Chapitre 13
Devant le commissariat, Rohane inspira bruyamment, comme si cela allait faire descendre la pression mais ses jambes, toutes tremblantes, la trahissaient. Sa mère n'avait pas pu l'accompagner, bien trop occupée au travail. La jeune femme avait bien trop peur d'entrer et restait figée devant la porte. L'heure du rendez-vous approchait à grand pas mais ses jambes ne répondaient plus présentes, elle ne savait même pas réellement ce qui l'angoissait autant.
"Excusez-moi, vous êtes bien Rohane Millet ? Entrez je vous prie, mon collègue qui s'occupe de votre cas vous attend"
La jeune femme sursauta, ce qui la fît sortir de sa transe. Un homme en uniforme venait de sortir du commissariat et la fixait, en attente d'une réponse.
"Oh je- euh- oui c'est moi, j'y vais" Balbutia-elle.
L'homme la conduit à son collègue et s'empressa de ressortir pour allumer sa cigarette. Son nouvel interlocuteur n'était autre que le policier qui l'avait interrogée quelques semaines auparavant, il la salua et l'invita à le suivre dans une autre pièce. En entrant dans la pièce, elle fît face à l'homme qui avait causé son accident : Cheveux courts, noirs, barbe naissante et yeux bruns, il avait le physique de monsieur tout le monde. Seule une vitre les séparait. Rohane le dévisagea de haut en bas. Elle ne connaissait nullement le jeune homme. De plus, si elle l'avait croisé dans la rue, jamais elle n'aurait pensé que ce type avait failli tuer une étudiante.
L'homme lui adressa un bref regard avant de baisser une nouvelle fois la tête de culpabilité. Le policier s'assit et invita la rousse à en faire de même.
"Mademoiselle Millet, voici Oriel. Il avoue avoir été le conducteur de la voiture au moment de l'accident mais assure ne pas en être responsable, même accidentellement" Commença le plus âgé d'entre eux, en se tournant vers la jeune femme. Il fixa ensuite le dénommé "Oriel"et poursuivit : Pourriez-vous nous redonner votre version des faits s'il vous plaît ?"
Le jeune homme se gratta la nuque et commença, visiblement confus.
"Eh ben heu j'étais dans la voiture en train de conduire et j'ai percuté cette jeune femme." Expliqua-il brièvement en désignant Rohane.
"Oui, nous sommes au courant merci mais pourquoi dites-vous que vous n'êtes pas responsable ?"
"Eh ben tout simplement parce que c'est pas de ma faute." Répondit Oriel du tac au tac.
"EH BEN, vous feriez mieux de coopérer si vous ne voulez pas passer le reste de votre vie derrière les barreaux." Grinça l'officier, visiblement agacé.
Rohane écoutait, se faisant toute petite, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle était là.
"Que voulez-vous que je dise ? Ce n'est pas moi qui ai voulu ça !" Poursuivit le jeune homme en haussant les épaules.
"Pas vous ? Ça veut donc dire que quelqu'un l'a voulu je me trompe ? Qui est-ce ?" Demanda le policier, désormais intéressé.
Oriel bafouilla ne sachant quoi répondre.
"Ben euh oui mais pas vraiment vous voyez ?"
L'officier fronça les sourcils, son énervement de retour et encore plus fort que précédemment.
"Ben non je vois pas, vous feriez mieux d'être plus clair dans vos propos."
Le jeune homme souffla.
"Mais j'ai été forcé, c'est pas ma faute je vous dit."
Rohane fît les gros yeux.
"Et donc on y revient, qui vous a forcé ?" Creusa le policier.
"Bah si je vous le dis je vais avoir des problèmes, j'ai pas trop envie quoi." Répondit Oriel, blasé.
"Mais là tu as DÉJÀ des problèmes Oriel ! Développes." Dit l'officier exaspéré.
"C'est pour Maxanne que j'ai fait ça." Murmura le jeune homme, les yeux dans le vague.
"C'est donc cette fameuse "Maxanne" qui vous a poussé à commettre cet acte ?" L'interrogea le policier visiblement calmé.
"Non ! Maxanne c'est ma petite sœur, elle est malade, elle a une leucémie. Mon père a plus vraiment de quoi payer ses soins, et on m'a proposé beaucoup d'argent pour commettre cet accident. Comprenez bien que même si c'est pas éthique, entre sauver la vie d'une inconnue et celle de ma petite sœur le choix était vite fait !" s'indigna Oriel.
"Et vous avez vraiment cru que c'était la meilleure et la seule solution ? Qui vous a poussé à faire ça ?
- Je sais bien que c'était pas la meilleure solution ! Mais quand il vous faut une certaine somme rapidement et que vous voyez l'état de votre petite sœur se dégrader de jour en jour, comprenez bien que le désespoir prend le dessus sur la raison."
Rohane, emplie d'empathie, aurait presque été prête à le pardonner.
"Vous n'avez pas répondu à ma question, QUI vous a ordonné de faire ça ? Comment avez-vous obtenu l'argent dont vous aviez besoin ?" Poursuivit l'homme en enlevant une poussière invisible sur son uniforme.
"J'ai publié une annonce sur Facebook demandant si quelqu'un n'avait pas une solution pour que je puisse avoir l'argent nécessaire aux soins de Maxanne rapidement, un compte anonyme m'a répondu et m'a demandé de lui envoyer un message privé. Ce que j'ai fait. La personne m'a donc expliqué en quoi consistait mon "travail". J'ai évidemment refusé, mais quand elle m'a annoncé la somme que je recevrai je n'ai pu me résigner." Expliqua Oriel, la main dans la nuque.
"Oui soit... Mais je ne sais toujours pas QUI est derrière tout ça." Désespérait l'agent.
"Moi-même je l'ignore, le compte était anonyme et a été supprimé. La personne qui m'a déposé l'argent était totalement cagoulée et n'a pas prononcé un seul mot, je n'ai aucune piste à vous fournir !" Rétorqua l'accusé.
L'officier souffla et mit sa main sur le haut de son crâne, comme à la recherche d'une solution.
"Eh bien je pense que l'enquête va être bien plus longue que prévu... Rohane avez-vous remarqué quelque chose de bizarre dernièrement ? Quelqu'un qui vous épie ? Un compte anonyme sur les réseaux qui vous suit ?" Demanda-il avec espoir.
"Mmh non pas vraiment, je sors rarement sans ma mère dernièrement, puis mes réseaux sociaux sont privés, je n'ai pas accepté de compte bizarre dernièrement." Réfléchit-elle.
"Nous allons donc continuer notre enquête et nous vous tiendrons au courant de son avancée. Oriel, vous allez tout de même être jugé pour tentative d'homicide. Je ne vous cache pas que sans avocat cela va être compliqué de vous défendre, vous êtes tout de même complice de cette affaire. Puis nous devons trouver le commanditaire, sans cela vous risquez d'être tenu pour seul coupable." Expliqua le policier, en se levant. "Mon collègue va vous ramener à votre cellule, je vais raccompagner Mademoiselle Millet à l'entrée." Il sortit son talkie-walkie afin de joindre le collègue en question, qui arriva dans la minute. L'officier quitta la salle, Rohane sur ses talons. Il la salua brièvement et elle rentra chez elle.
À son retour, Milo l'attendait avec impatience.
"Alors, toujours pas de policier sexy à l'horizon ?"
Il avait le don de détendre l'atmosphère. Cela fît rire Rohane. Elle lui raconta l'entretien qui venait de se dérouler en détail.
"Il avait pas l'air de rigoler votre policier." Dit Milo à la fin du récit de son amie.
"Pas du tout, je me demande comment va évoluer cette affaire." Laissa échapper Rohane, songeuse.
Milo souffla bruyamment, avant de reposer son regard sur son amie.
"J'espère surtout que le véritable coupable sera retrouvé rapidement afin que tu puisses vivre en paix. Tu ne mérites rien de ce qui t'arrives, tout ce que je souhaite c'est que tu aies enfin un peu de répit pour prendre le temps de guérir tranquillement. Tu mérites de réussir dans la vie Rohane, plus que quiconque. Je ne serais comblé que lorsque tu auras enfin pû goûter au bonheur. Au vrai bonheur." Lui dit l'entité sans la lâcher des yeux.
La jeune femme fût la première à détourner le regard.
"Si un jour on m'avait dît que quelqu'un croirait autant en moi je n'y aurai pas cru, encore moins si on m'avait dit que ce quelqu'un serait une entité. Tu sais Milo je suis reconnaissante comme je ne l'ai jamais été de t'avoir rencontré. Je ne sais ce qui nous a mené l'un à l'autre mais je le remercie du fond du cœur. J'ai beau te connaître depuis peu, tu as fait tant pour moi. J'aimerais pouvoir te rendre tout ce que tu m'as apporté." Murmura-elle.
"Ta présence me suffit amplement. Je suis mort avant d'avoir pu découvrir ce qu'était la vie de jeune adulte. La vraie vie, pas celle pendant la guerre, tu vois ce que je veux dire ? Avec toi j'ai l'impression d'avoir cette chance de pouvoir vivre à nouveau, de connaître des choses qui m'étaient jusqu'alors inconnues : Les études, une amitié sincère, un monde sans guerre tout simplement. Alors merci de m'apporter cette bouffée d'air, je sais que cette fois-ci quand je devrai partir ce sera sans regrets." Répondit Milo avec un grand sourire.
La rousse sourit à son tour, timidement, les yeux embués de larmes. Le brun s'allongea sur le lit, les bras croisés derrière sa tête. Son sourire toujours scotché aux lèvres. Rohane fît de même peu après et ils discutèrent encore un long moment.
La fatigue finit par gagner le corps de la jeune femme qui, dans un murmure, avant de s'endormir dit à Milo.
"Je te promets que je ferai tout pour que tu goûtes au véritable bonheur aussi."
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