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dvadeset i jedan - vingt-et-un


« Si le cœur devient noir, c'est la faute à tes fautes qui perdurent dans la lumière d'mon écho » - Ademo, sibérie.

Flashback – 2011

La salle de cours est plongée dans le plus grand des calmes. Il n'y a aucun bruit puisque tout le monde est occupé à faire son exercice de mathématique que j'ai déjà fait depuis un certain moment. Mon cerveau est programmé pour deux choses : les mathématiques et les langues. Ce sont les deux matières dans lesquels j'excelle me donnant quelques minutes de répit. Mes professeurs de mathématiques et de langues m'adorent, c'est pour ça que la plupart du temps ils me laissent bavarder discrètement avec mon voisin ou qu'ils font semblant de ne pas me voir utilise mon téléphone sous la table lorsque j'ai fini de faire les exercices. Je sais aussi qu'ils se sont lancés dans une guérilla puérile pour savoir si plus tard je m'engagerais dans des études scientifiques ou linguistiques.

Je suis comme d'habitude entourée de mon groupe d'amis, sur les bancs au milieu de la classe, à rêvasser et à trouver le cours plus qu'ennuyant. Les garçons sont derrière moi alors que les filles sont à ma gauche. Lucie à mes côtés, recopie mon exercice de mathématiques pour aller plus vite pendant que j'appuie inlassablement sur les pressions qui font sortir les bâtonnets d'encre de mon quatre couleur. Seul le bruit insupportable des cliquetis de mon stylo rempli la pièce. Audrey, l'intello installée en face de moi se retourne et me lance un mauvais regard.

— Tu peux arrêter ça s'il-te-plaît ? Je n'arrive pas à me concentrer.

— Et en quoi c'est mon problème ? Ce n'est pas ma faute si t'es pas assez intelligente pour faire cet exercice rapidement. Ça fait cinq minutes que j'attends alors il me faut une distraction.

— Alors distrais-toi autrement. Parce que tu fais chier tout le monde là. Elle me lance avant de se retourner et de reporter son attention sur sa feuille.

Je regarde son dos bouche-bée. Jamais, en dix ans elle ne m'a parlé sur ce ton. Jamais, elle n'a osé m'envoyer chier. Et pourtant, elle vient de le faire devant toute la classe. Je sais que tout le monde a entendu ses paroles, bien qu'aucun n'ait osé réagir. La seule qui n'a pas remarqué est le professeur, bien calé au fond de son siège à pianoter sur son téléphone. Je connais Audrey depuis dix ans, je sais qu'elle a un fond gentil. Même si nous ne nous parlons plus, elle a toujours été gentille envers moi alors qu'elle me parle sur ce ton là, devant tous mes amis, me blesse profondément. Lucie, qui a suivi cet échange et qui a gardé jusqu'à maintenant le silence, décide d'intervenir.

— Non mais pour qui elle se prend ? Elle peste en chuchotant. T'as vu comment elle t'a parlé ? Je ne réponds rien et fait simplement tourner mon stylo entre mes mains. Ivana ! Elle me donne un coup de coude pour attirer mon attention. Tu ne vas pas la laisser te parler sur ce ton quand même ? Elle t'a humilié là ! Elle a aucun droit de faire ça.

— Je sais pas... Je marmonne. C'est rien elle m'a juste demandé d'arrêter.

— Non elle ne t'a pas juste demandé d'arrêter. Elle t'a envoyé chier, elle t'a parlé comme de la merde ! Ne te laisse pas marcher sur les pieds sous prétexte que c'est ton ancienne amie. Fais lui comprendre qu'on peut pas te traiter comme un chien.

Je crois que Lucie a raison. Audrey n'a pas à me parler comme ça. Personne n'a à me parler comme ça. J'ai toujours été respectueuse envers elle alors elle n'a pas à me manquer de respect ainsi.

— Eh regarde, chuchote Redouane derrière nous à l'intention de Mathieu.

Je me retourne vers eux et regarde ce qu'ils font, Redouane tient entre ses doigts un chewing-gum qu'il compte sans doute lancer sur une tête de la classe.

— Tu vas faire quoi avec ça ? Demande mon copain.

Redouane donne un coup de tête en direction du crâne juste devant moi et montre Audrey, qui a l'air plus que concentré sur son exercice. Si Redouane compte lancer ce chewing-gum sur sa tête, ce n'est certainement pas moi qui vais l'arrêter après ce qu'elle vient de me faire. Au contraire, je vais plutôt l'encourager.

— Oh ouais vas-y, lance lui dans ses cheveux, incite Clément d'un coup sur-excité.

— Non fais-le toi, rajoute Redouane en lui tendant le chewing-gum. Tu vises mieux que moi.

— T'es con ou quoi t'es plus prêt que moi. Puis je touche pas à ce truc moi c'est dégelasse, refuse Clément avec la mine dégoutée.

Je les regarde un sourire aux lèvres puis dirige mon regard vers Audrey. Une idée plus que tentante germe dans mon esprit. J'ai trouvé ma vengeance. Décidée à aller au bout de ma petite vendetta puérile, je l'admets, je me retourne vers Redouane, saisis le chewing-gum entre ses doigts et le lance sur la tête d'Audrey, en plein dans le mille. Je murmure en « yes » avec un sourire satisfait pendant que Lucie plaque sa main sur sa bouche pour retenir un fou-rire. En tout cas aujourd'hui Miss Parfaite repartira chez elle les cheveux collants, c'est vraiment dommage.

— Putain Iva, les garçons derrière moi rigolent.

Je ricane aussi en voyant le gros chewing-gum à l'arrière du crâne d'Audrey et nos rires s'accentuent quand, sans s'en rendre, elle passe une main dans ses cheveux bouclés et, par la même occasion, mélange un peu plus le chewing-gum à d'autres mèches blondes.

— Je peux savoir pourquoi vous riez là ? Nous interrompt notre prof de maths toujours assis sur sa chaise.

— Pour rien m'sieur, répond Clément en calmant son rire.

Il étouffe un dernier rire et Audrey se retourne pour nous regarder avec un air perplexe sur le visage. Un air qui dit clairement « quelle connerie vous avez fait encore ? ». Et quand elle va savoir la dite connerie, elle n'en sera absolument pas déçue. Je la regarde aussi avec un sourire mesquin au coin des lèvres en l'imaginant devoir s'arracher les cheveux ce soir en rentrant chez elle pour retirer la pâte collante que je lui ai mis dans les cheveux, ma pauvre.

— Je peux savoir pourquoi tu me regardes ? Je demande en croisant les bras et en haussant un sourcil.

— Pour rien, elle finit par répondre après quelques secondes de silence.

— Bah retourne toi alors. Je claque sèchement.

Pas besoin de faire ta garce Ivana, elle lance en se retournant.

Elle vient de me traiter de garce là ? Je passe le reste de l'heure à fulminer et à lancer des mauvais regards dans le dos d'Audrey. Qu'elle m'envoie chier parce qu'elle n'arrive pas à se concentrer passe encore, mais qu'elle m'insulte ouvertement pour rien, ça ne passe pas même si techniquement ce n'est pas pour rien puisque je lui ai bien fait quelque chose. Mais en l'occurence là, elle n'a aucune idée de ce que j'ai fait, elle m'insulte donc pour rien. J'ai beau essayé de m'acharner à participer au cours de mathématiques pour me calmer, rien y fait. Mon cerveau reste bloqué sur les paroles d'Audrey, je les entends en boucle dans ma tête, comme un mantra. La seule chose qui pourrait faire descendre mes nerfs et me détendre un tant soit peu serait une cigarette. Ouais, j'ai besoin d'une cigarette, de ma dose de nicotine. J'ai besoin de sentir la fumée emplir mes poumons. Malheureusement ce ne sera pas pour tout de suite. Il reste encore plus d'une demi-heure de cours et ensuite j'ai un cours de littérature anglaise. Je pourrais toujours profiter du court laps de temps que l'on a pour rejoindre les deux cours pour fumer une petite cigarette en vitesse même si pour ça je dois arriver en retard.

C'est avec des insultes au bord des lèvres que je passe le reste de l'heure. Je rumine dans mon coin, bouillonne et n'attend qu'une chose : sortir de la classe pour abattre ma colère sur Audrey. Une demi-heure plus tard, la cloche sonne  indiquant la fin de l'heure. Je cale mon rythme sur celui d'Audrey. Je sais qu'elle sort toujours dans les derniers pour ne pas se faire engloutir par la foule d'adolescent pressée et turbulent. Je sais également qu'elle est claustrophobe et que c'est pour cette raison qu'elle évite de se retrouver coincée entre plein de lycéens sinon une crise d'angoisse peut vite se déclencher. Je ramasse mes affaires le plus lentement possible et les fourre dans mon sac. Lorsque je mets ma trousse dans mon sac, je m'assure de prendre ma paire de ciseaux pour ce qui va suivre. Je me lève à la suite d'Audrey et la laisse prendre un peu d'avance. Lorsque le couloir est presque vide, je m'arrête à sa hauteur.

— Oh bah Audrey qu'est-ce-que tu as dans tes cheveux ? Je fais mine de rien.

— Quoi ? Elle me regarde blasée. Comment ça ? C'est encore une des tes blagues débiles ?

— Non je te jure, tu as vraiment quelque chose dans les cheveux. Elle me regarde perplexe et finit tout de même par mettre sa main à l'arrière de ses cheveux pour vérifier mes dire mais je l'arrête avant qu'elle ne mette la main sur ma supercherie. Attends ne bouge pas je vais t'aider. J'attrape la paire de ciseaux  que j'ai précieusement gardé en main et saisis une bonne masse de cheveux avec le bonbon collant et coupe d'un coup sec ses cheveux.

— Putain mais Iva qu'est-ce-que t'as fait ? Elle s'écrie en regardant la masse de cheveux que je lui présente devant elle.

— Bah quoi ? Je t'ai simplement retiré le chewing-gum ! Je dépose sa touffe dans une de ses mains avec un sourire amical.

— Mais t'es folle ! Elle hurle presque dans le couloir. Tu as fait ça simplement par vengeance avoue le.

— Hm, je fais mine de réfléchir, j'appellerais pas ça de la vengeance, plutôt du divertissement. Tu m'as demandé de me divertir autrement alors j'ai trouvé une autre source d'amusement. Je ricane. Mais ne t'en fais pas, ça repousse.

Je ne le lui laisse pas le temps de répondre et part directement vers le petit stade au fond de la cour pour fumer ma cigarette. Même si j'ai eu ma petite vengeance, cela ne suffit pas à calmer mes nerfs. J'ai besoin d'une cigarette. Voila plus de trois mois que j'ai commencé à fumer et malheureusement c'est devenu comme une addiction. La cigarette est devenue une extension de mes doigts ou de ma bouche. C'est comme une partie de moi. L'humain a besoin d'air pour respirer, moi j'ai besoin de cigarette. J'ai conscience que la cigarette est au rang de drogue pour moi, mais je ne saurais pas arrêter. Je n'en ai pas la force. J'allume le cylindre toxique que je porte immédiatement à mes lèvres. J'expire la fumée devant moi. Je reprends une taffe et dès que la fumée entre dans mes poumons, je me suis mieux. C'est comme si on avait donné une dose de cannabis à un drogué.

Je jure en voyant au loin Matthieu se diriger vers moi. Voilà deux semaines qu'on a couché ensemble, deux semaines que je l'évite et une semaine depuis mon rendez vous chez le gynécologue. Je n'ai vraiment pas envie d'avoir une discussion avec lui, surtout qu'il n'est pas bête, il sait que je l'évite délibérément. Je termine ma cigarette lorsqu'il arrive à mon niveau.

— Il faut qu'on parle. Pourquoi tu m'évites ? Il demande, allant droit au but.

— Je ne t'évite pas. J'ai juste besoin d'un peu de solitude en ce moment, je mens.

— De solitude ? Tu te fous de moi ? Lucie fait parti de ta solitude ? Arrête de me mentir Ivana et dis moi ce qu'il se passe.

— Il n'y a rien Matthieu. Je te le dirais sinon, j'essaie de le rassurer.

Visiblement, il ne me croit pas si j'en juge au regard qu'il me lance. Il s'apprête à revenir à la charge lorsque sa prof d'allemand, ouvre la fenêtre de sa classe qui donne directement sur la cour et lui ordonne de venir en cours. Il hésite quelque instant puis finit par tourner les talons et partir en direction de sa classe après m'avoir lâché un « on en reparlera ». Je m'assieds sur le banc près du stade et profite du silence qui m'entoure. J'ai rarement l'occasion de me retrouver seule, je suis souvent avec Lucie et mes autres amis ou alors je suis avec Angela que je considère plus comme ma jumelle que comme ma grande soeur. N'étant pas d'humeur à aller en cours, je décide de poser mon sac sur l'extrémité du banc et de m'allonger dessus en posant ma tête dessus. À cette heure-ci, aucun surveillant ne me laissera sortir. Je sors mon téléphone et branche mes écouteurs. Je lance ma playlist et ferme doucement les yeux pour me reposer. Je pose une main sur mon ventre et essayant de m'étirer au maximum pour faire disparaitre la légère douleur en bas de mon ventre. Pendant dix minutes, je reste tranquille, les yeux fermés, presque en paix mais c'est sans compte sur Choco, le surveillent, qui vient m'arracher les écouteurs me faisant brusquement ouvrir les yeux.

— Qu'est ce que tu fous ?! Je fronce les sourcils en me relevant directement.

— Bureau du directeur. Maintenant. Il me parle sèchement, montrant sa colère.

J'ai toujours eu une relation spéciale avec lui. Je le connais depuis la sixième, il m'a suivis du collège jusqu'au lycée, il m'a vu grandir et forcément changer. À chaque fois que je fais une connerie, il s'énerve contre moi et contre Lucie. Il a toujours désapprouver notre amitié, créant des conflits entre lui et moi et Lucie et moi.

— Pourquoi ? J'attrape mon sac et range mes écouteurs en le suivant.

— Audrey a débarqué en pleurant, tenant ses cheveux dans une main, hurlant partout que tu lui as fait ça.

Je ne peux m'empêcher de pouffer de rire en imaginant Audrey pleurer comme un bébé dans le bureau du proviseur. Mon rire me vaut un regarder noir de la part du surveillant.

— Ca te fait rire ? Tu as coupé ses cheveux ! Il s'exclame sur un ton ahuri.

— C'est pas la mort elle s'en remettra, j'essaie d'apaiser la situation car au fond j'ai raison, dans trois mois elle aura de nouveau la longueur qu'elle avait.

— Il faut vraiment que tu te calmes Ivana. Tu vas te faire exclure si tu continues, je hausse les épaules. C'est Lucie encore qui t'a poussé à faire ça ? Lâche là, elle a une mauvaise influence sur toi.

— Arrête de dire des conneries, je grommelle. Je n'ai pas besoin de Lucie pour me défendre. Elle n'a eu que ce qu'elle méritait. Elle m'a insulté de garce.

— Donc tu coupes ses cheveux ? C'est quoi le but ? Tu me donnes un coup je t'en rends 10 ?

— Alors il fallait que je me laisse insulter ? Que je tende l'autre joue ?

— Non tu en parlais à ton prof. Il l'aurait collé.

— J'ai plus 10 ans pour aller me plaindre aux profs.

— En attendant cela t'aurais évité de te retrouver ici, il lâche en s'arrêtant devant la porte du bureau du proviseur.

J'ignore sa dernière remarque et prend place sur la chaise à côté d'Audrey sous l'oeil meurtrier du proviseur. Ouais, je crois que ça sent pas trop bon pour moi. Trente minutes plus tard, je sors de cette maudite pièce en bouillant de rage. J'ai frôlé de peu l'exclusion mais cette garce d'Audrey a réussi à convaincre le proviseur de me donner deux semaines d'heures de colle entre chaque trou libre entre l'ouverture à la fermeture du lycée. Je bouillonne de rage. S'il y avait un mot plus fort que la rage, je l'aurais utilisé. Pour couronner le tout, le proviseur va appeler mes parents dans l'après-midi pour leur rapporter ce léger incident. Je n'ai qu'une seule hâte : que cette journée se termine. Pour l'instant, Choco me ramène en cours. Je m'assois à l'arrière de la classe sans même adresser un seul regard à mes amis et tourne la tête vers la fenêtre. Encore deux heures de cours.

La fin de la journée de merde sonne et bizarrement, je suis presque contente qu'Angela vienne me chercher. Certes, je vais passer le trajet du retour à me faire engueuler, mais au moins, je n'aurai pas à affronter Matthieu. C'est pourquoi, je me retrouve à presque courir dans les couloirs du lycée pour sortir d'ici sans le croiser. Mais apparemment, il a toujours un coup de plus que moi puisqu'à peine ai-je mis un pied à l'extérieur de l'enceinte du lycée, qu'il m'agrippe le bras et me tire à l'écart de la foule. Au loin, je vois Angela qui s'apprêtait à sortir de sa voiture mais je l'arrête d'un signe de main. Une fois assez loin, il me lâche et se tourne vers moi.

— Deux semaines que tu m'évites Iva. Qu'est ce qui ne va pas ? C'est tendu chez toi ? Tu sais que tu peux me parler...

— Non non tout va bien chez moi, je pince mes lèvres me sentant maintenant coupable. Il n'a aucune idée qu'en réalité je le fuis depuis que nous l'avons fait.

— Donc c'est moi. Il conclue. J'ai fait quelque chose de mal ? Je vois vraiment pas ce que j'aurai pu faire, tout était parfait entre nous. Je te jure je me retourne le cerveau depuis deux semaines pour savoir ce que tu as mais je ne vois pas. On a même fait l'amour alors c'est que ça allait non ?

— Oui tout allait bien. Je réponds en évitant son regard.

— Ivana arrête de faire ça.

— Faire quoi ?

— De ne pas me regarder ou même de me parler ! On ne pourra pas avancer si on ne communique pas. Donc je te repose la question une dernière fois : pourquoi tu m'évites depuis qu'on l'a fait ?

Je ne réponds pas et me contente de le regarder dans les yeux. Comment pourrais-je lui dire que cette nuit avait été un cauchemar ? Je ne ferais que le mettre mal pour rien. Cela ne sert à rien que je lui fasse ressentir des émotions qui le consommerait alors qu'en réalité tout est de ma faute. C'est mon corps qui disjoncte. Mon corps qui ne va pas. C'est mon corps qui a un problème.

— Oh. Je vois. Il répond sèchement comme s'il avait compris ce qu'il se passait. Tu regrettes.

— Non ! Je l'interromps. Je ne regrette pas. Du moins pas entièrement.

— Super alors, il répond ironiquement. Tout va bien si tu regrettes pas entièrement. C'est quelle partie au juste ? Le cunni ? La pénétration ? Tout ? Ou peut être que tu regrettes juste de l'avoir fait avec moi.

— Arrête de dire n'importe quoi. Je ne regrette pas d'avoir fait l'amour avec toi. Je t'aime. Je regrette seulement de l'avoir fait maintenant. Je n'étais pas prête.

— Alors je t'ai forcé donc. Encore mieux.

— Arrête de me faire dire des choses que je n'ai pas dit.

— Explique moi alors parce que je ne comprends rien.

— On est obligé d'en parler devant le lycée ? Ce n'est pas vraiment l'endroit idéal.

— Peut-être qu'on aurait pu en parler autre part si tu ne m'évitais pas.

— Très bien, je capitule en vérifiant que personne ne peut nous entendre. J'ai eu mal. Très mal. Je commence doucement.

— C'est normal ça bébé, il s'adoucit pendant que je lis du soulagement dans son regard, comme si je venais de lui enlever un gros poids des épaules. Je crois qu'il sous-estime l'ampleur de mes paroles. Je te l'ai dis que tu allais avoir mal au début.

— Pas autant Matthieu. J'ai eu mal tout le long.

— Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Il demande en fronçant les sourcils. J'aurai pu y aller plus doucement pour que tu aies moins mal, j'aurai pu éviter ça.

— Tout comme tu aurais pu l'éviter en faisant plus attention à ce que je ressentais. Ce n'est pas comme si j'étais en pleurs, pendant et après. Je réponds méchamment.

— Tu rejettes la faute sur moi ? Il écarquille les yeux.

— Non, je reprends doucement pour essayer de faire descendre la tension entre nous. Je dis simplement que faire l'amour c'est à deux. C'est autant ma faute que la tienne.

— Je ferais plus attention la prochaine fois. C'est promis, il prend ma main dans la sienne et caresse ma paume avec son pouce.

— Le problème c'est que ce sera comme ça tout le temps.

— Comment ça ?

— Je suis allée voir un gynécologue une semaine après.

— Pourquoi ?

— Parce que c'est ce qu'on fait nous les filles, dès qu'on a un rapport sexuel, on va voir un gynécologue. Et puis je voulais savoir pourquoi j'avais eu autant mal.

— T'as parlé de nos problèmes de couple à un gynécologue avant même de m'en parler ?

Je soupire, pas du tout d'humeur à supporter ses crises d'égocentrisme. Je décide d'ignorer sa question.

— Donc j'y suis allée et il m'a dit que je faisais du vaginisme.

— Du vaginisme ? C'est quoi ? Je ne sais pas ce que c'est.

— Moi aussi je ne connaissais pas. Alors je me suis renseignée. Selon Wikipédia c'est « est une contraction musculaire prolongée ou récurrente des muscles du plancher pelvien qui entourent l'ouverture du vagin. » En plus simple, cela rend la pénétration impossible ou très douloureuse.

— D'accord et comment ça se soigne ?

— Pour l'instant ça ne se soigne pas. C'est un phénomène psychologique. Je dois d'abord savoir pourquoi j'en fais pour ensuite entamer des thérapies.

— Psychologique ? Bébé le gars que t'as été voir est un charlatan. Ça n'existe pas ton truc. C'est impossible que juste parce que tu as un blocage psychologique tu rendes impossible la pénétration.

— Parce que t'es gynécologue toi maintenant ? Je lui demande sur la défensive. Le fait qu'il ne me croit pas me blesse. Il ne répond rien, avouant sa défaite. Bref, je reprends, cela peut-être dû à une peur de tomber enceinte, une mauvaise image de mon corps, et peut-être même un viol. Je pense plus que c'est un viol.

— C'est n'importe quoi, il ricane nerveusement, comme à bout de nerf.

— De quoi ?

— Iva, si tu t'étais vraiment fait violée, tu t'en souviendrais, il tente de me rassurer.

— Non. Un viol peut entraîner un choc, un traumatisme qui peut se manifester par une perte de mémoire. Une prise importante de drogue aussi peut faire en sorte que je ne m'en souvienne pas. Et tu sais quoi ? Il y a aussi ce qu'on appelle le déni. Peut-être que mon cerveau ne veut pas s'en rappeler.

— Très bien, il capitule. Mais comment t'expliques tes douleurs alors ? Je le regarde et attend qu'il continue, ne voyant absolument pas où il voulait en venir. On sait très bien que c'est la première fois qui est douloureuse. Alors... Il tente de continuer mais je l'interrompt.

— Ne finis pas cette phrase, je peste hors de moi. Alors quoi ? Parce qu'on fait notre première fois ça y est c'est bon on a plus mal ? Qu'il suffit juste de le faire qu'une fois pour qu'on ait plus mal ? Je le regarde les larmes aux yeux, blessée qu'il puisse insinuer de telles choses.

— C'est pas ce que je veux dire.

— Au contraire, c'est exactement ce que tu veux dire. C'est même pire que ce que je disais avant. Tu penses que mon potentiel viol fait office de première fois et, qu'ayant perdue ma virginité, je ne dois plus avoir mal pour les prochaines fois. Qu'au final, un viol n'est pas si terrible que ça. T'es au courant que même après avoir baisé 50 fois, si on ne mouille pas cela peut-être douloureux ?

— Alors c'est ça. Il me regarde comme si il avait compris quelque chose d'important, comme si la petite lumière dans son cerveau venait de s'illuminer.

— De quoi « c'est ça » ?

— Tu caches ton manque d'excitation derrière un pseudo viol. En faite t'étais pas assez excitée. Tu n'avais pas envie de moi. Il lâche ses paroles d'un air dégoûtée, comme si c'était moi la fautive, comme si c'était de ma faute.

— Pardon ? Je demande incrédule.

— Avoue le ! Il hausse la voix allant jusqu'à crier ses mots devant le lycée. Putain avoue que je t'excite pas. Ce soir là je t'ai dis que t'étais serrée. C'est parce que tu mouillais pas ? Il faut quoi pour t'exciter ? Que je te traite de salope pendant l'acte ? J'essaierai peut-être la prochaine fois.

— La prochaine fois ? Je ricane nerveusement alors que des larmes de nerfs sont sur le point de franchir la barrière de mes yeux. Il n'y aura certainement pas de prochaine fois.

— Quoi ? Il me demande brusquement, comme si ce que je venais de lui dire l'avait fait revenir sur Terre. Bébé raconte pas n'importe quoi... Je suis désolé.

— Tu sais quoi ? Ouais j'étais pas assez excitée, ouais je mouillais pas. Mais peut-être que si tu t'étais concentré un peu plus sur mon plaisir j'aurai plus mouillée. Et peut-être que si tu cherchais pas à réconforter, protéger ou même sauver ton ego de mec de merde on aurait encore des choses à se dire.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Que je te quitte connard.

Je ramasse mon sac et part en direction d'Angela qui m'attendait dans le parking devant le lycée. Derrière moi, j'entends Matthieu bégayer de pauvre excuse. Je monte dedans et m'attache pendant qu'Angie démarre.

— Qu'est ce qu'il s'est passé ? Elle me demande gentiment.

Je lui raconte notre discussion et sa main se pose affectueusement sur ma cuisse.

— Je pense qu'il faut que tu arrêtes de te tracasser avec cette histoire de viol. Je sais que c'est dur mais pour l'instant tu n'as « aucune preuve ». Peut-être que tu t'es fait violé, peut-être pas mais en attendant de te souvenir de quelque chose, tu ne peux pas passer ta vie à te noircir les pensées comme ça. Chaque chose en son temps comme on dit.

— Je ne peux pas, je mordille ma lèvre. Ça me rend malade de savoir que je me suis peut-être fait violer.

— Tu veux qu'on essaie de voir un psychologue ? Je la regarde bizarrement. Certains utilisent des techniques d'hypnose pour faire revenir à la surface des souvenirs cachés. Peut-être que ça t'aiderait ou débloquerait quelque chose dans ta mémoire.

— Tu crois vraiment à ce genre de chose ?

— Je croirais même à la magie si cela peut te faire sentir mieux, elle dit d'un ton sérieux.

— Et si c'est vrai ? Qu'est-ce qu'on fait ?

— Si c'est vrai je viendrais avec toi porter plainte après que j'ai été castré ce fils de chien pour avoir touché à mon bébé et je t'aiderais à surmonter ça. Je te lâcherais pas.

— Tu promets ?

— Je te lâcherais jamais Iva. Je serais toujours là, dans les bons et dans les pires moments.

Je souris doucement le coeur débordant d'amour pour ma soeur et nous rentrons chez nous. Le soir, mes parents me font la morale sur l'incident et me prive de sortie pendant deux semaines. Le samedi matin suivant, je suis dans le canapé à essayer de trouver une occupation quelconque mais sans succès. J'ai l'impression de m'ennuyer plus que d'habitude depuis que je suis punie. C'est sans aucun doute psychologique car je ne fais rien de plus que d'habitude et pourtant je m'ennuie plus que n'importe quel weekend. Le calme règne et j'ai pour seul fond sonore le bruit des voitures de la ville.

Qu'est-ce-que tu fais moja sestra ? Surgit la voix de ma sœur derrière moi. ( ma sœur )

Ništa. Je soupire. Je m'ennuie pourquoi ? ( rien )

Une journée shopping ça te tente ?

Ma grande sœur et moi sommes assez proches. Nous passons beaucoup de temps ensemble entre sorties en ville et soirée pyjama entre sœurs. J'aime ma sœur d'un amour hors norme, presque invraisemblable. Je donnerai ma vie pour la sienne et je sais qu'elle aussi.

— Oh mais oui bien sûr que ça me tente. Je dis tout en me relevant. Mais tu as oublié que je suis punie ? Dis-je en haussant mes sourcils.

— J'ai dit à maman que j'en profiterais pour te faire la morale alors elle a accepté ! Elle me fait un clin d'oeil complice. Va mettre tes chaussures et ta veste je t'attends dans la voiture.

Elle attrape les clés de sa voiture et se dirige vers la porte. De mon côté, je bondis littéralement du canapé pour attraper mes Adidas et mon increvable veste en jean. En moins de temps qu'il faut pour le dire, nous voilà en route pour le centre commercial. Dans la voiture l'ambiance règne, la musique tourne à fond dans l'habitacle. Ma sœur et moi chantons à tue-tête sur du Magic Système jusqu'à ce qu'on atteigne le parking.

Au bout d'une heure, nous avons déjà effectué quelques achats. Ma sœur a dégoté un jean ainsi qu'un joli t-shirt quant à moi j'ai trouvé un très joli pull noir sans avoir encore trouvé le chemisier rouge que je voulais.

— Regarde Iva.

Je me retourne vers Angie qui me tend une très jolie robe jaune pour l'été. Il est clair que cette robe est magnifique.

Elle est trop belle. Je dis en la saisissant.

Je continue mon petit tour jusqu'à ce que je trouve la fameuse pièce que je cherchais. Je saisis le sublime chemiser rouge et fonce en cabine l'essayer avec la robe. Je passe d'abord le chemisier rouge qui me va parfaitement bien. Il se colle à merveille à mon corps. Les manches courtes à volants laisse apparaitre mes bras fins et la légère poitrine que j'ai est mise suffisamment en valeur. Il n'y a rien à redire ce chemisier est terriblement beau. Je le retire et enfile la robe qui est  elle aussi indéniablement belle, également dû à la couleur que je chéris tant. Elle sera parfaite pour l'été.

Tu dois trop la prendre ! Me dit ma sœur en passant sa tête dans la cabine. Tu es très belle Iva.

—Je pense que je vais la prendre oui. Je souris.

— Et le chemisier ?

— Je le prends aussi ! Ça fait longtemps que je le cherchais.

— Super, dépêches toi de te rhabiller maman nous rappelle à la maison.

Je hoche la tête et me rhabille en vitesse. Nous filons en caisse régler nos achats et retournons chez nous pour un weekend tranquille.

Une semaine après, nous venons de revenir du parc à côté du lycée pour notre cours de sport, deux longues heures de course d'orientation, à courir comme des malades dans le parc pour trouver ces putains de balises. Notre professeur nous avait demandé de former des équipes de deux mais malheureusement nous n'avons pas pu nous mettre ensemble Lucie, Amanda et moi. Les profs évitent de nous mettre ensemble, et ce depuis le collège. Audrey, elle, n'était pas avec ses copines non plus. Notre prof de sport était du genre à vouloir diviser les groupes naturellement formés pour que l'on se mélange. C'est donc avec sa logique que Lucie s'est retrouvé avec Audrey. La tête qu'elle tirait quand Audrey s'est placée à côté d'elle m'a presque valu une réprimande du professeur tellement je riais. D'ailleurs, j'en ris encore après deux heures.

— Non mais je vous jure j'ai trop la haine, râle Lucie en faisant les cents pas devant nous. J'étais à deux doigts de gagner et cette pouffiasse n'a fait que me ralentir vers la fin. Je suis sûre qu'elle l'a fait exprès, elle lâche dédaigneusement en regardant vers l'objet de sa haine.

— J'étais dégoutée quand le prof a dit que tu ne pouvais pas venir avec nous. Je dis pour essayer de diriger ses émotions ailleurs. Je la connais, je sais que dans l'état où elle est, une bêtise et vite arrivée. Et même si habituellement j'aurai dis de la dite bêtise, là on parlait d'Audrey. Qui disait Lucie disait moi, et vu que j'étais déjà dans le collimateur dur proviseur, je ne voulais pas allongée mes heures de colle.

— Même moi. Je suis trop énervée putain, elle tape dans un caillou, regarde là en plus elle se croit trop fraîche. Tu aurais dû lui couper plus court ses cheveux, de sorte à ce qu'elle ne puisse plus rattraper le massacre.

Amande et moi regardons dans la direction d'Audrey qui venait de retrouver une de ses amies avec laquelle elle se mit de suite à rigoler. C'est vrai que le lendemain  de l'incident, on l'avait vu débarquer au lycée avec une coupe au carré, qui lui allait plutôt bien au final. Encore une raison de me remercier pour mon geste.

— Oh les filles ! Nous nous tournons vers Redouane qui nous adresse un signe de la main accompagné du reste des garçons. Ça va pas Lulu ? Dit-il en rigolant, pour la mettre encore plus en rogne. Tu feras gaffe tu fumes des oreilles.

— Ne m'appelle pas comme ça, elle s'écrit automatiquement, tombant dans le piège de notre ami.

— Qu'est-ce qu'il y a bébé ? Lui demande Clément, son copain.

— J'ai dû faire équipe avec l'autre là. Elle montre Audrey d'un coup de tête. J'ai failli gagner mais elle a arrêté de courir vers la fin du coup on a perdu. Je mets ma main à couper qu'elle a fait exprès. Elle dire qu'on est les pestes du lycée mais elle n'est pas mieux que nous.

Je roule des yeux devant son exagération. Lucie continue de se plaindre auprès de Clément qui l'écoute attentivement pendant que l'on se dirige tous vers l'entrée principal du bâtiment pour aller en cours.

— Je dois passer chez la CPE vous m'attendez ? Demande Matthieu.

— Tu vas foutre quoi chez la CPE ? Demande Redouane qui entoure Amanda de ses bras.

— Il y a une erreur dans mon carnet d'absence, elle m'a dit que je devais aller la voir en fin de journée.

— Ouais vas-y on t'attend.

Nous acquérons tous les paroles de Redouane et attendons, assis sur le sol,  non loin du bureau de la CPE que Mathieu fasse ce qu'il a à faire. Depuis notre rupture, Matthieu et moi sommes légèrement effacés quand nous sommes tous ensemble. Naturellement, les garçons restent de leur côté et nous du notre. Je m'en veux d'imposer cette gêne à mon groupe d'amis alors que nous étions si soudés avant ça. Nous ne nous sommes toujours pas parlés, je l'évite tout comme j'évite ses messages et ses appels. Il dit que j'ai été impulsive et que je ne le pensais pas, que nous devons avoir une conversation. Je veux bien admettre avoir pris cette décision sur un coup de tête mais plus j'y réfléchi et moins je vois d'autres solutions qui s'offrent à nous. Je sais que je dois encore me calmer avant que l'on se reparle. Nous discutons tous ensemble de tout et de rien avant qu'Amanda nous interrompe.

— Tu voudrais pas te venger d'Audrey Lucie ? Dit Amanda avec un sourire malicieux.

— Qu'est-ce que tu me proposes ? Se redresse Lucie, un peu moins ronchons que tout à l'heure et soudainement très enjouée de pouvoir avoir sa petite vendetta.

— Regarde où elle est. On regarde tous dans la direction d'Audrey et j'ai directement compris ce qu'Amande avait en tête.

— Bah oui et ? Elle dit juste au revoir à sa pote, dit Lucie un peu perdue.

— Elle est devant le placard du concierge. Elle reprend. Cette porte ne s'ouvre que de l'extérieur, à moins d'avoir le badge. Sauf qu'elle ne l'a pas ce qui veut dire...

— qu'elle se retrouvera coincée dedans, termine Lucie. T'es un génie ma petite Amanda. Redouane vient on la pousse dedans.

— Lucie ne fais pas ça. Elle est claustrophobe. Je l'avertis. Elle pourrait faire une très grosse crise d'angoisse.

— Parce que tu crois que ça m'importe ? Je m'en fou. Sois contente je te venge aussi.

Redouane et Lucie partent en direction d'Audrey pour la mettre dans le placard sous les rires de nos amis et sous ma désapprobation. Personnellement ça ne me fait pas rire. Couper ses cheveux, mettre un chewing-gum dans ses cheveux restent enfantin, sans répercussion, sans danger alors que ça, c'est totalement cruel. Il suffirait qu'elle soit asthmatique, qu'elle fasse une crise d'angoisse pour la mettre en danger. Sans compter que les crises d'angoisses sont propres à chacun, on ne sait pas quelle se sera la sienne. Je désapprouve cette idée sur tous les points. Sous les regards de nos amis ainsi que leurs rires, Redouane pousse Audrey à l'intérieur. Lucie ferme précipitamment la porte et colle son dos sur celle-ci avec Redouane, bien que ce soit totalement inutile. Tous rigolent et ne tardent pas à les rejoindre pour bloquer la porte. Audrey à l'intérieur tambourine la porte à l'aide de ses poings en leur criant de lui ouvrir tandis que moi, je reste assise par terre à les regarder sidérée.

— Ouvrez la porte putain !

Ils n'arrivent même pas à répondre tellement ils se tordent de rire.

— Allez là je ne rigole pas ouvrez ! Continue de crier Audrey en tapant des poings. De l'extérieur on aurait dit une hystérique. D'ici je peux entendre sa respiration devenir saccadée, la crise est proche.

Pendant de longues minutes ils bloquent la porte pour ne pas qu'elle sorte du placard et pendant ces longues minutes Audrey ne fait que hurler en tapant des poings pour qu'ils la laissent sortir. Puis, Audrey semble se résigner : elle arrête de taper sur la porte et de hurler. Décidant que c'était trop, je me lève et m'approche.

— Allez ça suffit laissez là sortir.

— Ouvrez-moi s'il-vous-plait, elle les implore presque dans un murmure.

— Bah alors ma belle, on n'a plus de force ? Ricane Lucie en m'ignorant.

Dix minutes plus tard, Mathieu apparait au bout du couloir. Ils sont toujours collés à la porte mais d'un geste calme Clément leur montre, en mettant un doigt sur sa bouche, de se taire et de se décoller de la porte en silence afin de faire croire à Audrey que la porte est toujours bloquée et donc qu'elle ne peut sortir. Ils comment à repartir pendant que je reste debout, à fixer la porte. Je ne peux pas la laisser dedans. Je suis une peste, mais pas une salope. Je m'apprête à ouvrir la porte quand Lucie m'interrompt.

— Iva. Tu fais quoi ? Elle me regarde méchamment.

— Ivana ? Sanglote Audrey.

— Tu ne vas quand même pas la libérer ? C'est aussi ta revanche.

— On ne peut pas la laisser là !

— Oh ça va, elle va rester une à deux heures, le concierge va forcement passer par à pour faire le ménage. Alors arrête de jouer les Mère Teresa et ramène toi.

Je fixe Lucie et me résigne devant son regard. Je laisse donc Audrey dans ce placard seule avec sa peur. Nous retournons en cours. Après dix minutes, je prétexte un mal de ventre pour sortir. Je me précipite là où sont mes regrets. Je ne suis pas un monstre. D'un geste brusque j'ouvre la porte et trouve Audrey recroquevillée sur elle même, les joues humides, tremblotante. Je jure et la fais se relever pour l'emmener aux toilettes. Nous restons cinq minutes en silence, elle se débarbouillant pendant que je l'observe.

— Vous êtes vraiment des connards, prononce-t-elle avec une once de rage malgré sa voix cassée.

Cette fois, je ne relève pas l'insulte. De toute manière que pourrais-je bien dire pour les défendre ? Rien.

— Je vais aller tout balancer Ivana. Ne croyez pas que vous allez vous en tirer comme ça, vous êtes en train de faire chier tout le monde dans la classe.

— Alors écoute moi bien, je m'approche d'elle, ose en parler à quelqu'un et je te fais pire que ça c'est clair ? La prochaine fois je te laisse pourrir dans ce placard toute la nuit si tu l'ouvres. Je le menace méchamment. Dégage maintenant.

Elle me jette un dernier regard noir et part en prenant son sac. Quant à moi, je reste devant ce miroir à me maudire. Je n'aurais jamais dû la libérer. Maintenant elle a clairement une preuve, elle m'a vu. Avant, elle n'avait aucune preuve, elle ne pouvait pas nous accuser puisqu'elle ne nous avait pas vu. Mais le fait que je la libère et que je la menace confirme clairement notre culpabilité. Clairement, je suis dans la merde, parce que je sais pertinemment qu'elle est en route vers le bureau du proviseur pour vendre la mèche.

Et cela n'a pas raté. Je venais à peine de revenir dans la salle de cours et de m'installer à ma place que Choco est venu me chercher plus en colère que jamais. Cette fois-ci, je le suis en silence. Que pouvais-je bien dire de toute manière ? Tout est contre moi alors que pourtant, cette fois-ci, je ne suis pas coupable. Le proviseur allait devoir compter sur mon honnêteté et ma sincérité parce qu'il est hors de question que je balance mes amis. Certes, ils ont très mal agi et même moi, qui habituellement rigole de leurs bêtises, ne suis pas de leur côté mais jamais je ne les trahirais. La loyauté est quelque chose de rare en amitié. C'est selon moi, le pilier d'une amitié. J'inspire longuement pour me donner du courage et pénètre dans le bureau du proviseur où m'attendent en plus de ce dernier et d'Audrey, la CPE et l'infirmière du lycée. Contrairement à ma dernière petite visite ici, le proviseur est indéchiffrable. Si la dernière fois il semblait sceptique quant à ma culpabilité, là je sais d'avance qu'il m'a déjà désigné coupable. Je prends place en tirant nerveusement les manches de mon col roulé pour qu'elles couvrent mes mains. Un silence royal se fait entendre. Seul les quelques reniflements d'Audrey perturbe la tension. J'hésite à le briser en demandant ce que je fais ici mais cela aggraverait plus ma situation. Alors je décide de garder le silence et de fixer le proviseur dans les yeux. Je ne dois montrer aucun signe de faiblesse. Si je baisse les yeux, il saura que je sais quelque chose et que je suis impliquée.

— La dernière fois on a perdu plus d'un quart d'heure parce que tu niais toute implication puis tu as fini par nous avouer que c'était bien toi qui avait coupé les cheveux d'Audrey,  il commence en posant son stylo devant lui, donc voilà ce que je te propose Ivana : tu avoues tout de suite que c'est toi comme ça on ne perd pas de temps inutilement.

— Ce n'est pas moi, j'affirme.

— Très bien donc je vais te tirer les vers du nez. Explique moi comment tu as pu libérer Audrey sans avoir qu'elle était enfermée dans ce placard à balais ? Tu es douée en maths si je me souviens bien donc donne moi la probabilité, le pourcentage de chance que tu avais pour ouvrir cette porte sans savoir qu'elle s'y trouvait ? Je me tus et le regardais. 0% puisqu'il n'y a strictement rien d'intéressant dedans. Donc à partir de là, la seule explication possible qui explique que tu savais exactement où elle se trouvait est la suivante : tu l'as enfermé dedans.

— Ce n'est pas moi, je répète lentement en le regardant dans les yeux.

— Ivana, intervient la CPE, tout indique que c'est toi.

— Très bien alors si c'est vraiment moi pourquoi je serais aller la libérer ?

— Des remords ? Je te connais Ivana, tu es une excellente élève.

— Pourquoi j'irai salir mon dossier avec un mauvais comportement alors ?

— Pour la même raison que tu lui as coupé les cheveux : tu ne pensais pas qu'elle allait te dénoncer c'est d'ailleurs pour ça que tu l'as menacé. C'est courant chez les harceleurs, ils font des crasses et intimident leurs victimes pour ne pas qu'elles parlent.

— Harceleurs ?! Je m'indigne. Vous ne croyez pas que vous allez un peu loin là ? Ok, je lui ai coupé les cheveux une fois mais ça ne suffit clairement pas pour me définir comme une harceleuse.

— Ce n'est pas comme si tu nous rabaissais tout le temps, Audrey crache avec haine.

— La ferme toi, je lui lance un mauvais regard. Je te libère et qu'est-ce que tu fais ? Tu vas m'accuser sans aucune preuve.

— Les preuves sont là : tu la libères parce que tu as des remords, tu la menaces pour qu'elle ne parle pas et le fait qu'elle t'ait dénoncé la semaine dernière te donne une raison de te venger, reprend le proviseur.

— Ce n'est pas moi putain ! Je ne vais pas avouer ou prendre pour les conneries de quelqu'un d'autre.

— Alors dis nous qui a fait ça.

Je regarde le proviseur et la CPE en gardant le silence. Pas un mot ne sortira de ma bouche. De toute manière ils ont déjà décidé.

— Je suis sûre que ce sont ses amis Lucie, Amanda, Redouane, Matthieu et Clément.

Je tente de garder mon calme devant les suggestions d'Audrey. Si je réagis, ils sauront que ce sont eux. Le proviseur demande à Choco d'aller les chercher et cinq minutes plus tard, nous voilà tous ensemble dans ce bureau. Le proviseur leur explique la situation et les informe même que l'on pourrait éviter mon exclusion si ils avouaient. Évidement, pour ce genre d'acte c'est l'exclusion directement et peut-être même un conseil de discipline. Je m'attends à ce qu'ils se dénoncent ou même m'innocenter mais c'est tout autre chose qui se passe.

— Ce n'est pas nous, nie Lucie. Si le syndrome de takotsubo pouvait faire du bruit, on aurait entendu mon coeur se briser suite à cette trahison. Mais j'ai bien vu Ivana pousser Audrey dedans.

— Quoi ? Je crie en me retournant vers elle. Putain pourquoi tu mens ?!

— Arrête Iva, tu voulais te venger, je t'ai même dis de ne pas le faire.

— T'es sérieuse là ? Tu m'accuses alors que c'est toi qui a fait ça ?!

— Je suis désolée Iva... Elle lance de manière sincère. Le proviseur doit sûrement penser qu'elle est désolée de me dénoncer alors qu'en réalité elle est désolée de me dénoncer à sa place.

Les autres regardent Lucie bouche-bée ne sachant quoi dire ni quoi faire.

— C'est faux, intervient Matthieu en me regardant. C'est moi qui ait fait ça.

— Je vois que vous vous protéger tous entre vous, je crains qu'il ne soit impossible de connaître la vérité mais vous vous doutez que je ne peux pas laisser passer ça. Donc puisque Lucie t'accuse Ivana et que Matthieu, tu te dénonces, vous serez tous les deux exclus, annonce le proviseur.

— Non c'est bon, je l'interromps. J'avoue, c'est moi qui l'ai poussé dans le placard, personne d'autre.

Matthieu s'apprête à renchérir mais je l'arrête d'un geste de la main. Je refuse qu'il prenne une sanction pour quelque chose qu'il n'a pas fait juste pour me protéger. Et contrairement à Lucie, je refuse également de bafouer une de mes valeurs en balançant mon amie. Après m'avoir annoncer qu'il convoquerait mes parents pour leur annoncer mon exclusion, le proviseur nous renvoie dans nos classes. Une fois que nous sommes assez loin du bureau, je me rue sur Lucie.

— Pourquoi t'as fait ça ?

— Iva calme toi.

— Me calmer ? Putain tu m'as dénoncé pour un truc que tu as fait alors que je t'avais dis que ce n'était pas une bonne idée.

— Je suis désolée mais essaie de ma comprendre ! Elle s'exclame. Tu as un dossier parfait. Moi, je n'ai pas un dossier aussi bien que le tien, je galère à avoir la moyenne dans les matières à gros coefficient alors si en plus de ça j'ajoute un mauvais comportement, je suis fichue.

— Super alors, voilà quelque chose qui pardonne ce que t'as fait. Figure toi que ça peut aussi gâcher mon dossier parce qu'un exclusion ça s'efface pas. Peut-être que si tu t'occupais un peu plus de tes cours plutôt que de baiser avec Redouane tu aurais de meilleures notes. Je lui balance haineusement. Et moi qui croyais que j'étais ton amie.

— Je le suis !

Je secoue la tête et retourne en classe en les ignorant. Lorsque je passe devant Choco, je l'entends me lancer un « et tu crois toujours qu'elle est bonne pour toi ? » qui lui vaut un doigt d'honneur. Je n'ai vraiment pas la tête pour les sermons. Déjà que je vais en récolter ce soir après la convocation de mes parents chez le proviseur, je n'ai pas besoin d'en avoir plus.

Et le soir ça ne rate pas, mes parents sont furieux après moi, ils ne veulent même pas écouter ce que j'ai à dire. Et je les comprends. Deux conneries en deux semaines ça fait beaucoup pour sept ans de scolarité sans aucun problème. Ils ont du mal à digérer cette semaine d'exclusion que je viens de recevoir et moi aussi à vrai dire. Je ne suis pas un ange, je l'admets mais je ne suis certainement pas capable d'autant de cruauté que ça et je n'arrive pas à croire que mes parents pensant le contraire. Résultats je passe de deux semaines à un mois de privé de sortie. J'aurais pu être indigné avant, car en général je sors beaucoup avec Lucie mais après aujourd'hui, je pense prendre mes distances. J'ai réellement vu qui était là pour moi, à me soutenir coute que coute. C'est d'ailleurs pour ça que sur un coup de tête je me retrouve à faire le mur et à me diriger vers la maison de Matthieu. Je lui envoie un message comme quoi je suis devant chez lui et attend qu'il vienne m'ouvrir.

— Je crois que je suis conne. Je lâche quand il se retrouve devant moi.

🧸

Coucou les filles 💛

Nous revoilà ENFIN avec un tout nouveau chapitre !

Qu'en avez-vous pensé ?

Que pensez-vous de l'ancienne Iva d'ailleurs ?

Les flashbacks vous plaisent-ils ?

Et pour la suite, à quoi vous attendez-vous ?

Mercii beaucoup pour votre soutien et votre fidélité malgré nos absences un peu longues, on s'en excuse et on se rattrapera très vite promis !

D'ici là on vous embrasse et vous dit à bientôt pour la suite de « Nos démons » !

S & C

insta:@nivanapnl

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