dvadeset tri - vingt-trois
« Mais ne me regarde pas comme si c'était facile. Tu sais bien que moi, je ne suis pas si docile » - Camélia Jordana, facile.
• Partie 1 •
Mercredi 12 avril 2017.
Les minutes défilent sur l'horloge murale de la cuisine et pourtant je suis toujours en train de me balader en petite culotte à travers les pièces de mon appartement, une blouse rose pourpre à la main. Cela fait au moins une demi-heure que je tourne en rond. Après être sortie de ma douche, j'étais fatalement passée par la case « choix vestimentaire ». Je m'étais retrouvée devant ma garde-robe ne sachant pas quoi mettre. On dit souvent que la manière dont on s'habille définit notre état d'esprit. Seulement voilà : je ne sais pas dans quel état d'esprit je suis. J'ai envie de croire à un changement, à une évolution de leur part et à une volonté de repartir à zéro en admettant leurs erreurs mais au fond de moi, je reste sceptique. Je n'y crois pas. On ne peut changer que si notre fond n'est pas mauvais. Et le leur est d'une noirceur jamais vue auparavant. Après ce qu'ils m'ont fait, je n'arrive pas à imaginer une quelle qu'once de bonté en eux. Et pourtant j'ai accepté de les revoir alors c'est peut-être qu'une partie de moi, la Ivana qui a peur d'être seule, veut croire en leur rédemption. Toutes ces pensées me donnent l'impression d'être naïve. Je m'embrouille l'esprit et ce n'est pas bon. Alors je décide d'appeler la seule personne qui puisse m'aider à y voir plus clair. Il décroche au bout de trois sonneries.
— Ca a intérêt à être important Bee parce que tu viens de couper le combat entre Naruto et Sasuke.
— Oh wow, ça a l'air vraiment important dis donc.
— S'il te plait ne me dis pas que tu n'as jamais regardé Naruto ?
— Non. Je confesse.
— Oh my God, tu viens de passer un point de non retour dans la catégorie « absence de culture ». Pourquoi tu m'appelais ?
— Parce que je crois que je suis sur le point de faire une connerie.
— De quel genre on parle ?
— Du genre je vais me rendre à une soirée avec tous mes démons du passé.
— Oh that kind.
— Dis moi simplement si je suis juste trop naïve ou trop stupide pour penser ne serait-ce qu'une seconde qu'ils aient changé après tout ce temps ? Et surtout qu'ils puissent faire leur mea culpa ?
— Est-ce que ça te ferait du mal de voir que ce n'est pas le cas ?
— Oui, je réponds après un temps de réflexion.
— Pourquoi ?
— Parce que... parce que ça rendrait réelle la douleur psychologique que j'ai enduré. Ça voudrait dire que je ne suis pas folle et qu'ils sont en parti responsable de ma dégradation psychologique. Ça m'enlèverait un poids, une culpabilité.
Un silence se fait entendre, Alex ne répond plus et j'ai l'impression que je reste des heures le téléphone collé à l'oreille tenu par des mains tremblantes.
— Alex ? J'essaie d'obtenir une réponse.
— Il faut que tu annules Bee.
— Quoi ?
— Tu ne peux pas y aller. Tu y vas complètement vulnérable. Tu es sans défense. Ca sera un désastre pour toi émotionnellement.
— Ca veut dire que tu n'y crois pas ?
— Je ne pense pas qu'on puisse changer, il commence à expliquer. On peut s'améliorer, tout au plus mais pas changer radicalement. Et même si ils ont évolué, je crois au proverbe « le naturel revient toujours au galop ». Tu n'es pas encore prête à voir la réalité en face.
— Mais je ne serais jamais prête Alex. C'est ça le problème. C'est comme si je n'arrivais pas à respirer toute seule. Quand je suis avec des gens, ça peut encore aller, c'est comme si je recevais un peu d'oxygène mais quand je suis seule, j'ai cette impression d'étouffer, de suffoquer en permanence. Alors si j'y vais ce soir, peut-être que j'y arriverais enfin.
— Je croyais que tu essayais d'aller mieux Iva...
— J'essaie, j'affirme, je te jure que j'essaie Alex. Je n'y arrive juste pas. Je veux juste que cette soirée me provoque un déclic tu comprends ?
— Très bien, il cède. Mais je t'accompagne.
— Non pas besoin, je dois aller chez Nabil avant, il va venir avec moi, je mens à moitié.
— Nabil ?
Je m'insulte silencieusement en pinçant mes lèvres.
— Ouais un ami, celui avec lequel je suis allée boire un café.
—Tu l'as donc vu plusieurs fois.
— Oui c'est un peu le but quand on est amis.
— Je suis ton ami et ce n'est pas pour ça que tu passes me voir. Il contre. Tu es sûre que ce n'était pas plus qu'un café ? Peut-être un rendez-vous ?
— Non, je pince mes lèvres. Pratiquement sûre que c'était juste un café. Arrête avec ton interrogatoire inspecteur Gadget.
— Excuse moi d'être sceptique à l'idée que tu aies un ami de la gente masculine, il insiste sur le dernier mot, et qu'en plus tu ailles boire un café avec lui. Mais on en reparlera.
— Hm, j'acquiesce pensive. Je m'habille comment ?
— Ok c'est le moment où je raccroche, bye Bee.
— Non non ! Je parle précipitamment. S'il te plait aide moi.
— Mais pourquoi vous faites toujours une affaire d'Etat quand il s'agit de tenue, il geint.
— Parce que c'est important.
— Vas-y en noir. Terrain neutre.
— Je vais à une soirée pas un enterrement. Une robe ça passe ?
— Pour reprendre tes mots, tu vas à une soirée pas un gala. Puis si tu t'apprêtes trop ils vont penser que tu attendais que ça alors qu'en réalité tu vas en guerre. Jean t-shirt c'est parfait.
— En guerre carrément, je roule des yeux en marmonnant « toujours plus ». Va pour la tenue noire mais j'enroule un bandeau jaune autour de mon poignet.
— Un jour il faudra que tu m'expliques pourquoi tu mets toujours du jaune sur toi.
— Un jour peut-être, j'affirme.
J'attrape un jean slim taille haute noire et une chemise évasée longue noir également. J'enfile le tout en mettant un débardeur sous la chemise pour ne pas avoir froid. Je passe ensuite une ceinture autour de ma taille pour cintrer la chemise.
— Je veux que tu m'appelles si ça se passe mal, reprend Alex pendant que j'enfile mes bijoux : des créoles et deux bagues familiales. Ou au moins que tu passes me voir demain.
— Arrête de t'inquiéter trop, tu vas avoir des rides.
— Et n'hésites pas à mettre quelques droites pour en remettre quelques uns à leur place comme à l'ancienne. Il continue en m'ignorant. Je viendrais te chercher au commissariat s'il le faut.
— Personne ne va finir au commissariat Alex, je réponds en passant mes doigts dans mes cheveux ondulés. Tout va bien se passer, j'affirme.
— Tu essaies de convaincre qui ? Toi ou moi ?
— L'optimiste de notre duo c'est toi, je rappelle. N'inverse pas les rôles.
— Je sais que tu ne vas pas m'appeler alors au moins, passe me voir demain pour me faire un débriefing. Il répète. Et ce n'est pas une suggestion, c'est un ordre.
— Très bien, je capitule. Je passerais, c'est promis.
Il est 17h30 et je suis attendue à l'appartement de Lucie à dix neuf heures. Pour l'instant, je suis en avance mais ça ne devrait pas durer si je ne me dépêche pas de me maquiller. Je m'installe devant ma coiffeuse et prend ma trousse de maquillage qui n'a pas servie depuis une éternité. J'ai envie de me maquiller ce soir. Plus pour leur montrer que j'ai survécu et que je suis très heureuse sans eux, que ma vie est plus belle qu'elle ne l'a jamais été, que je suis plus belle que je ne l'ai jamais été. Alors que c'est totalement l'inverse. Ma vie et mon âme sont moches alors je les maquille avec des mensonges. Ce maquillage est un mensonge, une protection en quelques sortes.
— Tu vas faire quoi ?
Je me retourne et aperçois ma sœur dans l'encadrement de ma porte.
— Je vais à une soirée. Je dis simplement sans rentrer dans les détails.
Elle écarquille grandement les yeux, s'approche et s'assied sur mon lit en croisant les bras. Je me concentre et applique un peu de correcteur là où j'en ai besoin sous le regard suspicieux d'Angela.
— Quoi ? Je lui demande.
— Tu vas avec qui à cette soirée ? Elle demande l'air soucieux.
— Je vais toute seule. Je réponds tandis qu'elle hausse un sourcil.
— Qui organise cette soirée alors ?
Je la fusille du regard détestant la tournure que prend cette conversation Je déteste les interrogatoires et si ma sœur a une question précise en tête qu'elle me la pose de suite. Je déteste aussi qu'elle soit trop intrusive dans ma vie privée.
— Angie pourquoi tu me demande ça ? Tu veux savoir quoi exactement ? Va droit au but et pose ta question.
— Je te sens bizarre, je sais pas tu as l'air....peu sûre de toi.
Je me retourne et attrape mon sac à main, ne voulant pas avoir cette conversation. J'enroule mon fameux foulard jaune autour de mon poignet. À nouveau, je préfère fuir. Evidemment, j'ai cette soirée en tête depuis quelques jours. J'ai eu du mal à trouver le sommeil cette semaine, mais cela ne me change pas de d'habitude. J'appréhende beaucoup. Je ne sais pas exactement à quoi m'attendre, ni quels visages je vais revoir, je ne sais pas non plus comment cela va se passer, ni comment je vais agir. Je crois que c'est ce qui me fait le plus peur. Quand je ne sais même pas comment je vais réagir c'est que tout peu se passer. Je me pose tout un tas de questions sans avoir les réponses. Je les aurais une fois que je me serai pointée à cette foutue fête. Certes j'appréhende mais je suis tout de même déterminée. Je m'apprête à sortir de la chambre lorsque ma sœur me retient par le bras, accrochant ses belles prunelles aux miennes. Et en un regard elle a compris.
— Promets-moi que ça va bien se passer.
Je ne peux pas promettre à ma sœur que ça va bien se passer mais je décide de lui mentir et de lui faire entendre ce qu'elle veut entendre.
— Promis. Je dis en claquant un bisou sur sa joue.
Plus déterminée que jamais je fonce dans le couloir attrapant ma veste en jean au passage. Certes nous sommes en avril mais le vent est nettement présent.
— Tu veux que je te dépose ? Me crie ma sœur depuis le salon.
— Non ça ira j'ai un truc à régler avant d'y aller.
Je referme la porte de l'appartement derrière moi et dévale les escaliers pour me retrouver dehors et ainsi prendre la direction de la station de métro. Nabil n'a toujours pas répondu à mon message d'excuse de la veille, il faut donc que j'aille m'excuser en personne. Je suis déterminée aujourd'hui alors, autant l'être jusqu'au bout. Très rapidement, j'arrive dans le quartier où le brun vit. Je profite qu'une jeune femme sorte de son bâtiment pour m'y engouffrer et monter jusqu'à son étage. Je m'en veux pour ce qu'il s'est passé, je ne voulais pas qu'il parte bien au contraire j'aurais aimé qu'il reste près de moi. Malheureusement s'il était resté, j'aurais dû lui expliquer que ce n'était pas ce qu'il croyait. Je n'ai jamais été maltraitée. Mais je n'avais pas la force du lui dire que j'ai été malade. Je ne peux pas lui dire. Je m'approche de sa porte d'entrée et frappe trois petits coups dessus. À peine dix secondes plus tard, il m'ouvre avec un air étonné sur le visage. Il me détaille de la tête aux pieds pendant de longues secondes sans jamais me sortir une quelconque vanne. Aucun de nous deux ne sait exactement comme réagir. Alors, on se contente simplement de se regarder.
— Tu as reçu mon message ? Je demande bêtement pour briser le silence.
Il hoche la tête en gardant la même expression sur le visage qu'il a depuis qu'il a ouvert la porte, qui maintenant que j'y pense représente à la perfection notre situation actuelle. Cette porte est entre nous, Nabil veut l'ouvrir pour découvrir ce qui s'y cache mais je ne suis pas prête à ce qu'il voit la noirceur qui s'y trouve. Évidemment qu'il l'a reçu. La petite notification « lu » en bas de mon message est affiché moins d'une minute après que j'ai envoyé mes plates excuses. Il n'a juste pas daigné répondre et je ne peux l'en blâmer. J'ai été d'une froideur qu'il n'avait encore jamais vu de ma part jusque là. Il a eu un aperçu de celle que j'étais avant et vu sa réaction, je fais bien de ne pas m'ouvrir à lui. Si jamais il savait toute l'histoire, tout le mal que j'ai fait, il tirerait une croix que la relation que l'on entretient. Et je ne veux pas ça. J'ai ce besoin égoïste de ne pas le laisser partir, il me fait du bien, comme une bouchée d'oxygène. C'est comme une pause dans le temps quand je suis avec lui, comme un anti-douleur qui agit peut-être pour une coure durée mais qui me donne assez de force pour vouloir essayer d'aller mieux. J'ai conscience que la manière dont j'agis est totalement égoïste puisque j'utilise Nabil mais ces moments de repos me sont précieux.
— Pourquoi tu n'as pas répondu ? Je demande.
— Tu as été limpide la dernière fois. Tu n'as pas besoin de moi.
— À vrai dire, je me racle la gorge gênée, c'est toi qui a tiré des conclusions hâtives. Il hausse un sourcil et je ferme les yeux en me maudissant, consciente que j'aggrave la situation. Je voulais juste que tu partes parce que tu t'aventurais sur un sujet dont tu ne connais même pas un pour-cent. Tu n'as aucune idée de ce dont tu parlais.
— Peut-être parce que tu refuses sans cesse de m'en parler ?
— Je vois que la patience n'est pas une qualité dont tu as le luxe de te payer. J'essaie de plaisanter mais encore une fois il me regarde ébahi. Écoute, je pince l'arrête de mon nez, je ne suis pas venue jusqu'ici pour qu'on se dispute encore sur ça.
— Alors pourquoi tu es là ?
— Pour venir présenter mes excuses. C'est beaucoup mieux en face à face alors... excuses-moi, je répète.
— Tu me l'as déjà dit ça Ivana.
— Mais tu ne m'as pas répondu. C'est un peu pour ça que je suis là, je dis.
— Je te l'ai dit, débrouille toi toute seule.
Je ne dis plus rien et me contente de le fixer. Il me l'a dit certes, mais je refuse de l'écouter. J'ai besoin de lui, il m'est d'une trop grande aide psychologique pour que je puisse me passer de lui. Je m'apprête à m'avancer vers lui mais ses paroles me stoppent dans ma démarche.
— Tu t'es fait belle pour aller voir ton ex ? Il lance en me scrutant de haut en bas avec un regard noir.
J'ignore son comportement qui pourrait presque être qualifié de jaloux si les choses entre nous n'étaient pas claires.
— Nabil. Je soupire. C'est pas ce que tu crois, je répète, je te l'ai déjà dit, pourquoi tu ne veux pas me croire ?
— Ouais c'est ça. Tu oses me mentir en pleine face alors que tes lettres ne laissaient pas place au doute, il claque méchamment. Tu es vraiment inconsciente.
Son attitude puait la haine à plein nez. Il est en colère, très en colère même mais moi aussi je peux me mettre en colère. Je commence à en avoir marre que l'on tourne en rond.
— Nabil, écoute-moi bien maintenant parce que je commence à en avoir marre de me répéter comme un disque rayé. Je claque ma langue contre mon palais agacée. Premièrement, je n'ai aucun compte à te rendre donc si j'ai envie de me rendre à une soirée où mon ex sera, j'y vais. Ca en va de même pour mon secret, je n'ai aucune obligation à te le révéler. Prends ton mal en patience parce que ce n'est certainement pas en me harcelant que je vais craquer. Deuxièmement, ce n'est pas ce que tu crois ok ? Je dis lentement en séparant chaque mot. Tu es totalement à côté de la plaque, je n'ai jamais eu d'ex qui me battait. Un jour je t'expliquerais peut-être. Je baisse la tête mais la relève bien vite. Mais en attendant il faut que tu me crois. Je te jure qu'on ne m'a jamais frappé. J'ancre mon regard dans le sien et adoucis un peu ma voix. Je m'excuse pour hier vraiment.
Il ne dit toujours rien. Au bout de plusieurs minutes à m'analyser une nouvelle fois, il se décale et m'invite à entrer d'un signe de tête. J'entre chez lui et lorsque je le frôle pour entrer il m'arrête. Sa main se pose dans le creux de mon dos tandis qu'avec l'autre il relève mon menton pour m'obliger à fixer mes prunelles dans les siennes. Nous sommes tellement proches que je peux voir en détail ses pupilles se dilater dû au manque de lumière que nous causons en étant si proche. Nos corps se touchent presque et bizarrement cette proximité me gêne moins que ce que j'imaginais. En revanche, nos lèvres sont à quelques centimètres l'une de l'autre. Je devrais me reculer pour éviter que cela ne dérape mais je ne le fais pas. J'attends simplement qu'il dise quelque chose en espérant qu'il ne franchisse pas le vide entre nous car je ne sais pas comment réagir s'il le fait. Embrasser Nabil pendant un jeu est une chose, là c'est la réalité et j'ai toujours aimé croire que même un simple baiser était une preuve d'engager et le commencement d'un « nous » à moins d'avoir mis les choses au clair avant. Or je n'envisage en aucun cas d'avoir une relation sans lendemain avec lui et je ne veux pas de nous. J'aime avoir le contrôle de la situation et dans les deux cas précédent, je n'en aurais aucun.
— On n'en parle plus pour aujourd'hui mais un jour ou l'autre tu devras m'expliquer et ce jour-là tu ne pourras pas fuir, compris ? Souffle-t-il contre mes lèvres.
J'acquiesce en silence toujours en le regardant.
— Bien. Il dit en m'offrant un baiser furtif.
Surprise par ce baiser soudain, je ne réagis pas. Ses lèvres ont furtivement touché les miennes pendant moins de cinq secondes, comme une caresse que l'on n'ose pas faire. Ce baiser était tellement rapide que je n'ai pas eu le temps de réagir, je suis restée là, stupéfaite.
— Pourquoi tu as fait ça ? Je demande après avoir repris mes esprits.
— Parce que j'en avais envie. Et quand j'ai envie de faire un truc, je le fais.
— Donc si je veux te gifler je le fais ?
— J'adore aussi quand c'est sauvage.
— Arrête ça. Je serre les dents en comprenant son sous-entendu.
— Quoi ? Un sexfriend ça ne te tenterait pas ?
— Tu m'insultes là.
— Ah d'accord tu fais partie des gens qui pensent qu'avoir un sexfriend c'est être une pute ?
— Cette fois-ci tu me vexes.
— Alors quoi ? T'as peur du regard des gens ? Après une bonne minute sans réponse de ma part, il sait qu'il a visé juste. Tu apportes trop d'importance à ces conneries. Il reprend. Je pars du principe que tu peux faire tout ce que tu veux dans ta vie parce que de toute manière on te jugera toujours alors qu'ils ne savent même pas pourquoi tu fais certaines choses.
— Il y a aucune raison derrière un sexfriend, à part vouloir baiser sans arrêt quand on veut.
— Tu crois qu'on baise juste pour ressentir du plaisir ? Il y a beaucoup de raison de baiser, en dehors du plaisir charnel que cela procure. Ca peut même devenir une drogue.
— Ça c'est être nymphomane.
— Crois moi qu'après avoir gouté à mon sexe, tu vas le devenir. Tu ne pourras plus t'en passer.
Je manque de m'étrangler avec ma propre salive après sa réplique.
— Tu bois un truc ?
— Je veux bien un verre d'eau s'il-te-plait.
— C'est moi qui te donne chaud ? Il me demande presque en susurrant.
— Tu t'arrêtes jamais hm ? Je m'assois sur un tabouret pendant qu'il rit.
Je tourne sur mon tabouret le temps qu'il me serve mon verre et inspecte son appartement plus en détail. Il est joli et simple, rien n'a vraiment changé depuis la dernière fois que je suis venue si ce n'est qu'une énorme orchidée est présente près de sa télévision. Elle n'était pas la dernière fois.
— T'as la main verte ? Je demande.
— Non, c'est un cadeau de ma belle mère pour rendre un peu plus « joyeux » mon appartement. Je l'ai juste mis dans un vase histoire de faire genre et j'attends qu'elle fane pour la jeter. Il répond en me donnant un verre d'eau.
— Tu pourrais la garder longtemps tu sais ? C'est assez facile d'entretien. Il suffit juste de la mettre à moitié au soleil et de l'arroser une à deux fois par semaine pour la garder humide.
— J'ai une tête à être jardinier ?
— Je pense que renverser deux bouteilles d'eau d'un litre dans un vase par semaine ne devrait pas te tuer. Tu devrais pourvoir t'en sortir.
— Ouais mais non. Je laisse le jardinage aux meufs. Vous vous y connaissez mieux en fleurs.
— On aurait pu éviter ce cliché là tu ne crois pas ? Tu me sortais que les roses sont les fleurs préférées des femmes et je faisais une overdose de stéréotype.
— Parce que c'est faux ?
— Totalement.
— Prouve-moi alors.
— Et comment ? Je hausse un sourcils.
— Dis moi quelle est ta fleur préférée. Il propose après avoir réfléchi.
— J'ai une meilleure idée. Et si tu essayais de deviner ?
— Ok mais si je gagne je veux une récompense.
— Qu'est ce que tu veux ?
— Qu'est ce que tu me proposes ? Il se penche vers moi en appuyant ses coudes sur le comptoir.
— Hm il faut un truc qui te motives. Un baiser, je lance du tac au tac.
— J'ai pas besoin de ça pour t'embrasser au cas où tu n'aurais pas remarqué. Il va me falloir une autre motivation.
Je me penche vers lui de manière à être proche de son visage. Si proche que je peux sentir son souffle sur mes lèvres.
— Ce baiser va te rendre fou, je souffle contre ses lèvres tandis qu'il regarde les miennes.
— Putain tu me rends déjà fou ma belle. Il murmure.
Je ricane doucement et me redresse en prenant une gorgée d'eau.
— Les lys. Il commence.
Je secoue la tête une première fois pour lui dire non.
— Les orchidées ?
Deux fois.
— Puisque tu es obsédée par le jaune, je suppose que tes fleurs préférées doivent être de cette couleur. Je dirais donc des jonquilles ?
— Pas mal le raisonnement mais toujours pas.
— Tulipes ?
Je secoue une nouvelle fois la tête.
— Pivoines ?
— Nope.
— Vas-y j'abandonne.
— Tu renonces au baiser ?
— T'en fais pas, j'aurai beaucoup d'autres occasions de t'embrasser si c'est ça qui t'inquiète.
Je roule des yeux sans relever son énième allusion.
— Les camélias. Je lui révèle.
— C'est même pas jaune.
— J'ai jamais dis que mes fleurs préférées étaient jaunes. Tu t'es lancé sur une fausse piste tout seul.
— Je suis un peu déçu pour le coup. Tu viens de casser le mythe.
— Est-ce que cela veut dire que j'échappe au surnom ?
— Pousse pas trop non plus Belle.
Je ris doucement et termine mon verre. Je lui redemande de me servir et il me tend un nouveau verre d'eau dans la seconde qui suit.
— Tu vas à la soirée pour quelle heure ? Il demande.
— C'est pour 19h. Je dis et bois une gorgée de mon verre.
— Alors ? Il me demande un sourcil levé.
— T'aurais pu prendre de la Cristalline mais ça va elle est bonne.
— Mais pas ça. Il rit. Je voulais dire tu le sens comment ? La soirée ?
— Ah bah euh... Je regarde mon verre. Je sais pas trop, j'appréhende un peu mais je suis déterminée et j'ai besoin d'y aller au fond.
— Ce sont vraiment des grosses merdes. Il crache hargneusement.
Je souris d'un air résigné. Il a raison. Ce sont des grosses merdes. Mais il n'a pas raison sur le pourquoi. Il pense sûrement qu'ils étaient au courant que mon ex me battait, dans son hypothèse. Même si j'ai beau lui répéter qu'il se trompe je sais qu'il n'en démord pas. Il ne me croit pas. Et je le comprends. Je sais que je suis plutôt mystérieuse et que je laisse le doute planer, ce qui doit le réconforter dans son idée. Nabil se roule une cigarette calmement.
— Tu faisais quoi avant que j'arrive ? Je demande pour essayer de le faire penser à autre chose.
— J'étais au tel avec mon frère. On avait plusieurs trucs à régler.
J'hoche la tête et la pièce redevient calme. J'observe à nouveau son appartement sans y prêter attention cette fois-ci. Nabil fume en silence et comme à notre habitude nous profitons du calme sans que cela ne soit gênant. Après quelques minutes, il écrase sa clope dans le cendrier et prend la direction d'une autre pièce.
— Tu vas faire quoi ? Je demande.
— Je vais me changer, je viens avec toi.
— Nabil. Je dis doucement en descendant du tabouret et je m'approche de lui. Je n'ai toujours pas changé d'avis. Je dois y aller seule.
— Je peux pas te laisser y aller seule. Il souffle.
— Je ne te laisse pas le choix. Tu peux me déposer si tu veux mais je vais y aller seule Nabil. Je souris.
— D'accord je te conduis. Il cède enfin.
Il file dans sa chambre se changer et revient quelques minutes après habillé d'un survêtement gris et d'un haut blanc. Il attrape une veste qu'il enfile et ses clefs. Nous sortons pour nous diriger tout droit vers le parking où sa voiture est garée.
— Tu conduis ? Il me lance un sourire aux lèvres.
— Non merci à moins que tu tiennes à ce que je nous envoie dans le décor en moins de cinq secondes.
— Pourquoi t'as pas le permis ? Il hausse un sourcil tandis que nous montons à bord de sa voiture.
— Non monsieur. Je dis en claquant ma langue contre mon palet.
Je me retourne vers lui, attendant qu'il démarra mais je le vois tourné vers moi, les sourcils en l'air.
— Bon c'est la minute jugement donc lâches- toi parce qu'après cette minute tu n'auras plus le droit à la parole. Je dis en bouclant ma ceinture.
— Comment ça se fait que tu ne l'aies pas ? Il demande.
— Je sais pas trop. Je n'y ai pas vraiment réfléchi. Je suppose que je voulais me concentrer sur mes études.
— On va remédier à ça. Il dit en sortant du parking.
— Comment ça ?
— Je vais t'apprendre à conduire.
— Ah non c'est mort Nabil t'entends ? Mort. Dis-je en insistant bien sur les quatre lettres.
— T'inquiète pas belle, je ne vais pas jouer le rôle du moniteur tyran. Il dit en riant.
— Non mais je vous connais vous les mecs avec votre patience à deux balles. À tous les coups tu vas me jeter par la fenêtre. Et tu seras le pire moniteur du monde, tu as eu ton permis dans une pochette surprise je te rappelle. On va aller littéralement droit dans le mur.
— Qu'est ce que tu racontes ? Je conduis très bien.
— Je te rappelle la dernière fois où tu as fait un demi tour en pleine route en manquant de justesse de rentrer dans une voiture qui arrivait ou c'est bon ?
— Je te l'ai déjà dis c'était ce connard qui ne savait pas conduire.
— Oh oui c'est la faute de l'autre. Mes excuses Schumacher.
— Excuse acceptée ma belle, il lâche en posant sa main sur ma cuisse que je retire immédiatement pendant qu'il rit.
Je finis par me détendre et ris avec lui. Le reste du trajet se passe sans encombre. J'avais donné à Nabil l'adresse de chez Lucie et comme à mon habitude, lorsque je montais dans sa voiture, je faisais comme chez moi et jouais mon rôle de co-pilote à la perfection. Je m'étais comme d'habitude enfoncée dans mon siège, j'avais ramené mes jambes contre moi et avais mis un super son américain que Nabil ne connaissait pas. Je l'avais bien charrié sur le fait qu'il ne connaisse pas car habituellement, c'est lui qui me fait découvrir des sons. Cependant, il avait l'air de bien apprécié puisque ses doigts tapaient, en suivant le rythme de la musique, contre son volant.
— Non sah je te parlais sérieux. Il reprend.
— À propos de quoi ? Je tourne la tête vers lui.
— Les cours de conduite. Mais je te préviens n'essaie pas de me faire les yeux doux ! Je serai intransigeant. Il rit.
— Si tu insistes, mais j'espère que tu as beaucoup d'économie de côté car tu vas retrouver ta voiture dans un état pathétique.
— Je vais pas te faire conduire en pleine ville. On va faire ça sur le parking de ma cité et je dirais à tous mes gars de dégager leurs voitures pour être sûre que tu ne fasses pas d'accident. Après tout tu sais ce qu'on dit, les femmes au volant sont des dangers publics.
— Espèce de sexiste.
— J'rigole Belle. J'ai confiance en toi. Il dit en entrant dans la cité de Lucie.
Mon cœur bat à une vitesse folle mais je ne saurais dire pourquoi. Est-ce-que j'ai peur ? Sans doute. Suis-je absolument sûre de moi ? Peut-être pas. Ma confiance s'envole au fur et à mesure que l'on s'approche un peu plus de son bâtiment. Ai-je raison de faire ce que je fais ? Sûrement pas, mais si je ne vais pas voir ce qu'il m'attend plus haut je ne le saurais jamais. La seule chose que je sais c'est qu'hormis toutes mes angoisses et tous mes doutes, je suis plus déterminée que jamais.
— On y est.
Les paroles de Nabil me sortent de mes pensées. Il est garé un peu plus loin de ce qui semble être l'immeuble de Lucie. On entend un faible son de musique sortir de l'immeuble. Je détache ma ceinture et m'apprête à le remercier gentiment lorsqu'il me coupe dans ma lancée.
— Tu m'appelles si ça ne va pas ok ?
J'acquiesce simplement.
— Et tu me fais des sms pendant la soirée d'accord ?
J'acquiesce toujours. En vrai je ne ferai pas ce qu'il me demande et il sait aussi. Je dois les affronter seule, j'en suis capable. Du moins je crois en être capable.
— Je viens te chercher ? Il me demande.
— Je pense que ça ira, ne t'inquiète pas. Je lui souris et claque un baiser sur sa joue barbue.
— Tu vas rentrer comment ?
— Arrête de t'inquiéter pour moi Nabil ou je vais finir par croire t'es amoureux de moi. Je sors de la voiture et claque la portière en offrant un dernier sourire à Nabil.
— On sait très bien que l'amoureuse transie c'est toi. Il crie presque pour que je l'entende.
Au bout de quelques pas, je sens mon téléphone vibrer dans la poche de mon sac en cuir. Je l'attrape et y lis un sms de Nabil.
De Nabil :
T'as le don pour choisir des jeans qui te font un boule d'enfer :)
Je ris face à son éternel manque de tact et me retourne. Il n'a toujours pas démarré. Il me regarde dans son rétroviseur et m'adresse un signe de la main que je lui rends. Je me retourne et fixe assurément l'immeuble dans lequel beaucoup de choses, bonnes ou mauvaises, vont se passer.
🧸
Bonsoir les filles 💛
Voilà la partie 1 du chapitre tant attendu ! Rassurez-vous on ne vous fera pas attendre trop longtemps pour la partie 2 ( il n'y aura que 2 parties ) qui est déjà très bien entamée et qui ne saurait tarder !
Donnez-nous toutes vos impressions concernant cette première partie !!! Nous sommes curieuses 🤭
Quelles sont vos attentes pour la partie 2 ?
À très vite les filles ! 😘
S & C
insta : @nivanapnl
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