Trente-et-un
Toutes mes excuses pour le retard de publication et de réponses aux commentaires. Je suis hyper inspirée et concentrée sur l'écriture de ce tome (à l'heure actuelle, je viens de finir l'écriture du chapitre 38). J'étais tellement focalisée sur l'écriture que je n'arrivais pas à revenir en arrière pour corriger et publier. J'approche peu à peu de la fin de ce tome. J'espère que l'histoire vous plaît toujours autant. Merci d'être toujours là, de continuer à faire vivre cette histoire grâce à vos votes et commentaires ♥
Lorsque je me réveille au petit matin, Madeleine a disparu. Je mets ça sur le compte de son estomac et son irrésistible envie de manger. Du moins, c'est ce que j'espère. C'est la première fois que je faisais une soirée pyjama avec une amie, j'ignore totalement si je ronfle ou si je bouge beaucoup pendant mon sommeil.
Je profite de mon lit quelques minutes supplémentaires avant de me redresser et de donner un coup de peigne dans mes cheveux. Après avoir donné son petit-déjeuner à Duchesse et un bol d'eau fraîche, je rejoins la salle à manger d'où émane, alors que je suis toujours dans le couloir, la douce odeur des plus délicieuses crêpes au monde. Une fois à l'intérieur, je m'arrête net en apercevant grand-mère, assise à table. C'est assez rare de la voir de si bon matin, la Reine-Mère possédant son propre domicile et armée de cuistots.
— Eh bien, ma petite-fille, on dirait que tu as vu un fantôme, m'adresse-t-elle avec amusement. Tu devrais t'asseoir et avaler quelque chose avant de tomber dans les pommes.
— Désolée grand-mère, c'est juste que je ne m'attendais pas à te voir de si tôt.
— Oh ? Souhaites-tu que je revienne plus tard ?
— Non, bien sûr que non !
Elle doit vraiment tenir à cette fête d'avenir pour être déjà levée, apprêtée et avoir sûrement déjà déjeuné, au vu de son assiette vide. Je sens que je ne vais pas avoir une seule minute de répits aujourd'hui. Moi qui pensais pouvoir m'accorder une longue promenade avec Duchesse dans le parc royal. Je crois que je vais devoir remettre ça à plus tard.
— Je suis contente que tu sois là, Madeleine, reprend-elle alors que je m'installe sur ma chaise. Je suis sûre que tu pourras nous aider pour la fête d'anniversaire de ta cousine.
— Le bal, grand-mère, la corrige Madeleine. Dire que c'est un bal, c'est beaucoup plus classe qu'une simple fête.
— J'espère que t'as prévu des cours de danse dans toute ta liste de notes, dis-je d'un soupir. Je n'ai pas le rythme dans la peau et j'ai deux pieds gauches, il vaudrait mieux en engager un.
— Oui, tu marques un point. Je rajoute ça à ma liste. Il ne faudrait pas que la princesse ne sache pas danser lors de son bal. Que penseraient les invités ? D'ailleurs, les concernant, j'ai pensé que...
— Maman, l'interrompt la Reine. Peut-être seraient-ils bon que tu laisses les filles prendre leur petit-déjeuner avant de lancer les hostilités, qu'en dis-tu ?
Grand-mère lâche un soupir, ennuyée d'avoir été coupée en si bon chemin. Elle finit par hocher la tête alors que je me saisis de ma première crêpe. La première d'une longue liste, car lorsque je sors de table, mon ventre a presque doublé de volume. Je traîne un peu des pieds sur le chemin qui me mène à ma chambre, Madeleine à mes côtés.
— Profite de ta douche, me conseille-t-elle. Ce sera le seul moment de la journée où tu pourras être seule. Une fois que nous serons avec grand-mère, tu ne pourras plus t'éclipser. J'espère que tu as prévu des aspirines, tu vas en avoir besoin.
— Tu me donnes envie de prendre la fuite, Maddie. Je suis sûre que ça va très bien se passer, Grand-mère ne doit pas être aussi... Hum, quel mot utiliserais-tu ?
— Bornée et démesurée, répond-elle sans hésiter. J'aurais bien d'autres mots pour la qualifier lorsqu'elle a la tête d'une organisation, mais arrêtons-nous à ces deux-là.
— J'ai envie de te contredire... mais tu la connais mieux que moi après tout.
Nous arrivons dans la chambre et, après avoir pris des vêtements propres, je file sous la douche. Je profite intensément de ces quelques minutes, comme suggéré par Maddie. Une fois sortie, je mets un certain temps à me sécher les cheveux, me laver les dents ou à m'habiller. Je commence à ressentir une certaine anxiété face à cet événement qui, j'en suis sûre, aura une certaine envergure et importance. C'est une chose de visiter un centre recueillant des animaux abandonnés ou blessés, c'en est une autre de devoir saluer plusieurs centaines d'invités et d'avoir les yeux braqués sur soi durant plusieurs heures. Ça me rassurerait que tous les humains soient remplacés par des chiens ou des chats, mais je ne pense pas que ce serait du goût de grand-mère ou du secrétaire particulier de maman.
Une fois sortie, je laisse la place à Madeleine. Je profite de cette petite demi-heure seule pour répondre au message matinal et quotidien de Drew, lui expliquant également mon programme de la journée. Quelques secondes avant que ma cousine ne sorte de la salle de bain, j'ai droit à un « bon courage » de la part de mon ami. À croire que, lui aussi, est au courant de l'état d'esprit dans lequel est ma grand-mère lorsqu'elle doit organiser un événement.
— Prête ? me demande-t-elle en sortant de la salle de bain.
— Je ne sais pas. Toi et maman, vous me faites peur. J'ai le droit de m'enfuir tu crois ?
— Oui, bien sûr. Enfin, tu peux tenter, mais tu seras rattrapée par au moins trois mecs de la sécurité avant d'avoir réussi à t'approcher d'une des sorties.
— Tu marques un point...
— Allez, viens. Grand-mère n'aime pas qu'on la fasse attendre, ça la rend encore plus... enfin, t'as compris.
Non, je n'ai pas vraiment compris. Enfin, c'est surtout que je ne veux pas comprendre, alors je préfère me taire et quitter la chambre. Nous nous dirigeons ensuite vers le bureau qui est juste à côté de la salle du petit-déjeuner, où maman et grand-mère sont (évidemment) déjà là. Installée derrière le bureau, la première est debout à côté de son siège, le regard perdu sur une tonne de papiers étalés sur toute sa surface. Grand-mère est assise, une tasse de thé fumante posée juste devant elle, sur le peu de place qu'il reste. Je distingue le regard déjà fatigué de maman lorsqu'elle lève son visage.
— Ah, vous voilà enfin ! s'exclame grand-mère avec joie. Nous allons pouvoir commencer sérieusement les préparatifs. C'est la première fois que tu participes à cette activité, Adélaïde, alors je te prierai d'être vraiment très attentive à tout ce qui se dira.
— Moi qui pensais qu'on aurait aussi des employés pour organiser ce genre de choses, tenté-je de plaisanter.
— Oh, mais on en a, m'apprend maman. Habituellement, nous sommes entourés de plusieurs assistants pour l'événement, mais ta grand-mère voulait que la première réunion se fasse en petit comité et en famille. En d'autres termes, elle voulait imposer ses idées dans notre cerveau avant de devoir batailler avec eux sur ce qu'il est possible ou non de faire.
— C'est faux, Hellen. Je voulais simplement passer un moment en famille avec mes deux petites-filles.
Maman ne me paraît pas convaincue par les propos de sa propre mère, c'est du moins ce que j'en déduis en la voyant hausser un sourcil et faire disparaître brièvement son sourire lui donnant un air très sérieux. Maddie et moi nous nous installons de part et d'autre de notre grand-mère en prenant une grande respiration.
— Bon... On commence par où ? Les invités ? Le lieu ? La nourriture ? demandé-je.
— Le lieu ? s'étonne la matriarche de la famille. Il est évident que ton anniversaire se tiendra dans la salle de bal du palais.
Je hoche la tête, me sentant stupide l'espace d'un moment. Les mots sont sortis un peu comme ça, sans trop réfléchir. Au moins, ça fait un souci en moins à régler, plus que trois millions.
— Concernant les invités, poursuit-elle, je crois que nous devrions nous arrêter au nombre de trois cents. Si cela n'avait pas été ta majorité, nous nous serions contentées d'une centaine de personnes tout au plus. Mais c'est un âge important, et c'est surtout une année particulière due à ton retour, il faut donc marquer le coup en invitant les personnes les plus importantes de Waldor, mais aussi d'autres pays. Nous entretenons une très bonne relation avec la famille royale d'Angleterre par exemple. Évidemment, la Reine Mary II a d'autres choses à faire que de se rendre à un anniversaire, mais je lancerai tout de même une invitation. Avec un peu de chance, l'un de ses trois enfants viendra à sa place. Nous devrions aussi envoyer une invitation à la plupart des monarchies encore existantes dans les pays occidentaux, comme le Danemark et l'Espagne pour ne citer qu'eux. Une grande partie des invités seront les membres de la famille, proches comme éloignées. Nous devons inviter, au minimum, les cinquante premiers noms de la ligne de succession et leurs conjoints.
— Et pas leurs enfants ?
— Si l'un des parents est dans l'ordre de succession, il y a de grandes chances que leurs enfants y soient également juste après.
— Ah... ben oui, ça paraît logique, dis-je d'une petite voix.
— Et j'imagine que tu as déjà préparé cette liste d'invités ? la questionne maman.
— Bien entendu. Tu crois que je me suis tourné les pouces toute la semaine ? Elle est juste là.
Grand-mère indique du doigt une petite pile de feuilles, trois ou quatre, agrafées. Maman s'en saisit et nous lui laissons quelques minutes pour la lire entièrement, dans le silence. Il n'est pas vraiment utile que j'y jette un œil, je ne connaîtrais que quelques noms noyés dans la masse.
— Il y a deux cent septante-six noms sur cette liste, finit-elle par dire. Ne m'avais-tu pas parlé de trois cents personnes ?
— Si, effectivement, approuve grand-mère. J'aurais bien voulu ajouter les vingt-quatre noms restants, mais je ne connais pas le nom des amis et camarades de classe d'Adélaïde. Alors, ma chérie, qui souhaites-tu inviter ?
— Euh... Drew ?
— C'est le fils du Premier ministre, il est déjà sur la liste voyons.
Il faut vraiment que j'apprenne à réfléchir avant de parler, plutôt que de poser des questions ou donner des informations qui paraissent pourtant évidentes.
— On est une dizaine dans notre groupe d'amis, mais je me vois mal inviter toute ma classe. Je ne les connais pas beaucoup... Est-ce qu'on pourrait inviter mademoiselle Stuart ? Ma professeure particulière en Histoire ?
Maman attrape un stylo avant de noter mademoiselle Stuart sur la liste. Je lui liste ensuite les onze personnes qui constituent notre groupe, excluant évidemment Drew et Madeleine. Il reste donc douze places potentielles, mais je n'ai pas d'autres idées de noms. Tous ceux auxquels je pense font partie de la famille, du personnel ou sont déjà notés.
— Vous croyez qu'on peut inviter Bono ? Ou Elton John ? dis-je sur le ton de la plaisanterie.
— Pardon ? dit grand-mère, interloquée. Pourquoi les inviterions-nous ?
— J'essaie juste d'utiliser les avantages d'être une princesse pour rencontrer mes idoles !
Maddie s'est faite silencieuse jusqu'ici, mais elle se met doucement à rire tout en approuvant mon idée d'un pouce levé.
— Oh grand-mère, m'apporte-t-elle son aide, on pourrait leur envoyer une invitation non ? Ils pourraient chanter pour la princesse miraculée. Je suis certaine qu'ils ne passeraient pas à côté de cette grande occasion !
— Madeleine, lui adresse fermement grand-mère. Quant à toi, Della, en tant que membre de la famille royale, tu as suffisamment de privilèges. Évitons d'en demander trop, cela pourrait attirer une mauvaise image. Une fête de trois cents personnes, c'est déjà bien assez. Ne rajoutons pas des célébrités au tableau, nous ne sommes pas à Hollywood.
— Bono est irlandais et Elton John est anglais, alors, tu sais, ils ne viennent pas vraiment d'Holly...
Vu le regard sérieux et le sourcil arqué de grand-mère, je décide à contrecœur de ne plus en parler, même si ça partait surtout d'une plaisanterie à la base.
Après les invités, nous passons ensuite à la confirmation de la date et à tout un tas de détails dans l'organisation. Certains d'entre eux doivent être vus avec le chef de la sécurité. J'en profite d'ailleurs pour demander à être présente lors de la réunion avec monsieur Sutton. Dès que je le peux, je saute sur ces occasions de le voir lui, mais aussi Toby et Thomas. Entre l'école, la journée chargée du samedi et leur absence du dimanche, je n'arrive plus à les voir seule à seuls. Plus de tour du palais ni de rendez-vous à l'improviste dans le bureau du grand patron. Ils me manquent beaucoup. En particulier Sutton qui est un peu comme une figure paternelle, et Toby avec qui j'ai toujours eu un bon feeling. Parler avec lui me manque. Il a été le premier à me regarder comme une personne. Pas comme une victime ou comme une princesse, mais comme celle que j'étais. En regardant en arrière, je crois que ça m'a aidée de ne pas être mise dans une case et de pouvoir être celle que je voulais.
Il est seize heures lorsque maman arrive à stopper cette première réunion. Le dernier sujet mentionné ? La couleur et la longueur de ma robe. Aucune n'était d'accord avec l'autre et avait des arguments si détaillés que Madeleine et moi nous n'avons pas osé intervenir dans la conversation. J'aurais dû, c'est certain. Après tout, c'est moi qui vais porter cette fameuse robe.
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