jedan - un
Jocelyn Hudon représente Ivana Horvat.
« Je suis venu au monde en pleurant et chaque jour je comprends pourquoi» - Damso, Mort.
Des cellules qui se développent anormalement. Tout de suite, cela fait moins peur que le mot général pour désigner ce phénomène.
Cancer. Tout de suite, cela fait peur, effraie, terrifie, pétrifie, horrifie.
La première pensée humaine après ce mot est la fin de la vie, soit le mot "mort".
Moi, lorsque j'entends ce mot si terrifiant et fatal, je rigole.
— Arrête ces merdes Ivana. Ça va te bouffer la santé, m'avait dit ma soeur.
— Ça va Angela, lâche moi. C'est un de temps en temps, avais-je répondu encore insouciante.
— Et les deux paquets de clopes que tu te fumes tous les jours, c'est de temps en temps aussi ? Tu vas attraper un cancer.
J'avais ris. Tellement ris que j'en avais eu mal au ventre.
— Mais bien sur ! Mon dieu, arrête de t'inquiéter pour moi Angie, j'ai dix-neuf ans.
— Justement. Tu te ruines déjà la santé à dix neuf ans. Ne vient pas te plaindre quand ça t'arrivera.
— J'appellerais ma tumeur Angie ! Comme toi, elle me lâchera sûrement pas de si tôt ! Riais-je fortement en tirant sur mon spliff.
Et c'est ce que j'ai fait. Je ne me suis pas plainte et j'ai appelé ce truc destructeur qui grandissait en moi "Mini Angie".
Ma jambe tressautait sans cesse dans l'attente des résultats. A mes cotes, Angela fixait le mur en blanc en face d'elle tout en jouant avec ses bagues. Le bruit de mes dents attaquant mes ongles semblait résonner dans ma tête.
— Arrête ça. Angela attrapa ma main et enlaça nos doigts. Ca va bien se passer tu verras, c'est juste qu'une petite insuffisance respiratoire. Sa voix tremblait, trahissant sa nervosité.
Je lui souriais, essayant de la rassurer. Mais au fond de moi j'étais terrifiée. Terrifiée à l'idée d'avoir quelque chose de grave. Je voulais juste me lever, sortir de la pièce puis de l'hôpital pour ne jamais avoir ses résultats, je voulais rester dans l'ignorance. L'ignorance est d'un coté plus rassurant que le savoir. Le savoir signifiant verbaliser ce que j'avais, mettre un nom dessus, l'identifier, le rendre officiel. Et cela me fait peur, m'horrifiait.
— Mademoiselle Horvat ?
Je levais la tête et me levais pour faire face au radiologue. Il nous entraina à l'écart dans une pièce et sorti les radios.
— Vous avez un cancer des poumons de stade 4, ce qui signifie que vous avez plusieurs métastases. Je suis désolé. Je vais vous donner le nom et la carte de notre chirurgien, libre à vous de le choisir lui ou un autre.
Je n'avais pas parler jusqu'au soir. Jusqu'à ce qu'Angela s'assied à cote de moi et passe son bras autour de moi pour me tirer contre elle. À l'instant où ma tête rencontra la peau de son cou, j'explosais en sanglots, lui rendant son étreinte.
— Je ne veux pas mourir.. répétais-je sans cesse.
— Chut... On va trouver un chirurgien et tu vas te battre. Tu vas vivre moj anđeo. ( mon ange )
Après ça nous avions pris rendez vous chez le chirurgien pour démarrer mon traitement. J'avais aussi exigé que mes parents ne soient pas au courant pour l'instant, je voulais être prête et avoir digérée cette nouvelle avant de les affoler.
J'avais donc commencé mon traitement et cela devenait de plus en plus difficile à le cacher. Je n'allais plus en cours, les effets secondaires de la chimiothérapie tels que les vomissements, la fatigue, la perte de poids, mais aussi la perte de cheveux se remarquaient de plus en plus, à tel point que les cacher m'était devenu impossible. Paradoxalement, bien qu'indolore ce fut la perte de cheveux qui me faisait le plus mal. C'était une vraie torture psychologique de les voir rester accrochés par centaine à la brosse. C'est pourquoi, un jour j'ai choisi sur un coup de tête de me raser le crâne.
— Ivana... Tu es sure de toi ? Me demanda ma soeur pour la centième fois en me regardant dans le miroir tondeuse en main.
— Sure. Fait le.
Angela était réticente, trouvant que c'était une mauvaise idée. D'un coup d'oeil sévère je la fis taire. Elle sembla comprendre et mit en marche la tondeuse.
— Tu es certaine de vouloir regarder ça ?
— Certaine. Je répondais avec fermeté.
C'est ainsi que Angela commençait à me raser la tête et une fois le crâne dénudé de tout cheveux, je fondis en larmes, non pas de malheur parce que j'étais triste de ne plus avoir de cheveux, mais d'épuisement. J'avais l'impression que le cancer me vainquait alors que pourtant, je l'avais pris de court en l'empêchant de m'enlever mes cheveux.
— Lijepa si moja sestra. Elle déposait un baiser sur mon front pendant que je tentais de garder la tête haute tout en souriant. ( Tu es belle ma soeur. )
Pourtant, même si je gardais le sourire, au fond de moi je me préparais à l'éventualité de quitter ce monde car les résultats de la chimiothérapie n'étaient pas bons : le cancer gagnait du terrain sans que l'on puisse l'arrêter. J'avais perdu tout espoir au fil des mois en voyant que les seules choses que faisait la chimiothérapie étaient de m'affaiblir. J'avais alors abandonné le traitement et déserté l'hôpital. Mais ma soeur, elle, n'acceptait pas cette option.
- Jette moi ça ! Hurla-t-elle en attrapant ma cigarette entre mes lipes et en la jetant par terre. Ça te suffit pas un cancer des poumons hein ?! Tu veux quoi de plus ? Un cancer du coeur ?!
Elle ne s'y connaissait pas en médecine, pas plus que moi du moins. Pourtant elle essayait de me blesser. Mais rien ne pouvait me blesser à cette instant.
— Rend moi ça.
— Non ! A quoi ça te sert de t'auto-détruire ?
— Mais ferme la ! Ça m'aide ! C'est pas toi qui m'aiderai en tout cas !
— J'essaie de t'aider !
— En faisant quoi ? En lisant toutes les lois possibles et inimaginables sur " Comment faire entrer un proche de force en chimiothérapie pour le sauver ?" Bravo. J'applaudissais.
— Parlons en de ça ! Pourquoi tu refuses ?! Pourquoi tu refuses de vivre ! Cria-t-elle cette fois ci en pleurant.
Elle me haïssait.
— Parce que la chimio ne fera rien. Le seule moyen que je vive c'est une greffe des poumons, et c'est très rare. Et ça prend surtout très longtemps à trouver un donneur. Et j'ai pas ce temps justement. Alors je préfère crever libre, que de crever en esclave de la médecine.
J'avais clos ce sujet en partant. Malheureusement à peine une semaine après, une personne toqua à ma porte. J'avais eu droit à une visite de ma mère.
— Mama? Što radiš ovdje? (Maman ? Que fais tu ici ? ).
— Došao sam podržati svoju kćer u ovom periodu. (Je suis venue soutenir ma fille dans cette période)
—Ovo periodu ? (Cette période ?)
— Kemoterapije. (Ta chimiothérapie.)
— Angela, ti si mrtav. Avais-je chuchoté. (Angela, tu es morte.)
— Zaustavljanje! Ti ćeš raditi ovu kemoterapije Ivana Horvat ! (Stop ! Tu vas faire cette chimiothérapie Ivana Horvat. )
Je me suis tue sur ces paroles fermes de ma mère, Juliana Horvat. Elle sait parler français, mais là elle était énervée. Quand elle est énervée elle parle dans sa langue natale, le croate.
Elle a même fait le déplacement de la Croatie jusqu'en France pour venir me botter le cul et me forcer à me soigner et je pouvais en partie la comprendre, comment accepter le fait que sa dernière fille, son bébé allait bientôt mourir ? Mon père était en revanche resté en Croatie. Je n'étais pas enchantée de faire ce traitement mais je n'ai pas eu le choix. Règle numéro une de survie : ne jamais énervée une croate.
J'avais pris rendez-vous à l'hôpital le jour d'après, sous les demandes de ma mère.
Le chirurgien qui suivait mon dossier nous avait reçues et expliqué toutes les procédures à suivre.
— Il faut que vous sachiez que le traitement peut ne pas marcher. C'est un traitement assez lourd et il se peut qu'il ne soit pas fructueux. De plus, pour votre cancer des poumons le seul moyen de vraiment "guérir" est la greffe.
— Mais ? Questionna ma mère.
— Mais c'est très long, la liste est longue et si jamais on vous trouve un donneur avec 5 gènes sur 6 identiques et que le lendemain on trouve une personne compatible avec 6 gènes sur 6, le poumons reviendra à cette personne. Qu'elle soit en dessous ou au dessus de vous sur la liste car son taux de réussite sera plus élevé.
— Ne vous inquiétez pas, je me suis déjà préparée au pire.
Ma mère m'avait regardé avec des larmes dans les yeux. Le soir même, alors que je préparais à manger, elle s'est approchée de moi.
— Ivana... Moje dijete...Što ću učiniti ako umreš? ? Elle pleurait. ( Ivana.. Mon enfant... Qu'est ce que je vais faire si tu meurs ? )
— Ne znam mama. ( Je ne sais pas maman. )
J'avais passé la nuit à la réconforter. À lui dire qu'il fallait qu'elle s'y fasse. Qu'elle accepte mon destin.
Je n'avais pas pu lui dire que j'allais survivre. Comment pourrais-je lui promettre une chose dont moi-même je n'étais pas certaine ?
Les séances de chimiothérapie se sont enchaînées. Toutes plus dures les une que les autres.
Un an était déjà passé depuis la route première chimiothérapie, quatre mois depuis ma reprise. J'avais vingt deux ans. Ma mère était répartie en Croatie mais prenait régulièrement de mes nouvelles pour s'assurer que je faisais bien mes séances. Au debut, j'allais à toutes celles que l'on me donnait. J'avais en quelque sorte retrouver goût à la vie. J'avais envie de vivre. Mais plus le temps passait et plus je voyais que c'était aléatoire. Plus je réduisais le cancer, plus il s'étendait. Je n'en voyais pas la fin. Un jour, cela progressait, un autre jour cela régressait.
J'avais vite perdu espoir tout comme la première fois. Alors j'y allais de moins en moins. Je passais de une fois pas jour à une fois par semaine.
Puis un jour, alors que j'allais prendre à manger à la cafétéria de l'hôpital; entre deux scanners, ma respiration s'est accélérée, l'air me manquait, j'étouffais. Je me vois tombée sur le sol, puis plus rien.
Lorsque je me suis éveillée, j'avais une immense douleur au thorax et de nombreuses machines autour de moi.
Immédiatement, les machines se sont mises à devenir folles et de dizaine de médecins sont entrés dans ma chambre. Ils m'avaient fait un tas de contrôle plus débile les uns que les autres. J'aurai voulu m'énerver et leur demander ce qu'il se passait, mais un tuyau dans ma gorge m'aidait à respirer m'empêchant de prononcer un quelconque mot.
Ils m'avaient dit qu'ils me raconteraient tout lorsque ma famille sera là. Lorsque ma famille, c'est à dire mon père, ma mère et ma soeur, sont arrivés, je n'avais pas compris. Ils avaient pleuré toutes les larmes de leur corps en m'expliquant qu'il étaient heureux de me voir.
Puis le médecin est arrivé et m'a expliqué que j'étais restée plus d'un mois dans le coma, avec des machines qui me tenaient en vie. Ma mère n'avait pas voulu me débrancher et une semaine avant mon réveil, ils avaient trouvé un donneur.
Ils s'étaient empressés de me faire la greffe et une semaine après j'étais réveillée. C'était de là d'où venait cette douleur. De ma cicatrice.
Mais à présent rien ne m'importait. Pas même la douleur lancinante qui me donnait des nausées.
La seule chose qui m'intéressait était le fait que j'étais en vie. J'étais en vie. Je buvais, je mangeais, je respirais, mon coeur battait.
J'étais en vie alors qu'il y a un mois je ne pensais qu'à une chose : mourir.
🧸
Hello à toutes !
On espère que ce chapitre vous aura plu autant qu'à nous. N'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé et ce que vous attendez pour la suite, cela nous intéresse.
On tenait aussi à vous dire que les chapitres seront postés les dimanches à 16 heures ! 😏
On a conscience que c'est un peu tôt, mais nous aimerions savoir si créer une page Instagram pour échanger avec vous vous intéresserait ?
Passez une bonne fin de journée les filles, on vous dit à dimanche prochain ! 💛
S&C
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