Chapitre 65
Chapitre 65
Un voile sombre avait envahi les globes oculaires du professeur. Il n'y avait plus ni pupille ni iris... juste une couleur noir profond.
– Je vous cherchais, expliqua Norbert.
Le démon aurait pu être surpris par cette affirmation sans arrière-pensée ni agressivité, mais il ne le fut pas. Il resserra son emprise sur le garçon jusqu'à laisser la trace de ses doigts sur son bras et reprit sa marche.
– Je sais, je te connais. Le temps que j'ai passé dans le corps de ton amie m'a appris beaucoup de choses. Toi, le gentil petit Dragonneau, qui voit le meilleur en chacun, que ce soit dans les sorciers où dans les créatures magiques. Une âme pure comment on n'en voit plus !
– Vous ne voulez pas me faire de mal, souffla Norbert, sûr de lui.
– Ah bon ? Tu en es certain ?
– Oui.
Encore une fois, l'élève n'avait pas hésité.
Après une seconde de latence, le démon partit dans un fou-rire caverneux. Il était étrange de voir un son aussi grave sortir du corps de la femme possédée, mais Norbert ne s'en formalisa pas. Il continuait à fixer le démon tout en le suivant docilement
– tellement de franchise, j'en suis sidéré. Pour la peine, je vais te révéler le plan que je souhaitais mettre en place. Vois-tu, à la base, je voulais faire ami-ami avec toi. Apparaitre comme un pauvre petit démon malheureux et mal-aimé que tu aurais pris soin de sauver en mettant en péril la vie de tous tes camarades. J'aurais tellement aimé voir ta naïveté se briser en contemplant l'étendue du désastre que tu aurais causé... Malheureusement, je n'ai plus le temps de te manipuler. Dumbledore a compris comment se débarrasser de moi. Ce pauvre idiot est venu en parler avec le professeur des Forces du Mal. En bonne petite sorcière, Têtenjoy lui a donné une information qui m'a fortement déplu, mais qui a eu le mérite d'éloigner ce gamin de professeur loin du château un temps.
Des acclamations se firent entendre. Le match de Sautebuisson venait sûrement de se terminer. Le Démon continua son discours tout en tirant Norbert par le bras jusqu'à l'enceinte de Poudlard.
– Ce malheureux incident a dû précipiter mon plan. Je devais m'en prendre à toi avant son retour et occuper la créature que tu as chargée de m'espionner !
– Je n'ai...
– Tu n'as peut-être rien fait, mais le résultat est le même : une bestiole inconnue cherche ma présence... Je la sens s'approcher de moi. Même si ses intentions ne sont pas ouvertement hostiles, cela me pose problème... J'ai dû me servir d'une partie de mes pouvoirs pour prendre possession de Galatea ! Ce fut moins difficile que prévu. Cette pauvre mère est épuisée à force de courir entre les cours à Poudlard et son morveux au Prè-au-Lard. Je ne comprendrais jamais ce besoin de se reproduire, mais soit... Après cet exploit, je suis allé trouver le professeur de vol pour lui intimer l'idée de ce tournoi grotesque. Ainsi, l'attention des élèves, des professeurs et de ton espion est concentrée dans la cour du château...
– Pourquoi me racontez-vous tout ça ?
– Comme je te l'ai dit : « j'aurai tellement aimé voir ta naïveté se briser en contemplant l'étendue du désastre que tu aurais causé... », se cita le démon. Je te donne donc un cours accéléré pour que tu te rendes compte de ton erreur !
– Pourquoi ce que je pense vous importe autant ?
– C'est ta déconvenue qui m'apporte une jouissance délicieuse.
– Pourquoi souhaitez-vous que je sache à ce point que vous êtes un être mauvais ? Pourquoi avez-vous besoin d'asseoir votre identité ?
Norbert n'essayait pas de déstabiliser le démon, ou de lui faire perdre ses moyens. Il n'analysait pas la situation, non, il voulait juste comprendre. Mais ses « pourquoi » eurent le don de rendre fou de rage le démon.
– Parce que le monde n'est pas merveilleux ! Le monde est froid et sombre. Le monde est horrible, je suis horrible, nous sommes tous horribles !
– Je pense qu'on n'est pas horrible, mais qu'on peut avoir des comportements horribles.
– Tu penses ? Toi ? Du haut de tes 13 ans ?! Que sais-tu du monde si ce n'est ton cocon familial et ton école hypocrite battit sur des mensonges et des trahisons ?!
– Je pense que quand on s'énerve sur un sujet, c'est qu'il y a quelque chose qui nous fait mal.
Norbert ne vit pas la main de Démon partir, il sentit juste les doigts s'enfoncer dans sa joue dans un bruit éclatant. Le garçon tomba à terre sur les dalles froides du château. Un filet de sang coulait à la commissure de ses lèvres.
– Vous m'avez mis une claque, constata-t-il.
– Oui !
– Très primaire comme réaction. Quel est le but de tout ça ?
Norbert n'avait toujours pas peur. Il se trouvait dans une aile du château qu'il n'avait pas encore visité avec un démon fou furieux, pourtant son envie de comprendre était plus forte que tout.
– Pauvre fou ! tonna le démon. Tu es entouré de monstre et tu ne les vois même pas ?!
Le Poufsouffle afficha un regard surpris qui fit jubiler la créature maléfique.
– Ton amie a son âme détruite à jamais. Elle est viciée, perturbée, brisée... Elle a déjà commis l'irréparable ! Et ton modèle, ton professeur, n'en parlons pas... un sorcier fourbe et manipulateur comme on en voit peu ! Un marionnettiste égoïste et sournois. Un créateur de monstre... Tu t'entiches des déchets de la vie, ceux qui auraient dû mourir dans un caniveau... Est-ce pour te sentir meilleur que tu t'entoures d'eux ? Est-ce pour paraitre pur et généreux ? Peut-être que je me trompe sur ta supposée candeur et que tu te sers d'eux ?!
Leta, Dumbledore, l'image de ces deux personnes qui comptait tant pour lui tourna dans son esprit ? Est-ce que le démon avait vu juste ? Est-ce que Norbert ne faisait que se servir des autres ?
Le jeune garçon ferma les paupières pour finir par relever ses yeux bleus, brillants, vers le démon.
– Oui, vous avez raison.
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