Chapitre 10

– Lumos, murmura Norbert en pointant sa baguette devant lui.

– J'ai l'impression que cela fait une éternité qu'on n'est pas venus ici.

– C'est le cas.

Sans attendre, il sortit de sa longue cape de sorcier un coquillage. Il plongea le bout dans l'eau et souffla dedans.

– Ça serait chouette de venir faire une soirée pyjama ici, déclara Leta en admirant une fois de plus la caverne.

– Ce qui serait vraiment extraordinaire, c'est de plonger avec Méridia pour découvrir son royaume, répondit Norbert, rêveur.

– Pour ça, il faudrait maitriser le sortilège de têtenbulle.

– J'ai fait beaucoup de recherches, maintenant, je dois m'entrainer. Je suis persuadé que l'année prochaine ça sera possible.

Leta admirait son ami pour sa ténacité. Il n'était pas forcément plus doué qu'un autre, mais sa passion le poussait bien plus loin. Ce sortilège était généralement appris en cinquième année. La jeune Serpentard trouva dans cette idée un bon défi.

– On s'entrainera ensemble, affirma-t-elle pour le plus grand plaisir de Norbert.

Un frémissement à la surface du lac noir attira leur attention. Des cheveux composés de vase, de poils et même de plumes commençaient doucement à émerger suivis de gigantesques yeux jaunes qui pétillèrent en voyant les deux préadolescents.

La créature, majestueuse, envoutante et terrifiante se tenait à présent droit devant eux. Comme à son habitude, Norbert s'extasia devant tant de beauté.

– Bonsoir, Méridia, déclara-t-il en lui adressant une sorte de révérence.

Leta en fit de même et, flattée, la Selkie inclina la tête.

– Nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous, souffla le garçon, mais nous voulions vraiment te saluer.

– Et je vous en remercie. Cette année, aucun élève sur les barques n'a attiré mon attention.

– Il n'y en a pas deux comme Newt, affirma Leta avec une sorte de fierté.

– Cela fait un an que nous nous connaissons, jeunes humains, mais je vois que vous n'avez pas vraiment changé.

Norbert passa une main dans ses cheveux roux et en bataille. Le pauvre avait loupé le train concernant sa puberté. Sa voix était toujours aussi fluette et sa taille toujours aussi petite.

– Il faudra sûrement attendre l'année prochaine pour lui comme pour moi, réagit Leta sans la moindre gêne. Et c'est tant mieux, plus nous faisons jeune et plus nous semblons inoffensifs.

– Je te reconnais bien là, s'amusa Méridia.

Un temps passa, sans qu'ils ne disent mot, et Norbert sentit que Méridia voulait leur dire quelques choses, mais qu'elle hésitait.

– Y a-t-il quelque chose que nous devons savoir ? questionna le Poufsouffle.

Les piquants parcourant son échine se mirent à vibrer, preuve que Norbert avait visé juste. Leta regarda attentivement l'échange de regard entre ses deux amis.

– Vous êtes bien jeunes pour vous préoccuper du sort des autres.

– Nous n'avons pas d'autres choses à faire, répondit simplement la jeune fille.

– Si nous pouvons aider quelqu'un, nous le ferons !

Leta roula des yeux, ses motivations étaient bien moins nobles que celles de son camarade. Norbert se moquait particulièrement de ce qu'il pouvait obtenir, il suivait simplement sa morale et sa vision de la justice. Tous deux étaient si différents. Leta se demanda si un jour il s'en rendrait compte.

– Je ne pense pas trouver d'autre interlocuteur dans votre monde, et vous avez déjà fait vos preuves, commença la sirène. Un être pleure dans les murs de Poudlard. Son malheur me touche par vagues, mais je ne peux agir dans l'enceinte de vos murs.

– Un élève ? s'étonna la jeune fille.

– Non, une créature fantastique dont j'ignore tout.

Les deux humains intégrèrent cette réponse tandis que la selkie s'enfonçait peu à peu dans le lac jusqu'à disparaitre.

– Newt, nous devons retourner dans le château, Peeves ne pourra pas faire diversion très longtemps.

Il acquiesça d'un signe de tête et suivit son amie, perdu dans ses pensées.

Tous deux attendirent quelques instants avant d'ouvrir la porte du hall. Un capharnaüm monstre s'échappait de la pièce, des bruits de gens qui courent et qui hurlent à tout va.

– On dirait que Peeves s'en donne à cœur joie, s'amusa Leta.

Sans crainte, ils quittèrent les escaliers qui menaient à la grotte. L'esprit frappeur chantait à pleins poumons tandis que des litres et des litres de petites boulettes visqueuses s'abattaient sur les élèves.

– École de Crotte de nez, de Crotte de nez,

Apprends-nous à les lancer

Que notre nez soit p'tit, gros ou arqué

Qu'on ait les doigts longs ou épais

On veut en lancer pendant notre cursus

Jusqu'à vider tout notre mucus

Car pour l'instant il déborde

Coulant comme trois mètres de cordes

Oblige-nous à tout lancer

Répète-nous de racler notre nez

Fais de ton mieux, qu'on se surpasse

Jusqu'à que nos narines crient grâce

Mattyu Grandson, Ryck Avery, Falco Sayre, Thésée Dragonneau, Muriel Weasley et Clio Aesalon étaient tous en train de lancer différents sorts pour arrêter cette hécatombe.

Norbert ne put s'empêcher de pouffer en voyant son frère recouvert de crottes de nez. Le pauvre en avait sur lui plus que les autres.

Quand l'esprit frappeur aperçut du coin de l'œil ses deux élèves favoris, il baissa ses boucliers et fit mine d'être touché par les attaques des préfets. Il dégringola du haut de son perchoir, mais au lieu de s'écraser sur ce qui était auparavant un tapis rouge, il le traversa dans un dernier feu d'artifice de crottes de nez.

– Ouah, murmura Leta. Je crois bien que l'arrivée de la petite farceuse des Gryffondor va le pousser à se surpasser.

Norbert acquiesça et regarda les élèves les plus durement touchés. Deux Serpentard attirèrent son attention. À peine plus âgés que lui, ils pestaient de tout leur souffle.

– Père m'a dit que c'était ma dernière année à Poudlard, je n'en peux plus ! Vivement mon déménagement à la nouvelle Orléans, grogna Violetta Beauvais, ses sourcils froncés et son nez retroussé dans une expression de dégout.

– Tu as bien de la chance, répondit Horace, le mien qui travaille au département de la coopération magique internationale est persuadé que Poudlard est la meilleure école qui soit. En tout cas, j'espère que tu ne m'oublieras pas une fois là-bas, c'est tellement difficile de trouver des amis convenables et respectables.

Quels drôles d'adolescents, pensa Norbert en gardant en tête leur air hautain pour le retranscrire sur son carnet de dessin.

– Bien, maintenant que le calme est revenu, vous devez tous vous rendre dans la grande salle, ordonna Muriel Weasley après avoir jeté le sort sonorus à sa gorge.

– On ne peut pas aller se changer ? se plaignit un jeune Gryffondor.

Le préfet des Poufsouffle regardait avec fierté les élèves de sa maison. Tous étaient propres. Ils apprenaient le sortilège de nettoyage le premier jour d'école.

– Tergeo, lança Norbert en pointant sa baguette sur Leta.

– Merci, Newt.

Matthew proposa aux élèves au blason jaune et noir d'aider leurs camarades qui ne connaissaient pas forcément cette incantation. Norbert décida de suivre le mouvement et s'occupa des deux Serpentard qu'il avait observés un instant plus tôt.

– Merci bien pour ton aide. Mais attends, tu es le garçon qui a aidé les fantômes l'an passé si je ne m'abuse. En première année, tu te faisais déjà remarquer, c'est un bon signe pour ta carrière. Je me présente, Horace Slughorn, je serais enchanté de devenir ton ami.

– Bas les pattes l'opportuniste, cracha Leta en attrapant son ami par le bras. Newt est déjà ami avec une Serpentard, c'est suffisant.

Quelques mètres plus loin, la jeune fille ne put s'empêcher de critiquer son camarade.

– Celui-là il a le don de m'énerver. Il est en troisième année et se prend pour un adulte. D'ailleurs, il parle comme un vieux.

Norbert haussa les épaules. Son esprit n'était pas vraiment là. Il pensait surtout à la révélation de Méridia. Une créature fantastique avait besoin de son aide, et il ferait tout pour la lui apporter.