Chapitre 3
Chapitre 3
Les deux élèves attendirent que l'adrénaline dans leur corps retombe avant de reprendre la parole.
– Pfiou, c'était moins une, souffla la jeune Serpentard en recoiffant sa chevelure noire.
– J'ai bien cru que nous allions le louper.
– Quelle idée de monter à la dernière minute, le gronda Leta.
– Je t'attendais, avoua penaud Norbert. J'avais peur que tu ne viennes pas.
– Et louper une année de plus avec toi ? Quelle drôle d'idée.
– Mais les lettres...
– Oui, je sais, ton père a gardé les tiennes et mon père en a fait de même ! s'énerva Leta, les poings sur les hanches.
– Toi aussi ? s'étonna Norbert.
– Oui, moi aussi. Mais c'est de ma faute, j'ai laissé transparaitre mon envie de t'écrire. Je sais pertinemment que mon père fait tout pour me blesser, j'aurais dû être plus subtile et prétexter un devoir de vacances.
– Tu n'y es pour rien ! s'offusqua son ami.
– Bon oublions ça, on a tant de choses à se dire. Mais je suppose que toutes les voitures sont prises. Nous voilà bons pour rester assis par terre dans le froid et le bruit.
Un nouveau sourire s'épanouit sur les lèvres du Poufsouffle. Cette perspective lui paraissait des plus réjouissantes.
– Et si tu me racontais comment tu as fait pour m'envoyer tout de même un hibou ?
Les deux amis discutèrent tout le long du trajet, oubliant complètement l'endroit précaire où ils se trouvaient. Même la sorcière qui vendait des bonbons n'arriva pas à les faire rejoindre leurs camarades. En souvenir de leur rencontre, Norbert acheta deux baguettes magiques à la réglisse, une boite de dragées de Mabelle Crochue, deux jus de citrouille ainsi que deux Chocogrenouilles.
– Et dire que cela fait un an, jour pour jour, qu'on se connait, souffla Leta.
– Oui, d'ailleurs, j'en connais une qui a hâte de te revoir.
Norbert ouvrit sa valise et une créature pelucheuse en sortit.
– Josyane ! s'exclama la Serpentard. Heureuse de t'avoir de nouveau avec nous. On va pouvoir en faire des sorties nocturnes grâce à toi.
– Même pas arrivée à Poudlard que tu veux déjà enfreindre le règlement, protesta Norbert pour la forme.
– Uniquement pour partir à la rencontre d'animaux fantastiques et sauver l'école d'un mage noir ou deux.
Leta finit sa tirade, la main sur le cœur, comme si elle prêtait serment.
Les deux élèves éclatèrent de rire. Leta comme Norbert se mit à penser qu'ils n'avaient pas ri ainsi de toutes les vacances scolaires. Norbert parce qu'il se sentait incompris dans sa famille, écrasé par l'ombre de son frère. Et Leta parce qu'elle était... une Lestrange. Tout simplement.
– Comment va se passer cette année ? Je me demande quelles aventures nous allons vivre, déclara rêveusement la jeune fille.
– Eh bien, nous allons devoir réaliser une pièce de théâtre imposée par Brûlopot et Beery, se rappela avec effroi le Poufsouffle.
Son visage déjà pâle vira au blanc cadavérique en s'imaginant devoir monter sur scène.
– On arriva à éviter ça la baguette dans le nez, ne t'inquiète pas.
– Ouf.
– Ce que tu ne pourras pas esquiver par contre, c'est de venir me voir à chaque match de Quidditch ! Tu me l'as promis dans ta lettre, précisa-t-elle en sortant le bout de parchemin qu'elle avait soigneusement gardé contre son cœur.
– C'est vrai... attends, venir te voir ?
– Oui, j'ai décidé d'intégrer l'équipe et de prendre le rôle de batteur !
– Mais, pourquoi ? demanda Norbert, d'un ton légèrement plaintif.
– Car je ne peux pas m'en prendre à mes camarades dans les couloirs par ta faute, il faut bien que je me défoule autrement ! expliqua-t-elle un peu trop sincèrement.
– Au moins, tu laisseras les nouveaux Weasley tranquilles.
– Les nouveaux ? s'exclama Leta.
– Oui, des jumeaux, Tibat et Crous si je me souviens bien.
– Punaise, ils tirent leurs noms d'un paquet de sauterelle confite, ce n'est pas possible !
Norbert hésita à lui dire que ce n'était pas bien de se moquer, pourtant, il n'en fit rien. Il était bien trop heureux de retrouver son amie, aussi fougueuse et sincère. Elle n'avait pas changé en deux mois, pour son plus grand bonheur.
– Il va aussi y avoir du nouveau dans la direction maintenant que Monsieur Black est parti à la retraite.
– Le pauvre, le voilà condamné à s'occuper de ses effroyables petits-enfants, Regulus, Lycoris et Acturus, beurk.
– Tu les connais ?
– Oui, mon père aimerait bien sceller une nouvelle alliance avec les Black en me fiançant avec Acturus. Le sang pur ne doit pas se diluer, pour notre plus grand bien, répéta-t-elle.
Norbert pâlit de nouveau. Il savait que les mariages arrangés étaient fréquents chez les sangs purs, mais voir que cela pouvait concerner son amie le terrorisait.
– Ne t'inquiète pas, cela ne se fera pas. Je ne suis pas la seule sang-pure à la ronde. Et puis j'ai quatre ans de plus que lui. Quand viendra son tour de choisir, il en prendra une plus jeune.
– Tu n'as que douze ans, on ne peut pas déjà te parler de mariage.
– Ne t'inquiète pas, je ne me marierai jamais. Changeons de sujet maintenant si tu veux bien.
Douze ans... Elle n'avait que douze ans, pensa Norbert. Il savait que sa vie n'était pas facile, mais il commençait à entrapercevoir la vérité : ce que vivait Leta chez elle était bien pire que tout ce qu'il pouvait imaginer.
– Newt, gronda-t-elle en voyant qu'il ne changeait pas de sujet.
– Euh,... je ne connais même pas ta date de naissance, proposa-t-il.
– Et tu ne la connaitras pas. Jamais.
– Pourquoi ?
– Parce que ma mère est morte ce jour-là et que jamais au grand jamais je ne veux qu'on me souhaite un « bon anniversaire », cracha-t-elle.
Norbert resta tétanisé devant la colère de son amie. Sans le vouloir, il avait mis les pieds dans le plat et il s'en voulait terriblement.
– Je suis désolé... Je ne savais pas. Je ne reparlerai pas de ça, bredouilla-t-il, dévasté par la tristesse.
L'empathie et le désarroi de Norbert touchèrent Leta en plein cœur. Elle se calma aussitôt et murmura :
– Tu ne pouvais pas savoir. Je n'aurais pas dû m'emporter contre toi. C'est juste que c'est encore douloureux pour moi.
Tous deux restèrent sans rien dire, ne sachant pas vraiment comment rompre le silence qui s'était installé. Alors, au lieu de parler, Norbert prit la main de son amie, et la serra dans la sienne. Voyant une ébauche de sourire naitre sur son visage, Norbert promit une nouvelle fois :
– Ensemble.
– Ensemble, répéta-t-elle.
Oui, qu'importe ce que l'avenir leur réservait, Norbert et elle seraient toujours ensemble. C'est pour ça qu'elle avait tenu le choc ces vacances, c'est pour ça qu'elle avait laissé glisser le venin de son père sur sa peau. Ses idées n'étaient pas les siennes. Elle pouvait faire face sans se laisser corrompre, elle avait la force pour cela. Ce matin, elle avait réussi à échapper de justesse à son emprise, et elle le referait, chaque été.
Le sifflement du train résonna et le crissement des roues commençait à se faire sentir. Le Poudlard Express arrivait à la gare de Pré au Lard.
– Allez Norbert, s'enthousiasma Leta en oubliant ces deux derniers mois, allons voir les Sombrals !
Illustration prise sur : http://fr.harrypotter.wikia.com/wiki/Poudlard_Express
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