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Chapitre Vingt-trois


Et le temps s'est comme arrêté. J'ai le regard perdu sur les nuages qui défilent sous mes yeux, mais le temps semble être comme suspendu. C'est impossible, je le sais, mais c'est ce dont j'ai besoin en ce moment. De me dire que le temps n'est pas perdu, même si c'est faux. Qu'importe ma force, qu'importe ma volonté, le trajet fera toujours une heure et demie, et il n'y aura jamais aucun moyen de le raccourcir.

Alors, je fais comme si le temps s'était arrêté. Pour ne pas culpabiliser d'être à ses côtés. Pour ne pas sombrer, une nouvelle fois. Dans les larmes, comme dans les cris. J'ai peur des réactions que je pourrais avoir. J'ai peur de tout ce qui se passera une fois que je serai descendue de cet avion. Mais je serai qu'y rester, ne résoudra rien non plus. Y rester, c'est ne pas pouvoir lui dire adieu. Ce serait avoir des regrets.

J'essaie de m'accrocher à ça, à cette peur de ne pas pouvoir lui dire adieu, pour vaincre ma peur de lui dire adieu. C'est étrange, mais ça a un certain sens dans mon esprit. C'est même la seule chose qui a du sens depuis que Toby a débarqué dans la serre, le teint livide, le regard catastrophé.

Une partie de mon esprit a compris l'ampleur de la situation. L'autre se refuse toujours à cette vérité. C'est un combat entre ces deux voix, qui se crient l'une sur l'autre. Tantôt, c'est la première voix qui remporte le round, tantôt c'est la deuxième. C'est comme un équilibre et il y a moi, au milieu, qui ne sait pas encore de quel côté je vais pencher. Vais-je tomber ? Vais-je réussir à rester droite ? Et, si je tombe, la chute sera-t-elle longue ? Y aura-t-il quelqu'un pour me rattraper ?

Il n'y a que la voix de Toby qui me ramène de temps en temps à la réalité. Une voix discrète, qui n'est là que pour m'informer du temps restant avant d'arriver à notre destination.

Mais il n'y a rien d'autre. Il n'y a aucun bruit que ceux habituels d'un avion. Je pourrais presque croire que je suis seule dans la cabine. Seule avec mes pensées, ces voix intérieures qui s'apparentent à une tempête.

Je reviens à la réalité lorsqu'une sensation étrange me traverse tout le corps. Mes yeux, toujours rivés sur le ciel, comprennent les premiers ce qui se passe avant que mon cerveau ne digère l'information : l'avion est en train d'engager sa descente. Peut-être que Toby me l'a dit, mais je ne m'en souviens plus.

À mesure que la terre se rapproche, je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine, et des bouffées de chaleur m'envahir. Je prends de profondes respirations, la main sur le cœur. Je respire, puis j'expire doucement, tentant de chasser cette chaleur qui devient, au fil des secondes, de plus en plus oppressante et accablante.

Je sais ce qui est en train de se passer, et j'essaie de faire de mon mieux pour le contrer. Ce n'est pas le moment que ça arrive. C'est même le pire moment pour ça.

Lorsque les roues de l'avion se posent sur le tarmac, tout mon corps soubresaute sous le faible impact qui prend bien plus d'ampleur qu'il ne le devrait. Je n'ai pas peur de l'avion, mais je dois bien avouer que mes deux seuls voyages à son bord me laissent un goût amer dans la bouche : il y a eu mon départ de France et maintenant. Deux événements aussi atroces l'un que l'autre. Je guéris encore du premier, et je ne pensais pas devoir affronter une nouvelle situation aussi catastrophique, si tôt.

J'aurais préféré rester chez les Mackenzie, entourée de rires et de bons conseils, ou bien dans cette serre où la nature avait créé un cocon protecteur tout autour de moi. J'aurais aimé que cela dure. Que cet équilibre que je commençais enfin à trouver ne soit pas mis en danger aussi vite. Qu'elle reste à mes côtés, des décennies durant. Elle devait m'accompagner dans les grands moments de ma vie. Elle devait faire mon éducation. C'est ce qui avait été convenu. Elle n'a pas le droit de partir sans avoir respecté ce pacte que nous avions conclu sans même en parler distinctement. C'était normal après tout. C'est ma grand-mère, c'est elle qui devait m'apprendre tous les rouages de cette famille si spéciale et du système de ce pays. Elle m'a pris sous son aile, alors que je viens à peine de déployer les miennes...

— Adélaïde.

Cette voix. C'est le seul son qui arrive à m'ancrer dans cet instant présent auquel mon esprit tente de s'échapper. C'était comme si j'avais mis des bouchons d'oreilles, et que seule la voix de Toby arrivait à passer à travers. Sa voix, et rien d'autre. Pas même le départ des autres membres de l'équipe ou l'ouverture de la porte de l'avion. Car ces deux événements se sont bien produits, si j'en crois la cabine qui est désormais vide. Il ne reste plus que nous. Que mon corps mis sur pause, que les yeux désespérés de mon garde du corps.

— L'avion est posé. La voiture nous attend.

Toby est agenouillé à côté de mon siège, sa main tendue vers moi, un sourire triste et réconfortant sur son visage.

— Promets-moi de rester à mes côtés, l'implorai-je à demi-mot.

— N'est-ce pas déjà évident ?

— Promets-le-moi.

— Je te le promets. Je serai toujours à tes côtés.

Et je le crois. Sans le moindre doute, je le crois. Et, non sans envie, je finis par déposer sa main dans la mienne et me redresser. Nous nous retrouvons désormais debout, l'un face à l'autre, ma main toujours dans la sienne, mes yeux fixés sur ces chaussures. J'ai trouvé la force de me relever, mais je n'ai pas la force de croiser le moindre regard. Je ferme d'ailleurs les yeux, je m'accorde deux secondes. Deux secondes précieuses, je le sais, mais j'en ai besoin. Pour m'armer de courage, pour accepter celui qu'il m'offre par la douceur de l'étreinte de sa main sur la mienne.

Et quand j'ai atteint le minimum requis de courage, j'ouvre à nouveau les yeux et lève la tête vers lui. Je souffle, le cœur en peine, puis j'acquiesce d'un signe de tête, et lui aussi. Je pivote ensuite vers la sortie en lâchant sa main, et je quitte l'avion. Les dix minutes qui suivent, j'enclenche le pilotage automatique. Je sais que je suis rentrée dans la voiture, mais je n'en ai pas le moindre souvenir. Les paysages de la ville semblent confus. Ou bien, n'est-ce pas plutôt mon esprit qui l'est ? Assurément...

Je ne reconnais aucune rue, aucun quartier. Tout paraît si nouveau, si étrange, si inconnu, alors que je sais qu'il s'agit de la capitale. De ma ville. Je sais où je suis, mais je ne suis pas vraiment là. Mon cerveau est mis sur pause, afin qu'une fois arrivée là-bas, je n'ai pas perdu tout mon courage.

Le trajet est silencieux... Ou bien est-ce moi qui n'entends encore rien ?

C'est sûrement ça, oui. Mais, une nouvelle fois, la voix de Toby arrive à percer ma barrière de protection et, cette fois-ci, je sais que c'est la dernière fois que cela arrive. Car je sais que s'il a pris la parole, c'est pour m'informer que nous sommes à notre destination. Il n'y aura plus d'arrêt, plus de voiture, d'avion ou d'autres moyens de locomotions. Il n'y aura plus que mes pas, sur ce chemin vers grand-mère.

— Allons-y, dis-je aussitôt. Cela ne sert à rien de perdre une seconde plus...

J'ai déjà tant perdu. J'ai perdu dix-sept ans. Dix-sept ans sans aucun souvenir d'elle. Onze mois à peine pour s'en créer. C'est rien, c'est trop peu. Ce sont des années qui m'ont été volées, et que je ne pourrais plus jamais compenser ou rattraper. C'est perdu à jamais.

J'ouvre la portière sans attendre, m'étonnant de ma propre volonté de sortir de cet habitacle, tant j'ai eu du mal à le quitter la première fois. Je repère l'entrée de l'hôpital sans difficulté grâce au panneau et je m'y avance. Lentement, jusqu'à finir par doubler la cadence, me retrouvant à trottiner. Je pourrais me mettre à courir, mais j'ai peur d'être essoufflée par l'effort physique, par mes émotions. Je garde donc ce rythme, le seul qui me convienne à cet instant précis.

Nous entrons, prenons un couloir, attendons l'ascenseur et montons au quatrième étage. Il n'y a que Toby et moi dans cette cage d'acier. La montée ne prend pas longtemps, à peine quelques secondes durant lesquelles je me saisis de sa main, car j'ai besoin qu'il me redonne encore un peu de courage. C'est ainsi que je le perçois quand je ressens sa peau contre la mienne. Peut-être est-ce de la force, peut-être est-ce du courage, c'est difficile à déterminer. Je sais juste que j'en ai besoin.

Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent, je me détache de lui. Par respect. Parce que Monsieur Sutton est à quelques mètres de nous, entourés d'autres gardes du corps. Lorsqu'il nous aperçoit, il s'avance vers nous alors que nous quittons l'ascenseur.

— Votre Altesse Royale, me salut-il d'une petite voix. La Reine Mère vous attend... Je vais vous conduire jusqu'à elle.

Aiden s'écarte et m'invite, d'un geste de la main, à suivre le couloir. Mais je reste là, pivotant la tête vers Toby, le reste de mon corps s'étant figé.

— Tu vas y arriver, me murmure-t-il avec conviction.

Je serre la mâchoire, pour contenir mes larmes, alors que je hoche positivement la tête. Je sais que je vais y arriver, parce que je n'ai pas d'autres choix. Parce que c'est imminent, parce que je sais que je me détesterais si je restais dans ce couloir sans la voir une dernière fois.

Je prends à nouveau une profonde respiration alors que je reporte mon attention sur Monsieur Sutton. Le regard de ce dernier est posé sur Toby et je serre les poings : c'est la première fois qu'il assiste à un échange aussi familier entre lui et moi. Si nous étions dans une autre situation, j'aurais pris la parole, mais je sais que ce n'est pas le moment, alors je laisse couler et je prends la direction indiquée. Nous arrivons au bout du couloir et, en regardant à ma droite, je reconnais les membres de ma famille à quelques pas de moi. Je me dirige vers eux, plus lentement, les poings toujours serrés, tentant de garder désormais mes larmes à l'intérieur de moi. Papa est le premier à me remarquer, le plus proche aussi, si bien que, quand j'arrive à sa hauteur, il m'attire à lui sans que je n'aie rien demandé.

Et c'est la première épreuve la plus difficile depuis que les mots de Toby dans la serre. Parce que son étreinte rend tout plus réel. Plus concret. Cette fois, la minuscule partie de moi qui espérais que tout ceci ne soit pas vrai ne peut plus exister. C'est vrai. C'est la réalité. Il n'y a plus aucun doute. Plus rien, hormis la douleur, et les soubresauts de papa causés par ses larmes qui s'écrasent sur ma tête. Puis, il y a mes propres larmes, que je n'ai plus la force de contenir. Je me laisse aller, je laisse tout sortir, tandis que papa me serre un peu plus contre lui. Ensuite, je sens une troisième main se poser sur mon dos et s'immiscer entre nous deux. Je ne sais pas très bien qui c'est en tout premier lieu, mais je la laisse entrer dans notre étreinte, et je passe mon bras autour de cette personne. Une personne de petite taille dont il n'est pas difficile de deviner l'identité : Lilianna.

Nous restons là, tous les trois, un long moment. Ou un court moment qui paraît long. Nous aurions pu rester là longtemps, sans jamais bouger, sans jamais nous séparer. Nous aurions pu rester collés, si la voix de Sutton ne nous avait pas interrompus.

— Monsieur, dit-il d'une voix basse, veuillez m'excuser, mais... Son Altesse Royale doit rejoindre Leurs Majestés maintenant.

Les bras de papa se décollent quelque peu de nous. Il dépose ensuite un baiser sur mon front, probablement aussi sur celui de Lili, avant de s'écarter et de me prendre la main. J'ai toujours la tête baissée, des larmes s'écrasant sur chacune de mes joues à intervalles régulières.

— Ta mère est dans la chambre... avec ta grand-mère, ajoute-t-il d'une voix brisée. Elle souhaite vous voir toutes les deux avant que...

Papa s'arrête, et il n'est pas difficile de comprendre pourquoi. C'est trop douloureux d'émettre une telle vérité.

— Reprends ton souffle, me conseille-t-il. Ta mère est déjà à l'intérieur...

Je hoche la tête avant de lever le regard vers lui et d'être frappé par la douleur qu'exprime chaque trait de son visage. Elle me rappelle son visage des premiers jours. Celui d'un père meurtri par la perte d'un enfant. Ce n'est pas spécifiquement identique, mais c'est assez similaire. Aujourd'hui, c'est le mari qui a mal, le beau-fils aussi. Je n'avais jamais vu deux personnes s'aimer autant que mes parents. Et c'est étrange de se dire que c'est également dans les mauvais moments que je peux percevoir la force et la grandeur de leur amour.

Je prends une dizaine de secondes pour calmer l'afflux de larmes avant de contourner papa et de prendre la direction de la chambre où elle se trouve. Je passe devant Lili, que j'embrasse sur la joue, puis devant Philippe, assis sur une chaise, le regard perdu sur ses chaussures. Un peu plus loin, il y a oncle Ernest et sa petite famille, soudés dans le même genre de câlin que je viens de partager. Ernest m'adresse un sourire forcé alors que je m'apprête à rentrer dans cette chambre, où c'est la mort qui attend.

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