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Trente-sept


Début des vacances d'été

Mes yeux ne quittent pas l'écran de l'ordinateur, lisant les titres des nombreux articles publiés ces derniers jours. Pour la plupart, j'y vois des félicitations pour l'obtention de mon diplôme. S'ils savaient les notes minables que j'ai eues et que j'étais pas loin de repasser par la case "redoublement", je ne suis pas sûre qu'ils me congratuleraient autant. Heureusement, mes résultats ont été mis à l'abri et, à moins qu'un des professeurs se laisse amadouer par une somme d'argent ou que le système de l'école soit piraté, personne n'en saura jamais rien !

Au-delà des félicitations, beaucoup s'interrogent sur mon avenir universitaire. Aucune annonce n'a encore été faite à ce sujet et tous se demandent quelle université je rejoindrais, si je serais dans la même que Drew, mon super meilleur ami (c'est comme ça qui le surnomme). Depuis son anniversaire, notre amitié a été mis en avant et il est assez courant que certains nous prêtent une relation plus qu'amicale. Je me demande si la presse a des limites. Sur quels sujets ne peuvent-ils pas écrire ? Ou, au contraire, n'ont-ils aucune limite concernant notre famille ?

Je referme l'écran de l'ordinateur avant de me redresser. Nous sommes lundi et j'ai enfin du temps à accorder à tout le monde, à commencer par moi-même. Une partie de moi angoisse à l'idée d'avoir tout ce temps libre. J'ai peur de m'effondrer. J'ai peur que l'absence de ces cours, de cet emploi du temps chargé, laisse de la place à mes pensées, je ne veux plus jamais me tourner vers le passé... Mais je crains que cela soit compliqué, au vue du procès qui aura lieu lors de la prochaine année scolaire, dans quelques mois. Je l'ai appris dans les journaux, ayant demandé à tout le monde de ne plus jamais me mentionner ceux qui se sont fait passer pour mes parents pendant toutes ces années. J'aimerais pouvoir tout oublier. Tout ôter de mon esprit. Je préférerais être amnésique que de me souvenir de leur visage et de tous les mensonges qui m'ont été servies.

Je sors de la chambre, Duchesse sur mes talons. Il fait bon aujourd'hui et je compte profiter de l'extérieure plutôt que de rester cloîtrer dans ma chambre. D'autant que les lourdes chaleurs commencent dès demain et que je risque plus de tenir compagnie au ventilateur qu'aux arbres, supportant très mal les températures élevées. J'ai hâte d'être à jeudi, dans trois jours, lorsque nous quitterons le palais pour rejoindre l'une des résidences secondaires appartenant à la famille royale et se trouvant non loin de la plage. Je frémis de bonheur rien qu'à l'idée de tremper mes pieds dans l'océan et de découvrir une autre partie du pays que le palais et le lycée. C'est à peine si je connais la capitale en dehors du refuge pour animaux que j'ai inauguré lors de ma première sortie officielle. Depuis, je ne suis plus sortie en publique. Maman voulait que je me concentre sur ma dernière année de lycée et je n'allais pas la contredire. Grand-mère, elle, aurait voulu que j'enchaîne les représentations en publique. C'est ce que je compte faire à partir de maintenant. Du moins, après les vacances en famille.

Le bal de ma majorité approche à grand pas. Dans deux mois à peine, je devrais enfiler une robe somptueuse, me mettre à danser et saluer tous un tas de gens que je ne connais pas. N'ayant pas pu caser mes cours de danse jusque là, mon professeur me rendra visite dès ce samedi, dans la demeure au bord de la mer. Quant à ma robe, dont on a pris mes mesures il y a trois semaines, j'ai droit à une séance d'essayage mercredi, la veille de notre départ. Grand-mère a commandé pas moins de quinze robes. Des robes unis comme à motifs. Maman et elle n'ont toujours pas su se décider sur ce qu'elles voulaient que je porte et j'ai fini par leur faire comprendre que c'était à moi de choisir. C'était la première fois que j'arrivais à m'immiscer entre elles et la fermeté dans ma voix a fini par avoir raison d'elles. J'ai enfin un peu de contrôler sur mon événement !

Quant à la longue liste des invités, qui est officiellement bouclé et compte précisément deux-cent nonante-huit invités, grand-mère me l'a imprimé avec des photos et un commentaire personnalisé sur chacun d'entre eux. Il fait près d'une centaine de pages et est devenu le livre que j'apporte dans ma valise. Y a plus captivant comme lecture, mais je n'ai pas vraiment le choix : je veux être à la hauteur, même s'il est peu probable que je salue chacun des deux-cent nonante-huit invités.

Mon esprit se focalise à nouveau sur les vacances, la plage et le soleil. Mais, ce qui me ravit le plus, c'est que durant les trois semaines que nous allons passer là-bas, deux d'entre elles se feront sans la présence de Philippe et ça, c'est un cadeau tombé du ciel. Je n'ai plus de culpabilité à dire que je me porte mieux quand il n'est pas dans les parages. Je n'ai pas besoin de réfléchir à ce que je vais dire et je n'ai pas non plus l'angoisse de le croiser au détour d'un couloir. J'aimerais être sereine plutôt que d'avoir mal au ventre et avoir un pincement au coeur à chaque instant de chaque journée. Si encore il avait fait des efforts, je l'aurais accueilli à bras ouverts, mais le statut quo est toujours le même. Ca fait plus de six mois que rien ne change et, bien que cela soit pesant, je dois apprendre à lâcher prise. Il y a parfois certaines choses qui ne dépendent pas de nous et ce serait du temps perdu que de se faire un sang d'encre pour des choses qui dépassent notre contrôle.

J'arrive enfin dans le jardin et, alors que je viens à peine d'atteindre la dernière marcher, quelque chose me tombe dessus. Il ne me faut qu'une demi-seconde pour remarquer que ma jambe gauche est détrempée. À mes pieds, il y a quelque chose de rouge. Je n'ai pas besoin de plus d'indice pour comprendre que Lilianna, dont les éclats de rire sont en train de me parvenir, vient de déclarer la guerre. Je me tourne vers les bruits et vois sa petite tête dépassée légèrement du tronc d'arbre.

— Tu m'attaques alors que je n'ai pas de minutions ? m'exclamé-je avec effroi. Je te pensais plus fair-play !

— Ca s'appelle l'effet de surprise, princesse ! annonce-t-elle fièrement.

— Heureusement que tu sais viser n'empêche, j'aurais pas apprécié que tu t'attaques à Duchesse !

— En vrai, je ne sais pas viser... J'ai juste eu de la chance.

— T'as vraiment de la chance, Lili. Bon, à mon tour. Où est ta réserve de ballons ? Ne crois pas que je ne vais pas me venger !

— Bah, à vrai dire...

Lilianna se dégage de l'arbre, de sorte à ce que je puisse voir tout son corps. Je discerne aussi l'imposant pistolet à eau qu'elle tenait caché dans une de ses mains. Maintenant qu'il est visible, elle le porte à deux bras, prêt à tirer dans ma direction.

— Dis-moi qu'il y en a un quelque part pour moi ? Ou es-tu aussi mauvaise joueuse que je le pense ?

— Je ne suis pas une mauvaise joueuse ! se défend-elle. Je ne joue simplement pas avec les mêmes règles que toi. Et puis, c'est beaucoup plus marrant...

— Pour qui ? Surtout pour toi !

— Exactement ! annonce-t-elle triomphalement.

Son regard est plus déterminé que jamais et j'ai à peine le temps de faire un pas en arrière qu'elle se met à tirer. J'esquive le premier jet d'eau de très peu, à peine quelques centimètres. D'un coup d'oeil, je vois que Duchesse m'a l'air bien joueuse, mais j'avoue ne pas trop apprécié de ne pas me battre à arme égale ! Je rejoins l'entrée en courant, bien déterminé à aller chercher quelque chose pour contrecarrer ses attaques. J'arrive sur la petite terrasse, je suis à deux pas d'entrer dans la bâtisse quand le passage m'est barré par la présence d'un tiers, lui aussi armé d'un pistolet à eau aussi grand que celui de Lilianna.

— Non mais c'est une blague ! protesté-je avec désarroi. Vous m'avez vraiment tendu une embuscade où c'est juste une drôle de coïncidence ?

— Grosse coïncidence alors, répond papa, hilare. Etais-tu en train de fuir ta soeur ?

— Non, répondé-je d'une voix peu convainquante.

— On a caché deux autres armes dans le jardin, je te conseille de courir.

— Tu te fous de moi ? T'as vu la taille de ce "jardin" ? Sérieux, arrêtez d'appeler ça un jardin et nommez-le comme il se doit : c'est un parc !

Je me fais attaquer par un jet d'eau dans mon dos ce qui me fait sursauter. Je fais légèrement demi-tour, le regard passant de ma soeur à mon père. Je suis prise en étau.

— Tu veux vraiment débattre sur le nom qui convient le mieux à notre extérieur ou tu vas enfin te mettre à courir ? me questionne-t-il avec amusement.

Je crois que je n'ai pas vraiment le choix. Je ne peux pas entrer en tout cas, alors je me mets à courir sans les avertir. Je passe devant ma soeur qui arrive encore à me tirer dans le dos. Ils me font rire : comment je suis censée trouver un pistolet à eau dans un endroit aussi grand où il y a une bonne centaine d'arbres, de haies, de plantes ? J'ai vraiment à faire à des sadiques sur ce coup là. S'il avait peur que je manque de sport maintenant que l'année scolaire est terminé, je dois bien avouer que la menace d'une douche toute habillée me fait courir bien vite. Bien trop vite : je finis par être essouflée en quelques minutes à peine. Il me faut une bonne quinzaine de minutes avant de trouver l'un des deux pistolets dissimulés. Quinze minutes où je me suis fait surprendre plus d'une fois, me retrouvant trempée de la tête au pied. Maintenant, c'est à mon tour de vider mon chargeur sur eux !

Je crois que c'est la première fois depuis mon arrivée dans ce pays que je ris autant. Durant cette après-midi avec Lili et papa, je retrouve mon insouciance. Il n'y a que les éclats de rire dans l'air. Rien d'autre que le bonheur n'importe. Je ne ressens aucune mauvaise onde, je me sens juste bien, à ma place. Je suis heureuse comme jamais je ne l'avais été auparavant. Je comprends enfin ce que c'est.

* *

*

J'arrive dans le salon du rendez-vous une dizaine de minutes avant l'heure. Je pensais être la première, mais je suis surprise de voir que la couturière est déjà là avec son portant. Un tissu noir le recouvre, de sorte que l'on ne puisse pas distinguer les robes. Cela doit aussi les protéger.

— Bonjour madame Gardner, la salué-je d'une voix joyeuse.

La femme d'une quarantaine d'années, aux cheveux roux relevés dans un chignon soigné d'où ne dépasse aucune mèche de cheveux, se tourne avec un léger sursaut. La seconde d'après, elle effectue une révérence.

— Votre Altesse Royale, dit-elle avec calme. Pardonnez-nous, je ne vous ai pas entendu arriver.

— Il n'y a pas de mal, voyons. Comment allez-vous ?

— Très bien, et vous, mademoiselle ?

— Je vais bien... J'avoue être excitée à l'idée de découvrir les robes que vous avez ramenées avec vous.

— J'espère que vous trouverez votre bonheur et que cela plaira également à Leurs Majestés.

— Elles ne vont sûrement pas être d'accord sur le choix de la robe, mais ce n'est pas grave car c'est moi qui choisis ! Et je suis absolument certaine que je vais trouver mon bonheur dans les quinze robes. Je ne suis pas très difficile de toute façon.

Madame Gardner m'adresse un sourire tandis que maman et grand-mère font leur apparition. Après les salutations formelles, nous prenons toutes les trois places sur le canapé, face à la couturière et son portant. Après un bref speech d'introduction, elle ôte le tissu noir et je commence à apercevoir les tissus, couleurs et longueurs différents de chacune d'entre elles. j'ai encore du mal à les viasualiser tant il y en a, mais les quelques informations que je perçois me mettent déjà l'eau à la bouche.

Durant la quinzaine de minutes qui suit, madame Gardner nous présente les robes une par une, avec explication et vision sous toutes les coutûres. Durant toute la séance, aucune de nous ne parle. Je ne laisse rien paraître sur mon visage, de sorte qu'elles ne puissent pas savoir vers laquelle de ses créations va mon coup de coeur. Mais moi, je sais. Je l'ai su tout de suite quand je l'ai vu. J'ai eu le coup de foure pour une robe en particulière.

— Alors, qu'en dites-vous ? Est-ce que l'une d'entre elles vous plait plus particulièrement ?

Madame Gardner nous regarde tous les trois, mais c'est sur moi que son regard se porte plus longuement et en dernier lieu. Je finis par hocher la tête, un large sourire se dessinant sur mon visage. Je ne peux pas cacher ma joie plus longtemps ! Je me lève ensuite avant d'attraper la tringue en question et annoncer mon choix.

— Oh, Della, lâche grand-mère avec bonheur, ce choix est absolument parfait.

— Merci grand-mère, répondé-je avec soulagement. Maman, qu'en dis-tu ?

— J'en dis que c'est une vraie robe de princesse, dit-elle avec émotion. Tu vas être éblouissante dedans.

— Puis l'essayer tout de suite ? les interrogé-je toute trois avec impatience.

— Bien entendu, ma chérie. Vous pouvez aller dans ta chambre, nous allons demander à madame Millet de nous apporter du thé et quelques gâteaux pour célébrer ça. Aimez-vous le thé madame Gardner ?

— Oui, madame.

— Parfait !

Madame Gardner s'empare de la robe avec délicatesse avant que nous ne sortions du salon. Nous montons ensuite les quelques marches avant de nous retrouver à l'étage de nos "appartements privés" comme les appellent papa. Une fois dans ma chambre, je retire mes chaussures et mon pantalon en trépignant d'impatience.

— Elle est tellement magnifique ! complimenté-je sa créatrice. Je vais avoir si peur de la tâcher ou de la froisser.

— Vous serez parfaite, mademoiselle, je n'en ai aucun doute.

— C'est gentil, dis-je d'une petite voix.

Une fois en sous-vêtements, je me laisse guider par ma marraine la bonne fée et, en moins de deux, je suis métamorphosée en princesse de contes de fées. La robe est douce, élégante et magique. Elle est aussi longue, cachant mes pieds. Je pourrais peut-être monayer avec grand-mère pour porter de petits talons plutôt que ceux, vertiginieux, qu'elle souhaite me faire porter. Après tout, il faudrait avoir des yeux de lynx pour voir les chaussures que je porterai.

Je me regarde dans le miroir. Je détaille la robe une seconde fois. Le tout est blanc, mais à partir de la taille et en remontant, il y a une jolie dentelle bleue foncée et pailletté en forme de fleurs. Le tissu au-dessus de la poitrine est si fine et transportante qu'on pourrait penser que c'est la dentelle qui tient mes épaules, alors qu'il n'en est rien. C'est délicat, magique, féérique, princier. En d'autres termes, c'est juste parfait. Elle est également plus légère que je ne l'aurais imaginé, ce qui est de bon ton pour les températures estivales de début septembre.

— Souhaitez-vous mettre un paire de talons pour montrer l'ensemble ? me propose-t-elle.

— Euh, oui. C'est une bonne idée !

Je m'éloigne du miroir et m'approche de mon armoire à chaussures. Je prends la première paire de talons qui me vient. Ce sont le genre de chaussures que je ne porte pas souvent, voire pratiquemment jamais. J'angoisse un peu à l'idée de m'en chausser, mais surtout de descendre les escaliers. Le combo chaussures et robe longue n'est peut-être pas la meilleure solution lorsqu'on a deux pieds gauches, mais il va falloir que je m'entraîne alors autant commencer le plus tôt possible.

Lorsque je suis prête, je donne le signal à madame Gardner et nous sortons de la chambre. Une autre porte se ferme en même temps que la nôtre et je tourne la tête vers la provenance du son. L'espace d'un moment, je m'inquiète à l'idée qu'il s'agisse de Philippe, mais c'est le visage rassurant de Toby que croise mon regard. Il n'est qu'à quelques mètres de moi et ça fait si longtemps que je ne l'ai pas vu seul à seul que je me retourne précipitamment vers madame Gardner.

— Vous pouvez y aller, lui dis-je d'une voix chuchotée, vous pouvez leur dire que je serai là dans cinq minutes.

La couturière hoche la tête et prend le chemin inverse au moment où Toby arrive à ma hauteur. Je reporte mon attention sur lui, un peu gêné de le voir en étant habillée de la sorte.

— Bonjour Adélaïde.

Toby me salue d'une petite voix en jetant des regards vers la couturière qui arrive tout juste près des escaliers. Nous ne sommes pas encore totalement seuls, il ne veut pas prendre de risque qu'on l'entende me parler sans tout ce protocole.

— Bonjour Toby, lui renvoyé-je avec affection. Comment vas-tu ?

— Je vais très bien et toi ? Est-ce la robe que tu as choisie pour le bal de ton anniversaire ?

— Oui, je crois que ce sera celle-là... en fait, j'en suis sûre. J'ai eu un coup de coeur pour elle.

— Je comprends pourquoi. Tu es absolument ravissante dedans, me complimente-t-il d'un sourire.

— Merci...

Je rougis probablement, je suis mal à l'aise. Je ne sais pas pourquoi ces mots ont un tel effet sur moi. Nos entrevues sont si espacées depuis les vacances de Noël que je suis toute excitée à chaque fois que je le croise au détour d'un couloir et que nous pouvons échanger quelques mots. J'en perds mon calme et, après coup, je me trouve ridicule.

— Au fait, félicitations pour ton diplôme.

— Oh si tu savais les notes que j'ai eues, tu ne me féliciterais pas ! m'exclamé-je d'une voix désespérée.

— Adélaïde, dois-je te rappeler tout ce qui t'es arrivé cette année ? C'est impressionnant que tu aies pu autant t'investir dans tes études en sachant tout ça. Si j'avais été à ta place, j'aurais très certainement décroché pendant plusieurs mois. Vraiment, je suis impressionné, tu peux être fière de toi.

Je suis toujours très mal à l'aise quand on me complimente ou qu'on dit qu'on est fier de moi. J'ai toujours l'impression que c'est de la gentillesse ou de soutien, pas forcément la vérité. Mais pas avec Toby. Je n'arrive toujours à comprendre comment, mais j'ai confiance en lui.

— Tu es toujours aussi dure avec toi-même, n'est-ce pas ? me questionne-t-il d'une voix compatissante.

— Je ne peux pas m'en empêcher, surtout quand j'ai l'impression de ne pas être à la hauteur. Sur aucun des plans.

— Alors, qu'à l'évidence, tu l'es. Sur tous les plans.

— Comment peux-tu le savoir ?

— Parce que même si on ne se voit pas beaucoup et que je suis très discret, j'entends tout et je sais tout. D'autant que, comme tu le sais, monsieur Sutton te porte dans son coeur et ne tarit pas d'éloges envers toi.

Aiden Sutton... Cet homme me manque. Nous nous voyons beaucoup mois depuis quelques mois, surtout depuis que j'ai été prise en charge par mes propres gardes du corps. Lorsque j'ai commencé à m'intégrer, il a comme disparu, se terrant dans son bureau au premier sous-sol. Il ne sera pas responsable de nous durant nos vacances, prenant les siennes en même-temps. C'est son adjoint qui prendra ses responsabilités. J'irai le voir avant le dîner, j'ai envie de parler un peu avec lui.

— C'est un homme incroyable, dis-je. Je ne sais pas comment se serait passé mon arrivée ici si ça avait été quelqu'un d'autre. Moins bien, j'imagine. Sutton m'a beaucoup aidé, même s'il ne s'en rend sûrement pas compte.

— Vous êtes un peu pareils tous les deux. Vous ne vous rendez jamais compte de votre valeur, vous doutez toujours de vous.

— Tu crois que ça s'estompt en vieillissant ?

— J'imagine que ça dépend d'un bon nombre de choses. Mais je crois que ça ira pour toi, tu es bien entourée.

— Bien entourée ? Tu parles du garde du corps que je croise de temps à autres et qui ne peut pas s'empêcher de me complimenter ? De me rappeler que je suis à la hauteur ? plaisanté-je.

— Si j'en fais parti, cela me rend heureux.

Nous nous échangeons un sourire plein de tendresse. Toby est d'un soutien sans faille malgré le fait d'être le garde du corps de mon frère. Il m'est parfois arrivé de vouloir savoir s'il leur parle de moi. Enfin "s'il râle sur moi" serait plus pertinent. Mais je n'ai pas envie d'en parler ou de me gâcher la journée. Elle est si belle jusque là !

— J'aimerais pouvoir continuer à discuter avec toi, avoué-je sans détour, mais maman et grand-mère m'attendent dans le salon... Est-ce que tu t'occuperas de Philippe durant ses engagements et les vacances ?

— Affirmatif, approuve-t-il. Je prends toujours mes semaines de congé durant le mois d'octobre.

— On aura donc plus de chances de se croiser dans la résidence secondaire. Enfin, j'imagine qu'elle est quand même plus petite que ce palais ?

— Oui, elle l'est, me confirme-t-il dans un rire. Nous nous recroiserons.

J'aimerais continuer à parler avec lui pendant des heures, et nous enfermer dans une des nombreuses bibliothèques d'abrite ce lieu. Cependant, je suis attendue et je ne pense pas que ce serait bon pour Toby qu'on me retrouve avec lui, un bouquin chacun dans une main. Je prends mon courage à deux mains avant de lui adresser un sourire un peu triste et pivoter vers les escaliers. Je fais quelques pas vers eux et, hésitante, m'arrête avant de débuter ma descente. Je ne me sens bizarrement pas très sûre de moi dans cette robe et ces talons.

— Est-ce que tout va bien ?

Toby est de nouveau à mes côtés, l'air inquiet de me voir tout à coup aussi stoïque. Je repose mon regard sur la vingtaine d'escaliers et suis soudainement prise de vertiges.

— J'ai l'image de mon corps dégringolant les escaliers et d'une robe déchirée, lâché-je effarée.

— Je peux peut-être aider pour ça, annonce-t-il joyeusement.

Je lève à nouveau mon visage vers lui et remarque son bras tendu. Je m'en empare sans hésiter, soulagée qu'il y ait quelqu'un pour me rattraper si je tombe. Soulagée, mais pas étonnée. C'est Toby après tout.

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