Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Huit

Ca y'est. Je crois que j'ai perdu Aiden.

Il ne s'attendait sûrement pas à ce genre de demandes. Ils devaient tous espérer que je n'ai plus d'idées loufoques comme j'ai déjà pu avoir, quand je leur ai demandé de rencontrer mes parents tortionnaires dans leur cellule bien gardée. Ce n'était pas très intelligent, même si ça m'a fait du bien, en partie. Ils ont dû s'imaginer que je resterai sagement dans ce château à profiter des fêtes... mais comment le pourrais-je ?

Je ne peux pas blâmer le moment de silence qui marque l'hésitation de monsieur Sutton, moi-même j'aurais réagi de la sorte. Plus les secondes s'écoulent, plus j'ai peur que le non l'emporte, ce qui serait logique dans un sens. Maintenant que la nouvelle de ma présence a été révélée, je vais avoir moins de chance de passer inaperçue à l'extérieur des murs de cette prison dorée. Je ressemble à ma mère après tout. Une mère qui doit avoir sa tête sur les timbres, les billets ou des pièces de monnaie. Je serai facilement identifiable par les habitants de ce pays, c'est grâce à l'un d'entre eux que j'ai été retrouvée après tout.

— Si c'est non, dites-le-moi tout de suite plutôt que de me faire espérer, s'il vous plaît...

— Je ne peux pas dire non, mais je ne peux pas non plus dire oui. Je dois en parler à vos parents avant. C'est eux qui doivent me dire ce que je suis en droit de faire pour vous.

— Oui, je m'en doutais, mais... est-ce que ce serait faisable ? S'ils donnent leur consentement, pourriez-vous accéder à leur demande ?

— Je pense que oui... qu'il y a toujours une solution à la situation.

Cela ne l'enchante pas et je ne peux pas lui en vouloir. Ce que je demande, c'est lui créer des problèmes supplémentaires. C'est me mettre en danger, en quelque sorte, et ça ne peut qu'inquiéter le chef de la sécurité.

— Je sais que ce que je vous demande est... compliqué et que vous vous en passeriez bien. Je ne vous facilite pas la vie, hein ?

— Si je peux parler en toute honnêteté, mademoiselle, je crois qu'en termes de vie compliquée, c'est vous qui gagnez pour le moment. Devrais-je blâmer une jeune fille qui vient de traverser plus de deux semaines éprouvantes et qui a vu sa vie éclater en mille morceaux ? Je dois bien protéger votre corps, mais si votre esprit décide de ne plus suivre, j'aurais de toute manière échoué.

— Vous n'êtes pas mon psychologue, vous savez ?

— C'est vrai, mais ai-je besoin de ce diplôme pour m'inquiéter à votre sujet ?

— Non... Vous avez juste besoin d'un cœur. Et, si je peux me permettre monsieur Sutton, vous avez un cœur énorme.

— Merci, mademoiselle. Vous devriez aller manger quelque chose maintenant, je parlerai à la Reine et au Roi demain matin. Est-ce que cela vous convient ?

— Oui, merci beaucoup.

Je ne sais pas quelle heure il est, mais je crois que l'ai intercepté juste avant qu'il ne rentre chez lui pour se reposer. Je m'éclipse donc à la vitesse de la lumière. Après la bombe que je lui ai balancée, il aura besoin de toutes ses forces pour la journée de demain. Moi aussi d'ailleurs et ça passe en premier lieu par mon estomac. Quand ce dernier sera rempli, je m'endormirai comme si on m'avait assommée.

Il y a des moments où j'aimerais bien que l'on m'assomme et que je me réveille avec une perte totale de mémoire. Ce serait peut-être plus facile que de se souvenir d'une vie que l'on n'aurait pas dû vivre. De se remémorer seize longues années qui n'ont eu aucun sens parce qu'on me les a volés. J'oublierais leur visage et le traumatisme causé par leur acte. J'oublierai que je suis une victime, choisie à cause de son titre et de ses véritables parents. J'oublierai tout, car de toute manière je ne peux plus m'accrocher à rien de ce que j'ai connu.

J'atterris dans les cuisines quelques minutes plus tard. Je n'ai toujours aucune idée de l'heure, mais l'absence du personnel commence à me mettre sur la piste. Il doit être vingt-deux heures, au moins. Je fais quelques pas vers les frigos, dans le fond de la salle, avant de me figer sur place lorsque j'entends l'une des portes (de ce que je suppose être une chambre froide), s'ouvrir à la volée. Je me tourne vers elle avant de voir un homme, qui ne doit pas avoir plus de trente ans, en sortir. Lorsqu'il m'aperçoit, il manque de faire tomber la viande qu'il tient d'une main.

— Bordel, s'exclame-t-il par mégarde avant d'ajouter d'une voix embêtée, je suis sincèrement désolée Votre Altesse Royale, je... je...

— Vous ne vous attendiez pas à me voir ? Oui, je sais, il se fait tard. C'est moi qui dois vous présenter des excuses, j'ai débarqué à l'improviste et je vous ai fait peur.

— Vous n'avez pas du tout à vous excuser, mademoiselle, vous êtes ici chez vous.

— Certes... Je vais juste prendre quelque chose à manger dans un des frigos... ou des placards et je vous laisserai travailler.

— Si vous le souhaitez, je peux vous préparer quelque chose, mademoiselle.

— Oh non, vous avez sûrement mieux à faire que de...

— De nourrir un membre de la famille royale ? Je suis payé pour ça.

— Certes, répété-je avec un certain malaise.

— Madame Millet m'a dit que vous n'aviez pas dîné, vous devez probablement avoir faim, non ?

J'hésite un moment avant de hocher de la tête : quelques biscuits ne suffiront pas à remplir mon estomac.

— Dites-moi ce qui vous ferait plaisir.

— Je n'en sais trop rien... Quelque chose d'assez simple, comme des pâtes par exemple ? Mais je vous laisse choisir la sauce, je ne suis pas très difficile.

— Va pour des pâtes alors. Si vous le souhaitez, je peux vous apporter le plat directement dans votre chambre.

— Est-ce que ça vous dérange si je reste ici ?

— Pas le moins du monde, mademoiselle. Installez-vous où vous voulez.

Je prends place sur l'une des chaises hautes, là où je me suis déjà retrouvée quelques jours auparavant lorsque j'avais fait plus amples connaissances avec la maîtresse de ces lieux. Cette fois, les cuisines sont beaucoup plus calmes et plus ordonnées. Seuls les quelques gestes et bruits du cuisinier m'empêchent de m'endormir. Sa voix, elle, se fait plus rare. Cela me chagrine, car j'aurais bien besoin d'un peu de compagnies pour faire taire celles dans ma tête. Mais que puis-je lui dire ? Et qu'a-t-il le droit de me dire ?

Je crois que ce soir, je n'ai ni la force ni l'envie d'engager une discussion et surtout de devoir la mener comme si j'étais la seule à bord.

Y aura-t-il toujours une barrière entre eux et moi ? Comment puis-je m'épanouir dans un lieu où chacun de leurs gestes et de leurs paroles sont dictés par un code, par des règles et non par leur propre personnalité ?

Intérieurement, je soupire. Extérieurement, je souris. C'est ce qu'on attend de moi.

Néanmoins, j'ignore combien de temps je vais pouvoir feindre. Je n'arrive déjà plus à tromper ma propre personne...

Je n'ai pas pensé à fermer les tentures lorsque j'ai regagné ma chambre, hier soir, si bien que ce sont les faibles rayons du soleil qui me tirent de mon sommeil. Je grogne un peu alors que je me cache sous la lourde couette. Je m'efforce de retrouver le chemin jusqu'à l'endormissement. J'abandonne au bout de cinq minutes, consciente que roupiller ne m'aidera pas à résoudre mes problèmes, cela ne fera que les retarder. Pourtant, alors que je quitte le lit, il me faut toute la volonté du monde pour ne pas retourner m'y cacher.

J'ai peur. Extrêmement peur d'un « non ». De me sentir prisonnière de cet endroit. J'ai besoin d'aide, je l'avoue. Je ne sais pas sous quelle forme, mais j'en ai besoin, parce que je n'arrive plus à savoir ce qui se passe dans ma tête et dans mon cœur. C'est une vraie tempête qui est en train de m'ébranler. Mes fondations ne sont pas assez solides, voire quasiment inexistantes, pour que je puisse résister à la force des événements. Pas seule.

Je m'apprête à la vitesse d'un éclair et je quitte la chambre avec un certain niveau d'appréhension. Un niveau trop élevé et que j'essaie d'apaiser durant le trajet : je n'ai pas envie de me refaire une crise d'angoisse. Il faut que j'arrive à gérer. Je dois être capable de pouvoir parler pour les persuader de me laisser respirer ces prochaines semaines. Monsieur Sutton devait les voir seuls et, malgré ma confiance en lui, je ne me sens pas à l'aise à l'idée qu'une décision me concernant se prenne sans moi. Je veux pouvoir argumenter au lieu de me prendre un simple « non ».

Mon esprit ne peut pas à assimiler la possibilité qu'ils puissent m'accorder cette requête et, quand j'arrive dans la salle à manger (que j'ai trouvé miraculeusement du premier coup), leur regard me donne une certaine confirmation. Monsieur Sutton se redresse en m'apercevant. Leurs Majestés, elles, hésitent. Nous nous toisons durant de longues secondes avant que la matriarche de la famille ne prenne la parole.

— Je suis désolée, mais c'est trop dangereux.

— Tout comme ça l'est de me garder ici.

J'ai répondu du tac au tac. C'est sorti tout seul et, bien qu'une partie de moi le regrette, une autre en a ressenti le besoin. Le besoin de trouver une issue, à n'importe quel prix.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro