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Six


Je mets un certain temps à revenir à la réalité et distinguer la personne qui m'attend sur le seuil de la porte. C'est comme si mes pensées, si denses, avaient formé un brouillard tout autour de moi. Quelle n'est donc pas ma surprise lorsque mes yeux se posent sur une personne que je ne m'attendais pas à voir.

- Toby ?

Le voir là me fait sourire. Je m'attendais à ce que ce soit l'un de mes parents, bien que cela m'aurait surpris vu qu'ils sont en réunion, ou bien ma jeune sœur. Je l'avoue, malgré la tendresse que je ressens à son égard, j'éprouve le besoin de m'isoler un peu. J'ai peur que sa joie de vivre soit trop dure à supporter dans de trop longs moments. L'écouter parler de la famille, de sa vie, de celle qui devra être la mienne, c'est beaucoup à gérer. Du haut de ses douze ans, Lilianna ne peut pas comprendre que toutes les informations et la rapidité à laquelle elle les déblatère est très fatigante pour mon cœur et mon cerveau. À l'inverse, quand je suis avec mes parents, c'est moi qui mène la conversation. Je leur donne les limites, je les autorise de façon subtile à parler d'un sujet ou d'un autre. La cadette de la famille, elle, est un vrai moulin à parole sans filtre.

- Est-ce que tout va bien ?

Je le vois regarder sur les côtés, l'air inquiet. Il a dû se passer quelque chose, car c'est bien la première fois que je perçois une certaine agitation dans ces traits.

- Je suis désolée, je ne suis pas censée être ici, mais...

Je fronce les sourcils, sans rien comprendre aux mots prononcés.

- Tu commences à me faire peur, Toby... Est-ce qu'il s'est passé quelque chose ?

- Quoi ? Oh non ! Non, non, non ! répète-t-il d'une voix affolée. Je ne voulais pas vous inquiéter, c'est juste que... J'ai été assigné à votre protection pendant près de deux semaines et j'ai appris ce qui s'était passé lundi. Je voulais juste savoir si vous alliez bien.

- Oh...

Je ne m'attendais pas du tout à ça et je dois bien avouer que son attention me touche beaucoup.

- Je vais mieux, c'est gentil d'être venue demander. Par contre, tu recommences à me vouvoyer... Monsieur Sutton t'aurait-il glissé un mot à ce sujet ?

- C'est... possible, répond-il d'une voix hésitante. Je suis désolé, je n'aurais probablement pas dû venir. Sutton ne serait pas content s'il l'apprenait.

- Je ne lui dirai rien. Et, s'il l'apprend, je prendrais ta défense.

- Merci...

Je le vois reculer de trois pas et fronce les sourcils.

- Attends, où tu vas là ? Tu pars déjà ?

- Euh, oui. Comme je vous... te, se corrige-t-il en voyant mon regard sévère, je ne suis normalement pas autorisée à venir te voir.

- Alors quoi ? Parce que tu as été réaffecté à la protection de Philippe, on n'a plus le droit de se parler ? On ne peut plus se balader dans le palais ? Se promener dans le parc ?

- C'est à peu près ça.

Toby est aussi embêté que moi par cette situation. Je vois qu'il résiste entre une envie, celle de m'apporter un peu de réconfort dans cette vie bien compliquée, et ses obligations en tant qu'employé.

- Tu travailles pour Sutton. Sutton qui travaille pour la famille royale, dis-je d'une voix confiante.

- Et donc ?

- Donc, on peut dire que tu travailles, en quelque sorte, pour moi non ?

- On peut dire ça.

- Donc, je t'ordonne de rester avec moi.

Je croise les bras et le dévisage, le regard de plus en plus sérieux. Toby et Thomas sont les deux seules personnes dans ce palais qui n'ont pas un âge trop avancé pour me donner l'impression d'être une enfant. C'est avec eux que j'ai passé le plus clair de mon temps depuis mon arrivée et avec qui j'ai commencé à créer un lien d'amitié. Du moins, c'est comme ça que je le ressens. Même si je ne peux pas parler librement avec eux à cause de leur profession, je me sens en sécurité. Je me sens écoutée.

- On aura qu'à dire que je t'ai croisé dans un couloir, que je m'étais encore perdue et que je t'ai demandé de rester avec moi, ajouté-je d'une voix convaincante. C'est plausible, vu que je m'apprêtais à sortir. Tu vas donc pouvoir m'accompagner dans l'une des bibliothèques, quel dommage !

Je ne veux pas me retrouver seule. L'arrivée de Toby tombe à point nommé. J'ai besoin d'être avec quelqu'un. Si possible, une personne qui n'a pas la langue aussi affinée et active que Lilianna. Quelqu'un avec qui je pourrais parler de tout et de rien, qui me fera oublier ce que je viens d'entendre il y a quelques minutes.

- C'est ingénieux, admet-il d'un sourire.

- Est-ce que ça veut dire que tu acceptes ?

- Accepter ? Ne me l'as-tu pas ordonné ? Je ne peux refuser dans ce cas.

- Bien ! Alors, je te suis, vu que tu connais mieux cette demeure que moi.

Je jette un dernier coup d'œil à l'ordinateur, cette boite de Pandore moderne. Cette tentation permanente aux mots souvent blessants. Peut-être que je devrais le rendre à monsieur Sutton, ça m'évitera de nouveaux problèmes, en plus de ceux que j'ai déjà à gérer. Je finis par quitter la chambre et fermer la porte derrière moi, le cœur plus léger d'avoir une compagnie.

- Tu as réussi à semer Thomas ? Je ne vous vois jamais l'un sans l'autre d'habitude.

- On travaille toujours en binôme dans la sécurité. Au minimum. Mais non, je ne l'ai pas semé, il est en train de faire une sieste. Son Altesse Royale n'a pas cours cet après-midi, d'où notre présence au palais.

- Quelle heure est-il d'ailleurs ? Je crois que je perds encore la notion du temps...

- Il est treize heures onze, m'informe-t-il après avoir jeté un regard à sa montre. Je pourrais demander à monsieur Sutton de t'en trouver une, pour que tu ne sois plus perdue.

- Pourrais-tu aussi lui demander une carte des lieux ?

- Oui, il doit probablement avoir ça quelque part.

- J'ai l'impression d'être une touriste.

- Oh non, si tu étais une touriste tu agripperais ton téléphone et prendrais le moindre recoin de chaque pièce en photo. Et puis, le palais n'autorise pas les visites.

- Oh donc pas de foules comme à Buckingham Palace ?

- Non. Je pense que ça a bien failli arriver. Au final, les portes restent fermées pour les visiteurs. Les seuls qui sont autorisés, en dehors du personnel et des membres de notre gouvernement, et bien évidemment de la famille et des amis, ce sont les chefs d'État, les ambassadeurs ou toute personne qui a une mission diplomatique. Sans oublier les représentants des différents organismes dont s'occupent les membres de la famille royale.

- Au final, ça fait quand même un bon paquet de monde.

- Oui, vu ainsi, c'est vrai que ça fait beaucoup de personnes.

- Pourtant, ça fait plus de deux semaines que je suis ici et je n'ai pas vu grand monde. Hormis le personnel.

- La plupart des engagements royaux se font à l'extérieur. Dans le pays tout entier ou même dans d'autres pays d'ailleurs.

- Oh, tu as donc beaucoup voyagé ?

- Pas vraiment. Le Prince Philippe n'a pas encore beaucoup d'engagements à l'international. Il est sorti du pays que trois fois cette année.

- C'est déjà trois fois de plus que moi...

- Quand vous l'aurez décidé, vous allez pouvoir voyager, me rappelle-t-il d'une voix douce. Y a-t-il un pays qui vous attire plus que les autres ?

- Hum... Tous ? Qu'importe, tant que ce n'est pas la France. Mais je n'ai rien contre une belle plage paradisiaque. Je ne supporte plus celles de Normandie. Et Rome, j'aimerais beaucoup visiter Rome. C'était le voyage scolaire de cette année, auquel je n'aurais pas pu participer.

La majorité du temps, j'arrive à les occulter de mon esprit. À mettre le passé en sourdine. Les récents événements et tout ce qui m'attend dans le futur suffisent à tenir mes pensées occupées. Sauf en ce moment où leur visage s'impose à moi sans que je ne puisse rien faire. Je les imagine dans la même pièce où je les aie confrontés, l'une impassible et l'autre pleurant... ou feignant les larmes.

- J'ai cru comprendre que le Premier ministre n'avait pas fait la conférence de presse à mon sujet.

Il faut que j'arrive à trouver un autre sujet de conversation. Quoi de mieux que d'avoir des réponses à mes interrogations pour faire disparaître mes deux ravisseurs ?

- Oui, c'est exact, me confirme Toby.

- Et quand est-ce qu'elle aura lieu finalement ?

- D'après les informations que l'on m'a partagées, ce serait pour demain, vers treize heures.

- Tu penses que je devrais la regarder ?

- Je... je ne sais pas. Je ne pense pas que ce soit à moi de répondre à ce genre de questions.

- Pourquoi ? Parce que tu es un employé ? Ne peux-tu pas être autre chose, l'espace de quelques minutes ?

- Être quoi précisément ?

- Eh bien, un ami peut-être ? Ou quelque chose qui s'en rapproche.

Nous continuons à marcher, mais je vois bien que le doute s'immisce en lui. Je le mets dans une position un peu plus inconfortable à chacune de mes demandes : le vouvoiement, l'absence de titre et maintenant ça. Il est clair que ma capacité à nouer des relations risque d'être compliquée au vu de ce que j'ai découvert il y a plus de deux semaines. Le fait d'être entourée d'employés ne m'aide pas dans cette tâche ardue. J'ai l'impression que les seules personnes à qui je devrais parler, ce sont les membres de la famille royale. Mais c'est plus facile d'aborder certains sujets avec Toby, Thomas ou Aiden. Parce qu'il n'y a pas ce lien ni tous les espoirs qui reposent sur moi. J'ai peur de dire ou de faire des choses en leur présence, alors que quand je suis avec Toby, je me sens plus libre. Libre et, à la fois, emprisonnée par les ordres qu'il a reçus et nos positions qui, je le sais, sont bien différentes. Comment me faire des amis dans cette cage dorée ?

- J'imagine que ça dépend de tes besoins, reprend-il la parole.

- C'est à dire ?

- Veux-tu tout savoir ou as-tu besoin d'un moment pour souffler un peu ?

- Je vois... Je pense que c'est un peu les deux. Je ne supporte plus de me sentir dépassée. Je ressens le besoin de tout savoir, d'être à l'affut de la moindre information, de ne plus prise être au dépourvu. Mais, d'un autre côté, c'est vrai que j'ai besoin d'une pause. Du coup, j'imagine que ça dépendra de mon envie du moment.

- Dans les deux cas, je sais que ça ira. Tu es forte.

C'est censé être un compliment et, pourtant, je ne le supporte plus. Je ne veux plus qu'on me dise que je suis forte et courageuse alors que, à tout moment, je risque de sombrer.


* *

Je sais que Toby est un personnage apprécié, j'espère donc que ça vous a fait plaisir de le retrouver après plusieurs chapitres d'absence :D

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