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Chapitre Sept

La main sur la poignée de la porte, je m'arrête. Une fois que je serai sortie de cette chambre, tout s'enchaînera : la route, la visite, les gens et Dieu seul sait quoi d'autre. Je sais que je vais devoir gérer beaucoup de choses, en grande partie mes émotions et une évidente pani9que. Alors, je prends quelques secondes supplémentaires pour reprendre mon souffle. Un souffle déjà saccadé par la peur et les doutes. Je ne m'en accorde pas trop, au risque de prendre racine et de ne plus pouvoir bouger. Une dernière respiration avant que je n'ouvre la porte et que je m'engouffre dans le couloir sans jeter un regard derrière moi. Si je le pouvais, j'aurais descendu les escaliers deux à deux, mais cela aurait été un trop grand risque avec ces nouvelles chaussures.

J'ignore pourquoi, mais je ressens le besoin de me dépêcher. Je ne suis pas en retard, mais j'appréhende tellement que je risque de me barricader dans n'importe laquelle des pièces si, par malheur, mon regard se pose sur une porte. Je garde ma première destination en tête alors que les damiers du couloir défilent sous mes pas à une vitesse hallucinante. Arrivée à quelques mètres de la sorte qui m'amène au parking, je me stoppe brutalement et manque de me rétamer.

Par-delà l'une des grandes fenêtres qui donnent sur les nombreuses voitures garées, je l'ai aperçu. C'est la première fois depuis que maman a fait naître ces questions en moi et, bien que je pensais m'y être préparée, je suis incapable de faire un pas devant... ni même derrière. C'est une sensation étrange, nouvelle et légèrement désagréable. Je croyais être suffisamment maître de moi-même pour ne plus me sentir bloquée par une situation.

— Tu es en avance, s'exclame la voix de papa derrière moi. Il est évident que tu tiens de ta mère pour ça. Elle a arrêté le nombre de fois où elle a dû m'attendre.

La voix de papa arrive à délier les chaînes qui m'entravent à ce lieu et je me remets à sourire, non sans le cœur battant. Je me racle la gorge alors qu'il se poste face à moi.

— C'est parce que tu prends trop de temps pour te faire beau ? lui demandé-je d'une voix taquine.

— Non, pas vraiment. Je crois que c'est surtout pour l'ennuyer un peu. Même après plus de vingt ans de mariage, je ne me lasse pas de la voir lever les yeux au ciel lorsqu'elle me voit enfin arriver.

— Non, mais quel enfant !

— Je vais te donner un conseil, ma chérie. Avec une vie comme la nôtre, et encore plus quand tu es marié depuis plus de vingt ans, l'une des choses les plus importantes et que tu ne dois jamais oublier, c'est de profiter de tous les petits plaisirs que la vie peut t'offrir. L'un des miens, c'est de continuer à taquiner ta mère jour après jour. La vie est lourde de responsabilités, il te faut trouver des moments et des moyens pour souffler, pour avoir la tête dans les nuages.

Je m'attendais à des conseils avant de partir, mais j'aurais cru qu'ils seraient plus axés sur l'événement que je vais vivre et non sur la vie en générale. Je mets un peu de temps avant d'assimiler ses propos et de le remercier.

— Ce n'est peut-être pas le bon moment pour te donner un cours sur le bonheur, s'excuse-t-il d'un rire, tu as bien d'autres choses à penser à l'heure actuelle.

— Je crois qu'il n'y a pas de bons ou de mauvais moments pour recevoir des leçons de vies, alors merci. Je vais essayer de trouver mes petits plaisirs dans la vie et ne jamais oublier d'en profiter.

Papa m'adresse un sourire avant de s'approcher de moi et de déposer un baiser sur mon front. Un geste attentionné qui paraît presque normal désormais. Presque, car il y a encore des moments où j'ai encore la sensation de ne pas être totalement ancrée dans cette réalité. C'est rare, mais ma psychologue dit que c'est une réaction normale après tout ce que j'ai traversé, que ça finira par disparaître totalement. Ça demande du temps. Heureusement, j'en ai à revendre.

— On se voit pour le dîner, dit-il avant de partir.

Cette idée me donne la nausée, à cause de Philippe. Je n'arrive jamais à être à l'aise quand je suis dans la même pièce que lui et je ne me sens jamais libre de mes mots. Je m'attends à un ricanement, à une pique ou à une crise de colère à la moindre phrase qui lui déplairait un peu trop. Loin de moi l'envie de raconter mon premier engagement officiel, en solo qui plus est, sous le regard arrogant d'un frère qui a déjà dû faire ce genre d'événements, seul ou non. J'exècre tellement cette idée que je serai bien capable de sauter le dîner, au grand dam de mon estomac et de mes incessantes culinaires. Depuis que mon palais a goûté à la cuisine de madame Millet, je prendrai bien dix repas dans la journée rien que pour découvrir de nouvelles saveurs et combinaisons. Madame Millet a un vrai don pour ça.

Mon ventre se met à gargouiller, la faute à mes pensées, et me ramène à la réalité. Je n'attends pas de retrouver la compagnie de mes doutes et me mets tout de suite en marche, rejoignant le parking où je suis attendue.

« Agis normalement » m'ordonné-je dans ma tête.

— Bonjour, Votre Altesse Royale, me salue Phoebe.

Toby se tourne vers moi lorsqu'il remarque ma présence par les mots de sa collègue. J'ai droit à la même salutation, bien que j'ai la sensation d'y distinguer un peu plus d'amitié, voire de chaleur. Mais peut-être est-ce mon esprit qui me joue des tours. Il a mal choisi son moment pour me tromper et me faire tourner la tête.

— Bonjour à vous.

Je me force à sourire tout en adoptant une voix plutôt monotone. Je ne veux rien laisser paraitre, surtout pas à Toby. Mes deux gardes du corps, ainsi qu'Anya qui vient de s'avancer vers nous, me regardent en souriant. Maman n'est pas là, ni même papa ou grand-mère. Je comprends avec une certaine gêne que je suis désormais en charge de la situation. C'est à moi de lancer la machine. Ils n'attendent que mon feu vert pour se mettre en route, alors je le leur donne avant de m'avancer vers la voiture. Toby et Phoebe me suivent et, tandis que cette dernière prend place sur le siège avant passager, Toby m'ouvre la portière. Je me laisse glisser à l'arrière du véhicule sans le regarder. Une fois la portière fermée, et grâce aux vitres teintées, je tourne enfin mes yeux vers lui jusqu'à le perdre de vue lorsqu'il entre dans la seconde auto en compagnie d'Anya. Une fois mon attention retrouvée, je salue mon chauffeur de la journée, un rien plus sereine. Suffisamment pour me rappeler d'être polie. J'ai conscience que le stress peut me faire devenir une tout autre personne...

Le moteur démarre quelques instants après avoir bouclé ma ceinture. Ce n'est qu'une fois avoir passé le portail du palais, qu'une vague d'angoisse me submerge pour de bon. J'essaie de ne rien laisser paraître, de me concentrer sur la route, mais je sais qu'on m'observe. Même si c'est son boulot, je me doute bien que Phoebe a dû recevoir des directives bien précises par rapport à ce premier engagement. De la part de monsieur Sutton, de maman, de papa ou de grand-mère... ou bien de chacun d'entre eux au cours de cette dernière semaine.

Je me remémore les fois où monsieur Sutton m'a aidée lorsque j'étais en pleine crise. J'essaie de m'imprégner de ses gestes délicats, de ses précieux conseils et de son sourire rassurant. Je ferme les yeux pour me concentrer sur cette tâche et, au fil des minutes, je comprends que cela fonctionne. Je respire plus lentement et je n'ai plus l'impression que mon cœur va exploser ou sortir de ma poitrine. J'ai réussi à gérer, seule cette fois, et ça me donne de l'espoir pour la suite.

— Dans cinq minutes, mademoiselle, m'indique Phoebe.

J'approuve d'un signe de tête, sans ressentir, cette fois-ci, une nouvelle vague prête à me submerger. Mes lèvres s'étirent pour dessiner un sourire, à la fois heureux et soulagé. Comme le dirait sûrement papa, il n'y a pas de raisons que cela ne se passe pas bien. Si je mets un bien devant l'autre sans tomber et que je focalise toute mon attention sur mes futurs interlocuteurs, tout ira bien. Il faut aussi que je pense à réfléchir avant de parler, je sais que je peux lâcher des conneries si je laisse le stress m'envahir.

Marcher, écouter et réfléchir. Trois mots-clés qui ne m'ont pas l'air bien compliqués à mettre en œuvre.

Mon regard se pose à nouveau sur la vitre et je comprends que nous sommes arrivés lorsque je sens la voiture réduire sa vitesse et que je capte, de l'autre côté de la rue, des barricades où des personnes s'entassent. Certains ont des appareils photo avec un zoom impressionnant, d'autres semblent être que de simples citoyens. Et là, avant de pouvoir continuer mes investigations, la voiture s'arrête, mettant le stop à mes pensées.

— Êtes-vous prête ? me questionne Phoebe.

— Il le faut bien, tenté-je de plaisanter. Je crois que ce serait plus que malvenu de faire machine arrière à la toute dernière seconde.

Ça montrerait au peuple que je leur manque de respect et que je suis une trouillarde. Ça donnerait raison à tous ces journalistes qui m'ont bien fait comprendre que je ne suis pas à la hauteur de la tâche et qu'avoir repris ma place dans l'ordre de succession est une décision immature pour moi, et irresponsable de la part de ma mère, la Reine. J'ai beaucoup à prouver aujourd'hui, et j'aurais encore à le faire durant toute ma tournée. Je sais que certaines critiques ne se tairont jamais vraiment. J'aurais beau faire tous les efforts du monde, il y aura toujours des gens qui ne m'approuveront pas, qui ne m'apprécieront pas. C'est l'une des vérités de la vie. Je le sais, et je l'accepte. Parce que, de toute manière, les seules personnes dont l'opinion compte ne se tiennent pas derrière des pupitres d'émissions télévisées. Ce sont ceux qui se tiennent à mes côtés chaque jour depuis dix mois. Ce sont ceux et celles qui me connaissent réellement, qui me soutiennent, qui me font rire et qui, par mille preuves et mille mots, leur donnent déjà tort sans qu'ils le sachent.

Je prends une profonde respiration alors que Phoebe quitte le siège de devant et qu'elle rejoint l'extérieur. Il ne me reste qu'une seule seconde pour m'armer de tout le courage nécessaire, de toute la confiance que j'ai pu accumuler ces derniers mois. Une seconde, et puis la portière s'ouvre et c'est avec un rire nerveux que je remarque que ma ceinture n'est toujours pas détachée. Je romps le lien entre moi et la ceinture en levant les yeux au ciel. Je sors ensuite de cette dernière, le sourire aux lèvres, mais les jambes légèrement tremblantes. Je fais quelques pas, jette un regard derrière mon épaule et aperçois Anya qui me rejoint en quelques enjambées. Je sais que je ne dois pas l'attendre, que c'est à moi de rythmer la journée, alors je reprends mon chemin et me dirige vers l'entrée de l'université où se trouvent plusieurs personnes, prêtes à m'accueillir. Grâce à ma préparation, en particulier les photos, je repère automatiquement la personne que je dois saluer. Il est le plus à gauche, fait une tête de plus que moi et, en m'approchant, je repère l'écusson de l'université brodé sur la poche avant de sa veste.

Arrivée à sa hauteur, je tends ma main au directeur qui s'en saisit avec délicatesse.

— Votre Altesse Royale, me dit-il, c'est un grand honneur pour nous de vous recevoir aujourd'hui.

— L'honneur est partagé, monsieur le directeur, répondé-je à mon tour. Cela me fait très plaisir d'être là pour inaugurer cette nouvelle aile de la bibliothèque universitaire.

Et je m'arrête là. Parce que je sais que le stress pourrait me faire dire des choses peu conventionnelles ou même des blagues. Selon l'interlocuteur, ça pourrait soit le faire, soit lui donner une image de moi peu sérieuse. D'après maman, il vaut mieux s'abstenir que d'en faire trop. Vu son expérience, je la crois sur parole.

Le Directeur me présente à la personne située à sa droite, la bibliothécaire en cheffe, et puis tout s'enchaîne très vite sans avoir réellement le temps de penser et donc, de laisser le stress m'envahit. Je rencontre mon nombre de personnes et découvre la nouvelle aile de la bibliothèque en écoutant la présentation et les commentaires du Directeur. Et, avant de réaliser tout ce qui s'est écoulé en l'espace d'une heure et demie, je me retrouve à nouveau dans la voiture.

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