Chapitre 62
Chapitre 62
Norbert s'était rapproché de Poudlard, mais il restait toujours près du lac à contempler sa surface miroitante. Poufsouffle, Serdaigle, Serpentard et Gryffondor se retrouvaient en petits groupes, parfois mixtes, sur les plages d'herbes et profitaient de la douceur de ce mois de mai.
Certains lui firent signe, mais le jeune sorcier préférait rester seul. Il choisissait des galets ronds et plats sur le sol pour faire des ricochets dans l'eau.
– D'une pierre deux coups, murmura-t-il en se focalisant sur les deux rebonds qu'il parvenait à faire.
– Ah te voilà ! s'exclama Leta en rejoignant son ami.
Bien évidemment, Norbert ne protesta pas en voyant sa camarade. Il ne souhaitait pas être avec d'autres personnes, mais avec elle, c'était différent...
– Tu as appris des choses ? demanda-t-elle cette fois en baissant d'un ton.
– Je ne sais pas vraiment. Je dois faire le tri dans mon esprit.
Leta fouilla dans la poche de sa robe de sorcier et en sortit des ChocoTêtards.
– Ils ne frétillent plus, mais ils sont encore bons, assura-t-elle.
Norbert accepta de bon cœur, cela faisait bien longtemps qu'il n'en avait plus mangé.
– Il parait qu'ils ont été inventés avant les Chocogrenouilles, raconta la jeune fille. C'est le fils d'un des inventeurs qui aurait dit un jour « ça serait drôle qu'ils se transforment en grenouilles qui sautent ! »
– Il a eu une bonne idée, reconnu Norbert. Les ChocoTêtards se vendent moins bien maintenant, peut-être qu'un jour, ils n'en feront même plus.
– Peut-être... en tout cas, j'aime bien l'idée de cette transformation. J'aimerais bien qu'on change nous aussi en grandissant.
Norbert, étonné, se tourna vers son amie.
– Mais, on change.
– Super, on grandit, on a des poils et...
Leta ne termina pas sa phrase. Son regard baissé vers sa poitrine naissante fit vivement rougir Norbert qui détourna les yeux.
– Enfin, tu vois ce que je veux dire, finit-elle par dire.
– Oui, oui...
C'est alors qu'une idée frappa le Poufsouffle.
– Tu crois que Feu Follet peut aussi se transformer ?
– Euh... Je ne sais pas, je doute que ça soit comme un enfant qui grandit ou un têtard qui évolue. Je dirais plutôt qu'il est comme Peeves, une créature intemporelle.
– Dommage, j'aurais aimé qu'il mue et qu'il perde sa capacité à raviver la peur des gens, souffla Norbert, déçu que son idée ne soit pas révolutionnaire.
– Mais pourquoi devrait-il changer ? C'est peut-être important pour lui, une sorte de mécanisme de défense.
Norbert pencha la tête. Il n'avait jamais vu la question sous cet angle.
– Une sorte d'attaque ? répéta-t-il.
– Oui, comme ceux qui sont désagréables et agressifs en permanence pour ne pas être blessé par les autres. Ils ont tellement pris l'habitude d'agir ainsi qu'ils ne savent plus comment agir normalement... Peut-être même qui ne l'a jamais su.
Le regard de Leta se voila en énonçant cette hypothèse. Comme si elle connaissait de près le sujet qu'elle venait d'aborder.
– Dans ce cas, il suffirait de lui apprendre à faire disparaitre cette capacité ? continua Norbert en réfléchissant en même temps.
– Non, pas la faire disparaitre, mais la contrôler.
Comment contrôler un pareil phénomène ? Leta et Norbert n'en avaient pas la moindre idée. Le garçon y pensa pendant le repas, pendant sa soirée à la salle commune des Poufsouffles, pendant son brossage de dent, pendant que ses camardes de chambrées discutaient des filles de leur promo, pendant que les autres dormaient... Son regard était absent, mais sa main caressait machinalement Josyane.
L'Acromentule naine fit claquer ses mandibules pour attirer l'attention de l'apprenti sorcier.
– Tu veux aller te dégourdir les pattes ? demanda-t-il en la voyant sautiller sur le Patchwork jaune et noir.
Elle acquiesça, ses multiples yeux brillaient d'envie.
– Très bien, allons-y.
L'araignée bondit du lit et passa en dessous des tentures qui protégeaient l'intimité de Norbert. Une fois certaine que tout le monde dormait, elle écarta le rideau de son maitre en utilisant un jet de sa toile.
Il garda son pyjama à rayures orné d'un blaireau et enfila sa paire de chaussures pour suivre l'Acromentule. Norbert n'avait pas vraiment de but dans cette balade, il se contenta de suivre son ami tout en saluant quelques tableaux encore réveillés. Un bruit sourd attira l'attention de l'araignée qui voulut mener l'enquête. Sans réfléchir le jeune Poufsouffle se retrouva juste devant la porte du bureau de Septime Gobe-Planche.
– Ah, mon ami, je suis contente de te voir enfin ! Quelle heure est-il là où tu es ?
Une voix masculine lui répondit, mais impossible de la comprendre, le crépitement d'un feu étouffait le son.
– Je tenais absolument à te dire que c'en est fini de ma vie de concierge ! À la fin d'année, je dirai adieu à tout jamais à ces sales parasites à peine sortis de leur couche !
– ...
– Oui, je sais, ta vision est quelque peu différente de la mienne, surtout concernant cette maudite école ! C'est pour ça que je voulais te contacter. Prendergast, mon ami, que dirais-tu de devenir concierge à ma place ?!
Josyane ne sembla pas s'intéresser plus que cela à la conversation des deux hommes. Après un coup d'œil en direction des escaliers, elle décida de continuer son exploration.
– Je ne te promène pas assez souvent, constata Norbert. Peut-être que tu pourrais plus souvent te promener sans moi.
L'Acrometule claque des mandibules pour montrer son désaccord. D'une patte elle montrait les armures qui ornaient les couloirs.
– Je doute qu'elles prennent vie et qu'elles veuillent te courir après pour t'écraser, répondit-il en bâillant.
Josyane n'eut guère de pitié pour la fatigue de Norbert et continua sa balade nocturne. Elle en profita pour récupérer dans les toiles qu'elle avait dissimulées les insectes qui s'étaient laissé prendre au piège. Papillons de nuit, cafards, scolopendres, et compagnie. L'Acromentule se faisait un vrai petit festin en parcourant Poudlard.
– Nous ne sommes pas seuls, souffla Norbert en voyant une lumière bleue arriver droit sur eux.
Le garçon n'eut pas la moindre crainte, la couleur n'était ni celle d'une baguette ni celle d'un flambeau.
– Feu Follet ? héla Norbert, conscient que personne ne dormait à proximité.
– Ami ? répondit l'être qui se fit de plus en plus distinct.
– Ami.
La créature fantastique resta à une distance calculée du sorcier pour ne pas lui provoquer une peur incontrôlable.
– J'ai beaucoup réfléchi à ta situation, expliqua Norbert. Je pense qu'on a trouvé une piste pour t'aider.
– Comment ?
– En contrôlant ton pouvoir.
– Mais je ne peux pas !
– Tu as déjà essayé ?
La petite fumée bleue vacilla. Ses grands yeux noirs se fixèrent sur l'apprenti sorcier.
– Non. Je n'ai jamais essayé.
– Nous allons donc tenter cette piste !
Feu Follet acquiesça d'un mouvement de tête avant de reprendre la parole, une inquiétude perçant dans sa voix.
– Je ne suis pas seul à me promener dans ce château...
Norbert comprit qu'il ne parlait pas d'élèves qui, comme lui, faisaient le mur. Il décida donc de lui expliquer la vérité.
– Un démon rôde.
– Bon ou mauvais.
– Je ne sais pas, peut-être un peu des deux.
– Comme moi.
Le Poufsouffle ne savait pas quoi répondre, alors il changea de sujet.
– Tu arrives à le sentir ?
– Oui, je sens sa peur.
Le monde s'éclaira alors pour Norbert. La phrase d'une pierre deux coups » prit enfin tout son sens. Grâce au Feu Follet, il pouvait retrouver le démon et le comprendre !
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