Chapitre 34
Chapitre 34
Samedi 25 décembre
Ce matin-là, c'est des flocons de neige qui réveillèrent Norbert et Josyane. L'Acromentule naine, en entendant les cris de joie de Tayor, se dépêcha de retourner dans la valise.
– Il neige dans le dortoir ! s'écria-t-il en tirant sans prévenir le rideau du lit à baldaquin de son ami.
Le jeune Poufsouffle avait déjà les yeux ouverts, mais il se contentait d'observer le phénomène magique, bien à l'abri sous l'énorme couette en patchwork.
– C'est magnifique ! s'extasia Tayor.
Pour savoir qu'il n'aimait pas cette période, Norbert le trouva bien joyeux.
– Et dehors, c'est encore plus beau !
Pour faire plaisir à son camarade, Norbert se leva péniblement et, emmitouflé dans son pyjama à rayures, il regarda par la fenêtre. Le champ qui s'étendait à perte de vue était recouvert d'une bonne couche de neige, scintillante à souhait !
– On va jouer dehors après le déjeuner ? proposa Tayor.
Norbert acquiesça, après tout, il n'avait rien à faire avant le repas de midi. Autant s'occuper pour ne pas trop y réfléchir. Et puis, il aimait la neige.
D'immenses sapins se trouvaient dans chaque pièce commune aux maisons. Ils étaient magnifiques avec leurs décorations vives et leurs branches recouvertes d'un givre éblouissant. Il y avait également des ornements sur chaque mur, chaque rampe d'escalier, chaque armure et chaque table. Les elfes de maisons avaient dû passer un temps fou à tout réaliser !
Dans le hall d'entrée, ils croisèrent celle qui avait été la meilleure amie de Norbert.
– Leta, tu manges avec nous ? proposa l'exubérant garçon aux cheveux noirs encore recouvert de flocons.
– Pourquoi pas Tayor, mais sur la table des Serpentards.
Souriant, le garçon suivit la jeune fille jusqu'à la grande salle. Norbert trouva Leta plus terne qu'à son habitude. Certes, elle n'avait jamais été très souriante devant les autres élèves, mais tout de même. Ses joues semblaient creusées et des poches de fatigue se dessinaient sous ses yeux.
– Tu as pris un coup de froid ? questionna Tayor en remarquant son état.
– Sûrement, répondit-elle laconiquement.
La discussion pendant le petit-déjeuner fut principalement menée par Tayor. Entre deux phrases, il engouffrait des montagnes de bacon tandis que ses congénères ne mangeaient que du bout des lèvres leurs œufs brouillés.
– Vous semblez soucieux tous les deux ! C'est à cause du spectacle ?
– Du spectacle ? releva Leta.
– Une première à Poudlard, j'ai hâte d'y être. Monsieur Brûlopot m'a dit qu'on allait passer un très bon moment ! Tu voudras monter sur scène avec nous ?
– Avec vous ?
– Oui, Norbert et moi, on remplace deux élèves qui sont finalement rentrés chez eux. On va faire des arbres. Tu... Tu pourrais faire une fleur, bredouilla-t-il.
Un sourire s'épanouit sur les lèvres de la Serpentard, mais il n'était pas dû au compliment maladroit de Tayor.
– Je vais vous voir sur scène pendant tout le spectacle ? s'enthousiasma-t-elle en papillonnant des paupières.
– Presque !
– J'ai vraiment hâte.
– Nous aussi !
Norbert ne se sentait pas inclus dans ce « nous », mais Tayor n'en avait que faire. Il était bien trop content d'avoir retenu l'attention de Leta. Le rouquin, quant à lui, se demandait pourquoi le démon qui possédait Leta était ravi de le savoir occupé pendant le spectacle.
Le reste de la matinée se passa presque normalement. La majorité des élèves jouaient dans la neige, faisait des batailles de boules de neige magique, des Sorciers de neige enchantés et des glissades sur des luges ensorcelées. Malgré tout cela, Norbert resta soucieux. L'attitude de Leta l'inquiétait et il comptait les minutes jusqu'à son rendez-vous avec Méridia.
La Selkie ne se fit pas attendre. Norbert n'eut même pas besoin de l'appeler avec son coquillage. Elle était déjà là, le buste hors de l'eau, à observer de ses yeux jaunes Norbert pendant qu'il descendait les marches.
– C'est si grave que ça ? frissonna le garçon en regardant l'air grave de Méridia.
– Bien pire encore.
Norbert prit une grande inspiration et déclara :
– Je t'écoute.
– Ma vision m'a montré un démon supérieur, un être maléfique qui dévorait les âmes alors même que les murs de ce château n'étaient pas terminés...
– Il aurait donc sévi lors de la création de Poudlard, comprit Norbert.
– Oui, c'est ce que je pense. Je l'ai vu acculés par quatre sorciers...
– Les fondateurs ?
Méridia claqua sa langue, furieuse d'être encore interrompue. Norbert ne fit plus un bruit et écouta la suite de l'histoire.
– Ces quatre personnes aux visages flous n'ont pas réussi à le tuer. Ils l'ont affaiblie, le rendant malingre et incapable de se servir de ses pouvoirs. Craignant qu'il arrive un jour à les retrouver, un des sorciers décida de l'enfermer dans un livre et le cacha dans les fondations mêmes du château. Le démon est resté comme endormis dans cet ouvrage pendant plus de dix siècles, attendant son heure... Il a récemment été trouvé et déposé dans l'antre de vos savoirs.
Des dizaines et des dizaines de questions se bousculèrent dans la tête de Norbert. La dernière lui donnait des sueurs froides : qui avait sciemment déposé le livre dans la bibliothèque ? Ce n'était pas une coïncidence, personne n'aurait rangé sa trouvaille sans même savoir ce qu'elle contenait... Cette personne savait ! Norbert aurait pu mettre sa baguette au feu !
– J'ai vu notre amie cacher le livre à l'endroit même où il avait été déposé pendant des siècles. Mais cette nuit, j'ai vu qu'elle le reprenait... J'ai senti des choses... quelque chose d'horrible va arriver ce soir...
Elle se tut, et s'enlaça, comme si elle cherchait à se rassurer.
– Merci Méridia pour ces informations, c'est bien plus que je n'osais espérer.
La Selkie resta silencieuse quelques secondes, hésitant à lui en dévoiler plus. Elle ne voulait pas l'inquiéter davantage. Le garçon était si petit, si malingre, avec son visage pâle, ses taches de rousseur et ses légères boucles rousses. Une proie facile, en une bouchée il pouvait être mangé.
– Norbert, c'est la première fois qu'une vision est si lisible, avoua-t-elle finalement.
– Ton pouvoir s'amplifie ? espéra le sorcier.
– J'ai bien peur qu'il n'y ait pas de rapport avec mon pouvoir.
Ils n'ajoutèrent rien concernant ce sujet, Norbert comprenait les risques. Et puis, cette fois, Dumbledore était au courant de tout, ou presque.
– Dans le monde des Humains, aujourd'hui est un jour particulier. C'est Noël, expliqua le Poufsouffle en s'approchant de la Selkie.
– Je m'en souviens, l'an passé tu m'as offert un magnifique dessin.
Timidement, il lui tendit un bracelet de coquillage.
– Ils viennent de l'océan, je les ai trouvés jolis.
Les membranes nictitantes de la Selkie papillonnèrent, touchées par ce présent.
– Ils sont très beaux, merci jeune sorcier. Mon présent est plus fonctionnel, ajouta-t-elle en lui donnant une Branchiflore. Si quoi que ce soit tourne mal, n'hésite pas à me rejoindre dans le lac.
– Merci pour ton précieux présent, j'en prendrai soin et je n'hésiterai pas à m'en servir, promit Norbert.
Méridia sentit qu'il mentait. Peut-être le faisait-il inconsciemment. Quoi qu'il en soit, elle savait qu'il ne s'enfuirait pas. Il protègerait son amie jusqu'au bout.
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