'importe où. J'aimais ses amis de lycée, ils formaient un bon groupe mais nombreuses sont les fois où je n'étais pas emballée de la laisser sortir. À cette époque là elle n'avait pas le permis alors elle me demandait de l'emmener à ces soirées et parfois j'avais envie de verrouiller les portes et de faire demi tour jusqu'à chez nous parce que je savais ce qui allait se passer là-bas. Je n'ai jamais été quelques de fêtard, bien au contraire, je suis plus du genre casanière mais j'ai moi aussi fait des soirées et je sais très bien ce qu'il s'y passe. Et je sais comment est ma soeur. Je sais qu'elle n'a jamais été la bonne petite fille modèle qui ramène de parfaite note à la maison. Elle a toujours été une bonne élève, mais quant à son comportement extérieur au cadre scolaire, il était à revoir. Je sais qu'elle se droguait et parfois pas qu'à la simple beuh qu'elle pouvait mettre dans son joint. Je ne sais pas vraiment quelle genre drogue elle a ingéré, mais je sais qu'elle se droguait. Et je soupçonnais ses amis de l'encourager. Je ne sais pas si elle aurait pu être capable de se droguer seule, mais je sais avec certitude qu'elle a été fortement influencée car nos parents nous ont toujours éduqué avec l'idée que la drogue pouvait détruire des vies alors je ne la vois pas se droguer seule.
Mais malgré tout, je suis contente qu'elle sorte même si j'ai peur qu'elle se laisse tenter par ses vieux démons. Je dois lui faire confiance. Je dois me dire qu'elle a retenu la leçon et qu'elle ne franchira pas la ligne rouge. Puis si cela peut lui faire reprendre juste un peu goût à la vie, je suis pour qu'elle y aille.
— Où ça ? Je demande.
— Chez une collègue. Elle et son copain fête chacun leur anniversaire, je suis invitée ce soir. Me répond-elle.
— Une collègue ? Elle doit vraiment t'apprécier pour t'inviter et toi de même pour accepter d'y aller.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Parce que tu as commencé il y a seulement presque un mois. Donc vous avez dû tisser des liens amicaux plutôt fort pour qu'elle t'invite alors que ça fait seulement un mois que vous vous connaissez.
— Pas des liens forts mais on s'apprécie oui.
— Toi aussi tu l'apprécies ?
— Oui, elle hoche la tête. Je le montre peut-être moins qu'elle mais je pense qu'elle peut être quelqu'un de positif pour moi.
— Comment elle s'appelle ?
— Lina. Mais j'ai pas de cadeau, il faudrait que j'aille faire un tour au centre commercial.
— Tu veux que je t'accompagne ? Je demande en souriant doucement.
— J'allais justement te le proposer. Elle répond à mon petit sourire avec un plus grand sourire faisant gonfler mon coeur de bonheur.
— Super alors, va te préparer on part quand tu es prête si tu veux.
Elle m'offre un dernier sourire et fonce dans la salle de bain pour se préparer. Je range le peu de bazar qu'il y a dans la cuisine et une quinzaine de minutes plus tard, ma sœur revient habillée. Je la regarde un instant et je ne peux m'empêcher de la trouver très belle. Iva a tout pour elle : de beaux cheveux bruns mi-longs qui lui arrivent en dessous des épaules, des yeux verts tirant sur le marron à en faire perdre la tête, un grain de beauté sur la joue identique au mien et des traits de visage tellement que ça le rendrait presque angélique. Elle est mince et même si elle a perdu beaucoup de poids qui pourrait faire penser qu'elle est trop mince, elle n'en reste pas moins jolie. Ivana est tout simplement une jeune femme magnifique et même si elle pense le contraire, même si elle pense que sa cicatrice la rend laide, elle se fait de fausses idées. Je peux comprendre que ce soit dur d'accepter ces cicatrices, surtout qu'elles sont loin d'être discrètes mais ça ne rend pas une femme moche. C'est sûrement très dur de les accepter d'autant plus que pendant une grande partie de sa vie, elle avait un corps vierge, dénué de toutes marques, elle se sentait belle, désirée et désirable alors voir des cicatrices marquer sa peau à jamais affecte l'assurance et la confiance en soi mais elle ne devrait pas. C'est surement d'ailleurs un peu plus dur de s'accepter quand on a jamais eu ce genre de marques que quand on les a toujours eu car c'est comme si on perdait des repères, un peu comme quelqu'un qui deviendrait aveugle vers vingt ans. Il a toujours connu la vue alors la perdre du jour au lendemain est plus dur que de ne l'avoir jamais eu mais tout le monde arrive à s'accepter. Au contraire, ce genre de personnes ont une force en plus que peu de gens ont, ils savent passer outre le regard des gens et ça, peu le peuvent. Mais elle peut y arriver, j'en suis persuadée. Elle devrait accepter son corps comme il est car il est beau, même avec ses cicatrices. Ça l'a rend même plus magnifique. Elle les voit comme des abominations qui lui gâchent la vie mais c'est le contraire. Elle devrait les voir comme une sorte de récompense, comme une fierté. Ça lui a sauvé la vie. Elle devrait en faire une force.
— On y va ? Elle m'interroge.
— Oui, on y va. Je lui souris et attrape ma veste en jean avant de sortir de l'appartement.
Le trajet a été plutôt rapide, nous avons discuté pendant le trajet et le temps que nous avons passé à parler m'a beaucoup fait penser à l'époque d'avant. J'ai obtenu le permis bien avant ma sœur alors dès qu'elle devait sortir quelque part au lieu de prendre les transports ou de demander à nos parents pour qu'ils la conduisent, c'est à moi qu'elle demandait. Alors nous passions beaucoup de temps dans ma petite clio de l'époque à discuter, à se confier et à se déchaîner sur les sons d'avant.
— Tu as une idée de cadeau ? Je dis en me garant sur la place de parking.
— Non absolument pas.
— T'inquiète tu vas trouver. Je dis tout en retirant ma ceinture.
— Il faudrait que je me trouve une tenue aussi. Elle déclare en sortant de la voiture.
— Tu as une idée de tenue en tête ?
— Pas du tout. Elle pouffe.
— Je vais t'aider à en trouver une alors. Je rigole et lui attrape le bras afin de pénétrer dans le centre commercial.
Cela fait 45 minutes que nous tournons pour trouver un cadeau mais jusqu'à présent c'est un échec cuisant. Nous avons fait plusieurs magasins mais rien ne convient à Ivana, elle ne veut pas un cadeau qui en fasse trop mais d'un autre côté elle ne veut pas quelque chose de ridicule. Et il faut dire que trouver un cadeau à quelqu'un que l'on connait depuis seulement un mois c'est compliqué. Au final, Ivana a beau se creuser la tête, elle ne sait pas ce qui pourrait réellement lui plaire, elle ne la connait pas assez pour ça. C'est donc fatiguées de tourner depuis de longues minutes que nous trouvons un banc sur lequel nous reposer. Cette après midi me fait le plus grand bien. Je ne sais même pas depuis combien de temps nous n'avons pas fait ça, passer un moment toutes les deux en dehors de l'appartement. Surement une éternité.
— Tu sais j'ai envie de quoi là ? Je demande en soufflant.
— De quoi ?
— D'une crêpe.
— Non Angie. D'abord tu m'aides à trouver un cadeau et après tu auras toutes les crêpes que tu veux. Elle rit. Et il faut aussi qu'on aille me trouver une tenue.
— T'inquiètes pas, le tenue je n'ai pas oublié. C'est bien un couple tu m'as dis non ?
— Oui pourquoi ?
— Regarde là. Je lui désigne un magasin qui vend des espèce de coffrets cadeaux. Tu pourrais leur trouver un truc pour deux.
— Comme un week-end pour deux ?
— Oui ou autre chose, en général tu as différentes activités et tu as pour tous les prix.
— Ok viens on va aller voir. Dit-elle en se levant.
— Vas-y sans moi j'ai mal aux pieds et je ne serais pas retapée tant que je n'aurais pas eu ma crêpe.
— On dirait une enfant. Elle pouffe de rire en s'éloignant et rentre dans le magasin.
Je reste assise sur ce banc et attends ma sœur le temps qu'elle effectue ses achats. Je sais d'avance que ce sera long, Ivana est du genre indécise et méticuleuse. Elle regardera tous les coffrets afin d'en trouver un qui pourrait correspondre le mieux à son amie et qui lui plairait. Autrement dit, je vais attendre longtemps. Le temps peut paraître long pour certains mais pour moi c'est l'inverse. J'aime rester là et regarder les gens, observer leurs mimiques, leurs manière d'être, leur joie. Ils sont dans une espèce de bulle et peuvent parfois avoir des réflexes improbables. Mon regard continue de passer de visage en visage jusqu'à ce que je reconnaisse un visage que je n'avais pas vu depuis très longtemps.
— Lucie ? Je me lève du banc et m'approche d'elle.
— Angela ? Elle se retourne et me regarde avec étonnement.
— Mais qu'est-ce-que tu fais là ? Tu vas bien ? Je demande.
— Ça va bien et toi ? Elle me demande à son tour.
— Oui ça va, ça fait un bail que je ne t'ai pas vu. Je dis.
— Depuis l'année du cancer d'Iva. Donc depuis deux ans. Elle lève les sourcils et soupire.
— Oui c'est ça, j'approuve.
— Ivana est avec toi ? Elle demande en hésitant.
— Oui elle est juste là-bas. Je désigne le magasin d'un signe de main. Ça doit faire un bail aussi que tu ne l'as pas revue non ?
— Figure toi qu'on s'est croisée la semaine dernière, après également deux ans à ne s'être pas vu aussi. Elle sourit de toutes ses dents.
— C'est vrai ?
Je suis étonnée qu'Ivana ne m'aies rien dit à ce sujet. Elle n'est pas obligée de me dire tout ce qu'elle fait mais je trouve ça étrange qu'elle ait revue son amie de toujours et qu'elle ne m'en ait pas parlé. Elle était très attachée à Lucie et vice versa.
— Oui oui je t'assure elle était même avec son copain.
Je suis encore plus surprise face à cette révélation. Iva ne m'a jamais dit qu'elle fréquentait un garçon. Cela fait presque un mois qu'elle a recommencé le travail et la connaissant, trouver quelqu'un en un mois n'est pas probable. Elle aime bien prendre son temps et apprendre à connaître une personne. En plus, je ne suis pas sûre que trouver un copain soit dans ses projets. Je ne vais bien sûr pas lui en parler car si elle avait voulu le faire, elle l'aurait fait et je dois lui faire confiance. Ensuite c'est sa vie privée, elle m'en parlera quand elle en aura envie et surtout quand elle se sentira prête à ce que je rencontre ce garçon. Mais pour l'instant je reste perplexe quant aux révélations de Lucie.
— Je vois. Vous avez pu discuter un peu ?
— Pas vraiment non. Elle grimace. Tu sais mieux que moi qu'elle n'est plus ouverte à la discussion comme avant et qu'elle a toujours été rancunière.
— Je ne sais pas pourquoi elle t'en veut mais je ne pense pas que ce soit quelque chose d'important. Depuis son cancer elle sur-réagit sur tout. Et quant à l'ouverture d'esprit, c'est vrai, je le reconnais mais elle essaye de faire des efforts tu sais, tu devrais essayer de reprendre contact avec elle. Je pense que ça peut lui faire plaisir. Je déclare.
— Ce serait une bonne idée. Elle sourit à nouveau de toutes ses dents. Je n'ai juste plus son numéro. Elle semble embarrassée. Ça ne te dérangerait pas de me le donner ?
— Non pas du tout, je vais te le donner. Je dis en sortant mon téléphone.
— Super alors je lui enverrais un petit message pour la revoir. Elle regarde l'écran de mon téléphone et note le numéro sur le sien. Ça pourrait être sympa.
— Oui je suis sûre que ça lui ferait du bien de sortir comme à l'époque quand vous sortiez toutes les deux. Je souris.
— J'ai une course à faire Angela je vais devoir te laisser. Elle me sourit. J'espère qu'on se reverra bientôt.
— C'était sympa de te revoir Lucie. Elle m'offre un signe de main et disparaît à travers la foule.
Je vais me rasseoir à la place que j'ai quitté quelques minutes plutôt. Lucie était une très bonne amie d'Ivana, sa meilleure amie même. Elles étaient un peu comme deux sœurs jumelles, elles partageaient tout ensemble ainsi qu'avec d'autres amis à elles. Elles se connaissent depuis le collège, Lucie venait souvent à la maison même si mon père ne l'aimait pas trop, disant qu'elle pouvait avoir une mauvaise influence sur elle. Quant à moi, je l'ai toujours gardé à l'oeil et une fois que j'ai considéré qu'elle n'avait aucune influence sur ma soeur, je l'ai lâché. Au final, elles ont toutes les deux fait des conneries mais je pense que c'est plus à cause des amis qu'elles se sont fait au lycée. Ivana passait le plus clair de son temps avec ses amis de lycée, ils étaient ses meilleurs amis et dès qu'il y avait une sortie, elle fonçait pour être auprès d'eux même quand c'était illégal lui valant quelques détours au commissariat. J'allais souvent la chercher dans le dos de nos parents mais je ne pouvais pas toujours la couvrir. Mais quand son cancer s'est déclaré, elle a complètement perdu pied. Elle est rentrée un jour en furie disant qu'elle ne voulait plus jamais les revoir sans aucune explication. Ni mes parents ni moi n'avons entendu reparler d'eux depuis ce jour là et nous n'avons jamais connu la raison de son éloignement soudain. J'ai essayé de parler à Lucie à cette époque là, mais elle-même n'a pas compris la réaction d'Ivana. Je n'ai pas cherché plus loin puisqu'à cette période, Ivana s'est complètement refermée sur elle-même. Elle s'est retrouvée plus seule que jamais, elle n'a jamais voulu en reparler d'ailleurs.
— C'est bon ?
La voix de ma sœur me sort de mes pensées. Je ne vais pas lui dire que j'ai revue Lucie, elle lui fera sans doute un message et maintenant qu'elle est guérie et qu'elle essaye de faire des efforts, elle acceptera peut-être de lui reparler. Autrefois, j'aurai essayé de tâter le terrain mais là non.
— Alors tu as trouvé quoi ? Je demande.
— J'ai trouvé un coffret qui offre un weekend pour deux. J'ai pris des trucs insolites tu sais les habitations dans les arbres ou les trucs hyper modernes trop beaux là. Ça leur plaira tu penses ?
— Oui c'est parfait. Je souris.
— Bon, tu m'accompagnes chercher une tenue ? Elle commence à avancer vers un magasin et je me lève pour la suivre.
— Oui, on y va mais essaye de ne pas prendre deux heures cette fois-ci. Je lève les yeux au ciel et avance à ses côtés.
Nous avons fait au moins cinq magasins et ma sœur n'a toujours rien trouvé. Je lui ai montré une superbe jupe en similicuir noir qui lui aurait été comme un gant avec un haut en dentelle et des talons mais ça ne lui convenait pas. Elle ne veut pas quelque chose qui en fasse trop, ni une tenue où sa cicatrice se verrait.
— Regarde ça. Je lui montre une robe blanche.
— Non j'aime pas trop. Elle tourne la tête de gauche à droite.
— Et ça ? Je lui tend une magnifique combinaison jaune disposée sur un cintre qui je sais, l'attirera de par sa couleur.
— La couleur est belle. Elle l'attrape et l'analyse. Mais ça ne m'ira jamais. Elle la repose. Je ne suis pas assez belle pour porter ce genre de vêtement.
— Ivana écoute moi. Je l'attrape par les épaules et l'oblige à me regarder. Tu es très belle d'accord ? Tu es l'une des plus belles femmes que je connaisse et je suis fière d'avoir une sœur aussi belle que toi. Elle baisse la tête mais je lui attrape le menton. Tu te rappelle ce que tu m'as dit ? Tu m'as dit que tu faisais des efforts, alors fais un effort et va enfiler cette combinaison. Je la reprends et lui tend. Ça ne coute rien d'essayer.
— Mais on va voir ma cicatrice.
— Ivana, je claque d'un ton autoritaire. Molim. ( s'il te plait ) Ça te prendra cinq petites minutes.
— D'accord.
Elle attrape la combinaison et file en cabine. Je la suis et m'adosse au mur en face de la cabine dans laquelle elle se trouve. J'attends et au bout d'u certain temps, je m'approche. Je suis sûre qu'elle ne veut pas me montrer.
— Alors ? Je demande et passe ma tête à travers le rideau de la cabine.
— Ça change on va dire. Elle fait une petite grimace perplexe.
Je la regarde de haut en bas et instinctivement je sais qu'il faut qu'elle prenne cette combinaison. D'abord parce qu'elle adore cette couleur et que celle-ci lui va à merveille. Ensuite parce que la combinaison l'embellit. C'est une combinaison classique, jaune qui épouse ses formes à la perfection, un haut bustier recouvert par un fin voile de dentelle qui tombe avec élégance sur ses épaules et enfin, la combinaison se termine sur des pattes d'éléphant affinant ses jambes. Elle devra mettre des talons pour éviter que le bas traine par terre mais elle sera magnifique.
— C'est canon tu veux dire.
— Je sais pas trop, j'hésite. Si on se penche et qu'on se concentre on peut voir ma cicatrice. Puis même là on voit, elle touche de son doigt le millimètre de sa cicatrice qui est à peine visible et qui dépasse du bustier.
— Ivana... Tu la vois parce que tu es focalisée dessus mais je te jure que d'ici je ne la vois pas. Puis, tu seras dans le noir la plupart du temps alors personne ne fera attention. À ta place je n'hésiterais pas.
— Tu crois ? Elle me regarde.
— Je suis sûre. Je lui souris et assure une nouvelle fois que ça lui va à merveille.
— Je la prends alors ! Elle m'offre un large sourire.
Point de vue d'Ivana.
J'ai passé l'après-midi en compagnie de ma soeur au centre commercial et j'avoue que ça m'a fait du bien de nous retrouver toutes les deux. J'appréhendais un peu mais au final, Angela a eu un comportement irréprochable jusqu'à m'étonner quand on a décidé de me trouver une tenue. J'ai décidé de lui faire confiance quant au choix de mes vêtements même si la combinaison me laisse perplexe. J'ai pu trouvé un cadeau pour Lina et Karim et après avoir été chercher ma magnifique tenue nous avons été manger une crêpe pour le plus grand bonheur de ma soeur qui attendait ce moment depuis presque toute la journée.
La combinaison que je porterais ce soir est tout simplement magnifique, elle est de ma couleur préférée à savoir le jaune, les jambes sont une coupe droite qui se termine sur un bas élargi plus communément appelé « pattes d'éléphant », un espèce de bustier avec de la fine dentelle. J'associerai ma tenue avec des talons fins et beiges. J'étais réticente au début mais tout bien réfléchi et avec l'aide de ma soeur j'ai décidé de la prendre. J'aurai été bête de laisser passer une aussi belle tenue mais ce qui a été l'argument définitif est le fait que ma cicatrice est presque invisible. Du moins, je crois qu'on peut la voir si on se concentre dessus mais je pense pouvoir essayer de passer outre.
Allongée dans le canapé depuis au moins une deux bonnes heures devant les ratz, un de mes dessins animés préféré, je vérifie l'heure sur mon téléphone qui indique 18h46. J'ai envoyé un message un peu plus tôt dans la journée à Nabil pour savoir à quelle heure je devais me tenir prête, il m'a répondu qu'il serait là vers 20 heures et que je devais me tenir prête sinon, je cite : « Je viendrais moi-même chercher ton joli petit cul ». Décidant qu'il est l'heure pour moi d'aller me préparer si je ne veux pas me mettre en retard, je me lève et annonce à ma soeur, qui est à la cuisine, que je file à salle de bain.
— Je vais me laver. J'annonce.
— D'accord, je passe la nuit chez Adil si jamais. Elle relève la tête de son ordinateur.
— Ok, ça marche. Je m'approche d'elle pour lui faire un bisou.
— Passe une bonne soirée et fais attention à toi. Elle embrasse ma joue.
— Oui. Je file à la salle de bain.
Je retire les vêtements que j'ai enfilé pour cette journée et les balance dans le panier à linge. Je pénètre dans la douche et laisse couler l'eau chaude sur mon corps. Je ferme les yeux et profite pour une fois de cet instant de légèreté. Il y a très peu de sensations aussi bonne que de sentir l'eau ruisseler sur son corps et de sentir la chaleur frapper notre peau. La douche est un lieu de bien-être où l'on se retrouve seul avec nous même et nos pensées. Avant, j'évitais ce lieu qui me provoquait des crises de paniques mais maintenant, je peux y rester des heures à penser. Et comme toujours, mes pensées se tournent vers ma cicatrice. J'ouvre les yeux et baisse la tête pour la regarder, je passe mes doigts et l'analyse sous tous les angles et c'est bizarre. Je la connais depuis maintenant deux ans et à chaque fois j'ai l'impression de la redécouvrir et je suis étonnée d'avoir le même constat. Comment une marque comme celle-ci sur mon corps peut être à l'origine de nombreuses souffrances ? Comment une chose si insignifiante peut me causer tant de sentiments destructeurs ? Je secoue la tête pour éviter que mes démons ne refassent surface. Il ne faut pas que je pense à ça, pas aujourd'hui.
Je me sèche rapidement et enfile des sous-vêtements assortis avant de mettre ma combinaison. J'ajuste les épaulettes au bon niveau et me regarde dans le miroir. Du bon des doigts je caresse le bout de cicatrice qui peut se voir. Instinctivement, mon premier réflexe serait de gratter dessus comme une folle mais ça ne ferait qu'empirer les choses. Alors la seule solution que je vois à l'instant c'est d'enlever cette tenue et d'en choisir une autre qui cacherait entièrement cette monstruosité. Mais alors que je commence à descendre la fermeture sur le côté, Angela pénètre dans la pièce.
— Iva ? J'y vais. Elle m'informe. Elle me fixe et fronce les sourcils en me regardant faire. Qu'est-ce que tu fais ? Il y a un truc qui va pas ?
— Je vais me changer, je détourne le regard. On la voit trop.
Elle lâche un soupire et pose son sac par terre.
— Iva... On ne voit rien je peux te l'assurer.
— N'importe quoi. Si quelqu'un se penche il peut la voir. Je m'acharne sur la fermeture éclair sur le côté en commençant à avoir les larmes aux yeux.
Je suis à bout. À bout d'être horrible, de me sentir moche. Si encore il n'y avait que cette envie irrésistible de quitter ce monde, je pourrais aller mieux au fil du temps, mais il n'y a pas que ça. Il y a cette chose qui est gravé sur mon corps et qui cause mon aversion pour moi-même. Être suicidaire, ça se soigne. Être dégoûtée par soi-même, non. Être suicidaire signifie avoir des pensées noirs causées par x ou y raisons, la plupart du temps par des choses extérieurs à la vie, comme une séparation de couple, une perte d'emploi ou encore la perte d'un proche, rien qui ne soit en théorie insurmontable car au bout d'un certain temps, cet évènement quitte notre esprit et l'on se focalise sur quelque chose de plus joyeux. Mais quand ce qui cause notre détresse est sous nos yeux chaque jour et qu'on ne peut pas l'ignorer, on ne peut pas prétendre aller mieux. Comment pourrais-je penser à quelque chose de plus positif quand tout ce qui me rappelle la partie la plus sombre de ma vie est inscrit sur ma peau et que je la vois tous les jours ?
— Ok ok... elle murmure en attrapant ma main dans la sienne. Regarde moi Ivana... Je lève mes yeux larmoyants vers les siens. Tu aimes cette tenue, je veux dire si tu n'avais pas eu la cicatrice tu l'aurais mise ? Je réfléchis quelque instant et hoche la tête positivement. Très bien. Je vais t'aider à la cacher et si ça te va tu restes comme ça, sinon tu te changes. Qu'est-ce que tu en dis ?
— Ok... J'approuve le compromis.
Angela hoche la tête et lâche doucement ma main. Elle m'ordonne de descendre le bustier et de m'asseoir sur la baignoire, ce que je fais docilement. Elle attrape ma trousse de maquillage et commence à appliquer du fond de teint sur cette chose.
— Adil ne t'attend pas ?
— Adil passe après toi, elle répond concentrée. Je peux te poser une question ? Elle reprend soudainement après un long moment de silence.
— Vas-y.
— Pourquoi tu ne t'aimes pas ?
— C'est pas assez évident ? Je montre du doigt ce qu'elle est en train de faire.
— Tu ne devrais pas avoir honte, ou être dégoûtée de ça. Tu crois que la beauté ne s'arrête qu'au physique ? Et même s'il s'arrêtait au physique, tu seras une des femmes les plus belles du monde.
— Tu dis de la merde là.
— Iva, elle attrape mon menton entre ses doigts et lève mon visage vers elle. Est ce que tu vois du dégoût dans mon regard ? J'observe attentivement son regard et secoue la tête quand je ne décèle même pas une trace de ce que je crains le plus. Est ce que tu vois Lina te regarder avec dégoût ? Je répète mon geste encore une fois. Tu vois ? Personne n'est dégoûtée de toi.
— Tu dis ça parce que tu es ma soeur. Mais si un jour j'ai quelqu'un, il sera dégoûté de moi.
— Si un jour tu as quelqu'un, il sera fier de ça. Parce que c'est grâce à elles que tu es ici aujourd'hui. Il t'aimera comme tu es, toi et tes cicatrices.
— Comment tu veux qu'on m'aime alors que ma peau est abîmée ? A ton avis qu'est-ce qu'il va faire quand il va me caresser les seins et qu'il va voir que c'est rugueux, sec et dégueulasse ?
— Arrête ça Iva. Elle me fusille du regard. La beauté ne se résume pas à un corps parfait tu sais ? Tu crois quoi ? Qu'une femme est belle parce qu'elle fait du 34 et qu'elle a une peau lisse ? Au contraire, les femmes sont belles dans toutes les circonstances, avec des vergetures, des brulures, des petits seins, des gros seins, du cul, sans cul, et même avec des marques. Justement ça te rend unique alors arrête d'en avoir honte. Tu ne devrais pas les cacher.
— Si t'es pas d'accord pourquoi tu m'aides ?
— Parce que j'ai retenu la leçon. Tu dois apprendre à t'aimer à ton rythme.
Je ne réponds pas et la laisse terminer. Elle finit quelques secondes après et me dit de remonter mon haut. Je me rhabille et me positionne devant le miroir. Je fixe mon torse et en ne voyant rien, pas même le forme ou le relief, un sentiment de soulagement me prend. J'ai l'impression d'être belle, d'être de retour trois ans avant, quand tout allait bien dans ma vie et que j'étais heureuse. Une larme de soulagement s'échappe de mon oeil que j'essuie à la seconde où elle dévale ma joue.
— Merci Angie...
— Tu vois Iva, elle murmure, tu ne devrais pas à être soulagée ou heureuse de la cacher... Tu devrais être heureuse de la montrer.
Je ne réponds pas et continue de fixer mon reflet dans le miroir. Angela finit par me dire qu'elle s'en va chez Adil. Je hoche la tête et elle finit par partir. Je termine par me laver les dents et lorsque j'essuie ma bouche, mon téléphone sonne et affiche un message. Je le prends et clique dessus pour l'ouvrir.
De +33 6 72 41 10 29 :
Salut Iva c'est Lucie ! J'ai croisé Angela tout à l'heure, c'est elle qui m'a donné ton numéro j'espère que ça ne te dérange pas ahah.
Mon sang ne fait qu'un tour, mon coeur tambourine dans ma poitrine et mon pouls s'accélère. Comment Angela a pu donner mon numéro à Lucie ? J'ai déjà dit à de nombreuses reprises que je ne voulais plus avoir affaire à mes anciens amis de lycée mais visiblement ma soeur a encore jugé bon de décider de ma vie pour moi. Je ne prends pas la peine de lui répondre et je ne prends pas la peine non plus d'enregistrer son numéro. Je me contente juste d'ouvrir le message pour ne plus avoir la notification. Je n'ai pas envie de gâcher cette soirée qui s'annonce sur le papier bien alors je décide également de ne pas en parler à Angela tout de suite. Je lui parlerai de ce problème demain quand je la verrais. Elle doit savoir que la haine que j'alimente envers ces personnes qui m'ont blessé est tellement forte que je ne veux même plus entendre parler d'eux.
Je file dans ma chambre en tentant d'oublier tant bien que mal que cette pétasse de Lucie essaye à nouveau de rentrer dans ma vie et attrape ma tenue que je ne tarde pas à enfiler. Je ne la laisserais pas entrer dans ma vie. En y repensant, avec du recul, c'était une amitié toxique qui ne m'apportait que du mauvais, ou du moins pas une once de positif. Je ne m'en rendais pas compte au début car j'étais aussi mauvaise qu'elle mais quand j'ai eu mon cancer, j'ai eu des révélations, comme des illuminations. Ce sont dans les pires moments que l'on voit nos vrais amis. Et même si ça m'a brisé le coeur, elle n'en faisait pas partie ou du moins plus partie. Je retourne à la salle de bain pour passer un coup de liseur sur mes cheveux. Je fais en sorte de faire des ondulations aux pointes. Je place un serre-tête dans mes cheveux pour terminer ma coiffure.
J'attrape enfin ma trousse de maquillage et me maquille légèrement. Je dessine un fin de trait d'eye-liner, je mets une petite couche de mascara sur mes cils et un peu de fard à joue. Je regarde mon reflet dans le miroir et pour la première fois depuis longtemps je me trouve un temps soit peu jolie. Peut-être même attirante. J'ouvre l'armoire de la salle de bain et attrape un parfum à Angela que je mets sur mon cou. J'en met également sur mes poignets car j'adore en avoir ici et pouvoir les sentir à tout moment. Je retourne au salon et navigue sur mon téléphone en attendant l'arrivée de Nabil. Une petite boule de stresse prend place dans le creux de mon ventre sans que je ne sache pourquoi. Peut-être à cause de la soirée qui avance.
De Nabil :
Je démarre de chez moi Belle, je suis là dans une quinzaine de minutes.
À Nabil :
Essaye de te dépêcher. On ne fait pas attendre une princesse.
Je n'attends pas forcément de réponse puisqu'il doit sans doute être déjà sur la route, alors j'ouvre l'application Instagram, mon application préférée. Si je ne travaillais pas, je passerais mon temps entier sur ce réseau, à faire défiler les publications qui se trouvent dans la petite loupe. Aujourd'hui, je fais seulement défiler mon fil d'actualité et j'y découvre à nouveau des photos postées par mes anciens amis. Ce que je vois me dégoûte, ils ont l'air de s'amuser oubliant presque que j'ai existé et que moi aussi j'ai fait partie de cette bande à une époque. Pendant de longues minutes je défile et observe les photos que je vois, retenant mes larmes. Je crois qu'au final, je suis plus triste qu'autre chose. Triste de n'avoir pas compter pour eux autant qu'ils l'ont été pour moi. La fois où j'ai croisé Lucie dans le bar,, j'y ai vu de la surprise. Mais j'ai l'impression que c'était beaucoup plus fort que de la surprise qui indique qu'elle ne pensait pas me recroiser un jour. Je pense plutôt qu'elle ne pensait pas me revoir un jour. Parce qu'elle me croyait morte. Littéralement. Et ce sentiment est bien plus violent que le simple sentiment d'ignorance. Je ne pleurais pas, pas ce soir. Je ne m'autoriserais pas à craquer, je vais passer une bonne soirée, il ne faut pas que je pense à ça. Pour éviter de voir d'autres choses qui pourraient me plonger dans un état de tristesse profond, je ferme l'application et verrouille mon téléphone. J'attends simplement en silence le message de Nabil, et celui qui s'affiche sur mon écran moins de cinq minutes plus tard.
De Nabil :
Je suis en bas de chez toi, dépêche toi de descendre tes jolies fesses.
À Nabil :
Mes jolies fesses et moi descendons.
J'attrape mes clefs et mon téléphone que je place dans mon sac à main, je prends le cadeau emballé, puis j'enfile ma veste en jean pour ne pas attraper froid ce soir et sors de l'appartement. Je prends l'ascenseur pour éviter de descendre les escaliers avec mes talons. Je sors enfin de l'immeuble et m'avance sur l'audio bleue nuit de Nabil sur je reconnais instantanément.
— Ça va Belle ? Il me demande lorsque je monte dans sa voiture.
— Ça va et toi ?
— Je vais bien depuis que t'as ton petit cul sur mon siège. Son sourire en coin ne le quitte pas lorsqu'il démarre.
— Tu es charmant Nabil. Je lève les yeux au ciel.
— Belle tenue. Il lance en me détaillant du coin de l'oeil. On dirait Belle des temps modernes. Il me complimente.
— Merci. Je lui offre mon plus beau sourire.
Je sens son regard sur moi, insistant.
— Quoi ? Je finis par demander puisqu'il ne cesse de me regarder bizarrement.
— Même pas tu me complimentes ? Il lève les sourcils.
— Si t'avais fait un effort peut-être que je t'aurais complimenté. J'hausse les épaules.
— T'es sah là ?
Je tourne la tête vers lui et le regarde de haut en bas. Il porte un haut noir et un bas de jogging assorti. Pour finaliser le tout, il a enfilé un bob sur sa tête. Autrement dit, il n'a aucun style. Sa tenue me fait écarquiller les yeux.
— T'es sérieux Nabil ? Tu vas y aller comme ça ?
— Bah ouais pourquoi ? Il répond naturellement, comme si tout était normal.
— Mais tu ne vas pas y aller en jogging ! Je crie presque.
— Ça va, ce sont juste mes potes.
— Va te changer !
— Non on a plus le temps là, on va arriver en retard.
— Vous habitez au même endroit, on ne sera pas en retard. Je te préviens je descends si tu vas pas te changer, je le menace.
— Saha saha, il soupire. On fait un petit arrêt chez moi.
Je souris, satisfaite et m'attache correctement. Comme d'habitude, je choisis la musique à mettre et une fois que j'en ai choisi une qui me plaise, je monte le volume et me cale dans le siège confortablement. Le trajet se passe plutôt rapidement et silencieusement. On arrive moins de vingt minutes plus tard dans leur cité. Nabil se gare en face du bâtiment de Lina.
— Je t'attends là, mets quelque chose de classe, je le regarde défaire sa ceinture.
— T'es malade toi tu viens avec moi. C'est à cause de toi que je vais me changer alors tu m'accompagnes.
— T'es grand non ? Tu peux le faire seul.
— Bouge ton cul Belle.
Je râle et me détache enfin. Je l'accompagne jusqu'à chez lui. Il me tire presque vers sa chambre et je découvre avec surprise une pièce plutôt bien rangée si l'on fait abstraction des quelques vêtements sales qui trainent par terre.
— Vas-y assieds toi, il me montre son lit sur lequel je prends place pendant qu'il retire son haut.
Je ne peux m'empêcher de regarder son torse que je n'avais jamais vu jusque là. Il est comme je l'avais imaginé, musclé, sans aucun défaut. Son torse est si bien dessiné que j'ai envie de passer mes doigts dessus et de tracer ses abdominaux. Je détourne les yeux, ne me sentant pas digne et légitime de cette vision car elle ne m'appartient pas.
— Tu t'es bien rincé l'oeil ? Il lâche taquin en me lançant un regard.
— Si seulement il y avait de quoi le faire, je rétorque d'un air faussement déçu.
Il rit et enfile un t-shirt blanc. Pendant qu'il le fait, je me délecte de cette vision : son dos musclé, ses muscles roulent grâce à ses mouvements quand il enfile son t-shirt et rien ne me fait plus plaisir de voir ce spectacle alléchant. Il retire ensuite son jogging et cette fois, je détourne vraiment les yeux.
— Nabil, je râle.
— Quoi ? T'as un petit aperçu comme ça.
— Un aperçu de ?
— De ce qui t'attend un jour.
Je ne réponds pas et le laisse se changer. Je regarde discrètement si il a fini et c'est le cas. Il se tourne vers moi et je juge du regard sa tenue. Un t-shirt blanc soulignant sa musculature et mis en avant grâce à un jean noir. Il a enfile des chaussures blanches. Là, il est beau. Je souris et hoche la tête pour valider sa tenue mais je perds bien vite mon sourire quand il met son bob.
— Ah non hein.
— Quoi ?
— Pas de bob.
— T'as rêvé là. Le bob n'est pas négociable.
— Tu m'excuseras mais les bobs c'est démodé en plus ça gâche ta tenue. Je continue.
— Tu mens. Il affirme.
— Non. Je souris malgré moi.
— Si tu mens. Il réaffirme sur de lui. Tu souris. Il sourit en coin.
— Et ? Mon sourire s'agrandit.
— C'est la preuve que tu mens et qu'en vrai je suis trop beau. Il dit tout content.
— Mais oui Nabil bien sûr. Je souris à nouveau contre moi. Du coup le bob ?
— Je le garde.
— Non mais ta mère t'a pas appris à bien t'habiller ou quoi, je râle en riant.
— Non elle m'a pas appris, il répond si durement et froidement que j'arrête de rire et de sourire.
— Pourquoi ça..? J'ose demander.
— Pas tes affaires, il crache agressivement. On y va.
Je ne dis rien et le suis à l'extérieur de son appartement. J'avoue être vexée. J'admets que certains sujets peuvent être délicats mais ce n'est pas une raison pour me parler comme ça. De nombreuses fois j'aurai pu le recaler sèchement quand il a essayé de manière subtile de m'extirper la vérité mais je ne l'ai pas fait. Je l'ai toujours remballer correctement et pas comme il vient de le faire.
Nous arrivons devant la porte de Lina et de Karim cinq minutes plus tard. Nabil ne prend pas la peine de frapper et rentre comme s'il était chez lui. Il me laisse passer devant lui. Lorsque je passe devant lui, il place une de ses mains dans le creux de mes reins pour m'inciter à avancer à travers l'appartement. Je ne peux m'empêcher de lui lancer un petit regard noir pour lui faire comprendre que je suis énervée contre lui. Il ne peut pas faire comme si de rien était. Outre un sentiment de colère, ce geste qui semble pourtant anodin me provoque une drôle de sensation qui traverse toute mon échine. Mais je ne dis rien et continuer d'avancer jusqu'à arriver dans le salon dans lequel du monde semble déjà nous attendre.
— Voilà deux petits beaux gosses. Crie Lucas ce qui fait retourner toutes les têtes dans notre direction.
— Oh Iva mais tu es là ? Lina s'écrit tout souriante en s'approchant de moi.
— Et oui. Je lui souris en m'avançant moi aussi vers elle, échappant à l'emprise de Nabil par la même occasion. Je lui fais la bise. Joyeux anniversaire Lina. Je lui tends le cadeau.
— Je suis trop contente de te voir. Elle me sourit et attrape le paquet que je lui tends. Je ne savais pas si tu allais venir.
— J'espère que t'es pas trop déçue de me voir alors, je souris doucement.
— Bien sûr que non ! Ça me fait vraiment plaisir d'avoir une fille en plus au milieu de tous ces gars. Donne moi tes affaires je vais les mettre dans ma chambre.
Je retire donc ma veste et mon sac pour les lui donner. Je fais ensuite le tour des différentes personnes présentes et remarque que le nombre de garçon est plus grand que le nombre de fille ce qui ne me rassure pas vraiment. Mais je quitte vite ce sentiment en voyant que la plupart des gens qui sont ici étaient là la dernière fois. En conclusion, je les connais déjà. Il y a Abdel, Nader, Lucas et Tarik bien évidemment. Samy que j'ai déjà aperçu, un certain Nordine et d'autres hommes dont les prénoms m'échappent.
— Ça va ? Me demande Tarik en ma faisant la bise.
— Ça va et toi ? Il hoche la tête.
— Joyeux anniversaire. Je dis en passant à Karim à qui je fais la bise également.
— Merci c'est gentil. Il m'offre un faible sourire.
— J'ai donné le cadeau à Lina, j'espère que ça te plaira.
— C'est gentil. Il me sourit à nouveau puis regarde Nabil qu'il salue.
— T'as fait le tour de tout le monde ? Me demande Nabil en me tendant un verre de martini que j'attrape.
— Ouais.
— Vous êtes venus ensemble ?
— Oui, répond Nabil.
— C'est ta meuf ? Continue de demander Nordine.
— Loin de là, je réponds à sa place.
Je m'installe sur une chaise à côté de Lucas qui m'a fait signe de me mettre à côté de lui. Nabil reste debout à côté appuyé contre la fenêtre à parler à son ami. La musique est déjà à un volume assez haut, plusieurs morceaux de pizzas sont sur la table et tout le monde semble être à l'aise. J'attrape le morceau de pizza que Lucas me tend et commence à manger. Je sens que Nabil me lance quelques regards mais je décide de l'ignorer, encore trop énervée de ce qu'il s'est passé tout à l'heure. Mais Nabil en décide autrement et se penche à mon oreille.
— Il y a un truc qui va pas ?
— Non tout va bien, je réponds de manière détaché.
Je me tourne vers Lucas et entame une discussion avec lui en espérant que Nabil me laisse tranquille. J'agis peut-être de manière puérile mais je n'aime pas qu'on me parle mal. Je serré mes poings si fort que mes ongles rentrent presque dans ma peau. Je déteste réagir comme ça. Je suis vexée et je ne devrais pas l'être. Je ne devrais pas être vexée pour si peu. Pas pour une personne que je connais depuis moins d'un mois et avec qui la relation ne s'apparente qu'à une sorte de jeu taquin d'enfant. Je ne saurais mettre un mot exact sur notre relation, si relation il y a. D'un côté je me sens mal de le laisser continuer à faire son jeu car il est évident que je n'ai rien à lui offrir, même pas un acte charnel. Je ne suis pas prête à entamer une relation, pas avec mon état d'esprit actuelle, elle serait beaucoup trop nocive pour la personne en face et je ne me sens pas non plus capable d'avoir des rapports charnels et pourtant j'aimerai car pendant un moment ils me permettaient de m'échapper, de fuir le monde extérieur, de fuir mes responsabilités mais aujourd'hui mon corps ne me le permet pas. Ou du moins je ne me le permets pas. Mais j'estime que c'est pour ma santé. Je me les interdis car je suis sure que lorsque mon compagnon d'une nuit verrait ces balafres, il arrêterait tout sur le champ. Alors je me les interdis pour ne pas être blesser du dégoût des autres. Je crois que j'évite la réalité. Être confronté à ce genre me faire peur, m'effraie. Je fais partie de ces gens qui pensent que les risques ne valent pas le coup d'être pris. Je chasse mes pensées négatives de ma tête et entame une discussion avec Lucas. Je ne veux pas avoir à penser comme ça, pas ce soir.
— C'est toi la prof de Yanis c'est ça ?
Je discute depuis au moins une demi-heure avec Lucas et Tarik qui est venu nous rejoindre après mais ils m'ont abandonné depuis quelques minutes pour aller fumer une cigarette sur la balcon. L'envie de les suivre m'a traversé l'esprit pendant un dixième de seconde mais je me suis vite résignée. Je ne suis pas dans une humeur à fumer. Je suis donc restée assise sur ma chaise une bière à la main que je suis allée chercher après avoir fini mon verre de martini. L'homme qui parlait avec Nabil plus tôt vient s'asseoir à mes côtés pour entamer une discussion.
— C'est ça. Je me tourne vers lui et lui répond.
— T'es prof de quoi exactement ? Il m'interroge en buvant dans son verre.
— Anglais.
— Tu dois maitriser la langue à la perfection alors ? Il me lance un regard rieur.
— C'est un peu le but oui. Je ris doucement comprenant ce à quoi il fait allusion.
— J'espère que ce n'est pas la seule type de langue qu'elle maitrise, intervient Nabil qui jusque là était resté adossé à la fenêtre à côté.
— Va voir ailleurs si j'y suis Nabil, t'es gênant. Je réponds en le regardant dans les yeux et en serrant les dents.
Il fronce seulement les sourcils et serre sa mâchoire avant de disparaître à travers la foule.
— C'est tendu entre vous.
— Rien de grave. C'est quoi ton prénom déjà ? J'enchaîne légèrement embarrassé de devoir demander ça.
— Nordine et toi ?
— Ivana. T'es un pote des gars ? Je demande.
— Ouais, j'assure leur sécurité pendant les showcases aussi.
— C'est sûr qu'avec ta carrure tu dois en faire fuir plus d'un. Je le désigne.
— En showcase c'est plus des filles mais ouais ça aide on va dire. Il pouffe.
— Je peux te poser une question ?
— Ouais vas-y.
— Pourquoi il y a pas de meuf ? Je veux dire à part vos copines.
— Parce que la plupart sont là pour Karim. Et que Lina n'a pas souhaité inviter de meufs.
— Ouais mais elle doit bien avoir des amies non ?
— Elle en avait mais la plupart n'était là que pour les gars. T'es un peu la première qu'elle ramène depuis longtemps.
— Je vois.
Je prends une gorgée de ma bière et continue de discuter tranquillement avec Nordine jusqu'à ce que je sois interrompue par la raison de ma venue.
— Iva viens danser ! Lina me tire par le bras.
Je n'ai pas le temps de répliquer puisque je me retrouve en un rien de temps sur la piste aménagée pour l'occasion. J'ai juste eu le temps de passer ma bière à Nordine avant que Lina me tire de force sur la piste. D'ordinaire je ne suis pas forcément à l'aise à l'idée de danser devant des inconnus mais je me laisse tout de même aller aux côtés de Lina qui se déhanche comme une folle en suivant le rythme de la musique sans se préoccuper des autres qui avec du recul, ne nous porte que très peu d'importance. Je crois que l'alcool que j'ai dans le sang m'aide énormément à me lâcher. Lina m'attrape les mains et me montre les pas que je dois suivre pour être au même rythme qu'elle. Notre danse ne ressemble pas vraiment à grand chose mais cela nous importe peu, on s'amuse et c'est le principal. Oui heureusement que l'alcool me détend car sinon je serais sûrement morte de honte rien qu'à voir ce que Lina me fait faire.
Je continue de danser en adaptant mes mouvements et mon rythme sur les différentes musiques qui passent à travers les enceintes. Une petite foule commence à se créer, certains garçons nous ont rejoint et se prennent au jeu en faisant eux aussi n'importe quoi. Je tourne sur moi-même et balaie du regard l'appartement, mon regard tombe sur Nabil accoudé sur l'ilot de la cuisine. Son regard est planté dans le mien et ne semble pas vouloir se détacher. Son ami à côté de lui lui parle mais il ne doit pas écouter depuis un moment car sa tête ne fait que bouger de haut en bas. Il doit sans doute me regarder depuis longtemps puisque quand j'ai croisé son regard, ses yeux étaient déjà dans ma direction. Pourtant, je n'ai pas senti sur regard sur moi, d'habitude je le sens. Je sais quand il me regarde mais là, je n'ai pas fait attention. Je suis sûrement trop énervée ou éméchée pour m'en rendre compte. Il ne détache pas ses yeux des miens, je lui lance un sourire rempli de mauvaise foi avant de retourner sur moi-même et de rompre le seul lien qui nous liait sur le moment. Mes cheveux lisses collent à ma nuque, la sueur dégouline de mon front, de mon buste. Je transpire beaucoup trop.
Danser et chanter aux côtés des garçons et de Lina m'a donné terriblement chaud, j'ai clairement besoin d'air avant de mourir de chaleur dans ce salon. Je quitte mes partenaires de danse pour me réfugier sur le balcon, loin de toutes les personnes susceptible de venir m'adresser la parole. J'ai besoin de ce moment de solitude ce soir. Je traverse le salon mais quelque chose attire mon attention. Un paquet de cigarette est posé sur un tabouret et me fait de l'oeil. La plupart des gens présents sont des fumeurs, alors trouver des paquets de cigarette trainant n'importe où n'est pas chose rare. L'envie d'attraper une cigarette est tentante, plus que tentante. Ça fait très longtemps que je n'en ai pas fumé une et ça me manque. Cédant à ma tentation la plus mortelle, je m'approche du tabouret et saisis le paquet de clope, par chance un briquet est glissé à l'intérieur. Le propriétaire du paquet ne m'en voudra sûrement pas et avec un peu de chance, il sera trop bourré pour s'en rendre compte. Je retire une clope du paquet et prends le briquet. Je repose le paquet sur la tabouret et pars sans me retourner sur le balcon où personne n'a l'air de s'y être réfugié. Ce n'est pas le fait fumer qui me manque tant, ou même l'odeur du tabac. Ce que j'adore et qui m'a rendu addictive est la sensation que je ressens lorsque la fumée traverse mon œsophage et se répand dans mes poumons. Ça, c'est une sensation pour laquelle je tuerais. J'ai presque l'impression que c'est une bouffée d'oxygène. Je positionne le cylindre de nicotine entre mes lèvres et rapproche le briquet de celui-ci afin de l'allumer mais quelqu'un se pointe juste à ce moment là et brise mon moment de paix.
— Tu fais quoi là ?
Je me retourne et remarque que Karim vient de me rejoindre sur la balcon. Ses sourcils sont froncés, son regard est noir.
— T'en veux une ? Je lui désigne ma cigarette.
— Lâche ça. Il arrache brutalement la cigarette entre mes lèvres et la jette par dessus le balcon.
— Mais qu'est-ce-que tu fais ? Je m'écris et regarde la cigarette tomber le long du balcon.
— Je t'empêche de te provoquer un autre cancer. Il lâche.
— Putain mais quel héros, j'applaudis. Tu veux le prix Nobel de la paix peut-être ? Je crache énervée par ce qu'il vient de faire. Je m'apprêtais à passer un bon moment avec ma cigarette et il vient de tout gâcher. Et qu'est ce que ça peut bien te foutre de tout manière ?
— Rien, seulement tu nous as bien casser les couilles l'autre fois à l'association alors je t'évite de te redonner en spectacle.
— Je pense que t'as rien à me dire. Si t'as pas aimé mon petit speech c'est simple tu reviens pas à l'association. Je croise les bras sur ma poitrine. Puis tu ferais bien de te la fermer t'es pas vraiment le mieux placé pour t'exprimer.
— Ça veut dire quoi ça ?
— Ça veut dire que moi au moins j'ai pas fais des promesses dans le vide. T'as promis à Lina d'arrêter mais tu continues à fumer derrière son dos. Moi au moins, j'assume ce que je fais.
— T'assumes tellement bien que t'es qu'une pauvre meuf dépressive qui sait que faire chier son monde et déverser sa haine.
Je lui lance un regard noir et regarde le ciel. Il a raison. Il exagère la partie dépressive mais en soi, je ne fais que déverser ma haine et ma tristesse sur les gens autour de moi. Mais je ne sais pas faire autre chose. J'en ai tellement en moi que je ne sais quoi en faire. Alors j'essaie d'en larguer ici et là, pour essayer de ne pas faire couler le navire. Mais au fond je ne fais que regarder l'inévitable.
— C'est pas bon pour toi, il reprend plus doucement.
— J'en ai rien à foutre. Je me retourne pour retourner au salon et attraper à nouveau le paquet de cigarettes.
— Tu vas ou là ? Il me retient par le bras.
— Je vais m'en chercher une autre. Je lui lance un sourire hypocrite.
— Ivana. Ne fais pas ça. Il me regarde sérieusement.
— Vous faites quoi ? Nabil surgit de nul part et vient nous interrompre.
— Rien. Je lui lance un mauvais regard et me défais de la prise de Karim.
— T'as quoi depuis tout à l'heure ? Il demande sérieusement. Tu me lances que des mauvais regards.
— Réfléchis un tout petit peu et je suis sûre que tu devrais trouver.
— Il se passe quoi ? Il décide de m'ignorer et de demander à Karim.
— Je l'empêche de fumer.
— Pourquoi tu peux pas fumer ? Nabil fronce les sourcils.
— Ça ne te regarde pas. Il s'apprête à me poser une autre question mais je le stoppe bien vite. Mêles toi de tes affaires. Je clôture la discussion en passant entre eux pour rejoindre l'intérieur de l'appartement.
Je pénètre dans l'appartement et je retrouve Lina qui n'a pas quitté la piste de danse, à chanter et danser tout en essayant de faire danser Tarik qui ne fait que bouger la tête. Les yeux de Lina tombent sur moi, elle abandonne Tarik pour venir à ma rencontre toujours avec ce sourire qui ne la quitte jamais. Automatique mes nerfs, qui jusque là étaient tendus, se radoucissent à la vue de l'asiatique visiblement très heureuse ce soir. Elle m'entraîne à nouveau avec elle au milieu de la piste et enchaîne toute une série de mouvements aussi bizarre les uns que les autres.
— Ça va ? Elle me demande presque en criant tant le volume de la musique est fort.
— Oui. J'acquiesce. Et toi ?
— Oui ! Je suis super contente que tu sois là. Elle me sert dans ses bras.
— Moi aussi. Je ressers l'étreinte avant de reprendre notre magnifique danse.
Dansant toujours au rythme de la musique avec mes acolytes de danse de tout à l'heure, je me sens toute transpirante au milieu du salon. Je n'ai toujours pas rebus quelque chose depuis que j'ai abandonnée ma bière tout à l'heure et la soif se fait ressentir. L'envie d'aller me servir un breuvage alcoolisé me prend.
— Je vais me chercher un truc à boire. Je me penche à l'oreille de Lina.
Je quitte la piste et me rend dans la cuisine où plusieurs bouteilles, vides ou remplies, sont étalées soit sur l'ilot soit sur la table et même sur les meubles de la cuisine. J'ai un large choix d'alcool qui s'offre à moi mais une bouteille de vodka m'attire plus que les autres. Je saisis cette belle bouteille et attrape une cannette de redbull avant de faire un très bon mélange des deux boissons. Une fois les deux liquides combinés, j'apporte le verre à mes lèvres et laisse doucement le liquide descendre dans mon organisme, réchauffant l'intérieur de mon corps.
— Je peux te demander ce que tu bois ou tu vas m'attaquer comme tu le fais depuis le début ?
Je reconnais directement la voix qui parle, cette voix que j'ai tant de facilité à reconnaître tant elle me plait mais aujourd'hui, elle ne fait qu'augmenter ma mauvaise humeur.
— Vodka redbull. Je réponds à Nabil en le regardant. Et toi ? Je le vois aller en direction du frigo duquel il en ressort une desperados.
— T'es calmée ?Il demande en s'appuyant au meuble de l'évier.
— J'en sais rien. Tu as trouvé l'origine de mon comportement ? Je bois une autre gorgée.
— Pas vraiment. Il boit lui aussi un coup.
— C'est dommage ça.
— Tu ne peux pas juste me dire pour qu'on avance ?
— Très bien. Je n'ai pas aimé la façon dont tu m'as parlé.
— Quoi c'est tout ? Je le regarde en arquant un sourcil, abasourdie par son manque de réaction. Tu me remballes depuis le début pourtant je te casse pas les couilles pour autant.
— Je te casse les couilles maintenant ?
— Tu m'envoies des piques sur des sujets sensibles.
— Premièrement : je n'avais aucune idée que c'était un sujet sensible, deuxièmement : comment tu veux que je le sache si tu ne me le dis pas ?
— Bah maintenant tu le sais. Alors évite de faire des allusions à elle.
— Donc tu ne comptes pas me dire ce qu'il s'est passé ?
— Non.
Je lâche un rire nerveux et passe une main dans mes cheveux.
— Tu vas quand même pas me le reprocher alors que toi tu ne me dis rien ?
— Tu vois il est là le problème : tu attends de moi des réponses, que je me livre, que je te révèles mes secrets mais tu ne veux pas en faire de même. Tu sais Nabil, contrairement à toi, j'aurai attendu que tu sois prêt. Mais toi tu veux tout savoir tout de suite, tu me poses des questions sans arrêt.
— Je m'ouvrirai peut-être quand tu l'auras fais.
— Bien alors tu peux toujours attendre. Je bois une grande gorgée de ma boisson en me levant, prête à partir.
— Attend Iva... On va faire un jeu ok ? Il me propose.
— Lequel ?
— On se pose des questions et si on veut pas répondre on boit.
— T'adore ce jeu on dirait. Mais c'est trop facile. On a un seul Jocker. Un peut boire qu'une seule fois.
Il accepte mes conditions.
— Je commence. Il réfléchit. T'as vraiment été honnête quand je t'ai fait écouter l'album hier ?
— Oui j'ai adoré ! Comme je te l'ai dit toutes les instrus m'ont plu et même si certaines paroles ne me parlaient pas trop, c'était vraiment bien.
— Bien, à toi.
— Pourquoi il y a autant de haine dans tes sons ?
— Parce qu'avec Tarik on a eu un passé différent des personnes normales, on a baigné dans la drogue, l'argent sale, enfin voilà quoi. On a grandi dans un environnement qui ne laisse pas de place à l'amour.
— Je vois, à toi.
— Pourquoi tu m'as appelé dimanche ?
— Je voulais me changer les idées.
— Pourquoi ?
— C'est une question à la fois.
— Réponds.
Je le regarde avec un air de défi mais répond tout de même. Après tout, je lui ai monopolisé son dimanche après-midi il a bien le droit de savoir pourquoi.
—Je m'étais disputée avec ma soeur.
— Tu t'entends bien avec elle ?
— Tu poses trop de questions, c'est à moi. L'autre fois je t'ai parlé de ta mère. Il se tend. Et tu t'es tendu comme tu viens de le faire à l'instant, pourquoi ?
Il ne me répond pas et boit sa bière. C'était prévisible. C'était ce que je voulais. Je savais très bien qu'il ne répondrait pas à cette question, alors je l'ai posé tout de suite pour qu'il soit obligé de répondre à un autre point que je veux éclaircir entre lui et moi.
— T'as usé ton jocker.
— Je sais. Pourquoi tu peux pas fumer ?
Je bois. Je ne peux pas lui dire que j'ai eu un cancer qui a faillit me faire crever, je ne peux pas lui dire que j'ai une cicatrice immonde sur le corps, je ne peux pas lui faire part qu'à un moment donné dans ma vie je voulais quitter cette Terre. Il n'a pas besoin de savoir tout ça. Il me regarde dans les yeux et à nouveau je ne peux pas détacher mon regard du sien. Je trouve cet homme à la fois arrogant et terriblement attirant ce qui, dans un sens, est assez paradoxale. Il m'attire d'une certaine manière puisqu'à chaque fois que je sens son regard sur ma personne, je me sens bien. Et ce sentiment, je le ressens toujours maintenant alors que je suis clairement énervée contre lui.
— C'est quoi le but de tout ça ? Du jeu entre nous. Je précise en vouyant qu'il ne voit pas de quoi je veux parler.
— Comment ça ?
— C'est quoi ton but ? Tu veux quoi ? Une relation ? Un coup d'un soir ?
— Au début je voulais juste t'avoir dans mon lit, il commence après quelques secondes de réflexion. Et je le veux toujours. Mais plus j'apprends à te découvrir et plus je t'apprécie amicalement parlant. Et plus je me dis que coucher avec toi serait une mauvaise idée. Mais dans tous les cas, je ne veux pas m'engager dans une relation. Je suis pas prêt.
— On est d'accord alors. Je souris doucement soulagée d'avoir le même point de vu.
— Par contre, je vais quand même continuer à te taquiner, j'adore ça.
Je roule des yeux en souriant et m'apprête à lui demander pourquoi il ne veut pas s'engager dans une relation sérieuse mais la voix de Nader nous interrompt.
— Venez on va faire des photos. S'écrie Nader depuis le salon dans lequel tout le monde s'y trouve.
Quand nous sommes arrivés avec Nabil tout à l'heure, j'ai remarqué qu'un espèce de photomaton était en train d'être monté dans l'entrée par un homme qui si j'ai bien compris, n'était nullement un ami de Lina ou Karim. Visiblement les garçons ont pris la liberté de le déplacer dans le salon face à la baie vitrée du balcon et s'amusent déjà à se photographier. Bien entendu, l'homme qui le montait tout à l'heure est toujours présent à côté pour prendre les photos et les donner aux personnes concernées.
— Lucas arrête de me chatouiller, Lina essaye de se débattre des guillis que Lucas lui inflige pendant qu'ils se prennent en photo tous les deux.
— Venez les gars on porte les rois de la soirée, propose Nordine.
Lina et Karim se font donc soulevés par l'ensemble des garçons tandis que je les regarde légèrement en retrait en rigolant face à ce que je vois. L'amour qu'ils se portent serait à en venir mais chaque personne ici sur cette Terre rêverait de faire partie d'une bande d'amis aussi soudé que ça, moi y compris. C'est comme si ils formaient une grande famille. Une famille de coeur. Et parfois, la famille de coeur est bien plus présente et importante que la famille de sang car aussi bizarre que ça puisse être, même une propre personne de notre famille peut nous trahir. Parfois plus facilement qu'une personne avec qui on a aucun lien de sang. Les liens de coeur peuvent nous lier par une force, une loyauté sans faille. D'un certain côté cette loyauté vient du fait qu'à l'origine, aucun lien ne lie ces personnes alors elles n'ont pas ce sentiment de garantie du pardon. C'est peut-être pour ça que les personnes au sein d'une même famille se permettent des choses impardonnables, elles ont cette sécurité de se dire qu'elles seront toujours pardonnées des choses ignobles qu'elles feront, parce qu'elles font partie de la même famille, parce qu'elles partagent le même sang.
— Une entre filles, Lina me propose quand elle touche enfin le sol.
— Oh non je suis pas très photogénique, je refuse poliment.
— Mais si tu es super belle Iva viens. Elle m'attrape le poignet en souriant et me tire vers le photomaton.
On se positionne toutes les deux face à l'appareil photo de la borne et Lina agrandit son sourire habituel, je fais la même chose de la manière la plus sincère possible et une première photo est développée. Si les photos prisent par surprise sont les plus belles, ce n'est pas pour rien. Nous sommes naturels, nous ne nous attendons pas à être pris en photo alors qu'une photo « programmée » est d'un coup bien moins naturel. On se force à sourire ce qui peut nous valoir un air crispé.
— Encore une. Elle se repositionne face à l'appareil photo.
Elle ôte son sourire pour laisser place à des grimaces, je rigole et fais exactement la même chose qu'elle, me prenant totalement au jeu. Lina est la reine de la soirée alors je ferais tout ce qui pourra lui faire plaisir. Nous continuons de faire une série de photos toutes plus originales et délirantes les unes que les autres. La dernière photo que nous prenons est de loin ma préférée. Mon bras droit est positionné derrière la taille de la philippine tandis que son bras gauche est placé autour de mon cou. Grâce à ce dernier, elle me tire vers elle et embrasse ma joue pendant que je souris de plus bel.
— Elles sont trop belles. Je déclare en les regardant.
— T'en reprends une ? Elle me questionne.
— D'accord. Je souris et en attrape plusieurs que je vais directement mettre dans ma veste avec l'autorisation de Lina d'entrer sans sa chambre.
— On en fait une tous ensemble. Déclare Karim lorsque je reviens.
Je ne m'approche pas plus d'eux et reste un peu en retrait. Ces personnes se connaissent tous depuis très longtemps et pour ma part je ne suis qu'une simple étrangère. Je ne suis pas « QLF » comme aime le dire Lina ou les garçons, je n'ai donc pas grand chose à faire sur cette photo de famille. Mais ça ne me fait rien, voir leur complicité me rempli d'un sentiment satisfaisant. D'un coup je sens des gros bras me ceinturer la taille et me soulèver comme si je n'étais qu'un poids plume.
— Mais Nabil qu'est-ce-que tu fais ? Je le regarde alors qu'il essaye de me faire passer au-dessus de sa tête pendant que je m'accroche à ses épaules.
— On te voit pas. Déclare-t-il naturellement.
— Repose moi. J'essaye de me débattre de sa prise mais en vain.
— Non, dit-il simplement.
— Nabil lâche moi. Je dis un peu plus fort d'un air pas vraiment rassuré.
— Laisse toi faire.
— Mais attend qu'est ce que tu veux faire ?
— Te mettre sur mon dos.
— Repose moi alors.
Il m'écoute et me pose délicatement. Je me positionne derrière son dos et prends appuie sur ses épaules pour sauter sur son dos. Il attrape mes cuisses pour me positionner correctement. Nabil se rapproche un peu plus du groupe qui ne semble pas avoir remarqué quoi que ce soit à notre égard. Certains des garçons se prennent dans les bras comme une accolade et se prépare pour faire la photo, d'autres lèvent les bras ou leur verre et Lina ainsi que Karim sont tous les deux devant et lèvent aussi les bras tout en souriant.
— Vous êtes prêts ? Demande le gars qui s'occupe du photomaton prêt à appuyer sur le bouton et tout le monde déclare un oui collectif.
— Souris, m'ordonne dit Nabil en me pinçant la cuisse ce qui me fait sourire automatique lorsque la photo est prise.
— Qu'est-ce que tu me fais pas faire, je murmure à son oreille. Je le vois sourire.
— Attendez on va en faire plusieurs ainsi vous pourrez en reprendre. Déclare Karim.
C'est ainsi que plusieurs photos sur lesquelles je suis sur le dos de Nabil, accrochée à son dos sont prises. Nabil me repose par terre une fois que toutes les photos sont prises. Karim commence à distribuer les photos à chaque personne présente dessus libérant ainsi l'espace face au photomaton. J'attrape une photo que Karim me tend et la regarde mais Nabil me tire par le bras et m'emmène avec lui face à la borne.
— Qu'est-ce-que tu fais ? Je demande.
— On va faire une photo.
Je ne dis rien et souris. Nabil peut se montrer extrêmement gentil quand il veut, retirant tout air arrogant de sa personne, et ce Nabil là m'attire un peu plus que l'autre Nabil. Il entoure mes hanches de son bras gauche et grâce à ce geste je me retrouve légèrement collée à lui. Mon bras superposé au sien me gêne un peu, je n'ai donc pas d'autre choix que de rabattre mon bras derrière son dos, nous rapprochant encore. Il me regarde comme pour chercher à savoir si j'étais prête, j'hoche la tête en silence et le gars appuye deux fois consécutives sur le bouton de l'écran. Je me détache de lui et la chaleur de ses bras laisse comme un vide sur mon corps lorsque Nabil se détache, il prend les deux photos qui sont sorties et nous les regardons ensemble. Nous sommes beaux et tout souriant dessus, les photos sont très belles.
— On en prend une chacun ?
— Oui.
J'attrape une des deux photos qu'il me tend et, avec la photo de groupe, je vais la mettre correctement dans mon sac pour éviter qu'elles s'abiment.
— Wesh les gars un action ou vérité ça vous dit ? Propose Samy.
— Après d'abord on fait le gâteau. Ivana tu viens m'aider ? Me demande Karim.
Je hoche la tête et le suis en cuisine.
— Tu peux l'amener pour nous s'il te plaît ?
— Pourquoi moi ? Je demande, ne comprenant pas pourquoi il veut que je le fasse alors qu'il y a au moins dix personnes dans la pièce de qui ils sont plus proches que moi.
— Parce que t'as l'air moins bourré que les autres et que ça fera plaisir à Lina.
J'acquiece et m'occupe du gâteau de Lina. Je place les bougies sur le gâteau et commence à les allumer pendant que Tarik et Nabil pénètrent dans la pièce.
— Vous faites quoi là ?
— On s'en occupe kho, va dans le salon.
— Tranquille je le fais.
— T'es con ou quoi, tu vas pas apporter ton propre gâteau dégage de la.
Je ris en voyant Tarik virer Karim de sa propre cuisine. Il s'en va tout de même rejoindre sa copine dans le salon. Nous terminons en même temps d'aller les bougies sur les gâteaux. J'attrape le gâteau et attend que Tarik range tout.
— Iva souris ! Nabil se tient devant moi et me prend en photo.
— Arrête. Je ris en secouant la tête. Allez ouvre nous la porte, je lui ordonne en voyant que Tarik est fin prêt avec son gâteau.
Nabil nous ouvre la porte et nous pénétrons dans le salon où tout le monde nous attend. Nous nous mettons tous à chanter un joyeux anniversaire jusqu'à ce que nous arrivons devant le couple et que nous posions les gâteaux sur la table devant eux. Ils soufflent les bougies pendant que nous crions autour d'eux. Les parts de gâteaux sont distribués et une fois que nous avons tous finis, nous nous installons aux différentes places dans le salon avec un fond de musique pour jouer à action et vérité.
— Lucas va prendre une bouteille vide dans la cuisine s'il te plaît, demande Tarik à Lucas.
— Vas-y, dit Lucas en se dirigeant vers la cuisine et apparaît dix secondes plus tard avec une bouteille vide qu'il place sur la table.
— Lina à toi l'honneur, dit Samy.
Elle tourne la bouteille qui tombe sur Tarik.
— Tarik action ou vérité. Elle sourit.
— Action je suis un bonhomme, dit-il en vidant son verre d'alcool.
— D'accord alors tu vas boire un verre de vinaigre, lui lance Lina toute fière.
— Je sentais la douille arriver. Il rigole tandis que Lina va chercher un verre rempli de vinaigre qu'elle lui tend quand elle revient et qu'il boit.
— Aaaaah c'est dégeu. Il grimace en essuyant ses lèvres avec sa paume. Vas-y je tourne.
La bouteille tourne et s'arrête sur Karim.
— Taktak. Tarik le regarde avec malice.
— Action, répond Karim sereinement.
— Caresse le torse du gars le plus proche de toi.
Sa tête se tourne à gauche, il rencontre le regard de sa copine qui lui sourit. Il regarde donc à droit et ses yeux se posent sur Nader. La tête qu'il tire en réalisant qu'il devant caresser le torse de Nader fait rire l'assembleee.
— Putain. Karim souffle.
— Vas-y caresse moi, dit Nader en faisant une danse des sourcils.
— Ah gros t'es bizarre hein, lâche Karim mais qui caresse quand même le torse de Nader.
Karim termine ses caresses sur Nader et tourne la bouteille qui tombe sur moi.
— Ivana, action ou vérité ?
— Vérité. Je dis.
— Avoue ta plus grande peur.
Ma plus grande peur ? Ma plus grande peur s'est longtemps partagée entre la mort et la vie. La mort d'abord parce que c'est ce qui m'effrayait le plus avant mon cancer. La vie car vivre avec un cancer m'a terrifié, j'avais toujours peur de mourir, plus que jamais mais au fil du temps, j'ai appris à aimer la fatalité et à redouter la vie. La vie me semblait futile si on prenait les douleurs que je ressentais. Et aujourd'hui, j'ai toujours envie de mourir et peur de vivre. Mais je ne peux pas leur dire ça car premièrement, je casserais l'ambiance de cette soirée qui, jusque là, est une super soirée et deuxièmement ils poseraient des questions auxquelles je n'ai pas envie de répondre. Je vais inventer une peur que la plupart des gens ont.
— J'ai peur des serpents.
— T'es sérieuse ? Me demande Nabil.
— Bah quoi ? Je hausse les épaules.
Nabil lève les sourcils et à l'air de se foutre de moi.
— Te fous pas de moi. Je dis en lui tapant l'épaule et en riant.
Je me penche pour faire tourner la bouteille qui s'arrête sur Abdel.
— Je t'écoute, action ou vérité ? Je lui demande.
— Action.
— Ok alors tu vas lécher le sol. Je déclare. Tout le monde rit même lui.
— T'es sérieuse ? Il explose de rire.
— Très. Je ris encore.
— Ok.
Abdel se penche sur le sol prêt à le lécher comme je le lui ai demandé mais dans une synchronisation parfaite Nabil et Lucas se lèvent pour lui enfoncer sa tête dans le sol ce qui déclenche le rire de tout le monde.
— Bande de batârds. Adel crie et rigole tout en sortant sa langue de sa bouche qu'il frotte.
— Je fais tourner la bouteille, mais toi. Il me désigne. Je vais me venger t'inquiètes. Je continue de rire suite à sa fausse menace.
— Lina c'est toi. Il l'interpelle alors qu'elle discute avec Tarik.
— Encore ? Ok alors je vais choisir vérité.
— T'as déjà reçu des sextos de taktak ? Balance Abdel.
— Abdel t'es sérieux ? Elle crache presque sa boisson.
— Bah alors tu réponds pas ? Demande Lucas.
— Oui j'en ai déjà eu. Elle dit toute gênée ce qui n'a pas l'air d'être le cas de son copain qui lui rigole.
— Et c'était quoi on peut savoir ? Demande Samy pour la taquiner.
— Grave fais partager. Dis un garçon dont je ne connais pas le prénom.
— Non. Lina rougit et tourne la bouteille qui tombe sur Nabil. Nab à toi.
— Action je suis chaud. Il tape dans ses mains et les frotte.
— J'ai une idée bouge pas.
Elle se dirige dans la cuisine et on entend qu'elle fouille dans des placards, elle revient quelques instant plus tard avec un paquet de marshmallow dans les mains.
— Tu dois dire anticonstitutionnellement avec un marshmallow en bouche.
— T'es vraiment une sorcière. Il lâche en attrapant le paquet et en lui donnant une tape derrière le crâne. Il attrape deux marshmallows qu'il met dans sa bouche.
— Anti. Il lâche un postillon. Consti. Tellement qu'il est mort de rire des morceaux de marshmallow partent de sa bouche. Attends attends. Il essaye d'articuler tant bien que mal pendant que nous sommes pliés de rire. Anticonstituti. Il ne contrôle plus son fou rire et recrache tous les morceaux qu'il avait en bouche.
— Bon c'est pas grave. Lina rit et lui tend une serviette.
Les tours s'enchainent et tout le monde continue de relever des défis totalement perchés, chaque personne est passée au moins deux fois. L'ambiance est excellente, tout le monde rit, tout le monde discute avec tout le monde et parle de tout et n'importe quoi sans se prendre la tête. C'est définitivement une très bonne soirée.
— Iva c'est à toi. Tarik me sort de mes pensées.
— Vérité. Je dis.
— T'as déjà été infidèle ? Il me questionne.
— Non.
— Ok. Tarik me tend la bouteille. Fais tourner.
— C'est bon à savoir ça, me chuchote Nabil dans l'oreille.
— Ferme là un peu. Je souris en lui donnant un petit coup de coude dans les côtes. Nordine c'est à toi, action ou vérité ?
— Action mais me fais pas de truc foireux hein.
— Lèche l'oreille de qui tu veux. Je ris de plus belle face à sa tête qui vient de se décomposer.
— Oh non la connasse. Il rit et regarde Tarik.
— Approche moi et je t'arrache la langue, le menace l'ainé des Andrieu.
Les yeux de Nordine se posent sur Nabil à ma gauche.
— Igo tu rêves, lui dit-il alors.
— Mais personne ne veut que je lui lèche l'oreille, vas y Nader viens. Il s'approche de lui.
— Bouge. Nader l'esquive mais Nordine lui saute dessus et lui lèche l'oreille. S'en suit une mini bagarre bonne enfant entre les deux jusqu'à ce que Nordine décide de tourner la bouteille.
— Vas y je tourne.
— Nab.
— Action.
— Roule une pelle à une des deux meufs. Il fait une danse des sourcils en annonçant son action.
C'est instantanément et sans hésitation qu'il me regarde sans penser à Lina une seule seconde. Lina est la copine de son pote et par respect pour Karim il ne va certainement pas l'embrasser même pour un jeu. Il est donc logique qu'il ait pensé à moi étant donné que je suis l'autre seule fille présente ce soir.
— Tu me laisses faire ? Il demande tout de même pour avoir mon accord.
Je plonge mes yeux dans son magnifique regard et le regarde un moment. L'idée de l'embrasser ne me dérange pas plus que ça, ce n'est qu'un jeu, ce n'est qu'un simple bisous rien de plus, ce baiser ne signifie rien. Je fixe ses lèvres pulpeuses qui me donnent envie de plonger dessus. Nabil est très attirant, et surtout tout à fait mon style. Dès le premier regard j'ai su qu'il était mon genre d'homme, sa beauté ne peut pas être contester. Je sais aussi qu'il est le genre d'homme à t'attirer des problèmes, le genre d'homme auxquels on ne doit pas s'attacher car la garantie d'avoir l'exclusivité n'est pas garantie. Pourtant, à ce moment même tout est différent. C'est un jeu, une simple action, un simple baiser qui n'a aucune importance pour nous deux. Il ne va rien se passer d'autre à part un simple baiser, il n'y a aucun engagement.
— Vas-y. Je hoche la tête en lui donnant mon accord.
Il se lève et me tend la main pour m'aider à me relever. J'attrape la sienne et me relève. Il s'approche de moi et passe un bras autour de ma hanche pour me coller à son torse sur lequel je pose ma main. Je lève le visage vers lui, car il est nettement plus grand que moi, son regard s'ancre dans le mien et ne s'en détache pas. Il semble observé quelque chose à l'intérieur, et moi, je profite de cette instant pour capturer ce regard. Le regard du désir. Nabil me regard avec envie, j'ai presque envie de dire avec ignorance. Et d'un coup je me sens mal. Mal de le duper ainsi, j'ai l'impression de lui mentir, de faire quelque chose de mal en lui cachant la partie la plus importante de ma vie et qui a forgé la personne que je suis aujourd'hui. C'est comme si je violais son concentement parce que si il savait, il n'aurait peut être pas envie de m'embrasser. Son regard serait peut-être animé d'une tout autre flamme.
Je reviens à la réalité en remarquant que son regard alterne maintenant entre mes yeux et mes lèvres, il passe sa langue sur ses lèvres pulpeuses pour les humidifier, pose ses deux mains de part et d'autre de mon visage et rapproche sa tête de la mienne. Ses lèvres sont à un centimètre des miennes et fidèle à lui même, il me taquine. Il ne fait que frôler nos lèvres ensemble sans jamais pour autant les sceller définitivement.
— Fais le, je murmure.
Il fait son fameux sourire en coin et scelle enfin nos lèvres. Mes yeux se ferment à l'instant même où ses lèvres entrent en contact avec les miennes. Ma bouche percute la sienne et suis le rythme que Nabil impose, il inspire par le nez comme s'il était soulagé d'une chose. Nos lèvres se mouvent parfaitement ensemble, dans un rythme frénétique, à l'image de notre relation. Sa langue passe sur ma lèvre inférieur et instinctivement, je le laisse m'embrasser plus intensement. Nos lèvres dansent ensemble, se taquinent, se lient, se découvrent. Le baiser devient plus lent, comme si nous voulions tous les deux en profiter au maximum. Il se détache cependant rapidement de moi et m'offre deux baisers furtifs du bout des lèvres. Il recule son visage du mien pendant que j'ouvre les yeux, revenant à la réalité. Il me sourit de son sourire charmeur qui me fait flancher dès que je le vois. Je le regarde une dernière fois avant de me détacher entièrement de lui et de me rasseoir, l'air de rien. Il reprend place à mes côtes et le jeu reprend, à mes côtes Nabil me lance des regards en coin que je remarque mais auquel je ne réponds pas, je me contente simplement de suivre le reste du jeu.
Le jeu se poursuit pendant une vingtaine de minutes durant lesquelles nous faisons des actions assez simples. Pour ma part, les gars me laissent tranquille et ne me choisissent pas. Après le jeu, la soirée reprend, les gars boivent et fument aux quatre coins de la pièce, la musique est lancée, la piste de danse est à nouveau libre, seuls quelques uns s'aventurent dessus et se lâchent. Je me contente d'être sur le canapé à jouer avec mon gobelet dans les mains.
— Viens danser Iva, pour la deuxième fois de la soirée Lina me tire sur la piste.
Je rejoins Lina qui continuait de faire rire les gars avec ses chorégraphies bizarres. Une musique d'un air latino passe et, ayant une bonne dose d'alcool dans le sang, je ne me soucie carrément plus de qui peut me regarder ou pas, je me contente de rouler des hanches au rythme de la musique qui passe. Je me mets dos à Lina et entame un espèce de coller serrer qui nous fait toutes les deux sourire et rire. Mes hanches se balancent de gauche à droite avec une aisance fascinante. Je sens sur moi un regard et pour la deuxième fois de la soirée, je surprends Nabil sur le balcon aux côtés de Karim et de son frère qui me fixe. Il me fixe d'un regard quasi bouillant et à la fois doux que je peux sentir jusqu'ici. J'aime sentir son regard sur moi, c'est agréable et je semble ne pas m'en lasser. D'habitude j'ai plutôt tendance à haïr que les gens me fixent comme une bête de foire, mais avec son regard c'est différent. J'aime ça. Je lâche son regard et me retourne pour continuer de danser mais même de dos je ressens cette agréable sensation qui ne me quitte pas. Et inconsciemment elle m'effraie.
(...)
Je suis entrain de prendre l'air sur le balcon, il est trois heures du matin et certains garçons sont déjà partis depuis une dizaine de minutes. J'ai dansé une bonne partie de la soirée ce qui me vaut maintenant un mal de pieds intense, mais je ne regrette pas. Je pensais sincèrement regretter parce que dans ma tête je serais restée en retrait toute la soirée, ne voulant pas déranger Lina et ses potes. Etre invité à une fête ou l'on ne connait personne est bien plus différent qu'être invité à un anniversaire où là, pour le coup, tout le monde se connait et s'entend bien. Mais au final, je me suis bien amusée, chose qui n'est plus arrivée depuis un moment, même si j'ai été en première partie de soirée assez désagréable avec ce qu'on peut appeler mon cavalier officiel de la soirée. Mais on a mis les choses au clair et maintenant je peux enfin mettre un mot sur notre relation : amicale. Je ne peux pas encore le considérer comme mon ami, mais en tout cas, on se dirige fortement vers ce qu'on appelle l'amitié. Au final , je me suis senti bien tout au long de cette soirée, j'ai dansé, j'ai bu, j'ai ris. Nabil a bien fait de me faire venir et j'ai bien fait d'accepter l'invitation.
— Je te raccompagne ? La voix de Nabil me surprend.
Je me retourne et le regarde.
— Oui. Je lui souris.
Nous rentrons dans l'appartement et nous dirigeons directement vers le couple de la soirée.
— On va y aller nous, dit Nabil à Lina qui commençait à faire un peu de rangement.
Karim hoche la tête et part récupérer nos vestes dans leur chambre.
— Vous avez passé une bonne soirée ?
— Oui, c'était très bien. Je réponds.
— Tant mieux alors. Lina me sourit, j'attrape ma veste en jean et mon sac que Karim me tend.
Je m'avance vers Lina et la prend dans mes bras afin de lui dire au revoir.
— J'aurai des choses à te raconter, je lui murmure à l'oreille.
— Je t'appelle dans la semaine, elle me répond en embrassant ma joue.
Je regarde Karim et lui fait un signe de main puisque nous ne sommes pas assez proche pour que je le prenne dans mes bras.
— Bisous ma reuss. Dit Nabil en embrassant le front de Lina.
— Soyez prudents sur la route. Dit Karim en tchekant Nabil.
Nabil et moi hochons la tête, nous faisons signe aux garçon restant et quittons l'appartement du couple.
— Je suis claquée. Je lâche en m'installant sur le siège.
— Tu t'es bien amusée ? Il me demande en démarrant.
— Oui, c'était vraiment bien. Je souris.
— Tant mieux.
— Vous êtes tous très proches, c'est beau à voir. Je dis en pensant aux garçons.
— C'est la miff. Il sourit.
— QLF c'est ça ? Je lui demande.
— C'est ça. Il se tourne vers moi.
— J'ai mal aux pieds, je couine en retirant mes talons qui m'ont cisaillé les pieds tout au long de la soirée.
— Pourquoi vous mettez ça vous aussi. Sah les meufs vous êtes trop bizarres. Vous savez très bien que ça va vous niquer les pieds mais vous les mettez quand même.
— C'est pour que ça soit classe. Ça nous rend belle.
— C'est vrai qu'avec les talons j'ai senti une différence. T'es passée de Ugly Betty à Eva Mendes. Incroyable.
— Tu vois très bien ce que je veux dire.
— Sah t'es belle sans aussi. T'aurais mis des vieilles chaussures je t'aurais trouvé belle.
— Arrête de me cheb, je ris.
— Tu vis pour ma cheb.
Le reste du trajet se fait dans le calme, nous sommes tous les deux fatigués et l'envie de parler ou de se taquiner n'est pas très présente. Il arrive vite en bas de chez moi et ayant une grande envie de me démaquiller et de rejoindre mon lit, je me dépêche d'ouvrir la portière.
— Merci Nabil.
— Tu m'embrasses pas ? Il me regarde avec malice et un sourire taquin.
— Une fois ça t'a pas suffit ? Je lui demande amusée.
— Vaut mieux deux fois qu'une. Il me répond.
— Tu peux toujours rêver, je sais que j'embrasse bien mais le baiser de ce soir était le seul et unique que je t'accorderais. Alors j'espère que t'en a profité à fond. Je lève les yeux au ciel.
— C'est vrai que t'embrasse plutôt bien. Il lève un sourcil. T'en fais pas pour ça, j'ai encore le goût de tes lèvres sur les miennes.
— Bonne nuit Nabil. Fais attention sur la route.
— Bonne nuit belle.
Je quitte sa voiture avec mon sac et mes talons à la main et me retrouve bien vite devant la porte de mon appartement que je m'empresse d'ouvrir. Je file à la salle de bain, je me débarrasse de mes vêtements, que je jette dans ma panière à linge sale, pour enfiler un short et un débardeur, je me démaquille et me lave le visage. Je rejoins ma chambre mais fais vite demi-tour lorsque je me rends compte que j'ai oublié quelque chose dans l'entrée. J'attrape les photos de la soirée dans mon sac et les emmène avec moi dans ma chambre où je les accroche à un tableau magnétique fixé dans l'encadrement de ma banquette devant la fenêtre. Je me couche enfin et ne tarde pas à m'endormir avec les images de cette soirée qui me reviennent en tête. Mais surtout, pour la première fois depuis ce qui me semble être une éternité, je m'endors avec le sourire aux lèvres.
🧸
Coucou les filles 💛
Voilà enfin le chapitre 18 qui a mis beaucoup de temps à sortir mais il est enfin là !
D'abord le PDV d'Angie ?
Ensuite vous en avez pensé quoi de cette super fête ? 🥳
Et surtout ce fameux baiser entre les deux ?
Dites nous tout comme d'hab !
Des bisous et à bientôt pour le chap 19 !
S & C
insta: @nivanapnl
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