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Chapitre Vingt-Six

« Pour tous, elle était la Reine Mère. Mais pour Lili, Della et moi, elle était notre grand-mère. Elle était l'un des piliers de cette famille. Elle a toujours été là pour nous soutenir, pour nous donner des conseils... et aussi pour nous remettre à l'ordre quand il le fallait. Elle était un exemple, un modèle que nous continuerons à suivre, que nous honorerons. Et bien que Lilianna et moi n'ayons pas pu encore nous montrer à la hauteur de la couronne due à notre jeune âge, Adélaïde a déjà pu prouver, en quelques mois seulement, ce que grand-mère a pu nous transmettre au fil des années : une force à toute épreuve et un amour sans condition pour notre famille, et pour notre peuple. Son héritage et son existence survivront aussi longtemps que nous respirerons. »

Les mots que Philippe a prononcés lors des funérailles sont gravés dans ma mémoire. Je ne les ai entendus qu'une fois, mais je me les répète inlassablement depuis hier. Je m'y raccroche, tel un espoir qui rend la douleur un peu plus supportable. C'est un futur auquel j'aspire et lui aussi, si j'en crois son discours.

Et j'y crois. J'ai besoin d'y croire, j'ai besoin que cela se réalise. Que nous soyons enfin là l'un pour l'autre. Je ne m'attends pas à avoir une relation aussi fusionnelle qu'avec Lilianna, mais peut-être trouverons-nous un terrain d'entente. Un terrain sur lequel nous pourrions rire et nous créer de bons souvenirs.

Penser à Philippe me remplit d'espoirs désormais, alors que j'évitais de penser à lui il y a encore une semaine. Cela me remplissait de tristesse et de colère. Ça n'est plus le cas.

Beaucoup de choses ont changé en quelques jours à peine. Grand-mère, Philippe... et Toby. Lorsqu'il est venu prendre le thé avec nous, sur invitation de papa, fut l'un des moments les plus gênants dans ma vie. C'était même si gênant que ça a réussi à me faire oublier toute ma peine l'espace de quelques minutes : un véritable exploit.

Il n'y a aucun doute : j'apprécie énormément l'invitation de papa. Mais je ne suis pas certaine que cela ait été le bon moment... Je ne suis pas sûre qu'il y en aurait eu un, à bien y réfléchir.

Pauvre Toby ! Je l'ai vu se liquéfier sur place au moment même où nous sommes entrés dans le salon. Il n'a pas su prononcer plus de quatre syllabes d'affilée malgré les efforts de papa pour faire la discussion. Quant à moi, j'étais bien trop mal à l'aise pour parler aussi librement que je le fais d'ordinaire avec l'un ou l'autre. Je n'ai pas exactement compris quelle était l'intention précise de papa. Pourquoi l'a-t-il invité ? Sait-il seulement la nature exacte de mes sentiments pour lui ?

J'essaie de penser à Philippe, à papa, à Toby pour ne pas que ma douleur ne prenne le pas sur tout le reste. Cela peut paraître secondaire face à la mort, mais la mort permet de comprendre l'importance de ces choses. De la famille, de l'amitié, de l'amour. De la personne que je veux devenir, et avec qui je veux le devenir. Tout est remis en perspective. Tout paraît plus insignifiant, mais tout prend aussi plus de sens.

— Je me demande ce qu'il se passe dans cette jolie petite tête.

La voix d'oncle Ernest me tire de mes pensées alors que je me tourne vers la droite. Mon oncle s'installe à mes côtés, sur les marches des escaliers du jardin. Nous nous sommes à peine parlé ces derniers jours... Enfin, j'ai dû prononcer vingt mots au total à toute la famille.

— Trop de choses, lui répondé-je d'une petite voix.

— Est-ce que tu veux en parler ?

Je l'observe un moment avant de rejeter sa proposition d'un mouvement de la tête. Parler est encore trop dur.

— Tu veux rester seule ?

À nouveau, je refuse sa proposition. Si la solitude a été nécessaire ces derniers jours, elle devient pesante depuis quelques heures. Cependant, je ne suis pas parvenue à rejoindre l'un ou l'autre de mes parents, par crainte. Parce que je ne sais pas quoi dire, pas quoi faire. La situation est nouvelle et j'ignore ce qu'il convient de faire dans ce genre de situations. Et, peut-être stupidement, une part de moi se sent illégitime face à cette souffrance. J'ai l'impression de ne pas avoir le droit d'être aussi triste que les autres membres de ma famille qui, eux, ont eu la chance de connaître grand-mère bien plus longtemps que moi.

La tristesse est en train de s'emparer de moi, alors que j'avais réussi à l'enfermer derrière une porte. Je savais que ce n'était qu'une question de temps avant de me remettre à pleurer, j'aurais simplement espéré prendre sur moi plus longtemps.

— Raconte-moi quelque chose.

C'est sorti sans que j'y réfléchisse, car j'en ai besoin. Il faut que je pense à autre chose si je veux pouvoir résister à la déferlante d'émotions qui me traverse à cet instant.

— Te raconter quoi ? me questionne-t-il légèrement interloqué.

— Je n'en sais rien. N'importe quoi. Par exemple... dis-moi comment tu as rencontré tante Héloïse. Je connais encore si peu de choses de toi, d'elle, de votre famille. J'aimerais en apprendre plus, mieux vous connaître.

— On s'est rencontrés ici, dans ce palais.

Je le remercie un sourire d'avoir accédé à ma requête aussi facilement, et il me le rend sans attendre, avant d'ouvrir la bouche pour m'apporter plus d'explications.

— J'avais vingt-trois ans, et elle en avait vingt-deux. Je l'ai rencontrée quelques jours après qu'elle ait commencé à travailler ici et...

— Ouah, attends, lui coupé-je la parole avec choc. Tante Héloïse travaillait ici ?

— C'est ça, dit-il en hochant la tête. Pourquoi sembles-tu aussi surprise ?

— Je... je n'en sais rien. Enfin, si. J'ai toujours cru qu'Héloïse était... enfin... du même cercle social que toi. Que c'était la fille d'un duc, d'un comte ou de quelque de riche.

— Pourquoi as-tu cru ça ?

Je m'apprête à répondre, mais grand-mère fait partie de l'explication et je ne me sens pas encore prête à parler d'elle à voix haute. De plus, l'autre partie de ma réponse comporterait également la mention d'une deuxième personne... et, à nouveau, je ne me sens pas prête à parler de lui à oncle Ernest.

— J'en sais trop rien. Papa est issu de la noblesse lui aussi. Je sais, c'était stupide de ma part de faire ce genre de préjugés. Continue, s'il te plaît... Que faisait-elle au palais ? Où travaillait-elle ?

— Elle travaillait dans les jardins, avec son père. Ce dernier était le chef jardinier du palais il y a encore quelques années, avant qu'il ne prenne sa retraite. Héloïse a développé la même passion en grandissant et s'est engagée dans cette voie. Et, comme je te l'ai dit, je l'ai rencontrée à peine quelques jours après qu'elle ait été engagée. Je suis tombé amoureux d'elle à la minute où je l'ai vue. C'était à cet endroit précis, me dit-il en pointant du doigt un plant de jonquilles à quelques mètres de nous, à cette époque il y avait des myosotis. Je ne m'y connaissais pas du tout en fleurs quand j'avais vingt-trois ans, mais je ne pourrais jamais les oublier.

— Et elle, a-t-elle eu le coup de foudre ?

— Absolument pas !

Oncle Ernest éclate de rire, l'air rêveur, tandis que je me délecte de leur histoire... tout en trouvant le comportement de grand-mère vis-à-vis de Toby très étrange. Sa belle-fille était une employée du château, alors pourquoi avait-elle un problème avec mon garde du corps ? N'aimait-elle pas Héloïse ? J'avais pourtant le souvenir qu'elles avaient toutes deux beaucoup d'affections l'une envers l'autre.

— Héloïse est restée très courtoise et distante pendant de longs mois, malgré mes tentatives désespérées pour engager la conversation. J'ai même lu un bon nombre de livres sur le jardinage, car j'ignorais quels étaient ses autres centres d'intérêt, vu qu'elle n'osait pas prononcer plus de trois syllabes lorsque je lui posais une question. Et je dois bien avouer que mon étude de son métier ne m'a pas servi grand-chose non plus, et j'ai tout oublié depuis.

— Vu ce que tu me racontes, je n'arrive pas à comprendre comment vous avez su être ensemble. Quel a été le déclic ?

— Je ne me souviens pas qu'il y en ait eu un, à vrai dire. Disons que, au fil des mois, ses réponses monosyllabiques sont devenues des phrases avec un sujet, un verbe et un complément. Puis, le lendemain, elle m'a posé une question et, de fil en aiguille, cela s'est transformé en de longues discussions parsemées de rires.

— Et quand est-ce que vous avez passé le stade de simples amis ? le questionné-je avec une curiosité que je peine à contenir.

— Oula... Au bout d'un an.

— Un an ? Mon Dieu, Ernest, vous étiez vraiment en mode tortue.

— En mode tortue ? Je crains que tu ne suives mon exemple, ma chère nièce. Cela fait dix mois que tu connais Toby, non ? N'êtes-vous toujours pas au stade d'amis vous aussi ?

Et voilà, j'ai réussi une première fois à ne pas mettre les pieds dans le plat, et c'est désormais Ernest qui lance le sujet, sans préavis, sans aucune délicatesse. Je dois avouer que ça, je ne l'ai pas vu venir. Et puis, je me souviens que papa a invité Toby à prendre le thé, avec les autres membres de la famille. Il est évident qu'on a connu plus discret comme « introduction » à la famille.

— Je suis désolé, Della. Peut-être que tu ne souhaites pas en parler. Je ne voulais pas paraître intrusif, c'est juste que... eh bien, sache que je sais un peu ce que tu traverses, et maintenant que tu sais que j'ai vécu une situation similaire, je suis là si tu as besoin de parler. Ou de comprendre ce qui peut bien se passer dans la tête de l'autre.

— Qu'entends-tu par là ?

— Je suis sûr que Toby met un point d'honneur à respecter le règlement ? Et que tu as du mal à percer cette barrière qu'il met entre vous ?

— Touché... Mais il y a du progrès, lui avoué-je d'une voix gênée. Il m'appelle par mon prénom et me tutoie quand on est que tous les deux. Il commençait à s'ouvrir les derniers jours de ma tournée avant que... Et il m'a enlacée, juste avant qu'on vienne prendre le thé avec vous.

— Bravo ma chère nièce. Il ne te reste plus que deux mois pour qu'il y ait un baiser, et pour que tu puisses battre ton oncle adoré. Penses-tu y arriver ?

— Oncle Ernest ! m'exclamé-je en rougissant.

Ernest éclate de rire et je finis par faire de même. Nous continuons à rire quelques instants tandis qu'il passe son bras autour de moi et que je pose ma tête contre lui. Nos rires se calment, le silence reprend sa place, puis ce sont les pleurs qui nous réunissent. Dans cette tristesse, nous nous retrouvons, nous nous rapprochons.

Et nous restons là un bon moment. Nous ne pleurons pas tout ce temps, nous finissons par rendre notre discussion après cette pause chargée d'émotion. Oncle Ernest ne mentionne plus Toby : il a dû se dire qu'il m'a suffisamment taquinée pour aujourd'hui. Il continue à me raconter son histoire d'amour avec Héloïse, sa demande en mariage des plus romantiques sur une plage des Maldives, les préparatifs de leur mariage qui furent mouvementés et tout un tas d'anecdotes sur leur vie à deux. Et je l'écoute avec attention. Je me délecte de tout ce qu'il partage.

C'est une pause agréable, pleine d'amour et de rires, dans cette période sombre.

Je sais que je finirai par sortir la tête de l'eau. Que j'arriverais à nouveau à penser à grand-mère sans me remettre à pleurer. Que nos souvenirs, que son sourire et tous ces précieux conseils arriveront à nouveau à me remplir de chaleur et d'espoir.

Je le sais. Alors, même si les semaines suivantes furent remplies de larmes et d'un cœur meurtri, je n'ai jamais perdu espoir. 

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