Chapitre 43

Mardi 22 Mars

Norbert et Leta se dirigeaient vers la serre numéro 3. Comme chaque mardi, c'était le cours de Botanique qui ouvrait la journée.

– Méridia et Peeves m'ont enfin pardonné, expliqua avec soulagement la jeune fille.

– Tu as déjà chanté dix fois dans la grotte et fait dix farces avec Peeves ?

– Oui, la dernière en date n'était pas mal, on a réussi à faire tourner en bourrique Melania Macmillan et Mina Lima dans les latrines !

– Tu vas finir par te faire détester, s'inquiéta le Poufsouffle.

– On me déteste déjà, c'est juste que tu ne le vois pas. Et puis, Peeves voulait s'attribuer tout le mérite. Personne ne sait que je l'ai aidé. La vie peut redevenir comme avant !

– Pas tout à fait, nous n'avons pas de nouvelles de Feu Follet, ni du démon.

– Pour ce qui est de la boule bleue que tu as vue il y a deux mois, on la retrouvera sûrement lors du match de Poufsouffle contre Serpentard.

– Mais il n'était pas là lors de Gryffondor contre Poufsouffle en février, contredit Norbert.

– Il savait que tu essayerais de le retrouver, mais il ne sait pas à quel point tu es têtu ! Il viendra, j'en suis sûre. Et pour ce qui est du démon, Dumbledore est revenu de Paris. Sacrément amoché, certes, mais il est là. Je ne sais pas dans quelles affaires il trempe, mais ce sorcier ne finira pas vieux !

– Depuis quand tu fais confiance à notre professeur pour nous protéger ? s'étonna le garçon.

– Depuis qu'il a sorti un démon de mon corps sans me tuer et sans me livrer aux Aurors. Après, « confiance » est un bien grand mot... On va dire que je lui laisse une chance concernant la suite du programme avec ce démon.

Norbert eut un demi-sourire. Il passa une main dans sa tignasse rousse et essaya tant bien que mal de défaire les nœuds que le vent créait dans sa chevelure.

– Tu veux te faire beau pour les mandragores, Newt ? se moqua Leta.

– Les mandragores ne s'intéressent pas aux sorciers, répondit simplement le garçon tandis que son amie avait un air amusé.

Les autres élèves s'entassèrent autour de la serre. Herbert Beery prit la clef accrochée à sa ceinture et ouvrit la porte en verre.

– Entrez, entrez mes chers élèves ! Qui peut me dire ce qui vient d'arriver ?

– Le printemps, lâcha Phyllis Parkinson.

– Tout à fait ! Le printemps est là ! Il est temps pour vous d'enlever les chaussettes et les écharpes aux racines de mandragores.

– Il faut encore toucher ces sales bestioles, murmura Morgue Reverus.

Le professeur ne fit pas attention aux propos de cet élève, il était bien trop enjoué en parlant de ses plants.

– Elles ont bien grandi ! Elles vont bientôt sortir de leur pot et se rendre visite entre elles. Cela sera un signe de leur maturité.

Le reste de la journée se passa sans la moindre anicroche. Norbert Dragonneau rejoignit les Gryffondors de 2ème année et le reste de sa promotion.

– On refait équipe ensemble ? demanda Findus en voyant son compère roux. Alfie veut se mettre avec Mina, du coup John se met avec Nari.

– Si tu veux.

Jacob allait protester, mais le professeur Ruper Graind'Orge intervint.

– Pas de groupe aujourd'hui, nous allons passer de la théorie à la pratique en changeant la couleur d'un objet ! Ouvrez vos casiers et découvrez quel ustensile vous allez devoir modifier.

Le petit sorcier potelé d'une soixante d'années écarta les bras et encouragea ses élèves à commencer leur exercice.

Norbert, assis entre Jacob et Findus, découvrit en soulevant le plateau de sa table une simple chaussette, jaune et noir. Jacob, quant à lui, avait une assiette en porcelaine et Findus une bouillotte.

– Colovaria, lança Ruper Graind'Orge en brandissant sa baguette en direction de son pupitre.

D'un marron clair, le meuble passa à un bleu profond.

– N'est-il pas mieux ainsi ? s'amusa le professeur. Il s'accorde à mes yeux. Allez, entrainez-vous, car Albus Dumbledore vous demandera de faire de même dans deux ans sur un animal vivant !

Norbert dirigea sa baguette vers la chaussette et bougea son poignet comme son enseignant.

– Colovaria.

Rien ne se passa.

– Cooolovaria, attaqua Jacob.

Le garçon au visage joufflu n'eut pas plus de succès.

– C'est Colovaria, et pas Cooolovaria, lui souffla July, assise juste derrière.

– Je sais, j'ai juste bâillé en même temps ! protesta-t-il.

– Tu as envie de dormir, car tu as trop mangé à midi, se moqua-t-elle sans méchanceté.

– Je n'y peux rien si c'est l'heure de la sieste.

– Silence les enfants, je ne veux entendre qu'un seul mot de votre bouche et il contient que cinq syllabes ! réprimanda Ruper Graind'Orge.

July se concentra alors sur sa boite à bijoux, mais elle n'obtint pas plus de succès que les deux autres garçons. Norbert laissa son esprit vagabonder jusqu'à Leta. Cette dernière se trouvait avec les Serdaigles en classe de Potions avec Madame Rondepierre. Il se demanda si elle arriverait à réussir la potion d'Enflure en une semaine, et si c'était le cas, est-ce si elle s'en servirait sur certains de leurs camarades.

– Je vous trouve fort dissipé aujourd'hui. Je vous propose d'offrir cinq points au premier qui réussira son sortilège, proposa le professeur.

Il n'en fallut pas plus pour regonfler le moral des élèves. Ce fut vingt minutes avant la fin du cours que le gagnant se fit connaitre.

– Comme promis, cinq points pour Mable Lufkin qui vient de donner un joli vert à son parchemin !

Les Poufsouffles laissèrent éclater leur joie. Une fois de plus, Norbert était complètement ignorant des points des différentes maisons.

– On est en tête cette année, lui rappela Jacob. Ça fait plaisir !

– Et ce n'est pas grâce à vous deux, grommela July.

– Tu ne veux pas t'occuper un peu de tes affaires ? rétorqua Jacob en lui lançant un regard furieux.

– C'est ma faute, j'ai fait perdre cinq points à notre maison en novembre, s'excusa Norbert.

– Non, Norby, je ne te visais pas particulièrement se confondit la petite blonde à lunettes.

Le garçon cessa de discuter avec ses camarades pour se concentrer sur sa chaussette. Il imagina devant lui le Feu Follet. La créature avait été croquée une centaine de fois dans son carnet à dessins. Il adorait son bleu, il était si lumineux, si doux et si envoûtant. Ce fut à cette couleur qu'il pensa quand il lança son sortilège.

– Colovaria...

Le vêtement en laine passa du noir et jaune au bleu opale sans que Norbert ne s'en rende vraiment compte.

– Félicitations Monsieur Dragonneau, c'est une belle réussite ! complimenta le professeur. Pour les autres, il reste huit minutes avant de ranger vos baguettes !

Norbert essaya de changer une nouvelle fois les couleurs de sa chaussette, mais cette fois sans succès. La fin du cours arriva et les Gryffondors et les Poufsouffles laissèrent leur place aux Serpentards et aux Serdaigles.

– On se retrouve dans deux heures ? demanda Leta avant d'aller s'installer.

– Avec plaisir. Je vais aller faire un tour à la lisière de la forêt.

– Si tu vois Helga et Salazar, dis-leur de m'attendre. Je ne veux pas les manquer.

– C'est promis !

Le jeune Poufsouffle se dirigea vers les cachots pour récupérer Josyane et sortit jusqu'au Parc. Il avait besoin de ces moments d'évasion plus que tout autre chose. Enfin, il avait besoin de ces moments et de Leta.