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Seize

Je ne dois pas attendre bien longtemps pour pouvoir discuter avec Toby. Vingt minutes, tout au plus, que je passe au côté de notre nouvel ami à quatre pattes, à le caresser un peu partout.

— Merci.

C'est la première chose que je lui dis lorsque je le vois entrer dans la pièce.

— Et bonjour, ajouté-je presque aussitôt. As-tu bien dormi ?

— Très bien, et toi ?

— Oui, j'ai été rassurée dès que j'ai ouvert les yeux. Tout s'est bien passé alors ?

— Oui, ne t'en fais pas. Elle s'était blessée à la patte, mais le vétérinaire la guérit. On a quelques médicaments à lui donner, mais elle se rétablira très vite.

— Elle ? répété-je avec amusement. J'avais donc raison, c'est une femelle.

— Sacrée intuition.

— Je te remercie. Vraiment. Énormément. Je sais que ça ne faisait pas vraiment partie de ton boulot et je demanderai à mes parents de te rembourser dès que je les aurais au téléphone. Enfin, j'imagine qu'ils doivent déjà être au courant, n'est-ce pas ?

— En tout cas, monsieur Sutton l'est. Je n'avais pas trop le choix, il aurait fini par m'appeler en voyant que la voiture s'était déplacée cette nuit.

— Ah, j'avais raison...

— À propos de quoi ?

— Du fait que j'étais suivie à la trace.

— Désolé de te l'apprendre, me dit-il sincèrement

— Tu n'as pas à t'excuser, c'était logique.

Logique, mais ça reste tout de même étrange à accepter. Toby m'adresse un sourire gêné avant de rejoindre la cuisine pour prendre son petit-déjeuner. Je reste plusieurs minutes par terre, près de la chienne, à lui prodiguer des caresses. Je suis tranquillisée à l'idée qu'elle soit saine et sauve, bien que d'autres soucis s'imposent assez vite dans mon esprit. D'abord, il y a le remboursement que je vais devoir demander à mes parents. Ce qui va précéder une explication de ma part, même si monsieur Sutton leur a sûrement déjà fait part de cette petite péripétie nocturne. Et puis... il y a l'après. Je n'y avais pas pensé jusqu'à maintenant, mais tout me paraît très évident dans mon esprit. Il ne reste plus qu'à préparer le terrain.

Je finis par me redresser, ayant moi-même un petit creux, et je retrouve Toby dans la cuisine.

— Dis, est-ce que tu sais si elle a une puce ?

— Non.

— Non ? Non quoi ? Non tu ne sais pas ou non elle n'en a pas ?

— Elle n'est pas pucée, le vétérinaire n'en a pas détecté en tout cas.

— Oh, d'accord...

Je me mets à la recherche d'un bol, d'une cuillère, du lait et des céréales. Toby reste silencieux, assis à la petite table près de la fenêtre qui donne sur le jardin de la propriété, que je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter. Les seuls bruits, ce sont les voix dans ma tête qui s'activent et se contredisent. Je prends un temps considérable à trouver tout ce dont j'ai besoin à cause d'elles. Elles me distraient et je m'arrête plusieurs fois à différents endroits de la cuisine.

— Est-ce que tout va bien Adélaïde ?

La voix de Toby me ramène à la réalité et ma bouche émet, sans que je réfléchisse, ce qui me travaille depuis l'arrivée de la chienne.

— J'aimerais l'adopter.

Les yeux rivés sur Toby, je panique. C'est toujours plus concret quand une idée est émise à haute voix, elle devient plus réelle. L'anxiété fait place à la surprise quand mon interlocuteur laisse échapper un petit rire, suivi d'un sourire amusé.

— Qu'est-ce qui t'amuse ? l'interrogé-je.

— Rien. C'est juste que je m'y attendais. Je l'ai su à la minute où j'ai posé les yeux sur elle. C'était évident que tu n'allais pas l'abandonner après lui avoir sauvé sa vie... ou, tout du moins, sa patte. Mon soupçon s'est confirmé quand tu m'as demandé si elle était pucée.

— Je me voyais mal la kidnapper si elle avait déjà une famille.

— Maintenant, elle en a une.

— Oui... Enfin, il faudrait que j'en touche un mot à mes parents, je dois leur demander leur permission.

— Si ça peut te rassurer, ils ne diront sûrement pas non. Tu as toutes tes chances pour que notre nouvelle amie revienne avec nous au palais.

— Comment peux-tu être aussi sûr ? Je n'ai vu aucun animal de compagnie au sein du palais.

— Si tu étais arrivée en septembre, tu aurais su que ta famille aime les animaux. Ils avaient un chien, un bouledogue français. Il est mort de vieillesse. Ils ont toujours eu des chiens, c'est juste que, à quelques mois prêts, ils en ont perdu trois. Je sais que ça a été très douloureux pour eux, en particulier pour Philippe.

— Mais tu ne crois pas que cela leur ferait du mal ? Que ce soit trop tôt ?

— Pas du tout. Et puis, je crois que c'est le meilleur moment pour ouvrir à nouveau leur cœur, avec ton retour et la période des fêtes.

— Ouais... Enfin, s'ils refusent, on aura l'air bien bête tous les deux. Bon, faut vraiment que je trouve ce fichu bol, sinon je risque d'être casse-pied le restant de la journée ! maugréé-je.

— Dans le placard derrière toi, en haut, à gauche.

Je suis ses consignes et finis par trouver ce qui me manquait.

— Tu étais déjà venu ici auparavant ?

— Non.

— Comment tu savais où c'était ?

— J'ai inspecté les environs hier. Enfin, surtout la cuisine. Moi aussi, je peux être grognon si je ne déjeune pas, me taquine-t-il.

Sur ces mots, Toby boit une gorgée de son chocolat chaud. Après avoir préparé tout ce qu'il me fallait, je le rejoins et m'installe face à lui. Nous restons silencieux le temps de déguster notre petit-déjeuner. Si le silence peut parfois être bénéfique, ce n'est pas vraiment le cas en ce moment. Une dizaine de scénarios me traversent l'esprit quant à l'appel que je dois passer à mes parents. J'imagine les réactions qui pourraient avoir et me prépare psychologiquement à un « non ». Mes réflexions s'estompent quand mon ami commence à débarrasser. Je me rends compte que Thomas n'est pas là et que c'est le moment d'en profiter si j'ai envie de discuter, de poser des questions. Tout ce qui me vient en premier lieu, c'est toujours la chienne.

— Oh ! Elle doit avoir faim, elle aussi !

— Ne t'en fais pas, ils vendaient de la nourriture au centre, j'en ai profité pour lui en prendre.

— Je... Je ne sais pas quoi dire, Toby. Tu es vraiment quelqu'un de bien, une belle personne.

— Tout ça parce que j'ai pensé à la nourriture du chien ?

— Non. Enfin, si, mais pas que. C'est juste l'une des nombreuses raisons qui m'ont donné une bonne opinion de toi. Je n'aurais pas pu rêver mieux pour m'accompagner ici.

— L'une des...

Le craquement des escaliers fait s'arrêter net notre discussion. C'est comme si Thomas avait un radar pour nous interrompre aux moments les plus profonds ou intéressants de nos conversations. Dès que je m'ouvre ou que ça devient plus personnel, je suis coupée dans mon élan. Je l'avais déjà ressenti la première fois où je suis allée dans les cuisines. Je mangeais tranquillement, je me sentais bien et... et puis, mon père a débarqué. Il m'a ramené à la réalité, celle du jour où j'ai fait une crise d'angoisse.

J'ai besoin d'un peu d'insouciance et j'ai la sensation que Toby peut me l'apporter, tout comme Madame millet qui avait réussi l'espace d'un moment.

Alors que Thomas... oh, pauvre Thomas. Lui et son air renfrogné du matin m'empêchent d'apprécier le présent. Lorsque mes yeux se posent sur lui, c'est comme si j'étais toujours au palais et mes pensées se tournent immédiatement vers ce futur qui me paraît si compliqué à gérer.

À peine a-t-il le temps d'entrer dans la cuisine, que je pivote dans sa direction, le sourire aux lèvres.

— Bonjour, le salué-je gaiement. As-tu bien dormi ?

Je sais qu'elle n'a pas été évidente pour lui : j'ai été une source de stress dont il se serait bien passé. Il faut que je me fasse pardonner, pour ça et... pour ce qui viendra. Il ne sait pas encore que la chienne a de grandes chances de rester avec nous pour... le reste de sa vie.

— Oui et...

Thomas hésite et je n'arrive pas à savoir pourquoi. Est-ce le fait qu'il soit à peine réveillé ou qu'il doute réellement de la bonne chose à faire ? Suivre les ordres de Sutton ou accéder à ma demande ?

— Toi, terminé-je sa phrase avec amusement. Je crois que le mot que tu cherchais, c'est « toi ». Et pour répondre à ta question, j'ai bien dormi.

— Bon... Parlons sérieusement.

Il s'installe face à moi, l'air grave et soucieux. Pourquoi est-ce que je sens les ennuies arriver ?

— Je suis d'accord pour tutoyer, mais seulement à deux conditions. La première, je le ferai qu'en ta présence et celle de Toby. La deuxième, personne ne doit être au courant.

— Juste ça ? Oh, en voyant ta tête, je pensais que tu allais m'annoncer la mort de quelqu'un ou que tu allais encore râler pour la chienne. Si ce n'est que tes seules conditions, j'accepte sans aucune hésitation. Mais j'en ai une, moi aussi.

— Ah bon ? Laquelle ?

— Ne change plus d'avis, c'est déroutant. C'est d'accord ?

Je dépose ma cuillère et lui tends ma main par-dessus la table. Les sourcils froncés, Thomas ne bouge pas d'un iota.

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a encore ? T'as pas le droit de me toucher ?

— Eh bien...

— C'est juste une poignée de main, Thomas, tu ne vas pas te faire virer pour m'avoir serré la main. En plus, c'est impoli de refuser.

Thomas bouge légèrement la tête de droite à gauche, le regard faussement désapprobateur, c'est du moins ce que son sourire me laisse à penser. Il se saisit ensuite de ma main que nous nous serrons quelques instants avant que je ne reprenne possession de ma cuillère, le ventre légèrement gargouillant.

— Au fait, je reprends malicieusement, maintenant que ce problème est réglé, j'ai l'immense joie de t'annoncer qu'elle reste avec nous. Enfin, je dois demander l'autorisation à mes parents, mais Toby est persuadé qu'ils diront oui.

— Je me doutais qu'elle allait rester, m'avoue-t-il lui aussi. Et, comme Toby, je pense qu'ils pencheront plutôt vers le oui, tu sais ils ont...

— Oui, ils ont déjà eu des chiens, Toby me l'a dit aussi.

— Je vois que tu sais déjà beaucoup de choses.

— La prochaine fois, lève-toi plus tôt si tu veux apprendre des trucs à la princesse, lui conseille son ami.

— Hey ! protesté-je. On a dit quoi avec le mot « princesse » ? Vous devez m'appeler... Adélaïde.

Ce prénom a encore un goût bizarre dans la bouche. Pas autant que « princesse » ou « Votre Altesse Royale », mais ce n'en est pas loin. Il me faut une force incomparable pour ne pas dire mon ancien prénom à la place. C'est un exercice mental qui deviendra, au bout d'un certain temps, une habitude. Néanmoins, je sais au fond de mon cœur que je me retournerai toujours si quelqu'un prononce « Lise ».

— Alors, est-ce que tu as une envie particulière pour ta première vraie journée ici ? m'interroge Thomas.

— Eh bien, je vous avoue que je suis venue ici pour respirer un peu... et trouver qui je suis. Mais je crois qu'il n'y a pas d'activités idéales pour me permettre d'atteindre cet objectif.

— C'est en vivant que tu sauras qui tu es, intervient Toby. En vivant chaque jour, chaque expérience.

— Est-ce que tu penses que venir ici ne sert à rien ? l'interrogé-je.

— Non, je pense que c'est une bonne idée, pour respirer comme tu viens de le dire. Mais ce n'est pas en deux ou trois semaines que tu sauras qui tu es. C'est une question dont la réponse évolue au fil de ta vie. Ce n'est pas quelque chose de définitif. Tu trouveras peut-être un début de réponse ici, mais pas tout. Je crois surtout que ce séjour te permettra de te reposer, car tu en as bien besoin, ainsi que d'emmagasiner de la force pour ce qui t'attendra à ton retour.

— Tu parles du retour au lycée et de mes devoirs de princesse ?

— Oui, mais aussi nouer des liens avec ta famille et accepter que le regard du monde risque d'être braqué sur toi pendant un très long moment.

— Ce qui est normal au vu de la situation, ajoute Thomas. C'est si exceptionnel que ça attire l'attention. Beaucoup plus d'attention que d'ordinaire.

— Est-ce que vous essayez de me faire peur ? dis-je d'une voix peu confiante.

— Non, bien sûr que non, m'assure Thomas. Mais pour que tu sois préparée au mieux, il faut savoir ce qui t'attend. Si on te dit ça, c'est aussi pour que tu comprennes que les premiers mois risquent d'être plus médiatisés, mais que ça finira par se calmer. Ça se calme toujours et tu seras bien protégée. Monsieur Sutton est, en ce moment même, en train de sélectionner les gardes du corps qui te conviendraient le mieux.

Thomas m'adresse un sourire, que je lui rends en me forçant. Je n'ose rien ajouter de plus, car la seule phrase que j'ai envie de leur dire, c'est que c'est eux qui me conviendraient le mieux. Les gardes du corps de mon frère. Ce frère qui me donne la sensation d'être détesté et qui doit probablement être heureux que je sois partie loin du palais. Ce frère que je n'arrive pas à appréhender, à apprécier et dont je suis presque heureuse d'être, moi aussi, séparée. Si la situation est déjà compliquée, sa froideur à mon égard n'a fait que confirmer mon envie de m'éloigner.

— Notre travail, c'est de te protéger. Mais si on peut t'aider pour autre chose, sache que nous sommes là. N'est-ce pas, Thomas ?

— Affirmatif !

Je m'apprête à les remercier, sans rien ajouter, jusqu'à ce qu'une idée me traverse l'esprit alors que j'ouvre la bouche.

— Vous savez quoi ? Je crois qu'il serait bon de profiter de ce voyage pour revenir au palais avec quelques connaissances supplémentaires. Autant de se servir de ce temps libre pour apprendre, non ?

— C'est une bonne idée, approuve Thomas. Encore faudrait-il nous dire ce que tu veux apprendre. Sache que je suis une calamité en mathématique. Quant à Toby, les sciences, c'est vraiment pas son truc.

— De toute façon, je crois qu'il vaut mieux que j'ai un vrai professeur pour ces matières, d'autant que je ne suis pas très douée non plus en maths ou en science. Non, je pensais plutôt à quelque chose que vous maîtrisez.

— Qu'on maîtrise ? Tu ne veux quand même pas qu'on t'apprenne à tirer ? s'exclame Thomas, choqué.

Toby et moi, nous éclatons de rire sans s'être regardés. L'idée de Thomas est tellement loufoque que ça nous est venu naturellement.

— Quoi ? T'es fou ? Jamais je ne toucherai à une arme à feu, crois-moi. Non, je pensais à l'anglais. C'est l'une des deux langues du pays, n'est-ce pas ? Je pense que ce serait une bonne idée que je l'apprenne, ça deviendra une obligation lorsque je commencerai tout... tout ce qui m'attend, autant prendre les devants. Alors, vous en dites quoi ?

— J'en dis que c'est une meilleure idée que celle que j'ai exposée juste avant, dit Thomas d'une voix rassurée. Et c'est encore mieux, car on va te l'apprendre comme si tu étais en immersion. Jusqu'à ce qu'on rentre au palais, on va seulement parler anglais, Toby et moi. Tu vas revenir presque bilingue, ça va être super !

Avant que je n'aie pu l'arrêter dans son enthousiasme, Thomas me liste les effets bénéfiques de l'apprentissage d'une langue en immersion. Quant à moi, je commence à paniquer à l'idée de ne pas pouvoir parler un seul mot de français. Je jette un regard à Toby, lui lançant silencieusement des « au secours », mais il est trop occupé à calmer son fou rire pour réussir à me venir en aide.

Sacré Thomas. Je passe du froid vouvoiement au tutoiement d'un homme empressé et excité. Dans quoi me suis-je encore embarquée ?

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