osam - huit
« Le miroir est net, le visage est brisé » - Ademo, 91's.
L'émission que je regarde en ce moment même est extrêmement ennuyante. D'ordinaire j'aime regarder des émissions qui me font découvrir des pays et des cultures différentes de la mienne ou des reportages chocs sur la 6. Or, ici, cette émission de télé-réalité me tape sur le système, j'ai d'ailleurs peur que mon cerveau ne soit endommagé. Je relève la tête et remarque que mon horloge indique qu'il est 16 heures. Je viens donc de perdre tout un samedi après-midi à regarder une émission absolument débile qui pourrait se résumer par le simple mot « tromperie ». J'avais déjà terminé de corriger toutes mes copies et les prochaines leçons étaient prête. Cette semaine était passée extrêmement vite. Lina m'avait proposé de sortir mais j'ai réussi à décliner son invitation prétextant voulant rester avec ma soeur, excuse fausse puisque cette dernière passait son weekend avec Adil. La sonnerie de mon téléphone se fait entendre et me fait quitter les yeux de l'écran de ma télévision. Je l'attrape et constate qu'il s'agit d'un numéro inconnu. J'hésite puis décroche tout de même.
— Allô ?
— Bonjour Mlle. Horvat c'est bien ça ?
— Oui Ivana Horvat c'est moi, vous êtes ?
— Raphael Dumas, je vous appelle car vous aviez travaillé pour nous il y a quelques temps. Je sais que ça fait longtemps que vous n'avez pas travaillé pour nous vu votre état de santé mais le jeune homme qui devait travailler pour nous ce soir nous a lâché.
Raphael Dumas, chef d'une société d'événementiel. J'ai fait plusieurs boulot avant d'avoir mon cancer, je devais payer mes études. Alors j'avais postulé dans son agence lorsque j'étais tombée sur l'annonce en ligne et quand il avait besoin de moi sur de grands évènements, je rappliquais. Il s'occupe d'organiser des soirées, des concerts. Après que l'on m'ait dit que j'avais un cancer, j'avais cessé toute activité à commencer par ce petit job, ensuite mes études, et petit à petit j'ai commencé à me couper de tout et c'est là que la descente aux enfers a réellement débuté.
— Oui bien sûr je me souviens. C'est pour quoi ?
— C'est dans une boîte de nuit à Paris ce soir, je m'y prends à la dernière minute, j'en suis conscient, je comprendrais si vous refusiez.
— Ne vous inquiétez pas, je n'ai rien de prévu. J'y serais.
— Vous êtes sûre ? Comment va votre santé d'ailleurs, vous êtes guérie ?
— Comptez sur moi je viendrais. Je réponds sèchement, évitant sa question.
— Très bien, je vous envoie toutes les informations par mail, vous devrez être là pour 22 heures même si la boîte n'ouvre qu'à 23 heures. Il faudra préparer les loges des artistes.
— Très bien je serais à l'heure.
—D'accord, je vous envoies tout ça, passez une bonne fin de journée. On se voit ce soir et ne soyez pas en retard.
— C'est noté. Bonne fin de journée à vous aussi.
Je raccroche et ne tarde pas à recevoir le mail avec toutes les informations utiles pour ce soir. Ce mail m'informe que je dois être présente pour 22 heures afin de tout mettre en place et que mon service prendra fin aux alentours de 5h30 du matin. Mon travail de ce soir consiste à aller dans une boîte de nuit parisienne afin de m'occuper de ramener des softs et autres besoins en loge. Le Trust accueillera un groupe qui se produira vers 02 heures du matin pour un show de 30 minutes. En général, les chanteurs ramènent pas mal de monde de leur équipe ce qui fait qu'en loge il faut toujours renflouer les boissons comme des bouteilles d'eau pour les artistes mais aussi de l'alcool pour leurs proches qui ne devront pas assurer un show. Le mail m'indique aussi que je devrais simplement donner mon nom, prénom et présenter le mail pour entrer dans la boite et commencer mon service. En claire, je n'ai qu'une mission : faire en sorte que les artistes ne manquent de rien pour qu'ils puissent faire une bonne publicité à la boîte.
Je décide de me lever de mon canapé et d'éteindre la télévision puis de filer sous la douche. J'ai une marche de quelques heures avant de partir pour la boîte mais je n'ai rien d'autre à faire de mieux de mon samedi alors autant prendre ma douche maintenant. Comme tous les jours je passe devant mon miroir, je décide une nouvelle fois de m'ignorer, de toute façon j'ai le même visage que tous les autres jours et j'aurais toujours le même demain, si ce n'est qu'il sera encore plus creux qu'aujourd'hui.
Je rentre dans la cabine de douche pour une douche expresse. Je sors, enroule une serviette autour de mon corps balafré et file dans ma chambre pour choisir ma tenue de ce soir.
Contrairement aux autres filles, je ne passe pas de longues heures devant ma garde robe à passer en revue tous les vêtements de ma penderie à la recherche de la tenue parfaite, je ne passe pas non plus des heures devant mon miroir à me pomponner, ce n'est pas mon genre ou du moins plus maintenant. Avant j'adorais prendre soin de moi, faire les magasins et me maquiller légèrement, me sentir belle et bien dans ma peau tout simplement. Mais cette époque est finie depuis bien longtemps laissant aujourd'hui la place à la douleur et le mal-être. J'ai tourné la page sur cette partie de ma vie, comme si j'avais tourné le dos au bonheur et ce qui me tue, c'est que je l'ai fais moi même. J'aurai pu subir un accident ou quelque chose dont je n'étais pas responsable mais non. Il a fallu que mon foutu corps ait un cancer, me trahissant comme ci il ne voulait pas que j'ai droit au bonheur, comme si je ne voulais pas avoir droit au bonheur.
J'opte finalement pour un jean gris ainsi qu'un t-shirt blanc que je changerai bien vite puisque j'en aurai un autre avec l'enseigne de la boîte que je devrais porter sur place. Je m'habille rapidement et coiffe mes cheveux d'une queue de cheval. J'ai encore pas mal de temps avant de pendre la route de la gare, je décide d'aller dans la cuisine où j'ouvre mon frigo à la recherche de quelque chose à grignoter. Mais Angela n'a pas encore fait les courses ce qui signifie qu'il n'y a donc pas grand chose dedans. Ce n'est pas très important, ce n'est pas comme si j'allais manger énormément mais je n'ai rien avalé encore aujourd'hui et je veux être un minimum en force ce soir et éviter de faire un malaise. J'avoue jouer avec le feu puisque je dois absolument surveiller mon alimentation et veiller à avoir un poids stable depuis la greffe et je fais tout le contraire. Je perds du poids à vu d'oeil. Une corbeille de fruits se trouve sur la table, je prends une pomme que j'épluche. Je ne supporte pas manger la peau, pour moi c'est comme si c'était une espèce d'impureté qu'il faut absolument retirer. Au moins si je la retire il n'y aura plus que du bon à manger. Ça devrait être comme ça avec nous, les humains. On devrait pouvoir retirer chaque chose que l'on déteste chez nous, retirer nos impuretés pour que l'on soit comme nous le désirons, comme on se sentirait bien, mais évidemment ce serai trop facile, c'est compliqué, tout est toujours compliqué de toute façon. Même être simple s'avère être compliqué. J'aimerai être simple, sans défaut, mais même ça c'est trop en demander.
Avalant difficilement mon dernier morceau de pomme que j'avais en bouche je prends mon téléphone et surf sur les réseaux. Je fais défilé mon fil d'actualité, voyant des photos de mes anciens amis, s'amusant, riant, comme si je n'avais jamais existé. Nous étions un groupe, soudé. Au fond de moi, j'avais cette impression que chacun était indispensable à la bande, que même si une personne était absente, il me manquait quelque chose, comme si nous n'étions pas au complet et je pensais que c'était réciproque. À chaque fois qu'un d'eux manquait à l'appel, je prenais de ses nouvelles, m'inquiétant. Nous étions comme un puzzle, chacun y avait sa place et était irremplaçable. Mais visiblement, il n'y avait que moi qui pensait ça. Je n'ai pas oublié les paroles qu'ils ont eu à mon égard, elles resteront gravées au fer rouge en moi. Je quitte l'application et verrouille mon téléphone avec cette même douleur dans la poitrine à chaque fois que je pense à mon ancien groupe d'amis. Je retourne dans le salon pour regarder la télévision jusqu'à ce que ce soit l'heure de partir.
Vers vingt-heure, dix minutes après avoir pris mes cachets anti-rejet, Angela rentre de sa journée de travail mais elle n'est pas seul. Un homme l'accompagne, il est plutôt grand, une peau légèrement bronzé.
— Salut Iva, Angela s'approche de moi et m'embrasse sur le front.
— Salut.
— Je te présente Adil, Adil voici ma soeur Ivana.
— Enchanté, dit-il en me faisant la bise.
— De même.
— Tu as mangé ? Pris tes cachets ?
— Non pas encore, il reste vingt minutes après je peux manger.
— T'es toujours pas en pyjama ?
— Non, je travaille au Trust ce soir.
— Oh c'est génial ça ! Tu vas voir des gens, te changer les idées.
— Ouais super.
Nous restons une heure à parler de tout et de rien. Adil est un homme vraiment sympathique et plein de bienveillance. Je les soupçonne d'entretenir une relation mais pour l'instant il n'y a rien eu d'officiel. Vers 22h20 je me décide à partir.
Lorsque j'arrive sur place, l'entrée de la boîte est déjà pleine de monde. Même si elle n'ouvre que dans une heure, un bon nombre de jeunes sont là pour, je suppose, être les premiers à rentrer et être aux premières loges pour le showcase. J'avais oublié que la boite était toujours bondée de monde lors d'un soir de showcase et heureusement car je ne serais surement pas venue sinon. Je dépasse tout le monde et montre le mail sur mon téléphone au videur.
— Bonsoir, Ivana Horvat. Dis-je.
— Bonsoir.
Il me regarde du haut de son mètre 80 et regarde l'écran de mon téléphone avant de se pousser légèrement de la porte pour me laisser rentrer.
— Merci. Fis-je à son attention avant de pénétrer à l'intérieur de la boîte.
Le Trust n'est pas forcément la plus grande discothèque de France mais elle reste tout de même convenable. À ma droite se trouve un grand bar lumineux en verre, on peut y voir les bouteilles éclairées, la piste de danse occupe tout l'espace en face de la scène qui se trouve au fond de la pièce. Aux quatre coins de la pièce se trouvent des escaliers permettant de rejoindre les balcons offrant une large vue sur la scène, réservés aux personnes VIP.
Au loin, devant la scène, un groupe de personne s'y trouve en cercle. De loin, je semble reconnaitre une carrure imposante qui bossait déjà là lorsque je venais y travailler.
— Bonsoir. Dis-je à leur attention tout en m'approchant.
— Bonsoir. Me disent-ils en se retournant vers moi.
Lorsqu'ils se retournent, je constate qu'il s'agit bien d'Alexandre, un ancien collègue à moi.
— Mais non la serbe tu fous quoi là ?
— J'suis croate déjà šupak američki. ( abruti d'américain )
— Trop facile d'insulter dans une langue qu'on connait pas slut. ( salope )
— C'est pas de ma faute si ta langue est parlée par tout le monde.
J'arrive devant lui et le fixe. Il fait de même puis sourdement, il se met à sourire gaiment comme l'abruti qu'il est et passe son bras autour de mon cou pour me tirer vers lui.
— Bon retour gamine. Il ébouriffe mes cheveux.
— Dégage, je râle en le repoussant.
Il me lâche. Je refais en vitesse ma queue de cheval.
— Je viens travailler ce soir. C'est Monsieur Dumas qui m'a appelé tu sais où il est ?
— Ah oui c'est vrai qu'il nous avait dit qu'il avait appelé du renfort pour ce soir, reprend un autre gars à la peau basané. Tu es Ivana du coup ?
— Oui c'est bien ça.
— Enchanté alors moi c'est Malik et là tu as Ilona, Marine et Alexandre que tu connais déjà du coup. On travaillera ensemble ce soir.
— Enchantée. Dis-je en les regardant tous à tour de rôle.
— Bien alors suis moi je vais t'expliquer deux trois trucs avant de commencer.
Je suis Malik qui m'emmène aux vestiaires et me donne un autre t-shirt que je vais devoir enfiler pour la soirée.
— Bon... Je me doute que tu connais déjà tout vu que tu as déjà travaillé ici mais tu comprends, je suis obligé de t'expliquer. Donc ce soir tu feras équipe avec Alex et vous serez principalement en loge tous les deux. Malgré tout on aura sûrement besoin d'un d'entre vous en salle principale pour distribuer des flyers de l'agence événementiel, distribuer des bracelets au nom de l'agence. Et ce que tu peux faire aussi tout au long de la soirée c'est prendre des photos que tu nous enverras pour qu'on puisse les poster sur l'Instagram ou la page web de la boite. On a un photographe officiel qui va passer un peu partout mais parfois celle qu'on prend nous sont « mieux ». T'as tout compris ?
— Ouais. Rien n'avait changé depuis le dernière fois que j'avais travaillé ici.
— En soi c'est pas très prise de tête. Je te laisse te changer puis viens nous retrouver en bas avant que la boîte n'ouvre ses portes.
— D'accord merci.
J'enfile le t-shirt noir que Malik m'a tendu avant de mettre le reste de mes affaires dans un casier qui m'est destiné. Je le ferme et met la clef dans la poche arrière de mon jean avant de descendre rejoindre les autres et retrouver mon équipier de ce soir.
Arrivant un peu mal à l'aise puisque j'ai l'impression de casser leur ambiance, je marche lentement en leur direction.
— Allez viens Iva. On est ensemble ce soir, comme à l'ancienne. Du coup nous on va aller en loge d'accord ? On va surtout s'occuper de faire le plein de boissons en loge pour les artistes et leur proche et dès que tu vois qu'il en manque un peu tu vas dans la réserve prendre les boissons qu'il te faut et tu les ramènes en loge ok ? Enfin bon tu connais déjà tout.
— Ouais j'ai rien oublié depuis la dernière fois.
— Aller au boulot !
Tout le monde part de son côté, Alex et moi on se dirige vers la réserve à l'arrière de la boîte pour prendre des boissons et les apporter dans les frigos de la loge. Une fois tout en place, je vais dans le coin où Alex et moi pouvons nous reposer et m'assieds. La musique résonne fortement, de là où je suis, je peux voir en globalité tout la scène. Bien qu'il soit encore tôt, la piste de danse commence à être envahie, certains se mettent devant la scène pour être au plus près des artistes alors que d'autres sont accoudés au bar pour prendre une boisson, la première d'une longue série. Je regarde la foule, les filles se déhancher, les hommes se coller aux femmes, les couples s'embrasser jusqu'à ce que Alexandre s'assied à ma droite.
— Je te croyais morte, tu donnais plus de nouvelle. Il regarde dans le vide.
— Je le suis.
— Dis pas ça... T'es en vie c'est ce qui compte.
— Malheureusement.
— J'me voyais déjà à ton enterrement à balancer à tout le monde qu'on se prenait des cuites au Maraschino en cachette au boulot, il lâche en riant légèrement. Je souris nostalgique à l'évocation de ce souvenir.
— Peut-être que t'en auras bientôt l'occasion qui sait ?
— T'as changé, t'es plus comme avant. Et je parle pas de physiquement. Tu ne rayonnes plus.
— Après un séjour aux Enfers, on ne peut pas revenir indemne.
— Le plus important c'est que tu sois là.
— Si tu le dis.
Nous restons en silence à contempler la foule. Malik se dirige vers nous avec deux boites rectangulaires.
— Tenez, il nous tend les boites que nous prenons. Ce sont les bracelets à distribuer. Vous pouvez y aller quand vous voulez tout au long de la soirée, le but est qu'il en reste le moins possible.
Je pose la caisse sur la chaise et l'ouvre, une bonne centaine de bracelet fluorescent s'y trouve.
— C'est pour faire notre pub, il y a le nom des artistes de ce soir et le hashtag de l'agence événementiel.
J'en attrape un et remarque trois lettres écrites en grand, « PNL ». C'est sans doute le nom de scène du groupe qui se produit ce soir. J'ai déjà entendu ce nom quelque part mais je ne saurais m'en rappeler. Je ne suis pas vraiment une amatrice, je dirais même que je ne connais rien alors PNL, même si j'en ai vaguement eu des échos, reste un grand mystère pour moi.
— Je vais à l'entrée les distribuer, tu n'as qu'à en distribuer à l'intérieur ça te va ?
— Oui pas de soucis je m'en occupe.
Pendant une heure nous avons distribué les flyers, il n'en reste presque plus. Nos deux équipes n'ont plus rien à faire alors nous nous poser près de la scene à discuter tous ensemble.
— Ivana les artistes arrivent dans 10 minutes, ils vont sans doute avoir du retard mais tu peux aller vérifier que tout est ok en loge ?
— Oui bien sur j'y vais.
— Super après on pourra faire une petite pause.
Je me dirige vers l'arrière de la scène où des escaliers mènent aux loges, je les monte et ouvre les différentes portes. La loge principale dispose de plusieurs fauteuils en cuir noir, d'une table avec des fruits, des biscuits apéros et autres ainsi qu'un frigo remplit de boissons dont des bouteilles d'eau et des bouteilles d'alcools. Tout à l'air en ordre, tout ce que les artistes ont demandé est là ainsi que tout ce que Monsieur Dumas nous a demandé de rajouter. Je décide donc de quitter les loges et de redescendre rejoindre les autres afin de prendre une petite pause comme me l'a dit Alex.
— Tout était ok ? Me demande Alex.
— Oui c'est bon.
— Génial vient là. Alex tapote la place à côté de lui, je ne me fais pas prier et m'assieds à sa droite.
Je m'exécute et prends place entre Alex et Marine qui discute de tout et de rien. Comme à mon habitude j'écoute mais ne dis rien, je me contente simplement d'hocher la tête quelques fois. Alex se trouve à ma gauche quant à Marine elle est à ma droite. Comme je peux le voir sur le téléphone d'Alex, ils sont entrain de débattre sur le corps d'une fille, qui semble parfaite aux yeux de mon ami alors que Marine s'obstine à dire le contraire. Alex a toujours eu une préférence pour les femmes refaites. Je n'ai rien contre la chirurgie esthétique, au contraire, je suis absolument pour si cela peut permettre d'enlever un complexe mais malheureusement, de nos jours, cela n'a plus cette valeur. La chirurgie est devenue une mode. Toutes les filles veulent le même standard, grosse poitrine, ventre plat, fesses bombées et la chirurgie est le seul moyen facile, rapide de l'avoir et je trouve cela particulièrement triste. La chirurgie qui selon doit être utilisée en dernier recours pour faire disparaitre nos plus gros complexes commence à être utilisée pour tout et n'importe quoi.
— Mais non tu comprends pas en faite.
— Alex c'est toi qui pige pas là, je te dis que la photo là c'est un fake.
— Et moi je te dis que cette fille, elle est parfaite.
— Arrête un peu la fumette tu veux ?
— T'es jalouse parce que t'auras jamais le même corps qu'elle c'est tout.
— Tu délires c'est vraiment grave, t'as déjà consulté ?
— Vas-y fous toi de moi.
— T'en penses quoi toi ?
Je regarde Marine qui vient de me poser cette question et me retourne vers Alex qui me montre l'écran de son téléphone. Je regarde la femme qu'il me montre. En effet, cette femme est fausse, il n'y a rien de vrai chez elle à commencer par ses fesses et même ses seins, je ne serais pas surprise si ses lèvres étaient refaites elles aussi.
— Je suis d'accord avec Marine. Dis-je.
— Ah voilà tu vois, ça fait une demi-heure que je te dis que cette soi-disant « bombe » là c'est un fake.
— Et mais les meufs vous êtes graves, vous ne voulez jamais voir la vérité en face.
— T'as juste de la merde dans les yeux.
— Marine, tu me cherches là. Dit-il avec une pointe d'ironie.
— Mais quoi ? Je dis la vérité c'est tout.
— Laisse moi rêver un peu non ?
Nous sommes coupés par Monsieur Dumas qui s'approche de nous.
— Les artistes vont arriver tout est ok en loge ?
J'hoche la tête, Alexandre acquiesce à son tour. Monsieur Dumas nous dit que nous pouvons encore profiter de notre pause.
— Très bien du coup je vais les accueillir et les amener à la loge. Quand ils seront là vous n'aurez pas grand chose à faire, assurez-vous de vérifier quelques fois que les artistes ne manquent de rien en loge, aussi si vous pouviez faire des photos et des vidéos de la soirée ce serait cool vous m'enverrez tout ça et ça nous permettra de nous afficher sur les réseaux d'accord ? Nous hochons tous la tête. Ivana viens avec moi.
Surprise, je me lève et le suis sur le côté, à l'écart de l'autre groupe.
— Les artistes de ce soir sont des gros gros fumeurs, alors je t'autorise le temps du show à sortir de la boite pour éviter de respirer la fumée ou autre d'accord ? Ce sera ta pause de la soirée, tu n'en auras pas d'autres.
— D'accord merci. Je retourne près d'Alex.
Un énorme troupeau s'est réuni devant la scène ce qui laisse supposer que les artistes ne tarderaient pas à faire leur entrée. Il n'est pas loin de trois heures du matin, la boîte est pleine à craquer, elle est remplie de jeunes plus ou moins alcoolisés et défoncés pour la plupart. Les gens dansent, chantent, boivent et rigolent ensemble. Chaque personne présente se déchaine et profite de la soirée, c'est comme si la nuit appartenait à chacun d'entre eux, ils sont maîtres de leur corps qui bouge au rythme de la musique. Ils profitent et sont heureux.
Je file dans les couloirs des loges pour vérifier une dernière fois que tout est parfait même si j'ai déjà regardé cinq minutes avant. Je suis perfectionniste et j'aime quand je fais du bon travail alors rien que d'imaginer un artiste en manque de quelque chose me fait avoir des sueurs froides. En plus, les loges sont les seuls endroits où je peux être tranquille sans voir les corps s'amasser sur la piste. Je me dirige donc vers les loges mais me ravise en entendant des voix provenant de celle-ci. Les artistes sont déjà arrivés et je ne souhaite pas les déranger. En me retournant je percute quelqu'un qui fait visiblement tomber sa bouteille d'eau par terre.
— Fais chier, son juron ressemble à un grognement et instinctivement je reconnais cette voix. Je relève la tête et sans aucun mal je reconnais Nabil, le frère de Yanis.
— T'en as pas marre de me bousculer ? T'as un strabisme ou quoi ?
— Belrhi fomok.
— Ta gueule toi même. Tu fous quoi ici ?
— Et toi ?
— J'ai posé la question en première.
— T'es une gamine, il pouffe. J'suis là pour le taff. A toi maintenant.
— Le travail aussi, je réponds réticente. Tu fais quoi du coup ? Le bar où les loges ?
— Je travaille pas pour le bar.
Il ne travaille pas pour le bar ?
— Starf t'es vraiment lente toi c'est quelque chose quand même. Pour seule réponse il obtient mon plus beau regard noir. PNL ça te dit quelque chose ?
— T'es leur agent ?
— Non ma belle, je suis PNL. Il me secoue le flyer sous le nez en disant ça.
Je l'attrape et regarde l'image. Mes yeux font des allés-retours entre la tête des artistes imprimés sur le flyer et Nabil. Rapidement je fais le rapprochement et constate qu'un des membres du groupe est Nabil et si je ne me trompe pas, l'autre est Tarik.
— Maintenant que tu le dis... Il y a une ressemblance. Mais pour ma défense, t'es plus beau sur le flyer.
— J'en conclus donc que je suis beau. Pas de jaune aujourd'hui ?
— Non je suis en bleu alors quoi ? Tu vas m'appeler Cendrillon ?
— Si t'attrapes un balai il y a moyen ouais. A sa réplique je ne peux m'empêcher de sourire.
Je me laisse un instant pour le détailler. Sa barbe reste toujours parsemée de trous, entoure ses lèvres charnues. Mais ce qui me fruste le plus est qu'il porte des lunettes de soleil, m'empêchant de capter son regard. Il porte un jogging rouge et une veste de survêtement bleu qui moule son torse. A chaque fois que je l'ai vu, il portait des hauts moulants, aujourd'hui ne fait pas exception à la règle. Je peux librement parcourir son torse qui est assez imposant.
— Tranquille j'te dérange pas ? Tu veux peut être que je retire le haut ?
— Rêve pas j'ai vu mieux.
— Je t'ai pas tout montré encore.
— Rassure toi, j'ai pas envie de tout voir. Sur ce, j'ai du travail.
Je le contourne et file rejoindre mes collègues. Une demi heure plus tard, le Dj annonce que les artistes ne vont pas tarder à faire leur entrée sur scène et les cris des fans se font entendre.
Les artistes rentrent en scène et je ne peux m'empêcher de fixer Nabil pendant que les fans hurlent à s'en déchirer leur voix. Son attitude reste la même, sûr de lui, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Ses lunettes de soleil sont placées sur son nez, et je ne peux m'empêcher de trouver que ce style lui va à merveille même si le concept de porter des lunettes de soleil dans une boite de nuit me parait totalement ridicule. À peine sur scène qu'ils allument déjà leurs joints. Tous leurs potes sont avec eux et fument aussi. Au début je prends quelques photos d'eux puis rapidement, l'air devient trop lourd pour moi, j'ai l'impression d'étouffer alors je sors prendre l'air. Je respire de grandes bouffées d'air comme si j'étais en apnée depuis longtemps. Même de dehors, je peux entendre les cris des fans. Je reste dehors tout le long du show ayant peur de retourner à l'intérieur. À vrai dire, je crois que j'ai fais une erreur. Je n'aurai jamais dû sortir, lorsque je vais rentrer à l'intérieur, la fumée va m'étouffer. Je n'aurai jamais dû venir. Les gens, c'est pas trop mon fort alors une foule de gens me donne des nausées. J'entends vaguement l'un des deux rappeurs présent sur scène, Tarik je crois, annoncer qu'ils s'apprêtent à chanter leur dernière chanson avant de quitter définitivement la scène du Trust. Dès les premières notes je me rends compte que c'est une chanson assez entraînante et me mets à bouger légèrement la tête et les jambes. Rapidement, je prends mon courage à deux mains et décide de rentrer dans la boite pour aller vérifier que les artistes ne manqueront de rien.
Le moins que l'on puisse dire c'est que les membres de PNL ont amené beaucoup de proche avec eux sur scène. Il ne doit plus rester grand chose en boisson, et j'avais vu juste, la plupart des bouteilles d'alcool étaient vides, les boissons restantes étaient que des softs. Je rebrousse chemin en direction de la réserve qui se situe en bas près de la sortie des artistes et prends plusieurs bouteilles de vodka. Lorsque j'arrive en haut des marches plusieurs hommes baraqués me frôlent de très près, je manque même de tomber mais reprends vite mon équilibre. Je tente d'avancer et de me faufiler entre tous ces hommes lorsqu'un corps plus grand, plus gros que le mien bouscule mon bras, je ne rate pas de faire tomber les bouteilles de vodka que je tiens dans mes bras. Il se retourne et pose sa main sur mon coude comme si il voulait me retenir pour ne pas que je tombe. Je devine vaguement ses yeux derrière ses lunettes teintées, il encre son regard dans le mien et lâche un pardon discret.
— On va à chaque fois se bousculer quand on va se rencontrer ?
— Si tu regardais devant toi aussi.
— Le show t'a plu ?
— Je l'ai pas regardé en entier, mais de ce que j'ai écouté c'est pas trop mon truc.
— Pas ton truc hein ? J'espère en revanche que l'artiste est plus « ton truc ».
— Mystère. Je réponds. Si on te demande tu dis que tu sais pas.
— J'ai déjà ma réponse, il sourit d'un air orgueilleux avant de se retourner et de reprendre sa course en direction des loges.
Une main se pose sur mon épaule et me sort de ma rêverie. C'est Alex.
— Ivana tu es là.
— Oui j'apportais ça en loge.
— Laisse tomber ce n'est pas la peine ils ne vont pas tarder à partir, en plus on a besoin de toi en bas pour donner les derniers flyers à la sortie.
— D'accord.
Je descends rapidement pour remettre les bouteilles à leur place et rejoins encore une fois les escaliers pour rejoindre Alex à l'entrée. Mon pied se pose sur la première marche mais je sens que l'on me regarde, je me retourne et fixe Nabil qui me détaille du haut des escaliers. Je le détaille également pendant quelque instants jusqu'à ce que j'entende Alexandre m'appeler. Je détache mon regard de celui de Nabil et descend les escaliers pour rejoindre mon ami à la sortie, en sentant le regard brûlant de l'algérien sur mon dos.
🧸
Hello les filles 💛
Nouveau chapitre !
Vous avez pensé quoi de son " job " ? Et Nabil ?
Dites nous tout les filles on veut savoir !
On vous dit à bientôt pour la suite les filles ! 😘
S&C
insta: @nivanapnl
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