Chapitre 59

Vendredi 20 mai 1910

– Il y en a marre,

Des Serpentard,

Des Poufsouffle

Qui boursoufflent

Des Serdaigle

Et leur flegme

Des Gryffondor

Qui jouent dehors

On est à Poudlard,

Pas au Pré-au-lard

Ils se la coulent douce

Mais pierre qui roule n'amasse pas mousse

Je vais leur botter le train

Pour les mettre dans le droit chemin

Ils vont travailler, travailler

Ou je vais les hanter !

Peeves chantait gaiment dans les couloirs du deuxième étage en chassant tous les élèves qui prenait leur temps avant d'aller déjeuner.

– Depuis quand tu t'intéresses à la réussite scolaire des élèves ? s'étonna Leta en saluant l'esprit frappeur.

Ce dernier s'approcha d'un air conspirateur et révéla son nouveau plan machiavélique.

– J'ai décidé de faire une bonne blague pendant les examens ! Et peut-être même les annuler !

– Ah, d'accord.

Norbert lança un regard interrogateur à son amie, il n'avait pas compris le lien entre ses deux informations.

– Si Peeves fait annuler les examens, cela fera plaisir à ceux qui se sont en échec, expliqua-t-elle. Du coup, il veut que tout le monde travaille d'arrache-pied pour qu'ils soient tous dévastés par sa blague.

L'esprit frappeur essuya une larme qui s'apprêtait à s'échapper de son œil droit.

– Halala, ma petite Leta. Ta fourberie n'a d'égale que ta beauté !

Il lui lança un baiser en soufflant sur ses doigts et continua à voleter en s'égosillant sans la moindre mélodie.

– Bon, je vais te laisser, déclara la Serpentard. J'ai deux heures devant moi avant d'aller en histoire de la magie, je vais fouiner du côté de la bibliothèque. On ne sait jamais, je vais peut-être trouver un autre livre magique avec le Némésis du démon qui pourra l'affronter et le vaincre.

– Tu penses qu'il y a d'autres livres contenant des créatures ? s'étonna le garçon.

– Mais non, Newt, c'était de l'humour. Quoique... en y réfléchissant bien, c'est effectivement grandement probable. Mais je doute qu'on trouve notre champion.

– Notre champion, répéta le Poufsouffle en regardant Leta s'éloigner de lui. Notre champion...

Les pas du jeune sorcier le conduisirent machinalement devant la classe de Défense contre les forces du mal. Il allait entrer quand il souvint de la dernière fois où il était arrivé en avance. Galatea Têtenjoy s'était comporté étrangement, et il ne voulait pas que cela se reproduise. Elle était trop enthousiaste et joyeuse pour lui. Il se contenta donc t'attendre devant la porte entrebâillée.

– Gruik, Gruik !

– Qui a-t-il mon petit Pourceau ? questionna la voix de la professeure.

– Gruik !

– Très bien, tiens, mais maintenant, disparais, les élèves vont bientôt arriver et personne ne doit te voir.

Intrigué, Norbert de pu s'empêcher de jeter un coup d'œil dans l'embrasure de la porte. Il eut juste le temps d'apercevoir le fantôme d'un cochon victime d'un sortilège de Furonculose.

– Salut, Norbert, pressé d'aller en classe ? le héla Hiris Grandy, accompagné de ces deux amis, Lisbeth et Cuthbert.

– Euh, oui, j'aime bien les cours, bredouilla le Poufsouffle, déstabilisés par ce qu'il venait de voir.

La Serdaigle s'étonna une nouvelle fois de l'absence de second degré chez son camarade. Elle essaya de relancer une discussion, mais Norbert se contenta de répondre de manière laconique. D'autres élèves entrèrent et un cours très intéressant sur les lutins de Cornouailles. Au regret de tous les élèves, Madame Têtenjoy n'avait pas emmené de créature pour étayer ses propos.

– Madame, ses créatures ne sont pas dangereuses, pourquoi les voir pendant un cours de Défense contre les forces du mal ? questionna Kamil.

– Méfiez-vous de ces Lutins, Monsieur Londungand. Ils sont tout de même répertoriés par trois croix dans la classification du ministère de la Magie. Qui peut me dire ce que cela signifie ?

La petite blonde aux oreilles légèrement pointues devant Norbert leva timidement la main.

– Oui, Mademoiselle Lufkin ?

– Cette catégorie comprend les espèces qui ne posent pas de problème à un sorcier compétent.

– Tout à fait. 5 points en plus pour Poufsouffle. Comme vous le savez sûrement, tous les sorciers ne sont pas compétents, et beaucoup ne prennent pas au sérieux ces lutins farceurs. Vous connaissez sans doute l'histoire de Dymphna Furmage, la sorcière qui s'est fait enlever par ces lutins pendant son séjour en Cournaille.

Tous les élèves ayant vécu dans des familles de sorciers acquiescèrent. Ceux venant d'une famille Moldus n'avaient jamais entendu cette histoire avant d'aller se coucher.

– Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est que cette sorcière a ensuite tenté de persuader le ministère de la magie de perpétrer un génocide sur ses créatures pourtant essentielles à la biodiversité de notre monde magique.

Quand la fin du cours arriva, Norbert fut le premier à quitter son banc. Il avait bien sûr apprécié ces quatre heures, mais il n'avait pas réussi à chasser de son esprit ce qu'il avait vu en arrivant ce matin.

Tandis que ses congénères se dirigèrent vers la grande salle pour un repas digne de ce nom, Norbert quant à lui partit à la quête d'un fantôme ou de l'esprit frappeur. Il finit par trouver le Moine Gras dans les cachots, près de la cuisine. Ce dernier se faisait houspiller par Hooky, une elfe de maison à la tête des plus énormes. Le fantôme fit donc demi-tour et croisa l'élève de sa maison.

– Les serviteurs ne sont plus ce qu'ils étaient, se lamenta le dernier en frottant sa bedaine.

– Puis-je vous poser une question ? demanda Norbert sans s'appesantir sur le spectacle qu'il venait de voir.

– Bien évidemment, mon enfant. Je t'écoute.

– Combien de fantômes se trouvent à Poudlard ?

Le Moine Gras leva les yeux vers le plafond en pierre d'un air songeur et se mit à réciter ses connaissances.

– Eh bien, il y a le Baron Sanglant, Dame Helena Serdaigle, Sir Nicholas de Mimsy-Porpington, Edgard Clogg, Le Chevalier Noir. Pour certaines occasions Jacob Marley vient nous rendre visite, ainsi qu'Harlod II, Sir Patrick Delaney-Podmore et d'autres compagnons d'infortune. Il y a aussi un crapaud, mais je ne sais pas d'où il vient et pourquoi il est là, avoua le fantôme.

– Et un cochon ? interrogea Norbert ?

– Un cochon ? Vous parlez d'Edmond Graille ? Ce n'est pas très élogieux de votre part de parler de lui dans ces termes. Certes son poids est conséquent et il est mort en mangeant, mais tout de même !

– Non, je voulais parler d'un véritable cochon.

– Pas que je sache. Mais c'est possible, après tout, Poudlard est grand, je ne l'ai jamais exploré entièrement. Par exemple, je n'ai jamais visité le lieu d'aisance des femmes.

Norbert doutait qu'un fantôme choisisse des latrines comme lieu de repos éternels, mais il ne fit pas la remarque à haute voix. Le fantôme de sa maison était déjà reparti vaquer à ses occupations. Le garçon n'était donc pas plus avancé sur cette mystérieuse apparition.