Chapitre 78

– Très bien, dans ce cas, je vais réfléchir à cette proposition. Vous pouvez disposer. Monsieur Dippet, veuillez reconduire ces élèves à la grande salle, j'ai des choses à voir avec Albus.

Norbert et Leta ne se firent pas prier. Ils suivirent le sous-directeur après avoir adressé un discret signe de tête à leur professeur.

– Votre influence est mauvaise pour eux mon petit, attaqua Everard.

– Qui vous dit que ce n'est pas eux qui influencent mes actes ?

– Peut-être, peut-être...

– Alors comme ça vous avez vu le « cheval », « l'humain » et « l'eau », souleva Dumbledore en espérant changer de sujet.

– Je remarque avec satisfaction que tu te souviens de mes cours.

– Bien évidemment, je devais connaitre les runes pour...

Albus s'arrêta dans sa phrase, conscient que ce sujet l'emmènerait à parler d'un symbôle qu'il ne souhaitait pas évoquer.

– Pour réussir tes B.U.S.E. puis tes A.S.P.I.C., continua le directeur, magnanime. Te rappelles-tu également ce qu'elles signifient ?

– Ehwaz représente le mouvement, l'aventure, le voyage, mais également la dualité ou le lien. Mannaz est une fusion entre Gebo et Ehwaz, c'est une dualité qui est harmonisée, c'est donc également une forme de lien. Et pour finir Laguz qui signifie la force et la fluidité ainsi que le lâcher prise. C'est également la rune des émotions et des intuitions. Elle conduit vers un changement. Ce qui est amusant, c'est que ces trois runes se suivent... Mais je ne sais pas ce que cela signifie.

– Bonne observation de ta part, répondit-il en éludant la dernière phrase d'Albus.

– Et quelle est la rune sur la dernière pierre ?

– Ceci mon petit, restera mon secret.

Dans l'alcôve considérée comme QG par Leta et Norbert, la discussion était animée. Ils avaient bon espoir que le Cromlech soit réalisé et il espérait ainsi revoir Teodors.

– Il nous reste encore un mystère à résoudre !

– Lequel ? s'étonna le Poufsouffle.

– Que faisait le livre dans la bibliothèque alors qu'il devait être dissimulé dans les tréfonds de Poudlard ? Il n'a pas pu se retrouver à portée de main par hasard ! Quelqu'un l'a forcément placé intentionnellement dans les rayonnages. Mais qui ?

– On ne le saura peut-être jamais...

Les deux amis restèrent assis contre les pierres froides encore quelques instants à profiter d'une brise rafraichissante.

– Je n'ai pas envie de retourner dans ma maison commune, souffla finalement Leta. D'habitude, tout le monde m'évite, mais là, j'ai l'impression qu'ils ont tous envie de me parler.

– Ils veulent peut-être sympathiser ?

– Non, ils veulent juste des détails du combat. C'est fatiguant. En plus, Valendrey m'en veut d'avoir désobéi à son ordre. Il a sous-entendu que je pourrais ne plus faire partie de l'équipe l'année prochaine... Ce qui a fait particulièrement plaisir à Bridget. Elle va encore écrire n'importe quoi dans son journal...

– Je t'inviterai bien dans la Maison Poufsouffle mais je doute que cela soit mieux...

Leta ne cacha pas sa grimace de dégout, mais cela ne choqua pas Norbert.

– Crotte au nez et varicocèle

Voici le jouvenceau et la jouvencelle

Qui encore une fois

Font les choux gras

Mais sans moi !

Oh quelle déception

Que sont ces petits morpions

Oubliant si souvent

Leur ami flottant

J'aimerai bien les punir

Mais comment les nuire

Quand je sais

Qu'ils ont un ami secret

Capable de détruire, de démolir

Ce qui est dans sa ligne de mir

D'un simple claquement de doigts

Je dois bien avouer, Ma foi,

Que le vieux Peeves n'a pas

Autant de talent pour parfois

Mettre Poudlard à feu et à sang

Je ne suis qu'un chenapan

Sans envergure

Ni engelure

– Oh Peeves, tu te sous-estimes ! s'esclaffa Leta après avoir bien ri de cette chanson impromptue. Tu serais capable de faire bien mieux, mais sans Poudlard, tu n'aurais plus de spectateur. Tu dois donc te contenter d'œuvres moins... destructrices.

– C'est tout à fait exact ! se ragaillardi l'esprit frappeur. D'ailleurs, je dois trouver une idée pour le banquet de fin d'année. Vous avez une idée ?!

Leta hocha la tête et lui proposa une blague amusante et non dangereuse.

– Je pourrai rajouter des oursins ?

– Hum... non. Il vaut mieux laisser un bon souvenir de toi, expliqua Leta. Ainsi, ils auront envie de revenir et l'année prochaine, une fois qu'on sera tous revenu pour un an, tu pourras te lâcher !

– Bien vu, nota Peeves dans un carnet imaginaire. Je vais m'atteler à la tâche.

Une fois l'esprit frappeur volatilisé, les deux amis se regardèrent dans les yeux.

– Nous devons également dire au revoir à Méridia, évoqua Leta. Et j'aimerai beaucoup revoir Salazar et Helga.

– Moi aussi... Ainsi que Feu Follet. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé après qu'il nous ait transmis le souvenir de Spooky.

– Je te propose d'aller voir tout ce beau monde cette nuit, déclara Leta en quittant le petit muret de l'alcôve.

– Il vaut mieux attendre lundi prochain. Le directeur nous surveille peut-être. Cela ne m'inquiète pas plus que ça, mais si tu préfères, attendons.