Chapitre 15

– Qu'est-ce qu'il se passe ici ?! tonna Septime Gabe-Planche.

Leta fut étonnée de son apparition, c'était bien la première fois qu'elle voyait le concierge quitter son bureau pour s'occuper des élèves.

– Evangelyn ne respire presque plus ! alerta Norbert qui prenait le pouls de la jeune fille.

– Toi, là, va chercher Pomfresh !

La Serpentard n'attendit pas une seule seconde. Elle était peut-être réfractaire aux ordres, mais il était question de vie ou de mort. Elle en était persuadée ! Tandis qu'elle courait à perdre haleine, une main invisible encercla son cœur, pour le presser de plus en plus fort. La petite Serdaigle était si blanche... tout comme... Elle chassa ce souvenir d'un geste de la main. Elle ne pouvait pas oublier son passé, mais il était hors de question qu'il revienne à la surface dans son esprit. Depuis huit ans, elle se forçait à l'enterrer au fond de son âme, à l'enfermer à double tour et elle continuerait encore et toujours, sans jamais en parler à personne ! Jamais !

De nouveaux cris se firent entendre. Très différents du premier, ils semblaient diffus. Plaintifs. Leta regarda autour d'elle, mais ne vit rien. Elle comprit que ces sons, ces lamentations, venaient de sa tête... Elle se griffa le visage jusqu'au sang en hurlant de tout son soûl.

Par chance, elle était non loin de l'infirmerie. Parmine Pomfresh sortit en trombe de son bureau en l'entendant.

– Mademoiselle Lestrange, qu'est-ce qu'il se passe !

En voyant qu'elle continuait à s'en prendre à sa figure, l'infirmière sortit sa baguette.

– Aguamenti !

L'équivalent d'un seau d'eau fut jeté sur Leta. Cette dernière reprit aussitôt ses esprits.

– Vous devez aller dans le couloir qui mène aux serres, une élève est très mal en point ! expliqua-t-elle sans prendre le temps de respirer.

– Très bien, mais nous reparlerons de votre attitude à mon retour ! En attendant, allez vous reposer dans l'infirmerie.

Pomfresh souleva légèrement sa robe de sorcier et se mit à courir aussi vite qu'elle le put.

Leta regarda ses mains, sous ses ongles, pourtant coupés courts, se trouvaient de minuscules gouttes de sang.

– Respire ma vieille. Tout ça est dans ta tête. Je ne dois pas mélanger le passé et le présent.

Une fois à nouveau maitresse de ses pensées, elle retourna dans le couloir, pour savoir de quoi il retournait.

Norbert se tenait en retrait tout en observant Evangelyn Wildsmith, seuls Parmine et Dumbledore se trouvaient à côté de l'élève. Septime quant à lui devait s'occuper de repousser les élèves trop curieux, mais comme Leta était la première sur les lieux, il la laissa passer, conscient qu'elle pouvait peut-être éclairer l'infirmière.

– Je n'ai jamais été confrontée à pareille situation, souffla Pomfresh. C'est de la magie noire ?

Le sorcier de 28 ans sortit de sa cape une petite toupie en verre. Cette dernière resta immobile sous le regard soucieux du professeur de Métamorphose.

– Je ne pense pas. Va-t-elle s'en sortir ?

– Je n'en sais rien. J'ai l'impression qu'elle a subi un stress émotionnel majeur. Elle a une arythmie. Je pousserai mes recherches pour comprendre de quoi il retourne.

Tandis que l'infirmière faisait apparaitre un brancard pour sa patiente, Dumbledore se tourna vers les deux élèves.

– J'ai l'impression que vous êtes toujours où il ne faut pas.

– Nous sortions tout juste de notre cours de Botanique, expliqua Leta, Monsieur Beery nous a retardés en nous parlant du spectacle de théâtre de Noël.

Si Dumbledore n'était pas aussi inquiet pour la Serdaigle, il aurait peut-être eu son fameux demi-sourire, mais le moment ne s'y prêtait pas.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

– Nous avons entendu crier, et nous avons couru pour savoir ce qu'il se passait. Quand nous sommes arrivés dans le couloir, Evangelyn était déjà inconsciente. Il n'y avait rien autour d'elle, pas de trace de lutte ou quoi que ce soit.

– Une odeur ?

Leta fut surprise par cette question, elle n'avait pas pensé le moins du monde à respirer.

– Difficile à dire, déclara alors Norbert d'une petite voix. En cours de Botanique nos narines ont été remplies de pollen.

– Si quelque chose vous revient en tête, venez me trouver. Et par pitié, finit par dire Dumbledore, la prochaine fois que vous entendez quelqu'un hurler, ne foncez pas tête baissée, vous risquez de mettre votre vie en danger. Vous n'êtes que des deuxième année !

La jeune Serpentard posa ses mains sur les hanches et le défia du regard. Elle le trouvait bien condescendant alors que l'année dernière, ils l'avaient sauvé d'un sacré pétrin !

– Mademoiselle Lestrange. Je sais à quoi vous pensez, mais il n'empêche, vous êtes encore des enfants. Vous êtes doués et ingénieux, mais vous avez surtout une chance insolente... et des amis singuliers.

Il leur adressa alors un clin d'œil, puis il partit à l'extérieur, sa baguette toujours en main. Norbert se demanda si Dumbledore s'était inclus dans sa dernière phrase

– Bon, c'est à nous de mener l'enquête, déclara très sérieusement Leta.

– Mais, Dumbledore a dit...

– Il a dit, coupa la jeune fille, que nous sommes doués, ingénieux, chanceux et que nous avons des ressources qu'il n'a pas grâce à nos amis.

Norbert fronça ses sourcils et passa une main dans sa tignasse auburn.

– Dumbledore ne nous a pas délivré une interdiction, mais au contraire une invitation.

– Je n'ai pas l'impression qu'il faille prendre son discours dans ce sens, protesta le Poufsouffle.

– Il ne pouvait décemment pas nous dire « eh, vous n'êtes qu'en deuxième année, mais bougez vos baguettes pour me donner un coup de main ». Ce serait un scandale sinon. Il faut lire entre les lignes.

Voyant que son ami était toujours septique, elle décida de lui porter le coup fatal.

– Cette histoire a probablement un rapport avec la créature dont Méridia nous a parlé. Nous ne pouvons pas aller voir le directeur et lui en parler. La créature serait en danger, et ton amitié avec Méridia serait compromise.

– C'est vrai...

– Ici, il n'est pas question de magie noire, Dumbledore a vérifié dans son Scrutocsope. Nous ne devons pas affronter de sorcier qui a mal tourné, mais une créature fantastique aux pouvoirs inconnus. Et sans fausse modestie, je pense que tu es le mieux à même pour ce genre de mission !

Norbert acquiesça d'un signe de tête. Leta avait fait mouche. Elle était douée pour brosser les gens dans le sens du poil.

Mot de l'autrice :

Pour ceux qui veulent me soutenir dans un projet original de "Roman musical" , voici le projet ulule => https://fr.ulule.com/les-chaines-de-lesclavage/ (voir le lien juste en dessous)

Synopsis :

Dans un monde où l'esclavage fait rage, Mahitia, riche héritière et fille d'un sénateur, ne sait comment agir pour sauver ces innocents.
Persuadée qu'elle ne peut rien faire de mieux, elle se contente d'acheter des enfants au marché des esclaves pour leur offrir une vie plus douce.
Jusqu'au jour où elle croise le regard d'un homme, pieds et poing liés sur l'estrade, Valryon. Allant à l'encontre de ses principes, elle va l'acquérir.
Que va-t-il se passer entre ces deux personnages qui veulent mettre fin à l'esclavage de manière si différente ?
Vous le saurez en écoutant le CD ou bien en lisant le livre.