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Vingt-Cinq


Drew et moi nous sommes restés une vingtaine de minutes dans la salle des troisièmes. J'ai pu mieux la détailler et m'extasier sur les objets qui s'y trouvent. Entre autres, un bon nombre d'ordinateurs, plusieurs flippers ou bornes de jeux, un billard, un jeu de fléchettes, un grand écran, des dizaines de canapés dispersés à travers cette pièce gigantesque. Au travers de la conversation, j'ai appris que Drew était bien ce que je m'étais imaginé : le délégué des troisièmes années. Il semblerait que le leadership soit de famille.

Nous sortons de la salle de repos quelques minutes avant le début du cours de littérature de langue anglaise. Phoebe est là, droite comme un i et le regard aux aguets. Je lui adresse un sourire, car c'est la seule chose que je peux lui offrir pour le moment. Je ne peux rien lui apporter d'autre pour égayer sa journée, qui, dans mon esprit, doit lui paraître bien longue. La grande majorité des heures qu'elle passera ici se feront dans ces couloirs, seule. Je repense à tous ces gardes qui se sont succédé quand je suis arrivée au palais. Comment arrivent-ils à faire passer le temps ? Je crois que je deviendrais folle si je devais rester des heures debout devant une porte sans rien pouvoir faire d'autre. Si encore ils avaient un bon livre...

— Je ne suis pas très douée en anglais, avoué-je à demi-mot à Drew.

— T'en fais pas, je crois que les professeurs vont te laisser tranquille les premiers jours, le temps que tu t'accommodes au lieu et aux gens. Et puis, je te passerai mes notes. Tu vas faire comment pour rattraper ton retard ?

— Avec des professeurs particuliers... J'en ai déjà un pour l'anglais et une pour l'Histoire. Mais j'ignore les différences entre le programme de la France et d'ici. Je n'étais déjà pas très douée en mathématiques, mais alors si vous êtes encore plus avancés... Sans oublier que j'ai manqué un mois de cours avec tout ce qui s'est passé.

Je la sens. L'angoisse est de retour et est en train de me serrer la gorge. Énumérer tout ce qui ne va pas, tout ce que je dois résoudre n'est certainement pas la meilleure manière pour moi de rester sereine.

— Hey... Respire, Adélaïde. Ce sont juste des cours, ça se rattrape, ça s'apprend. Les professeurs seront compréhensifs, tu n'auras même pas besoin de leur expliquer la situation un par un, vu qu'ils sont déjà tous au courant.

— Il faudra que tu me donnes des informations sur eux. Genre, qui est le plus sympa, celui qui le plus irritable, celui qui...

— Je te donnerai tout ça, me promet-il. Mais pas maintenant, le couloir va être envahi d'élèves dans trois, deux, un...

La sonnerie se met à résonner et Drew me jette un sourire, visiblement fier d'avoir été aussi synchronisé avec la sonnerie. Les portes ne mettent pas longtemps à s'ouvrir et les élèves sortent alors. Plusieurs s'arrêtent momentanément en m'apercevant, d'autres sont tellement pris dans leurs conversations qu'ils ne remarquent même pas ma présence.

— Je vais pouvoir te présenter au professeur avant que le reste de la classe n'arrive. Le cours d'Histoire de monsieur Lawrence se trouve au deuxième étage. On a une petite minute avant que nos premiers camarades n'arrivent. Viens, je vais te présenter madame Jaillet.

Nous nous approchons de la porte de la salle de classe et nous y entrons quelques secondes plus tard, une fois que le dernier élève du cours précédent soit sorti. Madame Jaillet a le nez collé à son tableau dont elle efface les dernières traces de craie.

— Bonjour, madame Jaillet, lui adresse-t-il d'un ton enjoué. Je vous souhaite une très bonne année !

— Ah merci, Drew. Une très bonne année à toi aussi et à...

Madame Jaillet s'interrompt dans ses bons vœux lorsque, une fois retournée, elle m'aperçoit. Elle m'adresse un sourire, sans pour autant paraître surprise : tous ont probablement reçu l'information de ma venue.

— Je te souhaite également une bonne année, Adélaïde.

L'année sera bonne, assurément, si tous les professeurs m'appellent par mon prénom plutôt que de m'octroyer des « Votre Altesse Royale » ou « mademoiselle » à tout bout de champ. J'imagine qu'ils ont dû recevoir une directive à ce sujet, pour que je puisse au mieux m'intégrer. Pas facile de se faire des amis quand les professeurs leur rappellent chaque heure de cours que je ne suis pas une simple lycéenne comme les autres.

— Merci, madame. Je vous souhaite une très bonne année aussi.

— Merci. J'espère que tu arriveras à t'intégrer, malgré la situation. Mais je suis certaine que Drew se chargera très bien de toi. N'est-ce pas monsieur Graham ?

— Tout à fait, madame.

— C'est parfait alors, dit-elle en se tournant à nouveau vers moi. Nous avons été informés de ton retard en anglais. Je n'ai aucun doute que Drew pourra également t'aider à ce sujet. Mais sache que nous intervertissons les langues à chaque heure de cours. Je ne peux malheureusement rien faire à ce sujet, mais j'essaierai de t'apporter un peu d'aide entre deux lectures ou exercices.

— Merci, madame. Mais, ne vous en faites pas pour moi. Donnez votre cours comme vous le faites d'habitude, je ferai de mon mieux pour comprendre et rattraper les quatre mois que j'ai manqués.

— C'est tout ce que je te souhaite. Accroche-toi, Adélaïde et garde la tête haute.

Je fronce les sourcils. Voilà de bien étranges conseils de la part d'un professeur. C'est intrigant et j'ai envie d'en comprendre le sens. Parlait-elle des cours ou d'autre chose ?

Je n'ai malheureusement pas le temps de satisfaire ma curiosité que les premiers élèves de ma classe font leur entrée. Drew ne tarde pas plus longtemps pour m'inviter à le suivre et à s'installer à sa table, dans la deuxième rangée près de la fenêtre. Il m'indique celle à sa gauche et je m'assieds sur le siège, en espérant qu'il ne s'agisse pas de la place d'une autre personne. Au vu du regard d'une jeune fille et de sa brève hésitation, j'en déduis que si. Je m'apprête à lui rendre sa place lorsque Drew m'arrête en posant sa main sur mon bras.

— Garde la tête haute. Tu te souviens ?

« C'est juste une place ». C'est ce que je veux répondre, mais je laisse tomber l'affaire. Ce n'est plus le moment : tout le monde est déjà installé et sort ses affaires. Je fais de même, mais je remarque rapidement qu'ils ont tous le même livre sur la table. Alors que la panique m'envahit à l'idée d'être encore plus perdue, le bouquin fait son apparition sur mon banc. Je lève la tête et remercie instantanément madame Jaillet.

— Page 65, me murmure Drew.

Je lui adresse aussi un sourire soulagé avant de l'ouvrir à la page mentionnée. Le cours commence dans la langue de Shakespeare, à mon plus grand désarroi. J'ai un bic à la main, juste au-dessus d'une page vierge, prête à écrire les quelques rares informations que je serai amenée à comprendre à travers cette première heure. Apparemment, les élèves ont dû lire ce fameux livre durant les vacances de Noël. Si j'avais su, je suis sûre que les derniers jours écoulés m'auraient permis de le faire. Je lis le titre et cela me paraît familier.

« The Handmaid's Tale ? Où est-ce que j'ai bien pu entendre ça ? »

J'écris le titre sur la feuille avant de mettre un point d'interrogation juste à côté et de l'entourer. Il faudra que je me renseigne.

Le cours passe vite. J'aurais cru que le temps me paraîtrait plus long, vu que je n'ai pas compris grand-chose. J'ai saisi le principe de l'exercice, mais difficile de comprendre quoi que ce soit, surtout quand on n'a pas lu le livre.

Lorsque la sonnerie retentit, je cale ma vitesse de rangement avec celle de Drew. Nous sortons pratiquement les derniers. C'est là que je remarque les regards. Durant le cours, j'étais tellement concentrée sur la compréhension de la langue étrangère que ça m'avait permis d'oublier où je me trouvais et que j'étais entourée. Une fois dans le couloir, la langue et l'histoire du livre n'étaient suffisamment plus présents dans mon esprit et toute la réalité m'est revenue violemment à la figure. Tous me regardaient, plus ou moins discrètement. Deux ou trois filles m'ont même pointée du doigt, ce qui n'est franchement pas agréable.

— T'en fais pas, me glisse Drew à l'oreille. Cela finira pas se tasser. Ils vont s'habituer à ta présence, à celle de Phoebe. Dans quelques semaines, cela ne sera qu'un vague souvenir. Et puis, la plupart d'entre eux ne vont pas plus loin que l'observation, tu ne seras sûrement pas embêtée.

Je suis contente que ce soit Drew qui ait été chargé (ou ait demandé à) de s'occuper de moi. Il est très rassurant et chaleureux. C'est ce dont j'avais besoin, surtout entre Philippe qui est toujours incompréhensible et mon cousin Nathaniel qui m'a donné une sensation désagréable. Je n'arrive toujours pas à me l'expliquer, mais un frisson me parcourt l'échine rien que d'y penser.

— Et puis, comme je te l'ai dit, je vais te faire rencontrer mon groupe d'amis. Je crois d'ailleurs qu'une de ces têtes te sera familière.

— Familière ? Ne me dis pas que ton groupe d'ami comporte Philippe ?

Et là, c'est la panique. Si c'est le cas, il va vraiment croire que je marche sur ses plates-bandes.

— Philippe ? Non, non. Il a sa propre bande d'amis et, vu nos deux ans de différence, je n'ai jamais eu l'occasion de discuter avec lui. J'imagine que les gens espéraient que l'héritier et le fils du Premier ministre deviennent amis, mais ça n'est pas le cas. Non, je parlais de ta cousine, Madeleine.

— Madeleine ? Je suis encore nouvelle dans cette famille, mais je pensais qu'elle avait le même âge que Philippe...

— Oh, c'est le cas, mais elle sort avec l'un de mes meilleurs amis. Du coup, elle a intégré la bande il y a... hum, deux mois et demi ?

Ça me fait plaisir de découvrir qu'une de mes cousines se trouve dans le même lycée et que je vais pouvoir passer un peu plus de temps avec elle. Durant les fêtes, j'ai souvent été accaparée par les adultes. Je n'ai pas beaucoup passé de temps avec les adolescents ou les enfants. Je connais à peine leur nom et leur âge pour certains. C'est une bonne occasion de faire connaissance et de, peut-être, créer un lien. Je n'ai jamais eu de cousines, j'ignore comment est censée être notre relation.

Nous rejoignons la cafétéria et je me laisse guider par les pas de Drew. Ils ont sûrement une table attitrée, comme souvent lorsque l'on a un groupe d'amis. Nous atteignons une table non loin des grandes baies vitrées du fond et suffisamment proche des distributeurs de boissons, de bonbons et du self-service. Il y a une petite dizaine de personnes déjà attablées, dont Madeleine avec ses grands yeux verts et ses légères boucles brunes. Elle m'adresse un large sourire et, d'un signe de la main, m'invite à m'installer à ses côtés. Une fois assise, elle se penche vers moi et me parle tout bas.

— On va enfin pouvoir parler, me dit-elle avec amusement. Pour une fois, c'est moi qui vais pouvoir t'accaparer. Pas de grands-parents, pas d'oncles, pas de tantes. Ah, au fait, ajoute-t-elle en s'adressant à toute la table, le premier qui emmerde ma cousine, il aura affaire à moi.

— Si cela peut te rassurer, Maddy, lui adresse Drew, je crois qu'aucun d'entre nous ne le fera. Si tu veux, je te trouve un mégaphone et tu pourras faire une annonce publique à l'heure du déjeuner.

— Ne me tente pas, je risquerai de le faire.

— Et qu'est-ce qui t'en empêche ? la questionne-t-il.

— J'ai du respect pour ma cousine. Je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure des solutions pour que sa rentrée se passe bien.

Madeleine avait parfaitement raison. Même si je savais qu'il était impossible que je passe inaperçue à cause des circonstances, s'adresser à la foule d'adolescents avec un mégaphone n'allait pas arranger les choses. Je voulais me faire toute petite. Pas de discours, pas d'esclandres. J'espère que Philippe n'en créera pas, mais vu qu'il m'adresse à peine la parole, cela ne risque pas. Ce problème est toujours dans un coin de ma tête et savoir que notre cousine est là pourrait être un avantage. Elle le connaît mieux que moi et pourra m'aider à trouver les mots ou les actes pour arranger notre relation. Je ne veux pas me tourner vers nos parents ou un autre adulte de la famille. Cela se retournerait contre lui et ne ferait qu'empirer la situation. C'est à nous deux de gérer ça, il ne reste plus qu'à savoir comment et à prier pour qu'aucun des gardes du corps ne dise un mot à monsieur Sutton ou à nos parents sur ce qui s'est passé ce matin, dans la voiture. Ils ne pourraient rien faire de positif, ça ne ferait que les inquiéter.

— Comment ça se passe pour le moment ? me questionne Madeleine d'une voix attentionnée.

— Euh, hésité-je quelques secondes, disons que ça va. C'est en grande partie grâce à Drew. J'aurais sûrement pris mes jambes à mon cou s'il n'avait pas été là.

— Oui, j'imagine... Mais je suis sûre que tout se passera bien. Et puis, papa sera content de savoir que tu as été bien accueillie. Il s'inquiète beaucoup.

Oncle Ernest. C'est la personne que je préfère de toute la famille. C'est aussi celle que je connais le mieux, ça doit jouer. Et puis il est drôle, ce qui me permet d'oublier un peu la situation dans laquelle je me trouve lorsqu'il est là. J'aurais aimé qu'il soit là lorsque, à la fin de cette rentrée très éreintante mentalement, la sonnerie du dernier cours a retenti.

Ma première journée de huit heures au lycée vient de s'achever. Après six cours différents, sept si on n'avait pas « séché » la première, dont quatre en anglais, je dois avouer que j'ai les batteries totalement à plat et le cerveau en compote. Le fait de me rendre compte de tout ce que je dois rattraper, autant au niveau matière et et apprentissage de la seconde langue nationale, sans oublier tout ce qui m'attend par rapport à mon statut de... eh bien, de princesse, ça fait beaucoup. C'est épuisant. Même si la dernière partie n'est pas pour tout de suite, heureusement. Il faut en premier que je me concentre sur le lycée et mes professeurs particuliers. Pour le reste, on verra ça quand je me sentirai moins oppressée par les connaissances que je dois acquérir.

Je sors de la classe en étant pratiquement la dernière. Phoebe est toujours là avec son sourire serein. Les couloirs sont presque vides et finissent par l'être totalement, car mes pas sont excessivement lents. Je n'ai pas envie d'atteindre la cour, mais surtout le trottoir où un tas de personnes doivent m'attendre, et encore moins la voiture où Philippe, lui, ne veut pas m'attendre. J'accélère le pas en pensant à lui. Je ne veux pas qu'il patiente de trop et qu'il me le reproche ensuite. Il ne faut pas que je fasse de faux pas. Le moins possible en tout cas.

Six ou sept pas doivent séparer la grille du lycée de la voiture qui m'attend. Je la vois d'ici, alors que je suis à la moitié de la cour. Je perçois aussi le brouhaha d'une petite foule de l'autre côté de ces murs de pierres. Je dois faire comme grand-mère me l'a suggéré. Sourire et ne pas courir. Cela devrait durer quelques secondes, je peux le faire. De toute manière, je n'ai pas le choix. Alors je m'élance après un moment d'hésitation et dépasse l'entrée. Immédiatement, les voix se font beaucoup plus fortes et les lumières des flashs m'aveuglent presque. Je souris. Ou, tout du moins, je fais naître un rictus forcé en faisant les quelques pas vers la voiture. Phoebe est derrière moi et c'est ça qui me rassure. Ma portière est déjà ouverte, tenue par Toby et le sourire qu'il m'adresse me donne de la force pour affronter ce petit trajet en voiture avec la personne qui me déteste le plus dans cette famille : mon propre frère. Ces trois mots me brisent littéralement le cœur, moi qui avais tant rêvé, pendant toutes ces années d'avoir une fratrie. Je donnerai tout pour qu'il puisse s'ouvrir à moi.

Tout, à quelques exceptions près. 

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