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06

Lise

On ne peut pas dire que la nuit a été réparatrice. Comme je l'avais imaginé, je me suis endormie comme une masse après le passage de Thomas et son plateau de nourriture, auquel je n'ai finalement pas touché tant mon ventre se tordait dans tous les sens. Mais je n'ai dormi que d'un œil, me réveillant, me retournant, ne trouvant pas une position dans laquelle je me sente à l'aise. Difficile de se sentir en sécurité dans une telle situation. Sans compter les cauchemars, les douleurs à la tête et au ventre, la peur que quelqu'un ne fasse irruption à toute heure de la nuit.

Je suis quand même dans une meilleure forme qu'hier soir. Toutefois, je ne suis pas certaine que ça dure bien longtemps.

« Un bon petit-déjeuner pourra m'aider à garder les yeux ouverts » je pense alors que des gargouillements se font entendre.

Je lance un regard au plateau que Thomas a déposé sur la table basse. Des fruits et des biscuits en tous genres y sont déposés et il ne me faut pas longtemps pour sortir du lit et m'installer à même le sol. J'ai une faim de loup. À peine ai-je posé mes fesses sur le tapis un peu vieillot que j'attrape une pomme. Alors que je m'apprête à croquer et à satisfaire mon appétit, un petit coup à la porte se fait entendre. Je rechigne un instant, me demandant s'il ne serait pas préférable de ne pas répondre... Néanmoins, j'ai peur que la personne en question ne passe sa tête et me prenne en flagrant délit d'impolitesse. Je soupire en me redressant, considère mes vêtements d'un regard bref et ouvre la porte sans avoir envie de me rendre présentable.

Devant moi, l'homme qui a brisé ma vie.

— Bonjour mademoiselle, vous ai-je réveillée ?

Si je lui dis oui, va-t-il me laisser tranquille ? Pourrais-je prendre mon petit-déjeuner en paix ?

— Non, je suis réveillée depuis quelques minutes.

Je ne sais pas ce qui me prend de dire la vérité. Saleté de politesse à la con.

— Est-ce que ça vous dérange si j'entre ?

Je n'ai même plus envie de parler : je me contente de me reculer et de lui ouvrir la porte. Une fois entrée, je remarque les deux gardes debout devant ma porte. Ça me fait frissonner, si bien que je la referme aussitôt.

— Puis-je appeler la cuisine pour vous apporter un petit-déjeuner, mademoiselle ? J'imagine que vous devez avoir faim après ce voyage et cette nuit.

— Je comptais manger ce qu'il y avait sur le plateau, le contredis-je avec un haussement d'épaules.

— Avant de prendre votre petit-déjeuner, je dois vous demander votre permission pour vous prendre un échantillon.

— Un échantillon ? répété-je pas totalement réveillée.

— Un échantillon de votre ADN.

Il accompagne son explication d'un geste de la main, je repère alors deux petits étuis en plastique. Mon cerveau commence à peine à s'éveiller, mais je comprends tout de suite.

— Ouais, mais j'imagine que n'avez pas détruit ma vie sans être certain de vous.

Aiden est face à une adolescente bouleversée, il doit peser ses mots avec soin de peur que je parte totalement en vrille.

— Nous en sommes sûrs, mais le test ADN est une formalité nécessaire pour l'enquête. Pour confirmer, scientifiquement, qui sont vos parents. Pour que personne ne puisse plus remettre en doute votre véritable identité.

— Très bien.

Je crois qu'Aiden ne s'attendait pas à ce que je le laisse faire aussi vite. Il pensait sûrement qu'il me faudrait plus du temps pour accepter de le laisser s'approcher, de lui donner une part de moi. Mais à quoi bon ? Je suis dans cette situation jusqu'au cou, autant coopérer. Moi, plus que tous les autres, j'ai besoin de réponses, de lire noir sur blanc qui je suis. Le chef de la sécurité s'approche de moi et ouvre l'un des deux étuis d'où il en sort un coton-tige emballé.

— Il y en a deux, m'explique-t-il, je vais vous demander frotter l'intérieur de votre joue droite avec le premier, et la gauche avec le deuxième, pendant une trentaine de secondes.

Je me saisis du premier emballage et effectue la marche à suivre.

« Un crocodile, deux crocodiles, trois crocodiles ».

Je compte en détournant le regard de l'homme en face de moi. J'ai comme l'impression que lui et moi serons amenés à nous voir très souvent, autant l'éviter si je le peux. Après avoir déposé le coton-tige dans le deuxième étui, je réplique une nouvelle fois le processus. Une fois débarrassée d'un bout de moi, je recule de quelques pas.

— Merci, me dit mon interlocuteur en rangeant le petit boîtier en plastique dans la poche intérieure de sa veste. Je vais vous laisser vous préparer. Votre salle de bain personnelle est juste derrière cette porte, m'informe-t-il en m'indiquant une porte en face du lit. Si vous avez la moindre demande, les hommes restent devant votre porte. Je reviendrai vous chercher dans une heure et demie.

— Pour les voir, c'est ça ?

— Oui, ils sont impatients de vous voir.

— Donc vous revenez et... et vous m'amenez à eux ?

— Si vous n'êtes pas prête, ils pourront très bien comprendre. Je peux leur dire si vous voulez.

— Je devrais bien les rencontrer un jour non ? C'est juste que...

— Que quoi mademoiselle ?

— Non rien, vous êtes certainement très occupé, vous êtes le chef de la sécurité après tout.

— Ma seule préoccupation en ce moment, c'est vous. Alors, dites-moi ce que je peux faire pour vous.

— Vous pourriez venir un peu plus tôt ? Vous savez, pour des questions... Un peu générales sur eux. Je ne les connais pas. Je devrais savoir au moins quelques petites choses, des choses que tout le monde peut connaître. Telle n'importe quelle citoyenne.

— Pas de soucis, je viendrai dans une heure alors. Est-ce que cela vous convient ?

— Oui... Merci.

Aiden Sutton disparaît moins d'une minute plus tard, me laissant seule avec des pensées beaucoup trop envahissantes. Je me jette sur la nourriture qui me faisait de l'œil depuis son entrée. Une fois rassasiée, je m'approche à pas lent près de ma valise. Mon seul souci, le seul que je puisse réellement gérer à cet instant précis, c'est ma façon de m'habiller et je ne pense pas avoir les vêtements adéquats pour une entrevue avec un membre de la famille royale. Une fois ouvert, et bien qu'il soit évident qu'aucun vêtement « classique » n'aurait pu se glisser dans ma valise, car je n'en possède pas, je reste un long moment, le regard perdu sur le tas de vêtements et objets en tous genres que j'ai eu le temps d'emmener.

Je peux déjà commencer par éliminer les habits à éviter à tout prix : t-shirt à l'effigie d'un groupe de musique ou avec des citations un peu drôles, jeans à trous, baskets. J'opte pour la sobriété. Ballerines, pantalon noir, pull gris. Me concentrer sur des détails qui peuvent paraître insignifiants aide à m'apaiser, à m'ancrer dans le moment présent, à ne pas laisser toute la situation me posséder.

« Faut que je gère, faut que je gère, faut que je gère » je me répète en boucle.

Pas facile du haut de mes dix-sept ans cependant. Un événement pareil vous fait grandir en un claquement de doigts, moi qui n'étais pas prête à devenir une adulte, je n'ai désormais plus personne pour me guider comme l'auraient fait des parents.

J'attrape ma tenue et me dirige d'un pas déterminé vers a porte qui conduit à la salle d'eau. Une fois à l'intérieur, je ne prends guère de temps à l'observation de la pièce. Je me concentre sur mes actions : se doucher, se brosser les dents, s'habiller et daigner faire quelque chose de ses cheveux. Cette dernière partie me prend du temps. Je n'ai pas mon lisseur ni mon boucleur, juste une brosse. Le strict minimum. Je n'ai même pas pensé à prendre une pince ou un élastique. C'est dommage, car les attacher m'aurait facilité la tâche.

J'ai juste le temps de ranger les vêtements de la veille dans mon bagage que, déjà, on toque à la porte. Je ne me suis pas rendu compte que l'heure était déjà passée. J'atteins la porte plus rapidement que la première fois. Aiden est de nouveau-là, comme convenu. Une fois installés dans les fauteuils qui font face au lit, je prends quelques instants afin de choisir ma première question.

— Le test ADN, combien de temps faut-il pour en avoir les résultats ?

— Les résultats arriveront dans la journée de lundi.

— Si vite ? J'ai toujours cru que ça prenait des semaines...

— Tout est plus rapide quand la demande vient de la famille royale.

— Effectivement... Vous pourriez me dire pendant combien de temps j'ai vécu ce mensonge, précisément ?

— Seize ans et demi, mademoiselle, me répond-il spontanément.

— Où est-ce qu'ils sont ? Ceux dont je ne dois plus prononcer les noms, tenté-je de plaisanter en vain.

— Emprisonnés dans un endroit gardé secret. Comme vous l'imaginez, nous avons bon nombre de questions à leur poser.

— Vous allez les tuer ? je demande la gorge nouée.

Je m'en veux tellement de ressentir ne serait-ce qu'une once d'inquiétude pour eux. Malheureusement, il est difficile d'oublier plus de seize ans de vies communes avec des parents aimants. Malgré leurs règles, que je comprends désormais, je n'ai jamais manqué d'amour. La majorité de mes souvenirs sont heureux. Comment jeter tout ça à la poubelle en l'espace d'une nuit ? Comment jeter à la poubelle cet espoir que tout va s'arranger ? Que tout ça n'est qu'une terrible et regrettable erreur ?

— La peine de mort est abolie dans notre pays, me rassure-t-il.

— Alors que va-t-il leur arriver ?

— Je ne suis pas juge, mais l'emprisonnement à vie sera sûrement leur peine.

— D'accord... Je pensais que vous ne pouviez pas répondre à toutes mes questions ?

— Je crois que Leurs Majestés ne m'en voudront pas d'avoir abordé les questions au sujet de vos kidnappeurs. Si je peux les soulager de questions difficiles, je le fais avec plaisir.

— Ils sont donc tous les deux vivants ? Mes parents biologiques, je veux dire.

— Oui, mademoiselle.

— Comment s'appellent-ils ?

— La Reine Hellen et le Roi Robert

— Hellen et Robert, me murmuré-je en détournant le regard. Quel âge ont-ils ?

— La Reine a fêté ses quarante-six ans, il y a un mois. Quant au roi, il va sur ses quarante-neuf ans.

Je m'en veux d'avoir dormi à certains cours d'Histoire, cela m'aurait très certainement permis d'en savoir plus. Pas forcément sur la famille royale actuelle, mais au moins sur son histoire. Quelques événements ou personnages importants. Je suis bien incapable de citer le nom de la capitale. Ouais, je n'aurais pas dû roupiller non plus au cours de géographie.

— Je n'avais rien d'autre à me mettre, laissé-je échapper honteusement.

— Croyez-moi, ce que vous porterez est bien la dernière chose dont ils se soucieront.

J'ignore pourquoi, mais ce dernier mot est comme un électrochoc. Je me lève soudainement de ma chaise et me recule de quelques pas, tournant ainsi le dos à Aiden. J'ai essayé. Je me suis concentrée sur un truc totalement futile et même si je sais que cette discussion était nécessaire pour la suite des événements, je la regrette parce qu'elle me met dans une position de faiblesse. Il a suffi d'un mot. Un seul mot. « Soucieront ». Pendant plus de seize ans, j'ai été séparée de mes vrais parents, séparée de personnes qui se sont souciées de moi et qui, pendant des années, ont sûrement cru que j'étais morte.

Un mot et je me mets à pleurer. Je pense à la vie que j'aurais pu avoir. Celle de la vérité. D'une famille sans secrets. Une vie où je n'aurais pas eu à subir tout ce bouleversement. Je pleure maintenant, espérant ne plus avoir de larmes pour la rencontre tant redoutée.

Je suis trop naïve. Trop conne. Comment n'ai-je pas pu remarquer qu'un aussi gros mensonge demeurait là ? Dans chaque souvenir, dans chaque centimètre carré de la maison ? Pourquoi n'ai-je pas douté ?

— Je peux retarder la rencontre, me fait savoir Aiden.

Sa voix est proche, il doit être à moins d'un mètre de moi. Je ne l'ai pas entendu se lever ou s'approcher à cause de mes sanglots, ces derniers se faisant de plus en plus bruyants depuis sa proposition.

J'arrive à pivoter vers lui, la tête baissée et cachée par ma tignasse. J'essaie de me calmer pour pouvoir lui répondre, mais je ne suis plus maîtresse de moi-même et ça me fait peur.

Je ne sais pas ce qui l'a poussé à avoir un tel geste, mais les bras d'Aiden sont désormais autour de moi, m'enlaçant délicatement tandis que mon visage se pose sur la chemise blanche de son costume. J'y abandonne mes larmes, culpabilisant presque aussitôt de laisser des traces de ma détresse. Il me faut plusieurs minutes pour calmer mes pleurs et encore quelques-unes pour oublier la honte du moment.

— Je ne suis pas censé avoir ce genre de geste, m'avoue-t-il gêné après que je me sois reculée.

Je le regarde sans comprendre alors que j'essuie mes joues mouillées à l'aide de ma manche.

— Eh bien, ajoute-t-il d'une voix basse, je ne suis pas autorisé à avoir un contact de ce type avec les membres de la famille royale.

— Je ne dirai rien à personne, je lui fais savoir la voix brisée.

Je crois que me prendre dans ses bras a été plus fort que lui et que les possibles conséquences de son acte ne comptaient pas pour lui à cet instant. Je me demande s'il pourrait vraiment se faire renvoyer juste pour ça. Qu'a-t-il fait de mal à part essayer de réconforter une jeune fille totalement perdue ?

— Je suis désolée, ajouté-je en détournant le visage.

— Vous n'avez nullement besoin de vous excuser. Au vu de ce que vous vivez, vous avez une réaction parfaitement normale et attendue.

— Vous saviez que j'allais me remettre à pleurer ?

— Je m'en doutais un peu. Pleurer, crier, se renfermer sur soi-même sont des réactions appropriées dans une situation de grands bouleversements. Ne pas s'effondrer aurait été surprenant, alors ne vous excusez pas pour vos larmes, votre colère ou votre mutisme qui pourraient se manifester.

— Je ne sais pas comment faire face à la situation, expliqué-je le cœur lourd. J'ai tellement de mal à l'accepter.

— Il faut faire ça par étape. Vivre le moment présent. Vous allez passer par beaucoup d'émotions, parfois plusieurs à la fois comme en ce moment où c'est le déni et la tristesse qui sont les plus forts.

— Le déni et la tristesse, ça me fait penser...

— Aux étapes du deuil ? termine-t-il en me voyant hésitante. C'est un peu ça, vous devez faire le deuil de votre ancienne vie.

— Mais qu'est-ce que je vais devenir monsieur Sutton ? soupiré-je en m'installant sur le bord du fauteuil. Ce n'est pas que j'avais des plans d'avenir exceptionnels. Pour tout vous dire, je ne savais même pas ce que je voulais faire dans ma vie. J'avais quelques idées et ça s'arrêtait là. Mais j'avais une vie. J'avais quelques amis, des centres d'intérêt. J'avais un pays, j'avais... Une identité, finis-je dans un murmure choqué.

Une autre vérité vient de s'imposer à moi. Cela semble évident, aux premiers abords, mais vu les révélations auxquelles je dois faire face depuis hier soir, il y a une tonne de choses que je dois encore assimiler et auxquelles je n'ai pas encore eu le temps de penser.

— Je ne suis plus rien, je n'existe même plus.

— Ne dites pas ça mademoiselle, me prie-t-il abattu. Vous êtes quelqu'un et vous existez. C'est encore difficile à concevoir, mais vous êtes aimés et... Et vous allez vous retrouver. Il faudra du temps pour vous reconstruire une vie, mais elle sera faite de vérités.

— Oui...

Je n'ai plus les mots pour lui répondre ou pour penser. Mon cerveau est vide, tout comme mon cœur.

— Comme je vous l'ai dit, reprend-il calmement, je peux repousser votre rencontre.

Je refuse d'un hochement de tête. Rester enfermée dans cette chambre, seule, ne m'aidera pas. Au contraire, je risque de me faire plus de mal en ruminant les événements d'hier soir.

— Si c'est trop pour vous, vous pouvez partir à n'importe quel moment, ils comprendront à quel point c'est dur.

J'ai peur. Si peur. Et ce sentiment ne fait que s'accentuer lorsque je prends la décision de me lever et d'affronter cette étape. Elle ne disparaît pas lorsque nous sortons dans le couloir, mais elle se transforme en une véritable panique à chacun de mes pas. Une fois devant la porte du petit salon — là où ils se trouvent —, elle est si forte que je dois me tenir au bras d'Aiden tant mes jambes sont à deux doigts de me laisser tomber.

— Vous avez encore le temps de changer d'avis, me murmure-t-il pour que je puisse la seule à entendre.

L'homme près de la porte, qu'Aiden m'a expliqué être un huissier, me regarde d'une façon bizarre. Sait-il qui je suis ? Ou alors, il s'interroge sur mon accoutrement ou ma façon de m'accrocher à Aiden comme si ma vie en dépendait.

— Non... Allons-y.

Je ne peux m'enfuir, je ne peux oublier tout ce qui s'est passé. La seule solution, c'est d'affronter ce qui m'arrive avec, si je le peux, la tête haute. 

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