Deux
Il m'a fallu quelques minutes, après cette idée de stupide, pour accumuler suffisamment de courage et sortir de ma chambre. Je suis encore déstabilisée par l'absence de gardes devant ma porte, en particulier Toby et Thomas à qui je m'étais habitué. Savoir qu'ils étaient là pour me protéger, m'aider et me servir de guide me rassurait beaucoup. Maintenant, je me sens seule et perdue dans ce grand palais. J'ignore où est-ce que je dois aller pour trouver les cuisines ou mes parents. Même si on me donnait le nom de la pièce où ils se trouvent, j'aurais très peu de chance d'arriver jusqu'à eux. Je lance des regards à gauche et à droite en espérant que l'une ou l'autre direction me tente plus, mais mon instinct est éteint aujourd'hui. De toute façon, je ne sais même pas ce que je veux faire. Je sais simplement ce que je ne veux plus : être enfermée dans cette nouvelle chambre, seule.
Les gargouillements émis par mon ventre me donnent une indication quant à la suite des événements. Malheureusement, je ne sais absolument pas où sont les cuisines. Je finis par tirer au sort le chemin à emprunter. Avec un tel palais, une telle superficie, je me dis qu'il doit y avoir pas mal d'employés et que mes chances de croiser quelqu'un ne sont pas faibles, loin de là. Le mieux, évidemment, ce serait Toby, Thomas ou Aiden. Je ne me sens pas encore prête à faire face à mes parents ou à Lilianna, pas avec le ventre vide. J'ai besoin de remplir mon estomac et de remettre mes idées en place. Évidemment, eux ne seraient pas le pires : Philippe est tout en haut dans ma liste des scénarios catastrophes.
Je marche pendant cinq bonnes minutes, descendant plusieurs escaliers, tournant plusieurs fois à gauche puis à droite. Dans mon esprit, les cuisines doivent sûrement être dans les étages inférieurs, je peux donc éliminer les trois étages du haut. Il me reste le rez-de-chaussée et les sous-sols aménagés, qui restent une surface très importante de ce lieu. Je croise enfin quelqu'un, pile au moment où je commençais à perdre espoir. Se retrouver dans un lieu qui vous est encore très inconnu, c'est quelque chose que je trouve très angoissant.
Mon sauveur est une sauveuse, c'est une jeune femme dans la vingtaine au chignon impeccable et au tailleur soigné. En me voyant, le choc se lit un instant sur son visage avant qu'elle ne se reprenne et effectue un léger mouvement de la tête : un salut, en d'autres termes.
— Bonjour, la salué-je à mon tour.
— Votre Altesse Royale, me dit-elle sans trop y croire.
La jeune femme relève ensuite le visage et, me regardant, se tait. Je mets un moment à comprendre ce que je dois faire, la voyant droite comme un « i » et le silence s'installant. Je crois que c'est à moi de mener la conversation, ce qui n'a jamais été mon fort.
— Vous travaillez ici ? la questionné-je avec espoir.
— Oui, Votre Altesse, je suis l'une des professeures particulières de Son Altesse Royale, la Princesse Lilianna.
— Oh, peut-être que vous serez aussi l'une de mes professeures prochainement alors. Vous enseignez quoi ?
— Leurs Majestés ne m'en ont pas encore informé, mademoiselle, mais peut-être que ce sera le cas, oui. J'enseigne l'Histoire.
— Pile la matière où j'ai le plus de lacunes, plaisanté-je avec honnêteté. Je vais avoir grand besoin de vous, mon ancien professeur ne s'est pas beaucoup attardé sur ce pays qui est désormais le mien et je me sens parfois...
— Perdue ? Est-ce le mot que vous cherchez, mademoiselle ?
— Oui ! Je suis aussi perdue avec tous ces couloirs. Vous n'enseignerez pas l'architecture des palais de Waldor par hasard ?
— Non, mademoiselle, dit-elle avec un rire. Mais je connais très bien ces lieux. Souhaitez-vous que je vous aide à arriver à bonne destination ?
— Eh bien, si vous n'êtes pas occupée, j'avoue que je ne refuserai pas un peu d'aide.
— Pas du tout, dites-moi, où voulez-vous vous rendre ?
— Aux cuisines, j'ai une petite faim !
— Oh, mais vous savez, vous pouvez commander quelque chose depuis votre chambre, ou depuis l'une des salles à manger ou salon de thé.
— Depuis ma... Oui, mais je voulais aussi voir Madame Millet, avoué-je.
J'aurais dû me douter que le room service était compris dans le packaging de la princesse, mais je n'ai pas encore eu le temps d'en demander le mode d'emploi. Je sens qu'il va être long à lire, extrêmement long.
— Très bien, je vous y conduis.
— Merci infiniment ! dis-je, très reconnaissante. Au fait, comment vous vous appelez ?
— Mia Stuart, mademoiselle.
— Ravie de vous rencontrer, Mia, et moi c'est...
Je m'arrête dans mon élan, m'apprêtant à dire une bêtise. Même deux. La première, mentionner mon ancien prénom. La seconde, me présenter, tout simplement. C'est totalement inutile désormais.
— Je suis désolée, ajouté-je. Vous savez très bien qui je suis.
Nous nous mettons en marche et j'ai le temps d'apercevoir un sourire compatissant sur son visage. La première minute de notre chemin se fait en silence, ce qui finit par me mettre mal à l'aise très rapidement. Encore une fois, c'est à moi de mener la conversation et c'est une angoisse dont je me serai bien passé, moi, la jeune adolescente timide que je suis.
— Et donc, vous travaillez ici depuis longtemps ?
— C'est ma troisième année au service de la famille royale.
— Oh, c'est chouette... Et vous vous y plaisez ?
— Oui, mademoiselle.
— Vous m'auriez répondu oui même si c'était faux, n'est-ce pas ?
Ma question l'a prise de court, je le vois par son regard surpris et le temps qu'il lui faut pour réagir et trouver la bonne réponse.
— Je crois que oui, mademoiselle.
— Pourquoi ? Ce n'est pas un reproche, mais j'aimerais savoir pourquoi vous m'auriez menti, si ça avait été le cas ?
Je voulais me faire apprécier par les employés du palais et, à la moindre occasion, je fais tout foirer. J'aurais pu passer outre sa réponse et mes impressions en déviant sur d'autres questions. En retrouvant ce silence aussi. À la place, je laisse une curiosité s'immiscer entre ma première rencontre et moi, officiellement la Princesse Adélaïde. Mon manque de politesse va vite se faire savoir au sein du palais et je vais être catégorisée pour une personne que je ne suis pas. Apparemment, ma première journée en tant que princesse ressuscitée ne se passe pas comme je l'aurais voulu.
— Je crois que ça aurait été par respect pour votre retour au sein de votre famille ? Ou par respect tout court pour cette institution que je sers.
— On vous demande de mentir si ça se passe mal ? résumé-je.
— J'ai signé un accord de confidentialité, alors je pense que la formule adéquate est plutôt... Que l'on m'a demandé de ne rien dire du tout, me corrige-t-elle en retrouvant le sourire.
— Je vois... Je suis désolée si je vous ai mise mal à l'aise, ce n'était pas mon intention. Je suis parfois un peu trop curieuse.
Et puis, j'ai vécu pendant des années avec des menteurs et des manipulateurs, je crois que je suis en train de me créer une seconde nature qui déteste par-dessus tous les mensonges et qui se permet maladroitement de comprendre à qui j'ai affaire. C'est une manière de me protéger. Ce n'est pas la meilleure, mais c'est pour moment la seule que j'ai. J'essaie de me rassurer en me disant que mes parents ont sûrement pris toutes les précautions pour engager des gens biens... sauf que ce n'est pas suffisant, surtout maintenant que je sais qu'ils pourraient me mentir par « respect ». J'ai du mal à comprendre... Non, je comprends, j'ai plutôt du mal à accepter. Je n'ai plus envie qu'on me mente, même si c'est pour me protéger.
— Ça vous a fait un choc ? j'émets avec un certain amusement.
— Quoi donc ?
— Lorsque vous avez appris pour moi.
— Disons que j'étais devant ma télévision, à écouter le discours de notre bon Premier ministre, quand je me suis soudainement étranglée en buvant une gorgée de mon chocolat chaud.
— Ah oui... Quand même ! m'exclamé-je avec stupéfaction. J'espère que la nouvelle de mon retour dans le monde des vivants n'a tué personne. Ce serait quand même très ironique, en plus d'être horrible. J'avais déjà peur de causer un arrêt cardiaque à l'un de mes grands-parents...
— Ne vous en faites pas, je suis sûre que tout le monde se porte à merveille et l'humeur générale doit se situer entre une joie et une surprise nationale.
— J'ai dû mal à imaginer que des millions de personnes puissent être heureux à mon sujet... D'ailleurs, combien il y a-t-il d'habitants dans ce pays ?
— Je crois que nous devons être aux alentours des quarante -sept millions, m'indique-t-elle très chaleureusement. Quarante-sept millions, plus une nouvelle habitante maintenant.
— Je le croirais quand j'aurais une carte d'identité... Où est-ce que je n'ai pas le droit d'en avoir une ?
— Vous avez bien entendu le droit d'en avoir une, mais ça, ce sont plutôt des questions que vous devez poser à Leurs Majestés ainsi qu'au chef de la sécurité.
— Monsieur Sutton. C'est l'un des seuls employés que je connais... Et qui me connaît. Jusqu'à maintenant en tout cas. Vous êtes la première à qui je parle et qui est au courant de mon identité. Avant, tout le monde croyait que j'étais...
— La nièce de Monsieur Sutton ? termine-t-elle. Veuillez m'excuser, on m'a parlé de vous lorsque je faisais quelques passages en cuisine.
— Ah oui ? Et puis-je savoir ce qu'on disait de moi ?
— Pas grand-chose. Enfin, qu'il y avait une jeune adolescente très jolie qui résidait dans l'une des chambres royales et qu'elle était là pour quelques jours. Que vous étiez la nièce d'Aiden. Madame Millet est restée très discrète, voire pratiquement silencieuse lors que l'on vous mentionnait.
— Je crois que, le jour où elle m'a vue pour la première fois, elle a compris qui j'étais.
— Cela ne m'étonne pas, j'ai cru comprendre qu'elle était là depuis très longtemps et que Sa Majesté, la Reine, et vous vous ressembliez au même âge. Sans compter que Madame Millet a une étonnante mémoire des visages et des prénoms. Elle se souvient avec une précision fascinante toutes les personnes qui ont travaillé depuis qu'elle a commencé sa carrière.
— Je ne me souviens même plus des noms de mes professeurs de l'année dernière, plaisanté-je. Alors oui, je dois avouer que c'est très impressionnant. Cela a dû la titiller de savoir réellement qui j'étais et de ne pas avoir le droit d'en parler jusqu'à l'annonce officielle.
— J'imagine que oui.
Nous nous échangeons un sourire et je me détends. La discussion est plus conviviale et je sens mon interlocutrice plus à l'aise également. Je dois dire que c'est agréable de discuter avec une nouvelle personne et d'en apprendre plus sur les gens que je verrais quotidiennement à présent. C'est une manière de s'acclimater au lieu et aux personnes, d'en apprendre un peu plus sur elles. Le problème d'une discussion intéressante, c'est que je ne prends pas garde au chemin parcouru : je vais avoir de plus en plus de mal à me repérer dans cette espace gigantesque si je n'y accorde pas plus d'attention à l'avenir.
— Vous avez eu la chance de goûter aux plats de Madame Millet ?
— Quelques fois, oui, mademoiselle. En particulier ses petits-déjeuners.
— Vous êtes d'accord avec moi pour dire que ses crêpes sont absolument divines ? m'extasié-je à cette idée.
— Je crois que personne ne pourrait vous contredire à ce sujet, confirme-t-elle avec un rire.
— Vous croyez qu'elle voudra bien m'en faire en plein milieu de l'après-midi ?
— J'en suis même persuadée, elle ne vous dira jamais non. Elle est très attachée à la famille royale.
— Je pense l'avoir remarqué, elle avait pris le temps de faire le dessert préféré d'Ernest alors que nous l'avions prise un peu de court. Elle a l'air d'être très gentille.
— Elle l'est énormément. S'il y avait une compétition pour être élu « employé du mois », elle l'emporterait haut la main à chaque fois. C'est un peu la matriarche des employés, si on peut dire.
— Je sens que je vais l'adorer.
Je n'en doute pas une seule seconde. J'ai eu des doutes sur énormément de sujets, ou de personnes, depuis mon arrivée, mais pas la concernant. Je suis plutôt confiante et très excitée à l'idée de la rencontrer. C'est un peu l'état inverse dans lequel j'étais lors de mes précédentes rencontres : Ernest, Philippe, le dîner familial, le Premier ministre. Je ne compte pas Lilianna, car j'étais plutôt heureuse de l'avoir et je n'étais pas aussi stressée que pour les autres. J'imagine que ma liste de rencontres futures est encore longue : il ne fait aucun doute que beaucoup de personnes, « importantes » ou non, souhaitent me rencontrer désormais. Des hommes et femmes politiques, des cousins éloignés, des grands-oncles et tantes, des aristocrates et toutes ces personnes que je rencontrerais au fil de mon évolution au sein de cette famille si prisée, si connue. Je ne sais pas ce qui m'angoisse le plus. Tout, sûrement.
Nous arrivons près des cuisines et, sans aucune raison, je commence à appréhender la rencontre. Nous croisons plusieurs employés au détour des couloirs, tout s'arrêtant et me saluant d'un affaissement de la tête. Lorsque nous entrons dans la cuisine, longue d'au moins une dizaine de mètres, plusieurs cuisiniers s'affairent autour des différents comptoirs où j'y discerne de délicieux petits gâteaux à la fraise. Est-ce que c'est prévu pour aujourd'hui ? Parce que j'en salive déjà !
Je reconnais Madame Millet très facilement : c'est l'une des rares femmes dans la pièce et c'est aussi la seule que je connaisse. Tous sont si concentrés sur leur travail qu'ils mettent une dizaine de secondes avant de remarquer notre présence, surtout avertis par un raclement de la gorge de la part de Mia. Ils s'arrêtent immédiatement avant de me dire bonjour à leur tour.
— Votre Altesse Royale ! s'exclame Madame Millet, tout en panique. Veuillez nous excuser, nous ignorions que nous aurions la chance de vous rencontrer aujourd'hui.
— Ne vous excusez pas, l'arrêté-je aussitôt. Je n'ai prévenu personne et je ne pensais même pas vous trouver jusqu'à ce que je fasse la rencontre de mademoiselle Stuart... Ou madame Stuart ?
— Comme cela vous convient, mademoiselle. Bien que je ne sois pas encore mariée.
— Mademoiselle Stuart alors. Donc, je disais que je n'avais prévenu personne. Personne ne sait que je suis ici... Ouh, maintenant que je le dis, j'aurais peut-être dû prévenir quelqu'un.
J'imagine déjà Sutton être en panique et envoyer chacun de ses gardes inspecter les moindres recoins à ma recherche.
— Nous pouvons prévenir monsieur Sutton, me propose Madame Millet. George, peux-tu l'appeler et lui rassurer quant à l'endroit où se trouve la Princesse Adélaïde ?
L'un des cuisiniers s'exécute aussitôt et s'approche d'un téléphone accroché au mur. À peine a-t-il eu le temps d'approcher le combiné de son oreille qu'il fait directement savoir ma position à son interlocuteur. Je suis à la fois rassurée à l'idée de n'inquiéter ni mes parents ni monsieur Sutton, mais un peu agacée par celle d'être « fliquée ». Je laisse pourtant ça derrière moi lorsque je m'approche de Madame Millet, toujours très surprise de me voir dans sa cuisine.
— Merci, cela m'aurait ennuyée de savoir que j'aurai pu inquiéter quelqu'un. Je n'y ai pas pensé quand j'ai quitté ma chambre, je voulais juste explorer les environs et je voulais vous rencontrer aussi.
— Me rencontrer, mademoiselle ?
— Oui, je sais que vous m'avez reconnue la première fois que vous êtes venue dans ma chambre... Lorsque l'on me faisait passer pour la nièce de monsieur Sutton.
— J'ai fait au mieux pour ne pas y penser, mais la ressemblance était frappante et je ne pouvais cacher mon choc en vous apercevant. J'espère que ma réaction ne vous a pas trop mis mal à l'aise, mademoiselle.
— Non, pas du tout ! Au contraire, je vous ai trouvée très gentille à mon égard et j'aimerais vous remercier de n'avoir rien dit... jusqu'à l'annonce officielle.
— L'idée ne m'a pas traversé l'esprit une seule fois, mademoiselle. Je me suis dit que Leurs Majestés trouveraient le moment opportun pour nous faire part de l'improbable et heureuse nouvelle. Ce qu'ils ont fait et je suis très honorée de pouvoir vous voir.
L'honnêteté de la matriarche de ces lieux ne fait aucun doute tant je ressens l'émotion qui l'anime. Quelle place a-t-elle ici ? Je la sens tellement plus investie qu'une simple employée. Elle paraît si attachée à cet endroit et cette famille, la mienne.
— C'est moi qui suis honorée de vous rencontrer, madame Millet.
Je m'approche un peu plus d'elle tandis que, d'un geste, elle ordonne à tous de se remettre au travail. Lorsque je me sens suffisamment proche pour ne pas être entendue par les autres, je reprends la parole.
— Pour tout vous avouer, vous étiez la première personne que je voulais rencontrer. J'ai bien failli vous annoncer moi-même la nouvelle il y a quelques jours.
— Ah bon ?
Si me voir apparaître dans sa cuisine a déjà été un choc pour elle, mes derniers mots l'ont fait atteindre l'incompréhension la plus totale. Elle ne devait pas s'attendre à ces différentes envies que je n'ai pas pu assouvir avant. Mon attention la touche à nouveau, je le vois, et ça me met du baume au cœur.
— La façon dont vous m'avez regardée, je ne sais pas comment l'expliquer, mais ça m'a fait du bien. Ce regard, je l'ai trouvé bienveillant et chaleureux. Vu ce qui venait de m'arriver et tout ce que je traversais, ce n'était peut-être pas grand-chose pour vous, mais ça l'a été pour moi. Ça et vos délicieuses crêpes m'ont beaucoup aidée, ajouté-je sur un ton plus détendu.
— Je vous remercie pour ces mots, mademoiselle. Ils me touchent beaucoup et... et voilà que j'en perds mes mots. Je vous prie de m'excuser, je ne voulais pas que vous me voyiez dans cet état, pas la toute première fois en tant que la Princesse Adélaïde.
— C'est dommage, parce que je préfère vous voir comme ça. Vraie.
Nous échangeons un sourire ému. Je n'ai pas l'habitude de parler comme ça aux gens. En étant totalement honnête. Je suis comme un livre ouvert. Un nouveau livre où j'aimerais que les premiers chapitres s'ouvrent sur de belles perspectives et des rencontres qui me feront évoluer. Qui me feront grandir et donner l'impression que je suis bien à ma place ici. Il y aurait aussi des mots comme famille, amis, amour. Pas celui avec un grand A. Celui sous toutes ses formes et dont j'ai été privé toute ma vie. Je ne m'en étais pas rendu compte jusque-là. Ce n'est pas facile de savoir ce qui nous manque lorsqu'on n'y a jamais goûté. Mais les câlins de mes parents, le sourire de Lilianna, les larmes d'oncle Ernest, la chaleur d'Aiden et le regard bienveillant de madame Millet me l'ont bien fait comprendre.
Un nouveau livre. C'est ce que je suis. Un carnet vierge... avec un estomac qui gargouille, encore.
— Bon, et si je vous faisais quelques petites crêpes ? me propose-t-elle, amusé.
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